INTRODUCTION

La Tradition face À l'ŒcumÉnisme libÉral

EcÔne face À l'ex-Saint-Office

Après la condamnation en mai 1975 de l'œuvre d'Ecône et de la Fraternité Sacerdotale St Pie X par l'Evêque de Fribourg (Suisse) sur la demande de la commission des trois Cardinaux Garrone, Wright et Tabera, née on ne sait comment, j'écrivais au Pape Paul VI que la condamnation portant, soi-disant, sur des points de doctrine n'aurait dû atteindre que ma personne et que la cause aurait dû être jugée par la Congrégation pour la doctrine de la foi[1].

Cette demande, pour les besoins de la cause, était restée sans réponse. On espérait la disparition de l'œuvre, même obtenue après un simulacre de jugement et une condamnation illégale. La Secrétairerie d'Etat devait craindre que l'ex-Saint-Office fût encore trop honnête et trop traditionnel pour s'en remettre à cette Congrégation.

Cependant les années passèrent. L'abus de pouvoir était si évident que l'opinion publique manifestait de jour en jour plus de sympathie pour les victimes. Rome condamnant sa Tradition et par de pareils procédés, au moment de son autodestruction visible à tout œil impartial, c'en était trop.

Il fallut attendre trois ans et demi pour que fut décidée une enquête plus approfondie sur la doctrine professée par Mgr Lefebvre et enseignée à Ecône. Le 28 janvier 1978 le Cardinal Seper, Préfet de l'ex-Saint-Office envoyait à Ecône un abondant questionnaire qu'on trouvera dans le présent recueil. C'était le commencement de l'enquête.

Les lecteurs pourront suivre les développements de l'enquête au cours de ces pages et juger eux-mêmes. Là où cela nous semble opportun nous donnons quelques informations et explications.

Puisque cette année 1978 a vu deux conclaves, nous avons pensé que les lettres envoyées aux Cardinaux, du moins à quelques-uns d'entre eux, seraient utiles pour l'information du lecteur.

Je n'ai jamais eu la prétention de représenter tous les catholiques fidèles à la Tradition de l'Eglise. Loin de ma pensée de vouloir donner à ces débats plus d'importance qu'ils n'en ont. Néanmoins je ne puis m'empêcher de penser en toute sincérité que ces colloques ont une valeur historique parce qu'ils sont l'écho d'une opposition profonde et qui remonte à tout le moins au Concile de Trente, entre la doctrine catholique et le libéralisme protestant, entre la foi catholique et le naturalisme rationaliste maçonnique, dont l'histoire des quatre derniers siècles est une illustration dramatique.

A mes interrogateurs de la Congrégation pour la doctrine de la foi qui m'accusaient de diviser l'Eglise je fis en substance cette réponse :

«Messieurs, vous avez de l'histoire de l'Eglise des derniers siècles une connaissance aussi grande sinon plus grande que la mienne. Cette histoire nous fait connaître que cette division existe depuis au moins deux siècles dans l'Eglise entre les catholiques et les libéraux. Mais ceux-ci ont toujours été condamnés par les Papes jusqu'au Concile Vatican II où par un mystère insondable de la Providence ces Libéraux ont pu faire triompher leurs idées et occuper les postes les plus importants de la Curie Romaine. Quand je pense que nous sommes dans l'immeuble du Saint-Office qui est le témoin exceptionnel de la Tradition et de la défense de la foi catholique, je ne puis m'empêcher de penser que je suis chez moi et que c'est moi que vous appelez «le traditionaliste» qui devrais vous juger. La Tradition représente un passé inébranlable comme cette maison, le libéralisme n'a pas de fondement et passera. Un jour la Vérité reprendra ses droits».

Les documents contenus dans ce fascicule pourront paraître ardus, cependant pour la défense de la foi catholique et de la civilisation chrétienne il m'a paru nécessaire de les publier.

L'entreprise de la restauration de l'Eglise par sa Tradition est certes indispensable pour le salut des âmes. Cependant elle ne pourra se faire que par un secours extraordinaire de l'Esprit-Saint et par l'intercession de la Bienheureuse Vierge Marie. C'est donc par la prière et spécialement par le Saint Sacrifice de la Messe que nous obtiendrons cette rénovation tant désirée.

Ecône, le 23 février 1979

Marcel Lefebvre.

 



[1] Tous les documents de cette période ont été publiés dans le numéro spécial de la revue ITINÉRAIRES intitulé : La condamnation sauvage de Mgr Lefebvre.