mardi 3 juillet 2007

La dérive de la FSSPX qui s'éloigne de son fondateur, Mgr Lefebvre

Intéressant. Néanmoins ce commentaire paraît résigné et ne va pas au bout de son raisonnement. Bien que les accusations de Mgr Lefebvre soient graves (‘sacrements bâtards’), et, manquant de logique, Ennemond ne désigne pas le vrai problème : l’Eglise conciliaire est une structure invalide et a quitté l’Eglise catholique.

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Un affadissement du combat de la Tradition ? par Ennemond (2007-07-02 23:43:48)

Une idée communément répandue consiste à faire croire aujourd’hui que la Fraternité Saint-Pie-X rendrait rigide le combat lancé par son fondateur, Mgr Lefebvre. Cette idée revient de temps à autre. Pourtant au fur et à mesure que je lis les interventions de ce vénérable archevêque, je suis frappé par la digne énergie et la divine fermeté du discours, des mots dont certains s’offusqueraient d’entendre aujourd’hui :

« Cette union voulue par les catholiques libéraux entre l’Eglise et la Révolution est une union adultère! De cette union adultère ne peut venir que des bâtards. Et qui sont ces bâtards? Ce sont nos rites. Le rite de la nouvelle messe est un rite bâtard. Les sacrements sont des sacrements bâtards. Nous ne savons plus si ce sont des sacrements qui donnent la grâce ou qui ne la donnent pas. Nous ne savons plus si cette messe nous donne le Corps et le Sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ ou si elle ne les donne pas. Les prêtres qui sortent des séminaires ne savent plus eux-mêmes ce qu’ils sont. C’est le cardinal de Cincinnati qui, à Rome, disait pourquoi il n’y a plus de vocations, parce que l’Eglise ne sait plus ce qu’est un prêtre. Alors, comment peut-elle encore former des prêtres si elle ne sait plus ce qu’est un prêtre? Les prêtres qui sortent des séminaires sont des prêtres bâtards. Ils ne savent pas ce qu’ils sont. Ils ne savent pas qu’ils sont faits pour monter à l’Autel, pour offrir le Sacrifice de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et pour donner Jésus-Christ aux âmes, et appeler les âmes à Jésus-Christ. Voilà ce que c’est qu’un prêtre, et nos jeunes qui sont ici le comprennent bien. Toute leur vie va être consacrée à cela, à aimer, à adorer, à servir Notre-Seigneur Jésus-Christ dans la Sainte Eucharistie, parce qu’ils y croient, à la présence de Notre-Seigneur dans la Sainte Eucharistie! » (Mgr Lefebvre, Lille, 29 août 1976)

A cette époque, le fondateur d’Écône était alors suivi par tous les « traditionnalistes » qui se sont retrouvés autour de lui à l’occasion de la célèbre déclaration du 21 novembre 1974 qui valut à l’archevêque le début des ennuis avec Rome. Pourtant ce fameux texte est limpide et tranche, par sa clarté, avec l’esprit de compromis. Aucun d’entre ceux qui ont suivi Mgr Lefebvre n’a craint, à l'époque, la suspens a divinis qui l’affublait lui et ses prêtres.

Ceux qui ont vécu cette difficile période savent que le combat de la Tradition est nécessairement passé par l’illégalité, un état hors-la-loi qui a été supporté, jamais souhaité. Aujourd’hui, certains ont beau jeu de brandir les arguments du légalisme en condamnant Mgr Lefebvre en mettant en parenthèse des décennies qui nous ont précédés. Je pense qu’ils n’étaient pas dans le combat de la Tradition en 1976, qu’ils ne se sont jamais mis à la place d’un archevêque de 80 ans à la porte duquel venaient frapper des dizaines de séminaristes désemparés.

Sans ces actes de résistance de ces évêques et de ces prêtres courageux, il n’y aurait jamais eu de messe traditionnelle sauvée. La doctrine traditionnelle serait un vague souvenir. Pas de Motu Proprio ni de Forum catholique non plus…

Les vocations qui ont été affermies dans nos « séminaires pirates » auraient été étouffées comme celles de l’auteur de « La Blessure » et nos milieux se seraient peu à peu effilochés.

L’illégalité, la résistance, le combat étaient nécessaires. Prenons un seul exemple. Celui de deux évêques brésiliens, Mgr de Proenca Sigaud, archevêque de Diamantina, et Mgr de Castro Mayer, évêque de Campos. Tous deux se sont levés au Concile, ont été les instigateurs du Coetus. Tous deux ont résisté, ont lancé des campagnes de diffusion. Le premier n’avait rien à envier au second d’ailleurs. Mais lorsque les ordres sont venus d’en haut, le premier a obéi. Le second a résisté, parce que l’intérêt supérieur l’exigeait. Regardez à présent : le diocèse de Diamantina est un diocèse lambda, qui a oublié le passage de ce si brillant archevêque. Campos ? On en parle encore aujourd’hui comme un foyer de Tradition, grâce au si vaillant Dom Antonio qui poussa son courage jusqu’à l’assistance à Mgr Lefebvre le jour des sacres.

Alors aujourd’hui, on semble oublier ces moments, ces actes, ce courage. Certes les temps ont changé. Mais on souhaiterait remplacer le discours courageux par l’esprit de compromis, la prise de position audacieuse par la désertion ou la négociation désavantageuse. On semble se plier aux injonctions d’évêques qui n’ont comme unique but que de nous faire adhérer à la Réforme. C’est une désolante constatation de voir qu’à Lyon, Versailles, Nanterre, Niafles, on oublie cet esprit qui a si bien animé nos pères et qu'on accepte, chemin faisant, que les réseaux traditionnels, se réduisent comme peau de chagrin. C’est pourquoi ceux qui continuent la résistance dans ces lieux ont un grand mérite.

Merci à ces évêques, à ces prêtres, à ces fidèles, imprégnés du sens de l’Église qui ont su qu’à un certain moment, la Foi ne pouvait souffrir plus longtemps les assauts du compromis. En matière religieuse, l'histoire est là pour prouver que la politique des concessions a toujours été la politique des désillusions et des défaites.