DE L'INFAILLIBILITÉ DE L'ÉGLISE.

Par le Père Vincent Houdry

Orateurs sacrés, par M. l’Abbé MIGNE, T. 36, 1854, pp. 84-102

Jésus-Christ est contredit, par les hérétiques, dans l'infaillibilité de son Eglise, qui est l'interprète de sa parole et l'oracle de la vérité dans les choses de la foi.

Hic positus est in signum cui contradicetor, (Luc., Il.) Il sera en butte aux contradictions des hommes.

Il n'est que trop vrai, Messieurs, que cet Homme-Dieu qui, en qualité de vérité éternelle, est venu sur la terre pour instruire les hommes et pour les éclairer des lumiè­res de la foi, a toujours été contredit par les hommes mêmes. Car, non seulement ils se sont scandalisés de sa doctrine durant sa vie, comme nous voyons dans   l’Évangile que les docteurs de la Loi s'élevèrent contre lui sitôt qu'il commença à l'enseigner, et que ce fut un des principaux chefs pour lesquels il fut condamné à mort. Mais de­puis même qu'il a été reconnu pour le Mes­sie, et que son Eglise a été établie sur les ruines de la Synagogue et de l'idolâtrie, il est encore contredit dans cette même Eglise par le schisme et par l'hérésie, qui la combattent et qui en contredisent les senti­ments, quoiqu'elle soit la dépositaire de la doctrine de ce Dieu-Homme, l'interprète de ses paroles, la colonne et l'appui inébran­lable de la vérité, comme l'appelle saint Paul, et enfin la règle que doivent suivre ceux qui veulent être de véritables chré­tiens; en sorte que, s'en écarter en matière de foi, c'est contredire la vérité même, combattre la doctrine du Sauveur et renver­ser entièrement sa religion.

C'est, Messieurs, cette contradiction que le Fils de Dieu souffre de la part des héré­tiques, dont je prétends vous entretenir au­jourd'hui. Mais comme je ne saurais atta­quer ici en détail toutes les hérésies qui se sont élevées dans tous les siècles et presque dans tous les Etats de la chrétienté, je veux les combattre toutes, en général, et en cou­per la racine en établissant invinciblement, comme je vais tâcher de le faire, l'infailli­bilité de l'Eglise en matière de foi. Sujet également important à ceux qui s'en sont sé­parés par le schisme qu'ils y ont fait et à ceux qui y sont toujours demeurés inviolablement attachés, puisque les uns y reconnaîtront leur égarement et que les autres se confirmeront dans l'assurance de ne pouvoir tomber dans l'erreur pendant qu'ils suivront cette règle et qu'ils ne s'écarteront point de ses sentiments. Outre que nous y apprendrons le parti que nous devons prendre et la con­duite que nous devons tenir dans les con­testations qui naissent tous les jours, et dans les nouvelles opinions que des esprits, flottant au gré de tous les vents, comme parle l'Apôtre, ou animés par quelque inté­rêt, défendent avec tant de cha1eur. Mais pour parler juste sur une matière où il y a tant de mesures à garder et de précautions à prendre, j'ai besoin des lumières du Saint ­Esprit: demandons-les-lui par l'intercession de Marie. Ave.

Dire que l'Eglise est infaillible, c'est dire, Messieurs, une vérité qui ne devrait pas même être contestée par les ennemis les plus déclarés de l'Eglise, et dont il faut de nécessité qu'ils conviennent avec nous, puisque nous voyons dans l'Evangile que le Fils de Dieu ordonne de s'y adresser, comme un oracle, en matière de foi; et de s'en tenir à ses décisions, comme à un jugement définitif. Si Ecclesiam non audierit, sit tibi sicut ethnioos et publicanus. De là vient que les hérétiques, pour se mettre à couvert des foudres et des censures de cette Eg1ise, en ont fabriqué une à leur manière, à laquelle ils sont obligés d'attri­buer, malgré qu'ils en aient, une espèce d'infaillibilité, sans quoi ils ne pourraient pas même donner de la couleur à leurs er­reurs. De sorte que la question entre eux et nous est de savoir quelle est cette Eglise à laquelle l'infaillibilité est tellement at­tachée, qu'on ne l'en peut séparer, sans la détruire.

Sur quoi je dis que cette infaillibilité ne pouvant subsister sans les autres carac­tères qui distinguent l'Eglise romaine de toutes les autres sociétés, et qui sont si bien marqués qu'il n'y a pas même lieu de s'y méprendre, c'est à elle uniquement qu'elle appartient: et par conséquent, que quiconque s'éloigne de ses sentiments s'é­loigne en même temps de la vérité et tombe nécessairement dans l'erreur. Or, ces au­tres caractères qui ne peuvent convenir qu'à la vraie Eglise, sont particulièrement trois: l'unité, la perpétuité et l'universa­lité. C'est ce que tout le monde sait. Mais ce que peut-être tout le monde ne sait pas, c'est que l'infaillibilité, qui est le plus es­sentiel des caractères de la vraie Eglise, s'infère des trois autres par des conséquences nécessaires.

Car, premièrement, on peut conclure que l'Eglise ne peut errer en matière de foi, parce qu'elle est une; d'où il s'ensuit que toutes celles qui s'en sont séparées par le schisme sont nécessairement dans l'erreur. On peut conclure, en second lieu, que cette même Eglise est infaillible, parce qu'elle est perpétuelle; d'où il faut conclure que celles qui n'ont pas toujours été et qui ne peu­vent remonter, comme elle, jusqu'à la source de la vérité, qui est Jésus-Christ, par une suite qui n'ait point été interrompue, ne peuvent être inspirées que par l'esprit de mensonge. Enfin on peut conclure que cette Eglise est infaillible, parce qu'elle est catholique, c'est-à-dire universelle; et ainsi, que celles qui n'ont point cette étendue par toute la terre, ne sont point conduites par 1'esprit de vérité. En un mot, unité de tous les membres dans une même doctrine; perpé­tuité de tous les temps, en remontant sans interruption jusqu'à sa première origine; universalité de tous les lieux ; par son éten­due dans toutes les parties du monde, seront les preuves incontestables, non ­seulement de la vérité de l'Eglise romaine, mais encore qu'elle a pour prérogative sin­gulière, d'être absolument infaillible dans les choses de la foi. Ce sera, Messieurs, tout le sujet et le partage de ce discours que j'ai jugé nécessaire en ce temps, non­ seulement pour l'instruction de ceux de nos frères qui se sont réunis depuis peu à l'E­glise catholique, mais encore pour confir­mer les anciens catholiques dans la vérita­ble foi.

PREMIÈRE PARTIE

Je prends, Messieurs, la première preuve de l'infaillibilité de la vraie Eglise, du pre­mier caractère, qui la distingue de toutes celles que l'on doit tenir pour fausses, sa­voir, de l'unité; qui me fait dire avec saint Augustin qu'il n'y a point d'Eglise, ou qu'il n'y en a qu'une: Ecclesia aut una, nul nulla; d'où je tire en même temps cette consé­quence, que s'il y en a une, elle est néces­sairement infaillible. Développons, je vous prie, ce raisonnement, et tâchons de lui donner sa juste étendue.

Encore une fois, Messieurs, l'Eglise est une. C'est ce que nous professons tous dans le symbole: Credo in unam Ecclesiam; et il n'est point de chrétien qui ne con­vienne que, comme il ne peut y avoir qu'un Dieu, il ne peut y avoir aussi qu'une seule religion, et conséquemment qu'une Eglise, qui est l'assemblée de tous ceux qui la professent, par l'union d'une même créance. Unus Dominus, una fides, dit l'Apôtre. Ce n'est pas cependant aujour­d'hui mon dessein, Messieurs, de m'arrêter à vous prouver cette unité de l'Eglise, que les hérétiques mêmes sont contraints de re­connaître, et qu'ils s'efforcent inutilement de trouver dans leur parti, malgré le schisme qui les en sépare. Je remarque seulement avec les saints Pères et avec tous les docteurs, que cette unité se prend par­ticulièrement de deux choses, savoir du même esprit, qui la gouverne, et de la même doctrine, qui en unit tous les mem­bres. Et c'est de là que je prétends qu'on peut évidemment conclure que la vérité et l'infaillibilité lui sont aussi essentielles que l'unité même.

Premièrement, donc elle est une, parce qu'il n'y a qu'un seul esprit vivifiant, qui la gouverne et qui la conduit. Unum corpus, et unus spiritus, dit l'Apôtre. Il veut dire, Messieurs, que comme dans un corps natu­rel et vivant, il n'y a qu'un esprit qui l'a­nime; de même le corps mystique du Fils de Dieu, qui est son Eglise, n'est animé que du Saint-Esprit, qui conduit l'Eglise et qui la gouverne. Ce sont deux choses qui s'infèrent mutuellement l'une de l'autre; qu'il n'y a qu'un seul esprit où il n'y a qu'un seul corps; et qu'il n'y a aussi qu'un seul corps où il n'y a qu'une seule âme et un seul esprit. Et comme, quoique le corps naturel soit composé de plusieurs parties différentes, elles ne font pourtant toutes ensemb1e qu’un seul tout parce que c'est le même esprit qui les anime; de même, quoique le corps de l'Eglise soit composé de plusieurs Eglises particulières, qui en sont comme les membres, elle ne laisse pas d'être véritablement une, parce qu'il n'y a qu'un même esprit qui la gou­verne, et qui lui enseigne toutes les véri­tés; comme le Sauveur du monde nous l'a lui-même promis: Cum venerit ille spiritus veritatis, docebit vos omnem veritatem.

Ajoutons, que cette comparaison dont se sert l'Apôtre est si juste, que comme l'âme qui nous anime est réellement répandue par tout notre corps, qu'elle est tout entière dans chacune de ses parties; de même le Saint - Esprit, que saint Thomas appelle l'âme de ]'Eglise, est de telle manière dans toute l'Eglise, qu'il est aussi tout entier dans chacune des Eglises particulières, qui la composent, et qui ont les mêmes senti­ments, la même doctrine et les mêmes sa­crements. Et c'est de là que résulte cette unité, qui de cette multitude de parties ne fait qu'un même corps, animé par le même esprit: Unum corpus, et unus spiritus.

Or cette unité étant si constamment re­çue, la conséquence que j'en ai tirée ne le doit pas être moins; savoir, que c'est donc la vérité même qui la conduit, et qu'elle est nécessairement infaillible dans les déci­sions qui regardent la foi. Car pour en dou­ter, il faudrait révoquer en doute, si le Saint-Esprit, qui la conduit, est infaillible; et si celui, qui porte le nom d'Esprit de vé­rité, peut nous tromper, ou s'il est capable de se tromper lui-même, puisque c'est lui qui la gouverne, qui l'inspire, qui l'instruit, qui l'enseigne, et qui lui révèle ce qu'elle doit elle-même enseigner. Cum venerit ille spiritus veritatis, docebit vos omnem verita­tem. Mais, Messieurs, comment cet Esprit ­Saint pourrait-il l'animer et l'instruire, si, nonobstant la multiplicité de ses parties, elle n'était véritablement une, par l'uniformité de sa doctrine? Il faudrait donc que le Saint-Esprit pût être divisé, et différent de lui-même. Ce qui serait autant que de dire, qu'il se pourrait faire qu'il enseignât la vérité et le mensonge tout à la fois, et qu'ainsi la vérité même nous pourrait con­duire à l'erreur[1].

C'est ce qui parut visiblement à la nais­sance de l'Eglise, laquelle, quoiqu'elle ait été fondée par le Sauveur, ne commença cependant, qu'après la descente du Saint­ Esprit, à succéder à la Synagogue, et à s'é­lever sur ses ruines. Mais afin de recevoir cet Esprit d'union, il fa ut rassembler tous ceux qui la composaient sous un même toit, et dans le même cénacle, qui était la figure de l'Eglise; et qu'ils y fissent leur prière avec tant d'union, que ces prières ne sem­blaient partir que de la même bouche et du même cœur : Perseverabant unanimiter in oratione. Cet Esprit-Saint ne manqua pas de descendre, selon la promesse du Fils de Dieu: et ce fut en forme de langues de feu; afin qu'ayant rempli leurs cœurs de l'ar­deur de la même charité, ils n'eussent en­suite que le même langage et les mêmes sentiments, comme n'ayant tous reçu que le même esprit, qui les a toujours unis, quoi­que dans la suite ils fussent dispersés par toute la terre. Et de là cette Eglise nais­sante, dont tous les membres n'avaient qu'une âme et qu'un cœur, selon l'expres­sion de l'Ecriture : Multitudinis credentium erat cor unum et anima una. Aussi n'avait­elle qu'un même esprit qui la gouvernait. C'est pourquoi la première fois qu'ils s'as­semblèrent pour terminer la première con­testation qui s'éleva dans l'Eglise, le résul­tat de leur assemblée fut de dire: Visum est Spiritu sancto, et nobis; c'est le sentiment du Saint-Esprit et le nôtre; et en même temps toute la contestation fut finie.

Si donc, chrétienne compagnie, chaque membre de l'Eglise a son esprit particulier, comme le prétendent les hérétiques, ce ne peut être le Saint Esprit qui les inspire; parce qu'il n'y en a pas plusieurs. Et c'est par là qu'on peut convaincre, par un argu­ment invincible, ceux qui sont hors de l'E­glise romaine, non seulement qu'ils sont dans l'erreur, mais encore que le principe sur lequel ils appuient leur séparation d’a­vec nous est la source de toutes les erreurs, et capable de faire autant de religions qu'il y aura de têtes, et de différents sentiments parmi les hommes.

Ils prétendent, Messieurs, que le Saint ­Esprit les inspire chacun en particulier, sur ce qu'ils doivent croire, et pour juger quel est le véritable sens de l'Ecriture. Mais comme leurs sentiments sont contraires, jusque-là qu'il se trouve cinq ou six héré­sies différentes sur le même article, et ap­puyées sur les mêmes passages, auxquels on donne différentes interprétations; si je demande à l'un, d'où il peut être assuré que le sens qu'il donne à l'Ecriture est ortho­doxe, et qu'il est le véritable: Le Saint-Es­prit me l'inspire, me dira-t-il. Mais si je lui réponds, que le Saint-Esprit me dit à moi, et m'inspire le contraire; ne faut-il pas de nécessité que l'un ou l'autre se trompe ! Et si un troisième dit la même chose, pour ap­puyer son sentiment directement opposé aux deux autres; qui voudra céder, si cha­cun en doit juger par ses propres lumières? Chacun ne sera-t-il pas en droit de croire que le Saint-Esprit est de son côté, puis­qu'il ne tient qu'à s'imaginer qu'il en sent l'impression, sans être obligé de le justifier par des preuves qu'on ne puisse désavouer, telles que seraient des miracles authenti­ques et avérés. Ainsi chacun se fera l'ar­bitre de sa créance et le juge de sa reli­gion.

Voilà, Messieurs, le beau principe, sur lequel s'appuient nos adversaires. Aussi est-­ce celui qui a fait toutes les hérésies, depuis la naissance du christianisme, et qui est capable d'en faire de nouvelles tous les jours, tandis que chacun se voudra conduire­ par son propre esprit, et suivre ses senti­ments particuliers[2]; au lieu de les confor­mer à ceux de l'Eglise, qui, étant conduite par l'esprit de Dieu, ne saurait manquer de nous conduire sûrement et infailliblement à la vérité. Causa finita est, Ecclesia locuta est, disait autrefois saint Augustin, dispu­tant contre Pélage. L'Eglise a parlé: c'est l'oracle infaillible, qui doit terminer nos contestations; il n'y a plus à disputer. L'on ne peut appeler de ses décisions et de son jugement[3], sans se déclarer rebelle à la vé­rité, parce que, comme il ne peut y avoir qu'un seul esprit qui la gouverne, nous ne sommes plus ses membres, si nous avons un autre esprit, et d'autres senti­ments que les siens. Aussi cette déférence et cette soumission pour tous les sentiments de l'Eglise est ce qui a toujours distingué les catholiques d'avec les hérétiques, qui s'éloignent autant de la vérité qu ils sont séparés de l'unité.

Mais c'est ce que vous concevrez encore mieux, si vous considérez que l'Eglise est une, non seulement parce qu'elle est conduite par un seul esprit, qui ne peut être auteur du schisme et de la division: mais encore parce que la foi qu'elle professe est telle­ment une, que la diviser ou la partager, c'est la détruire, et n'en avoir point du tout. Car, comme dit le Fils de Dieu même, nous n'avons qu'un seul maître, et par consé­quent qu'une seule doctrine, qu'il a laissée à son Eglise, qui en est la dépositaire: et il n'y a qu'une seule chaire où elle l'ensei­gne; de sorte que, par une conséquence manifeste, tout ce qui lui est contraire n'est qu'erreur et que mensonge.

Que si vous demandez quelle est cette unité entre tant d'articles de foi, qui sem­blent n'avoir ni liaison ni rapport: tous les docteurs vous répondront que cette unité se prend de son motif; savoir, de l'autorité d'un Dieu qui les a révélés, et qui, étant la vérité même, est incapable de se tromper en rien. D'où il s'ensuit que, si nous croyons un article, parce que Dieu l'a ré­vélé, il faut de nécessité croire tous les au­tres, parce qu'ils sont appuyés sur la même autorité. Donc, comme l'Eglise est la dépo­sitaire de ses paroles et l'interprète de ses oracles, et que c'est par elle qu'il nous apprend les vérités qu'Il veut que nous croyons, il faut nécessairement que, comme la foi est une et indivisible, l'Eglise aussi soit une, c'est-à-dire qu'elle ne soit point partagée dans ses sentiments, parce que l'Eglise n'est autre chose que l'assemblée de ceux qui professent cette foi.

Mais il s'ensuit encore de là, Messieurs, que, comme il 'y a qu'une seule Eglise, à cause qu'il n'y a qu'une seule foi, il faut aussi que cette Eglise soit infaillible comme la foi même, puisque c'est par son organe que Dieu nous apprend les vérités qu'il faut croire, et que sans cette infaillibilité de l'Eglise, en matière de foi, il n'y a rien de fixe à quoi notre esprit toujours flottant,­ et toujours incertain de sa nature, puisse s'arrêter. Car je ne puis croire une vérité, d'une foi vive et divine, si je ne suis as­suré qu'elle est de foi. Que si l'Eglise peut errer, lorsqu'elle m'en assure, de qui l'ap­prendrai-je?[4] Sera-ce de la parole de Dieu et de l'Ecriture, comme le répètent sans cesse nos adversaires? Cela serait bon, si cette parole était si claire, qu'on ne peut douter de son véritable sens. Mais quand chacun veut n'entendre à sa mode, et lui donner le sens qu'il se sera imaginé, qui nous déterminera? Qui nous assurera même si un tel livre de l'Ecriture est canonique? Puisque les uns reçoivent ce que les autres rejettent.

Aussi c'est là l'asile de tous les héréti­ques qui ne citent tous que l'Ecriture, mais au sens qu'ils l'entendent[5], et qu'ils l'expli­quent, sans en vouloir écouter d'autres, que celui qu'ils ont imaginé: ce qui est ouvrir la porte à toutes les erreurs, puisque de près de mille hérésies qui se sont élevées depuis la naissance de l'Eglise, il n'y en a pas une qui ne soit appuyée sur l'Ecriture mal expliquée et mal entendue.

Et ainsi, ce sera le même inconvénient, de n'avoir point de règle de foi, ou d'en avoir une qu'on peut accommoder à tout ce qu'on veut. Il en est en cela de l'Evangile comme des autres lois, qui peuvent souffrir diverses interprétations: il faut qu'il y ait un juge établi pour l'expliquer, et pour décider sou­verainement de son véritable sens; autre­ment il n'est pas possible de voir finir les contestations. Or, si ce pouvoir n'est pas dans l'Eglise, qui est-ce qui peut être notre juge et la règle de notre créance ! Nous n'en avons plus d'autre que nous-mêmes; et, par conséquent il faudra que notre foi dépende de toutes nos imaginations, ou de celles de tous ceux qui se mêleront de dog­matiser, et qui pourront trouver l'art de nous persuader leurs rêveries. Au lieu qu'en nous attachant aux sentiments de l'Eglise, nous appuyons notre foi sur un fondement inébranlable, sur la colonne et sur la base de la vérité, comme l'appelle saint Paul. D'où il s'ensuit que, comme la vérité est indivisible, il faut que l'Eglise qui la soutient, et sur laquelle elle est appuyée, n'ait aussi comme elle qu'une même doctrine et qu'un même esprit.[6]

En quoi les calvinistes sont tombés dans une manifeste contradiction lorsque dans leur profession de foi ils définissent l'Eglise l'assemblée de ceux qui professent l'Evan­gile, et qu'ils soutiennent, cependant, que cette Eglise universelle est composée de plusieurs Eglises particulières, dont les unes sont saines et les autres corrompues par l'erreur; quelques-unes hérétiques, et les autres schismatiques, sans que cette différence de sentiments les empêche d'être véritablement membres de l'Eglise du Fils de Dieu; comme un homme, disent-ils, ne laisse pas d'être homme, pour être un men­teur. De sorte que, selon eux, le corps mys­tique du Fils de Dieu sera un corps mons­trueux, composé d'erreur et de vérité tout à la fois[7]; l'Eglise sera en même temps l'Epouse du Sauveur et une prostituée; elle sera toute pure et sans tache, comme l'ap­pelle le texte sacré, et tout ensemble souil­lée et corrompue. Hé! Messieurs, Quœ so­cietas lucis ad tenebras, Christi ad Belial? N'est-ce pas joindre la lumière avec les té­nèbres, et vouloir accorder Jésus-Christ avec Bélial?

Mais je ne m'étonne pas s'ils ont eu re­cours à une si misérable défaite, pour justi­fier leur séparation d'avec l'Eglise romaine[8]. Ils voyaient qu'elle était la seule dans le christianisme; et ils en faisaient alors eux mêmes une partie: il leur eût fallu avouer, ou qu'il n'y avait plus d'Eglise, et qu'elle était entièrement périe, contre la parole expresse du Fils de Dieu, ou qu'ils avaient usurpé le ministère du sacerdoce, par un horrible attentat, et qu'ils avaient prêché sans aveu, sans caractère et sans mission, puisque l'Eglise n'étant plus, elle ne pou­vait leur donner cette autorité. C'est pour­quoi ils ont pris le parti de dire que l'Eglise peut errer, et de publier qu'elle a été cor­rompue, pour pouvoir se donner le droit de la réformer, afin, disaient-ils, d'en sau­ver du moins une partie. Sans faire réflexion, qu'étant une et indivisible dans sa créance, la partie qui s'en sépare par des sentiments opposés n'est plus Eglise que par équi­voque ; et que la vérité étant attachée à l'u­nité, le schisme est inséparable de l'erreur, puisque son unité même est un des articles de notre foi.

Et de là vient que les catholiques ont toujours constamment refusé toute sorte de société avec les hérétiques, et qu'ils n'ont jamais voulu avoir rien de commun, ni prières, ni temples, ni sacrements : Nobis cum hœreticis nec fides, nec ecclesia communis, dit un saint Père. Ils n'ont eu garde de faire comme nos protestants de France, qui, après avoir mille fois traité d'hé­rétiques ceux d'Allemagne, n'ont pas laissé de taire alliance avec eux, depuis quel­ques années, et de les appeler leurs frères, après qu'ils les ont tant de fois déchirés par mille invectives, et par les injures les plus atroces. Mais l'Eglise romaine, ne pouvant se partager, a toujours regardé comme un sacri1ége d'admettre à sa communion ceux qui n'étaient pas de même créance qu'elle.

Aussi, Messieurs, n'y a-t-il rien qui montre plus évidemment le schisme de nos pro­testants que l'union qu'ils ont faite avec Luther et ceux de son parti. Ils sont diffé­rents dans les choses les plus essentielles; par exemple, dans le nombre des sacre­ments ; dans le sens de l'Ecriture, que cha­cun croit avoir de son côté; dans le nom­bre des livres canoniques, puisque les uns reçoivent ce que les autres rejettent. Les uns veulent que le corps du Fils de Dieu soit dans l'Eucharistie par une présence locale, et les autres, qu'il en soit aussi éloigné que le ciel l'est de la terre; car ce sont là leurs propres termes. Quelle union ! Ou plu­tôt, quelle diversité ![9]

Mais comment ces deux sectes pourraient­-elles s'accorder pour faire une même Eglise, puisque chacune en particulier s'est parta­gée en autant d'autres qu'il y a eu de doc­teurs, qui ont voulu se mêler d'enseigner ! Et comme nous voyons que les lignes, ti­rées du centre où elles s'unissent, se sépa­rent les unes des autres, à mesure qu'elles s'en éloignent; ainsi toutes les sectes qui se sont séparées de l'unité, en se séparant de l'Eglise romaine, qui en est le centre, s'écartent ensuite, s'éloignent en se sépa­rant les unes des autres, et se multiplient à l'infini. Du vivant même de Luther, son Eglise était déjà divisée en plus de trente sectes: et, depuis sa mort, le savant cardi­nal Bellarmin en a compté jusqu'à cent. Et, si l'on recherche les différentes opinions des calvinistes, l'on n'en trouvera guère moins; puisque, dans la seule Hollande, il y en a, de compte fait, jusqu'à vingt-deux; en sorte que, dans une seule ville, et sou­vent même dans une seule maison, il y a autant de différents sentiments sur la reli­gion que de personnes qui y habitent. Comme si Dieu, par une providence parti­culière, avait permis que ces sources em­poisonnées se partageassent en tant de ruis­seaux, pour les faire plutôt tarir et dessé­cher ; ou que ces rebelles à l'Eglise tournassent leurs armes contre eux-mêmes, pour s'entre détruire, après avoir déchiré le sein de leur mère.

Certes, saint Augustin a eu grande raison de dire que la discorde des hérétiques était un des fondements de la paix et du repos de l'Eglise. Ils s'élèvent les uns con­tre les autres, et ne s'accordent qu'en une chose, qui est de combattre la vérité. Ce qui me fît ajouter que, comme après le déluge, Dieu, pour renverser les projets de ceux qui voulaient élever l'orgueilleuse tour de Babel, ne fit que confondre leur lan­gage, et les faire parler chacun différem­ment, de même il confond ces esprits super­bes, qui entreprennent d'élever de nouvelles Eglises; en mettant parmi eux l'esprit de division; en telle sorte que non seulement vous n'en trouvez pas deux qui parlent de la même façon, mais qu’il n'y en a pas un seul qui ne s'embarrasse cent fois lui-mê­me dans d'évidentes contradictions. Mais faut-il s'en étonner? La vérité est une, comme l'Eglise, qui en est la dépositaire, et le mensonge est toujours partagé. C'est pourquoi, pour éviter ce partage et cette contradiction, il faut de nécessité s'en tenir aux sentiments de l'Eglise, dont les autres se sont séparés.

C'est ce qu'explique admirablement saint Augustin sur ces paroles du Psalmite: Proteges eos in tabernaculo tua a contra­dictione linguarum. Nous voyons tous les jours, dit-il, les hérétiques se battre sur le sens de l'Ecriture: l'un dit d'une façon, l'autre d'une autre: Diversœ doctrinœ per­sonant, diversœ hœreses oriuntur. Mais quel remède à ce malheur, inévitable dans le schisme '! Curre, dit-il, ad tabernaculum Dei, id est, ad Ecclesiam: ibi protegeris a contradictione linguarum, Ayez recours au tabernacle de Dieu, c'est-à-dire à l'Eglise, où est l'oracle de la vérité; c'est là où elle est toujours inaltérable et toujours la même, parce qu'elle n'est qu'une. Comme il ne peut y avoir d'erreur, il ne peut y avoir de partage: ail lieu que la division des autres passe presque toujours de l'Eglise jusqu'à l'Etat, et du schisme on ne man­que guère d'en venir à la rébellion.

C'est, Messieurs, ce qu'on a vu dans presque toutes les hérésies, mais qui n'a peut-être jamais paru avec plus de fureur qu'au siècle passé, où le faux zèle, l'en­têtement, l'intérêt, et toutes les passions les plus violentes de ceux qui s'y sont engagés, ont soutenu par les armes, et de la manière du m'onde la plus cruelle, 1es sentiments qu'ils n'avaient d'abord, embrassés que par cabale et par erreur. C'est pour cela qu'ils ont levé tant d'armées, donné tant de ba­tailles, versé tant de sang, saccagé tant de villes, renversé tant de temples, et profané tout ce qu'il y de plus saint et de plus sacré.

Je ne veux point ici, Messieurs, vous retracer le souvenir de tant de malheurs, n'y accuser des crimes de leurs pères, ceux qui sont encore dans cette religion. Je sais que plusieurs y sont d'assez bonne foi, et plus par le malheur de leur nais­sance que par leur propre opiniâtreté: et au lieu de faire ces sanglants reproches, mon cœur n'est touché à leur égard d'autres mouvements, que de ceux d'un zèle sin­cère de leur salut. C'est ce qui me fait les conjurer d'ouvrir les yeux pour sortir d'un si déplorable aveuglement, de rentrer dans l'Eglise, dont ils se sont séparés, et de faire une sérieuse réflexion sur les causes, sur la manière et sur les circonstances de leur séparation[10]; de penser qu'il ne peut y avoir qu'une seule et véritable Eglise; et par conséquent, qu'eux ou nous, sommes dans la voie de damnation, mais qu'ils ont tout sujet de tenir la leur pour suspecte, puisqu'ils se sont séparés par le schisme, qui ne peut avoir de juste raison et de fondement légitime, comme dit saint Augustin: Nulla prœcidendœ unitatis potest esse justa ratio. Mais si l'Eglise est véritable et infaillible, à cause de cette unité, qui lui est si essentielle, je dis qu'elle ne l'est pas moins, à cause de sa perpétuité: c'est ma seconde partie.

SECONDE PARTIE

Il est hors de doute, Messieurs, qu'une des marques qui distinguent le mieux les ouvrages de Dieu de ceux des hommes, est la durée, comme nous le voyons dans l'ordre de la nature et dans celui de la grâce. C'est pourquoi, lorsque les prophè­tes nous ont parlé de l'Eglise, dont Dieu même avait pris les mesures de toute éternité, et dont il devait jeter les fon­dements dans la plénitude des temps, ils ont constamment assuré qu'elle serait éter­nelle, c'est-à-dire qu'elle durerait jusqu'à la consommation des siècles. Et c'est la différence que saint Augustin met entre le royaume du Fils de Dieu, comme il est appelé dans l'Evangile, et les autres em­pires du monde, qui se sont autrefois flattés d'une éternité chimérique; que ceux­-ci ont eu leurs cours, et que l'on en a vu la décadence, après qu'ils ont été longtemps florissants; mais que l'Eglise subsistera jusqu'à la fin des siècles[11], parce que c'est la main de Dieu qui la soutient, comme c'est son esprit qui la conduit.

Aussi, Messieurs, cette durée et cette antiquité de l'Eglise romaine, sur toutes les sectes qui sont venues depuis; cette pu­reté de son origine, et cet âge vénérable, qui la fait remonter jusqu'au principe de la vérité même, qui est Jésus-Christ, ont toujours servi de preuve à tous les saints Pères, pour en établir la vérité, contre les hérétiques, comme cela a toujours été une conviction invincible de la fausseté des au­tres Eglises, lorsqu'on leur a montré qu’elles étaient nouvelles[12]. C'est par cet endroit que Tertullien presse les héréti­ques de son temps, dans son excellent livre des Prescriptions, Qui êtes-vous, leur dit-­il? Unde, et quando venistis ? Ubi tondiu latuistis? Qui êtes-vous donc, vous, qui nous venez ici troubler dans la possession tranquille où nous avons vécu jusqu'à pré­sent? D'où venez-vous? En quel lieu de la terre étiez-vous donc cachés, avant que de paraître dans le monde? C'est par ce même raisonnement que le célèbre Optat de Mi­lève, qui vivait avant saint Augustin, con­fondait autrefois les parméniens. Vestrœ ca­thedrœ originem attenditte, qui vobis vultis sanctam Ecclesiam vindicare? C'est sur cette même raison que s'appuie saint Jé­rôme, en disputant contre les hérétiques de son temps, comme sur celle qui souffre le moins de réplique : Cur post quadrin­gentos annos docere nos niteris quod ante nescivimus? Usque ad hace diem sine vestra doctrina Christianus mundus fuit. Et enfin saint Augustin veut que ce soit par cette marque qu'on décide qu'elle est la vraie Eglise, comme par la plus authentique et la plus incontestable de toutes, parce que, dit-il, le mensonge est toujours postérieur à la vérité; et que jamais il n'y aurait eu de fausse Eglise, ni de fausse religion, s'il n'y en avait eu auparavant une véri­table.

Mais, Messieurs, je tire une autre consé­quence de ce principe, qui ne me semble pas moins juste ni moins évidente, savoir, que cette perpétuité, qui fait voir que l'Eglise romaine est la seule véritable Eglise, montre aussi qu'elle est infaillible en ma­tière de foi. En effet, chrétienne compagnie, soit que par celle perpétuité, on entende simplement sa durée jusqu'à maintenant, soit qu'on entende sa succession conti­nuelle, en descendant des apôtres jusqu'à nous, ou bien en remontant depuis notre siècle jusqu'aux apôtres, je maintiens qu'on ne lui peut non plus dénier l'infaillibilité que la durée et la succession; et que, comme ni l'une ni l'autre n'a jamais été interrompue, jamais aussi elle n'a enseigné ni approuvé d'erreurs.

Car, premièrement, pourrait-elle être per­pétuelle en sa durée, si elle n'était infailli­ble? Puisque dès lors qu'elle tomberait dans l'erreur, elle cesserait d'être la vraie Eglise de Jésus-Christ, dont le caractère, selon saint Paul, est d'être la dépositaire, l'appui et le soutien de la vérité[13]: Columna et fir­mamentum veritatis. C'est le sens que les hérétiques mêmes ne peuvent s'empêcher de donner à ces paroles de saint Paul: Co­lumna et firmamentum veritatis. Et quoique leur explication soit un peu détournée, et un peu différente de celle des catholiques, elle n'affaiblit cependant point la force de cette preuve; car il est toujours certain que l'Eglise ne serait pas une fidèle dépositaire de celle vérité, si elle l'avait jamais perdue, et qu'elle pourrait cesser de l'être, si elle était capable de la perdre.

Ainsi, Messieurs, pour réfuter les héré­tiques de notre temps, il ne faut que le nom qu'ils prennent eux-mêmes et qu'ils don­nent à leur Eglise, en l'appelant l'Eglise ré­formée[14]. Car s'il a été nécessaire de la ré­formée, elle était donc enfin déchue; et s'il a fallu la redresser, il faut avouer qu'elle était tombée dans l'erreur[15]. Aussi l'avouent-­ils, et ils disent que cela est arrivé peu après les quatre premiers siècles. Et ainsi, depuis ce temps là jusqu'à leur réforme, qui n'est que du siècle passé, il faut qu'ils disent que l'Eglise de Jésus-Christ était en­tièrement perdue, puisque personne n'y enseignait ce qu'ils enseignent, et qu'ils se vantent de l'avoir réformée les premiers. Mais si cela est, qu'est devenu le secours que le Sauveur lui a si solennellement pro­mis? L'article du symbole qui nous oblige de la croire et de la suivre a donc été faux, et le peut être encore? Ou bien il nous obli­gera à croire des erreurs? C'est donc à tort qu'il l'appelle sainte, puisque durant si longtemps elle n'a été qu'une assemblée de gens unis dans la profession de l'erreur et du mensonge, qui sont incompatibles avec la sainteté.

Cette raison, Messieurs, a semblé si forte à Luther même, que, forcé par son évidence, il a été obligé d'avouer qu’elle était suffi­sante pour établir la perpétuité de l'Eglise, quand même elle ne serait point appuyée sur la promesse expresse du Fils de Dieu. Mais le malheureux qu'il est, que n'a-t-il donc suivi les lumières de sa raison et de sa conscience? Pourquoi a-t-il donc entre­pris de la réformer? Pourquoi a-t-il publié, qu'avant que Dieu l'eût suscité pour ce grand ouvrage, la vraie connaissance du Sauveur était entièrement anéantie, et la foi non seulement obscurcie, mais éteinte et effacée? Accordez cette contradiction, qui saute aux yeux de tout le monde, et qui lui aurait peut-être ouvert les yeux à lui­-même, si la passion ne l'avait entièrement aveuglé.

Tous les hérétiques ont tenu le même langage; et si on les en croit, l'Eglise, au lieu d'être la maison de Dieu, appuyée sur la pierre ferme et sur des fondements iné­branlables, comme le Sauveur du monde l'a dit expressément, n'aura été qu'un édifice ruineux, mille fois renversé, et mille fois rétabli sur ses propres ruines; les portes de l'enfer auront prévalu contre elle, et cette colonne de la vérité étant renversée, aura causé la ruine de cette édifice, ci­menté du sang du Fils de Dieu même. 0 impudentem vocem ! disait saint Augustin aux donatistes qui tenaient le même langage. Ecclesia non potest esse, quia sine illa es ! Hanc vocem abominabilem, detestabilem, prœ­sumptionis et falsitatis plenam prœvidit Spi­ritus sanctus. Parole impudente, abomina­ble, présomptueuse, dépourvue de toute apparence de bon sens ! Quoi ! L'Eglise ne sera plus, parce que vous-mêmes n'êtes plus dans l'Eglise ! Ah ! Elle subsistera, quoi que vous fassiez, parce qu'elle ne peut errer, comme elle ne peut cesser d'être ce que le Sauveur voulu qu'elle fût, c'est-à-dire l'appui et la colonne de la vérité[16], Columna et firmamentum veritatis.

Que si maintenant, Messieurs, nous en­ tendons par la perpétuité de l'Eglise la succession des saints pasteurs, soit en des­cendant des apôtres jusqu'à nous, soit en remontant depuis notre siècle jusqu'à eux; cette perpétuité ne prouve pas avec moins d'évidence son infaillibilité; et que l'Eglise romaine mérite seule le nom d'apostolique, puisque seule elle est venue des apôtres, par une succession qui n'a jamais été in­terrompue. Car si cette succession de quatre cents ans seulement était à saint Augustin une raison invincible pour l'obliger à s'y tenir attaché, que ne doit point faire celle de plus de seize siècles, durant lesquels, quand quelqu'une de ces fausses églises a voulu s’élever contre celle de Rome, ou prendre sa place, aussitôt les docteurs n'ont pas manqué de lui reprocher sa nouveauté ? Eh ! Il n'y a que vingt ou trente ans que vous n'étiez pas au monde, ont-ils dit à ces novateurs. A qui votre instituteur a-t-il succédé? Notre Eglise est depuis les apôtres : où était la vôtre il y a cent ans?[17]

Et c'est la réflexion que je voudrais que les religionnaires de ce temps voulussent faire avec nous. Où étiez-vous il y a deux cents ans? Où étaient vos temples, vos prê­ches, vos ministres ! Calvin, Luther et leurs semblables sont donc les seuls qui ont découvert la vérité cachée, ou plutôt anéantie depuis tant de siècles et si ces hommes mi­raculeux n'étaient pas venus sur la terre, tout le genre humain serait toujours de­meuré enseveli dans l'erreur ! Qu'est donc devenue pendant tout ce temps-là la vraie Eglise de Jésus-Christ, cette Eglise pure et sans tache, contre laquelle le Sauveur même avait promis que l'esprit d'erreur et de mensonge ne pourrait jamais prévaloir?

Mais souffrez, Messieurs, que je vous fasse ici une question bien capable de vous faire ouvrir les yeux. Ou vos ancêtres étaient dans l'Eglise romaine, ou ils n'y étaient point. S'ils n'y étaient point, ils n'ont donc pas succédé aux apôtres parce qu'avant Luther et Calvin[18], il n'y a eu personne qui ait été pasteur de leur église, ni personne à qui ils aient succédé. Que s'ils étaient dans cette Eglise romaine, comme ont ne le peut nier, ils se sont donc séparés de la véritable Eglise, puisqu'il n'yen avait point d'autres. Ou s'ils disent qu'il y en avait une autre, je leur ferai la même question que celle-là, en leur demandant de qui elle est venue, et jusqu'où ils peuvent remonter, sans se confondre avec l'Eglise romaine, qui est l'unique qui ait toujours subsisté.

A cela tout ce qu'ils ont à répondre est que la véritable Eglise a toujours subsisté, et que cette Eglise est la leur; mais qu'elle est demeurée invisible douze ou quinze siècles entiers. Mais, Messieurs, pour en venir là, ne faut-il pas avoir perdu non seu­lement les lumières de la foi, mais encore celles de la raison? Car comment ce qui était visible à tout le monde a-t-il disparu tout d'un coup, sans qu'on en voie ni traces ni vestiges dans l'antiquité? Où était l'o­bligation de suivre cette Eglise, hors de laquelle il n'y a point d'espérance de salut, si elle était absolument inconnue? Et si elle a été si longtemps invisible, comment pou­vait-elle être l'assemblée des fidèles? Com­ment pouvait-elle avoir des prédicateurs pour y prêcher la parole de Dieu, des sa­crements pour la nourrir, et des ministres pour en exercer les fonctions; sans que per­sonne s'en soit aperçu pendant tant de siè­cles? Si tout cela ne peut être invisible, comment l'Eglise, qui ne peut subsister sans cela, l'aura-t-elle été?

C'est bien avec raison que le prophète nous assure que l'iniquité se dément et se contredit elle-même, puisqu'il n'y a rien de plus opposé, point de contradiction plus manifeste, que de se vanter comme ils font, d'avoir été les premiers réformateurs de l'Eglise, d'en prendre le nom, et de soute­nir qu'ils ont été obligés de la purger de ses erreurs; et en même temps, d'assurer que la vraie Eglise a toujours été sans tache et sans erreur, mais qu'elle était inconnue et cachée dans le cœur de quelques fidèles. Car si ceux qu'ils appellent fidèles ne fai­saient pas comme les autres; s'ils n'assis­taient point à nos sacrifices; s'ils traitaient nos sacrements d'idolâtrie et d'abomination; Comment n'ont-ils point été remarqués? Puisqu'en matière de religion une si grande différence ne se peut cacher, comme il a paru dans tous les hérétiques et dans eux­ mêmes sitôt qu'ils se sont séparés de nous. Que si vous dites que pour se cacher ils vivaient au dehors comme les autres; Eh ! Comment pouvaient-ils être de véritables fidèles en idolâtrant avec nous? Aurait-on regardé comme de vrais fidèles, dans la pri­mitive Eglise, ceux qui auraient idolâtré au dehors avec les païens, sous prétexte qu'ils conservaient secrètement la foi dans leur cœur? Et n'a-t-on pas toujours regardé dans l'Eglise comme une loi indispensable l'o­bligation de faire une profession publique de la vraie foi, quelque chose qu'il en doit coûter? Qu'y a-t-il de plus expressément marqué dans l'Ecriture que cette obligation l'est dans ces paroles de l'Apôtre: Corde cre­ditur ad justitiam; ore autem confessio fit ad salutem? Autant qu'il est impossible d'être justifié, si l'on ne croit du fond du cœur, autant est-il impossible de faire son salut, si l'on n'a pas le courage de faire une profession publique de sa foi? Corde credi­tur ad justitiam; ore autem confessio fit ad salutem. Mais encore une fois, c'est que le mensonge se dément et se contredit tou­jours soi-même, quelque couleur qu'on lui puisse donner.

De plus, Messieurs, comment accorder cette Eglise invisible avec le sentiment de tous les saints Pères? Les uns la comparent au soleil: ln sole posuit tabernaculum suum; c'est-à-dire, comme l'explique saint Augustin, in manifesto posuit Ecclesiam suam. Et saint Cyprien ajoute qu'il est plus facile que le soleil perde entièrement sa lumière, que non pas que l'Eglise devienne invisible. Facilius est solem exstingui, quam Ecclesiam obscurari. Je n'aurais jamais fait, si je vou­lais rapporter ici tous les témoignages des saints Pères sur ce sujet. Je me contente de dire à nos religionnaires que cette durée et cette succession visible et constante, qui est si essentielle à la véritable Eglise, ne se trouvant que dans celle de Rome, il faut conclure que c'est elle qui est la vraie Eglise de Jésus-Christ, et, par conséquent, qu’elle est infaillible, puisqu'elle cesserait d'être la vraie Eglise, si elle tombait dans l'erreur. Toutes les autres qui se sont élevées contre elle, n'étant composées que d'erreurs, ont été comme de petits ruisseaux qui se sont séparés de ce grand fleuve, et qui ont tari avec le temps; au lieu que celle-ci ayant pris sa source de la vérité même, a toujours coulé uniformément et coulera sans inter­ruption, jusqu'à ce qu'elle aille, si j'ose m'exprimer ainsi, se décharger dans cette mer calme et pacifique de l'éternité, après tant de tempêtes que l'enfer y a suscitées de temps en temps. Mais achevons. Il nous reste encore à prouver que l'Eglise est in­faillible par le troisième caractère qu'elle porte, qui est d'être catholique, c'est-à-dire universelle: et c'est ce que je vais faire en peu de mots, dans cette troisième partie.

TROISIÈME PARTIE

Cette universalité dont nous parlons, Mes­sieurs, est une marque de la véritable Egli­se, d'autant plus certaine qu'elle tombe davantage sous les sens, et que les quatre parties du monde en rendent un témoignage incontestable. Aussi est-ce pour cela qu'elle a toujours porté le nom de catholique; com­me on l'appelle aussi apostolique, à cause de son antiquité, qui la fait remonter jus­qu'aux apôtres : Ipsa est Ecclesia catholica, quœ per totum terrarum orbem diffunditur, dit saint Augustin, qui fait en même temps cette belle remarque, que ce nom d'univer­selle et de catholique est tellement propre à l'Eglise romaine, que nonobstant qu'une infinité de sectes aient formé de nouvelles Eglises dans tant de pays différents, il n'y en a pas une qui ait jamais osé se l'attri­buer, parce qu'il n'y a personne qui ne se fût aussitôt récrié, et qui ne les eut con­vaincues d'imposture. Et de là vient, ajoute ce saint docteur, que quand ces personnes parlent avec d'autres qu'avec celles qui sont dans leurs erreurs, elles sont obligées d'entendre, par ce nom d'Eglise catholique, celle de Rome comme celle qui est répandue partout et qu'on a toujours par là dis­tinguée des autres: autrement on ne les en­tendrait pas: Non possunt intelligi, dit-il, nisi hoc nomine eam discernant, quœ ab uni­verso orbe nuncupatur. C'est cet héritage, qui est le fruit et la récompense du sang et de la mort du Sauveur: Dabo tibi gentes hœreditatem tuam, et possessionem tuam terminos terrœ. C'est cette vigne dont parle le prophète, qui a étendu ses branches d'une mer à l'autre : Extendit palmites suos usque ad mare. Et enfin, c'est l'accomplissement de ces paroles que le Fils de Dieu dit à ses apôtres: Eritis mihi testes in Jerusalem, et usque ad ultimum terrœ.

Or, chrétienne compagnie, la conséquence que je tire de là est que l'Eglise étant uni­verselle, il faut, par une suite nécessaire, qu'elle soit infaillible dans les choses de la foi. Car si dans les choses humaines, le sen­timent uniforme de tous les peuples et le consentement de tant d'hommes sages qui l'approuvent, suffit pour rendre une vérité certaine et constante, parce qu'il n'est pas possible, humainement parlant, que tous les hommes conspirent à établir une erreur, et qu'ils s'accordent tous sur un point, sans quelque inspiration secrète qui les pousse, ou sans quelque lumière sure qui les éclaire: cela sans doute doit avoir plus de lieu dans les choses de la foi, puisqu'il y va de la sa­gesse d'un Dieu, aussi bien que de la fidélité de sa promesse, de ne permettre pas que tout le monde soit dans l'erreur. D'où il s'ensuit qu'une partie de l'Eglise, et même assez considérable, peut bien manquer et devenir hérétique et schismatique, comme les Grecs, les Arméniens, et tant d'autres qui se sont séparés de l'Eglise romaine: mais qu'il est impossible qu'elle puisse être tellement infectée dans tous ses membres, que la principale partie n'en demeure tou­jours saine; puisque sans cela on ne pourrait justifier la promesse du Fils de Dieu, que les portes de l'enfer, c'est-à-dire l'erreur et le mensonge, ne prévaudront jamais contre elle[19].

Sur quoi, Messieurs, je fais ce raisonne­ment, auquel je ne crois pas que nos adver­saires puissent répondre rien de raison­nable. Il est impossible que toute l'Eglise puisse tellement tomber dans l'hérésie, qu'il n'en reste du moins une partie notable et visible, qui demeure saine et exempte de corruption[20]. Cela est évident; et ils l'avouent eux-mêmes, puisqu'ils maintiennent qu'ils sont ceux que Dieu a préservés de ce déluge universel de l'erreur. Il faut donc qu'il y en ait une partie qui ait droit de condamner l'autre, et de la retrancher comme un mem­bre corrompu, si elle demeure opiniâtrement dans l'erreur. Cela se suit: car si cha­cune prétend s'arroger ce droit, l'une con­damnera l'autre réciproquement, et alors on ne pourra plus distinguer la partie saine d'avec celle qui est gâtée. Or je demande maintenant laquelle doit-on tenir pour cor­rompue, ou celle qui demeura dans les sen­timents où elle a toujours été, et qui étaient communs à tous les deux partis, avant que l'un s'élevât contre l'autre; ou celle qui pa­raît de nouveau, qui n'était d'abord compo­sée que de deux ou trois personnes, qui est demeurée quelque temps renfermée dans une seule ville ou dans une seule nation, qui, sans autorité et sans mission, s'élève tout d'un coup et dément le senti­ment universel de l'Eglise, dispersée en tant de villes, en tant de royaumes, en tant de peuples, en tant de nations?

Que si ce raisonnement ne conclut pas, je les défie de me dire pour quelle raison les ariens, les nestoriens, et tant d'autres qu'ils condamnent avec nous, sont tenus pour hérétiques; sinon parce qu'ils se sont sépa­rés du sentiment commun et universel de l'Eglise, pour suivre les égarements de leur esprit ? Mais en même temps qu'ils condam­nent ces rebelles, comment ne voient-ils pas qu'ils prononcent eux-mêmes l'arrêt de leur condamnation? Car quel droit ont-ils plus qu'eux de faire une nouvelle Eglise, ou bien, comme ils disent, de réformer l'ancienne: N'étaient-ils pas auparavant avec nous? Peu­vent-ils nier que nos sentiments ne soient les sentiments les plus universels? Et par conséquent, peuvent-ils raisonnablement contester que, dans cette séparation, la par­tie qui était devant eux, et qui est encore sans comparaison la plus étendue, ne doive être juge de la nouvelle? Autrement à qui appartiendra le droit de réprimer la témérité de ceux qui voudront séduire les peuples, par des nouveautés en matière de religion; si chacun prétend avoir droit de réformer les autres? Peuvent-ils, avec la moindre apparence de vérité, nommer leur Eglise ca­tholique et universelle, après que leurs pè­res l'ont vue le long du lac de Genève, ren­fermée dans quelques montagnes, qui en faisaient les limites et le circuit?

Mais pourquoi, disent-ils, l'Eglise de Rome s'attribue-t-elle le droit de condamner toutes les autres? C'est. Messieurs, que toutes les autres Eglises qui pourraient dis­puter avec elle de l'antiquité, comme celle de Jérusalem et celle d'Antioche, n'ont été que des Eglises particulières, unies à la ro­maine, avec laquelle elles ne faisaient qu'une même Eglise pendant leur union, et qu'elles ont elles-mêmes reconnu que celle de Rome était le siége de saint Pierre, sur lequel le Sauveur a fondé son Eglise; de manière que le nom de romaine qu'on lui donne, bien loin d'être une restriction du titre d'univer­selle, qu'elle a toujours porté, est une mar­que de son universalité; comme saint Paul l'écrivait aux Romains mêmes de son temps: Fides vestra annuntiatur in universo mundo. Et ainsi, lorsque les Eglises particulières, aussi anciennes que la romaine, s'en sont séparées, après plusieurs siècles, par le schisme des Grecs, il est indubitable que ce sont elles qui ont erré, puisqu'elles se sont séparées de celle qui était universelle.

Aussi voyons-nous que parmi tant d'er­reurs, qui ont infecté tantôt les unes, tantôt les autres, celle de Rome n'en a jamais été atteinte: à moins qu'on ne dise, comme font nos adversaires, que les vérités les plus constantes de la religion, comme sont les prières pour les morts, le purgatoire, l'in­vocation des saints, et la présence réelle du corps du Sauveur dans l'Eucharistie, sont les hérésies de l'Eglise romaine, c'est-à-dire que chaque secte naissante condamnera l'Eglise, et maintiendra que les articles de foi qui sont reçus partout et qui ont été crus de tout temps, seront des erreurs. Et alors qui en doit juger ? L’Eglise, qui remonte par succession jusqu'aux apôtres, ou celle qui ne fait que de naître? Celle qui est catholi­que et universelle, ou celle qui est renfer­mée dans un petit canton? Celle qui est une dans sa foi, ou celle qui est divisée et par­tagée en cent sectes différentes et toutes contraires?

D'où je conclus, Messieurs, que ces trois principaux caractères, qui font reconnaître la véritable Eglise, montrent aussi qu'elle est infaillible dans les décisions qui regar­dent la foi: et que, comme il n 'y a que l'Eglise romaine qui ait ces caractères, nous devons nous tenir inviolablement attachés à tous ses sentiments, et suivre la doctrine qui s'enseigne dans la chaire de saint Pierre; puisque les saints Pères, dont nos adver­saires respectent l’autorité et reconnaissent la sainteté de vie, n'ont point eu d'autre rè­gle de leur foi: Cathedra una super Petrum Domini vode fundata est, dit saint Cyprien. Il n'y a qu'une chaire de vérité, qui est celle de saint Pierre, qui se trouve dans l'Eglise romaine: Cathedrœ Petri commu­nione consocior, ajoute saint Jérôme : si quis cathedrœ Petri communione jungitur, meus est. Je suis du parti de celui qui se tient attaché à la chaire de saint Pierre, et je n'en reconnais point d'autre pour orthodoxe. C'est le langage des Pères de tous les siècles, comme c'est encore aujourd'hui celui de tous les catholiques.

Or, Messieurs, quelle assurance et quelle consolation pour nous, de voir que nous sommes dans la même Eglise, et que nous suivons la même doctrine qu'ont embrassée les Cyprien, les Jérôme, les Ambroise, les Augustin, les Chrysostome pendant que nos adversaires suivent les imaginations de deux ou trois rebelles, dont la vie n'a pas été moins corrompue que la doctrine et la foi ! Je n'en dis pas davantage, puisque eux-mêmes ne le peuvent désavouer.

Aussi, Messieurs, la principale réforme de ces novateurs consiste à retrancher les jeûnes, la nécessité des bonnes œuvres, la confession et tout ce qu'il y a de pénible dans la religion: et les principes, sur les­quels cette réforme est fondée conduisent non seulement à l'erreur, mais encore au li­bertinage, au désordre et à l'impiété. Ils en­seignent, comme un article de leur foi, que quand l'homme est justifié par le baptême, il reçoit en même temps la rémission de tous ses péchés passés et présents, et de tous ceux qu'il commettra à l'avenir. Jugez où ce prin­cipe peut conduire? De plus c'est un de leurs dogmes, ou plutôt de leurs blasphèmes, que Dieu même est auteur du péché, puisqu'il y porte les hommes; qu'il leur fait des com­mandements impossibles, et qu'il leur com­mande ce qu'il ne veut pas qu'ils observent. Voyez quelles conséquences on peut tirer de là? Et cependant, par une présomption qui n'est pas moins criminelle, ils tiennent pour article fondamental, qu'ils ne sont pas moins assurés de leur salut, que Jésus-Christ même: et cent autres blasphèmes de la sorte, qui font horreur seulement à entendre, et qui passent parmi eux pour des vérités cons­tantes. Tant il est vrai qu'il n'y a erreur, blasphème, ni extravagance, où l'on ne donne depuis qu'on est éloigné de la véritable règle de la foi, qui est le sentiment de l'Eglise.

Etrange aveuglement, Messieurs, de tant de personnes, d'ailleurs assez éclairées, et dont plusieurs même sont d'une probité re­connue. C'est ce qui me donne la liberté de leur adresser ces paroles de l'Apôtre : Quis vos fascinavit non obedire Evangelio? Quel charme, quelle illusion et quel prestige vous a renversé la raison et le bon sens, pour ne pas voir la vérité qui brille avec tant d'éclat, et pour refuser de vous y sou­mettre? Ah ! Que je crains que cet aveugle­ment ne soit la juste punition de la résis­tance que vous avez apportée aux lumières du Ciel, que vous avez rejetées tant de fois ! J'ose espérer, Messieurs, qu'ils y ouvriront enfin les yeux et qu'ils reconnaîtront que la doctrine, que l'Eglise catholique enseigne, n'est pas moins sainte qu'elle est véritable, et qu'il ne faut que la croire et la pra­tiquer pour arriver à la fin que le Sauveur même s'est proposée dans l'établissement de son Eglise, qui est de nous conduire sûre­ment à l'éternité bienheureuse que je vous souhaite, etc.



[1] Note de Virgo-Maria : Commentaires sur les enseignements hérétiques jamais condamnés,  d’évêques, de prêtres etc. de part le monde depuis 40 ans, sur le nombre de messes différentes selon chaque « prêtres » etc..

[2] Note de Virgo-Maria : Parlez avec n’importe quel « laïque catholique conciliaire », en faisant référence avec l’enseignement de toujours ! Il refuse de vous écouter, il refuse la plupart du temps de lire documents ou ouvrages de bonnes et saines doctrines, ne se référant qu’à ce que leur enseigne leur « prêtre », leur « évêques » etc., avant Vatican II RIEN ou presque !!! Et évidemment il y a ceux qui vous disent par exemple, qu’un enfant baptisé va directement au ciel, un autre vous dira qu’il y a les limbes mais qu’il n’est pas sûr de ce que cela représente etc. Et l’on pourrait prendre des exemples presque à l’infini : IL N’YA PLUS D’UNITE, même si aujourd’hui, avec les dérapages de ces 40 dernières années, on voit des tentatives pour masquer toutes ces divergences.  Cela devenait trop évident, surtout en regard de la résistance de la Vrai Eglise du Christ. Dérapage du Saint Esprit avec son Eglise ? : IMPOSSIBLE !!!

[3] Note de Virgo-Maria : Quand des centaines d’hérésies sont promulguées depuis Vatican d’eux, comment peut-on dire que l’église conciliaire qui ne cesse d’en « appeler des décisions [de la Véritable Eglise du Christ] et de son jugement »,  soit l’Eglise, Catholique, Apostolique et Romaine ?

[4] Note de Virgo-Maria : Commentaires sur l’enseignement en devenir, la recherche de la vérité etc.

[5] Note de Virgo-Maria : Commentaires sur tous ces prêtres, prélats, théologiens d’avant Vatican II, quasiment hérétiques, parfois rejetés par certains papes, et pourtant devenus de hauts dignitaires dans la nouvelle église conciliaire et cela jusque sur la Chaire de Pierre. Faut-il être aveugle !!!

[6] Note de Virgo-Maria : Ce n’est pas le cas de l’église conciliaire, puisque son enseignement diffère en partie voir totalement de l’enseignement de l’Eglise jusqu’en 1958 !

[7] Note de Virgo-Maria : Pensez à Assise et autres réunions œcuméniques ! Ainsi qu’aux tentatives actuelles de rapprochement avec les églises luthériennes, anglicanes etc.

[8] Note de Virgo-Maria : Autrefois les hérétiques quittait la Sainte Eglise ; aujourd’hui, après les ordres  donnés par Satan à la Franc-maçonnerie au cours du XIXe siècle, et grâce de surcroit au libéralisme mis en place dans la société et dans les séminaires depuis la révolution française, les ennemis de l’Eglise se sont infiltrés jusqu’au sommet de Rome et en ont pris le contrôle : il savait très bien qu’une fois un prélat catholique donc non hérétique est élu pape, à cause de son infaillibilité, ils leur serait impossible de faire changer l’Eglise. Alors qu’un prélat à eux (mais hérétique), devenus « pape », aux yeux et à la barbe de la chrétienté, contrôlerait l’Eglise mais avec comme maître Satan ! Ils croyaient suivre la bannière du Christ mais en fait …etc.

[9] Note de Virgo-Maria : Que dirait-il aujourd’hui de l’église conciliaire !

[10] Note de Virgo-Maria : C’est le but du combat de Virgo-Maria

[11] Note de Virgo-Maria : C’est de l’Eglise dont on parle, pas de l’église conciliaire, qui n’a pour durée que 48 ans à ce jour, née par la traîtrise en rentrant non pas par la porte mais par derrière, remettant en cause l’enseignement de toujours, et agissant comme un loup déguisé d’une peau de brebis.  Celle-ci disparaîtra quand Dieu le décidera ! Et comme le Christ et l’Eglise c’est tout un, l’Eglise éclipsée vivant actuellement sa Passion, n’ayant comme Notre Seigneur, plus qu’un petit troupeau au pied de sa croix, mourra comme Notre Seigneur, et ressuscitera, plus grandiose que jamais, pour le règne du Christ Roi.

[12] Note de Virgo-Maria : Faites la liste de toutes les nouveautés de l’église conciliaire ! Tout à changé ! Destruction de TOUS les sacrements, ouverture au monde, œcuménisme à outrance, reconnaissance de la synagogue rejetée par Notre-Seigneur, rejet de la Royauté de Notre-Seigneur sur les nations etc…C’est réellement une secte, La Secte qui a pris le contrôle de Rome. 

[13] Note de Virgo-Maria : Preuve indiscutable que l’église conciliaire NE PEUT PAS ÊTRE L’EGLISE DE NOTRE SEIGNEUR. Et comme les portes de l’enfer ne prévaudront point contre Elle, c’est donc, comme l’a dit Notre Dame à la Salette, qu’elle est éclipsée. Ce qui explique tous les mensonges que l’on raconte depuis les années 1920 et encore de nos jours, et même dans la Tradition (!) sur le secret de la Salette. Satan veille ! Il faut que l’aveuglement des âmes soit presque total ! Terrible châtiment !

[14] Note de Virgo-Maria : pour notre temps, «  église conciliaire »

[15] Note de Virgo-Maria : que fait l’église conciliaire depuis 48 ans si ce n’est de dire, par exemple, que le Syllabus était pour ce temps là mais plus pour aujourd’hui, or ce texte est infaillible, et comme il ne le reconnaisse pas, c’est donc qu’il y a des erreurs. Etc.

[16] Note de Virgo-Maria : oui, elle subsistera, même si par un grand mystère, Notre-Seigneur permis que la Rome Chrétienne soit sous le contrôle des antichrists, à travers l’église conciliaire.

[17] Note de Virgo-Maria : question à posée aux novateurs conciliaires !

[18] Note de Virgo-Maria : remplacer dans ce texte Luther et Calvin, par Roncalli, Montini, Luciani, Wojtyla et Ratzinger , peut-être comprendrez-vous mieux la situation !

[19] Note de Virgo-Maria : La résistance contre l’erreur et le mensonge depuis Vatican d’eux montre qu’aujourd’hui, même si tous n’est pas clair dans tous les esprits de la Tradition (au sens large du terme), (Catherine Emmerich , ils combattaient mais avec peu de…), elle se trouve sur tous les continent, même si les prêtres doivent parfois faire des milliers de kilomètres pour dire la Sainte Messe.

[20] Note de Virgo-Maria : c’est bien ce que l’on constate.