Lettre de Mgr Lefebvre à plusieurs cardinaux

6 octobre 1978

• Cette lettre a été adressée à quarante cardinaux, dont le cardinal Wojtyla, archevêque de Cracovie.

SÉMINAIRE INTERNATIONAL SAINT PIE X                                                                           Ecône, le 6 octobre 1978

Ecône CH 1908 HIDDES

Tél. 026/6 23 08 - 6 25 01 - 6 29 27

Eminence Révérendissime,

A nouveau la Providence vous appelle à rejoindre la salle du Conclave pour élire le futur successeur de Pierre.

La situation de l'Eglise est telle que seul un Pape tel que saint Pie X peut arrêter l'autodestruction dont Elle souffre surtout depuis le Concile Vatican II.

Poursuivre les orientations de ce Concile et des Réformes post-conciliaires, c'est étendre l'apostasie et mener l'Eglise vers sa ruine. On juge l'arbre à ses fruits, dit Notre Seigneur Lui-même. Or d'ici peu des diocèses nombreux vont se trouver dans une pénurie tragique de prêtres.

Maintenir comme bases de l'activité de l'Eglise des documents comme ceux de la «Liberté Religieuse», de «L'Eglise dans le monde», et des «Religions non chrétiennes», et bien d'autres qui sont à l'origine des Réformes post-conciliaires, c'est admettre «la fumée de Satan» dans l'Eglise.

La Réforme Liturgique en particulier et celle de la Sainte Messe spécialement atteint l'Eglise en ce qu'Elle a de plus essentiel et de plus cher : le Saint Sacrifice de Notre Sauveur, avec son infinie satisfaction.

Un Pape digne de ce nom et vrai successeur de Pierre ne peut pas déclarer qu'Il se donnera à l'application du Concile et de ses Réformes. Il se met, par le fait même, en rupture avec tous ses prédécesseurs et avec le Concile de Trente en particulier.

L'Eglise qui est essentiellement Tradition c'est-à-dire transmission fidèle du dépôt de la foi de génération en génération ne peut supporter une rupture comme celle de Vatican II sans s'autodétruire.

Cette rupture n'a été possible que par la pression des groupes progressistes à l'intérieur d'un Concile «pastoral», d'«aggiornamento».

Seule la réaffirmation constante de la foi catholique peut être la source de l'unité. L'autorité du Souverain Pontife ne se justifie qu'à ce prix. Les circonstances dans lesquelles elle a été conférée à Pierre le manifestent avec clarté.

Comment peut-on utiliser cette Autorité si vénéra­ble au service d'un œcuménisme qui transforme les catholiques en protestants, en athées, ou en charismatiques ?

Nous vous supplions, Eminence, d'avoir ces pensées présentes à l'esprit lorsque vous devrez faire le choix du Successeur de Pierre. Nous prions l'Esprit Saint de vous donner Lumière et Force pour que le Règne de Notre Seigneur arrive.

Daignez agréer, Eminence Révérendissime, mes sentiments respectueux et fraternellement dévoués in Xto et Maria.

Marcel Lefebvre, olim Archiepiscopus-Episcopus Tullensis