Populaire défenseur de la messe en latin
ou maurrassien impénitent, «Athanase du XXe siècle»
ou «avocat obstiné d’une théologie attardée»,
Mgr Lefebvre a suscité toute une imagerie d’Épinal. Rend-elle
bien compte d’une affaire qui eut un large écho, spécialement
en France, et aboutit à un nouveau schisme dans l’Église
catholique? Né à Tourcoing dans une famille très pieuse
le 29 novembre 1905, Marcel Lefebvre eut au sein de l’Église un
itinéraire exemplaire. Admis au séminaire français
de Rome en 1923, il est ordonné prêtre en 1929. Après
un an en paroisse à Lille, il rejoint son frère René
chez les Pères du Saint-Esprit. Au Gabon de 1932 à 1945,
puis directeur du scolasticat de la congrégation, il est choisi
par Pie XII comme vicaire apostolique de Dakar en juin 1947 et reçoit
la consécration épiscopale des mains du cardinal Liénart
en septembre. En 1955, le cardinal Tisserant vient l’introniser premier
archevêque de Dakar. Délégué apostolique pour
l’Afrique de l’Ouest (1948-1959), il participe activement à l’affirmation
d’une Église africaine; il a ordonné prêtre son successeur,
le futur cardinal Thiandoum. L’heure du départ arrive néanmoins,
en janvier 1962, pour un homme réticent vis-à-vis d’une décolonisation
jugée prématurée. Transféré au modeste
siège de Tulle, il est élu supérieur général
des Spiritains dès août 1962. C’est ainsi qu’il se rend, en
octobre, à la première session de Vatican II.
Le concile marque un premier tournant dans ce
brillant parcours. Déjà isolé par son soutien à
la «Cité catholique» de Jean Ousset et à la cause
de l’«Algérie française», Mgr Lefebvre se range,
à l’inverse des autres évêques français, dans
la minorité conservatrice. Animateur du Coetus internationalis patrum
(1964), il réclame une nouvelle condamnation du communisme et bataille
contre la collégialité assimilée au «collectivisme»,
l’œcuménisme et la liberté religieuse, «apostasie légale
de la société». Mais, en 1963, il vote la réforme
liturgique. Le futur censeur de la «messe de Luther» a aussi
accepté les premières modifications apportées par
Paul VI avant la refonte du missel d’avril 1969. En mai 1988, il reconnaît
la validité de la nouvelle messe et la rupture n’est pas intervenue
sur ce sujet. Le contentieux entre Mgr Lefebvre et Rome ne se réduit
donc pas à la liturgie latine. Au demeurant, parmi les nombreux
textes conciliaires, le prélat contestataire a toujours déclaré
n’avoir rejeté que Dignitatis humanae et Gaudium et spes .
Or l’après-concile voit se développer une accélération
du processus de sécularisation et une «crise dans l’Église»
(Paul VI). Mis en minorité dans sa congrégation, Mgr Lefebvre
démissionne le 30 septembre 1968. Pourtant il ne renonce pas à
«faire l’expérience de la tradition».
Sollicité par neuf séminaristes, il ouvre en 1969 une maison d’accueil qui, installée à Écône (Suisse) l’année suivante, devient un véritable séminaire. Le 1er novembre 1970, Mgr Charrière approuve la constitution d’une Fraternité sacerdotale Saint-Pie X destinée à rassembler les futurs prêtres. Les évêques de France ne tardent pas à s’émouvoir devant une institution concurrente et indépendante. D’autant qu’entre 1970 et 1974 Mgr Lefebvre passe d’une vive critique de l’application des réformes à une mise en cause du concile lui-même et bientôt du pape. Le manifeste du 21 novembre 1974 dénonce «la Rome de tendance néo-moderniste et néo-protestante, qui s’est manifestée clairement dans le concile Vatican II». Ce brûlot entraîne la réaction de Paul VI: au terme d’une procédure que Mgr Lefebvre conteste, la Fraternité est supprimée (mai 1975). En juillet 1976, passant outre à l’interdiction d’ordonner des prêtres, le prélat est suspendu a divinis .
Devenu chef de file des traditionalistes, l’évêque dissident développe son œuvre tout en gardant des liens avec Rome: Paul VI (1976) et Jean-Paul II (1978) le reçoivent. Malgré la concession liturgique de 1984, les négociations piétinent. Ulcéré par la rencontre interreligieuse d’Assise (1986), Mgr Lefebvre menace, en juin 1987, de consacrer des évêques afin d’assurer la pérennité de sa Fraternité. Pour éviter le schisme, le cardinal Ratzinger tente un ultime compromis. Mais l’accord du 5 mai 1988 est rompu le lendemain par Mgr Lefebvre qui sacre, assisté de Mgr de Castro Mayer, quatre évêques le 30 juin. Le camp traditionaliste se divise: certains (le Barroux, la Fraternité Saint-Pierre) acceptent les offres romaines. Excommunié, le vieil évêque, qui avait remis sa charge de supérieur en 1983 à l’abbé Schmidberger, meurt le 25 mars 1991. Il lègue une «petite Église catholique de rite traditionnel» (É. Poulat) d’au moins cent mille fidèles groupés autour des deux cent cinquante prêtres d’une Fraternité qui entretient six séminaires et un réseau de prieurés et d’écoles. Il lègue surtout un problème non résolu: quelle peut être l’attitude de l’Église face à la modernité triomphante? Campant sur le refus des droits de l’homme, en particulier de la liberté de conscience, Mgr Lefebvre rêvait de reconstruire la chrétienté: «Nos chapelles [...], nos monastères, nos familles nombreuses, nos écoles catholiques, nos entreprises [...], nos hommes politiques décidés à faire la politique de Jésus-Christ.» Il rappelait importunément que ce rêve fut celui des papes aux XIXe et XXe siècles, et le proposait comme «Vérité immuable». Répudiant cette stratégie défensive, l’Église conciliaire a voulu garder au catholicisme son caractère de religion de masse. Elle a modernisé ses institutions et s’est proclamée «experte en humanité». Mais de Mater et magistra à Centesimus annus en passant par Humanae vitae , elle souligne toujours les failles du libéralisme. Entre l’exigence du dialogue et l’affirmation d’une identité intransigeante, Jean-Paul II poursuit sur une voie que Mgr Lefebvre jugeait sans issue.
Delebecque Philippe (1560-1625) Delespaul Marguerite Marie (~1556-1642) |
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Delebecque Nicolas (~1600-?) de Beausart Isabeau (~1600-?) |
Delebecque Pierre (1582-1656) Lefebvre Gillette (~1580-?) |
Delebecque Marie (1640-1701) Duquesnoy Adrien (1631-1706) |
Delebecque Pierre (1613-1678) Delespaul Marie Philipotte (1614-1678) |
Duquesnoy Louis (1670-1726) Lebrun Jeanne (1676-1745) |
Delebecque Marie (1638-1704) Lepoutre Jean (1630-1702) |
Duquesnoy Jean Baptiste (1712-?) Salembier Marie Jeanne (1710-1786) |
Lepoutre Jean Baptiste (1672-1751) Desremaux Marie Anne (1669-1709) |
Duquesnoy Louis Joseph (1736-1794) | Lepoutre Pierre (1695-?) Beuscart Marie Barbe (1680-?) |
Lepoutre Pierre Antoine (1728-1794) Hespel Philippine Françoise (1726-1759) |
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Legleu Agnès (1800-1874) Leclercq Désiré (1798-1874) |
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Lepoutre Marie Flore (1758-?) Meurisse Louis Joseph (1745-1816) |
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Meurisse Adélaïde Jacobine (1793-1884) Watine Philippe Ernest (1791-1820) |
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Mgr Lefebvre et Mgr Liénart étaient | Watine Louis (1814-1883) Wattine Elisa (1817-1894) |
des cousins issus de germains à La huitième génération en lignée de LEPOUTRE Jean (1630-1702)et DELEBECQUE Marie (1638-1704) | Watine Louis Alphonse Julien (1848-1919) Lorthiois Gabrielle (1855-1941) |
Watine Gabrielle (1880-1938) Lefebvre René (1879-1944) |
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Lefebvre Marcel (1905-1991) |
29 décembre 2003
source : http://www.duquesnoy-de-nechin.asso.fr/ch2/wlefe.htm