Virgo-Maria.org

 

Gaude, Maria Virgo, cunctas hæreses sola interemisti.

(Tractus Missæ Salve Sancta Parens)

lundi 20 mars 2006

Ce message peut être téléchargé au format PDF sur notre site http://www.virgo-maria.org/.

 

L’abbé Ratzinger abandonne le titre de Patriarche d’Occident

 

L’usurpateur Benoît XVI s’attaque à la fonction pontificale

 

Le vaticaniste John L. Allen commente l’abandon du titre de Patriarche d’Occident par l’abbé Ratzinger. Le titre vient d’être supprimé de l’annuaire pontifical. Nous donnons ci-dessous une traduction partielle de la lettre d’information de John L.Allen.

 

Concrétisant ce qu’avait annoncé la lettre d’information CSI dans un message de mai 2005, l’abbé Ratzinger vient de passer à l’action et amorcer un jeu de mécano patriarcal, en abandonnant le titre de Patriarche d’Occident. Ce faisant, il le dissocie ainsi de la fonction pontificale et le rend en quelque sort disponible pour la suite de ses opérations.

 

Cet abandon illustre la continuité de la pensée de l’abbé Ratzinger qui, dès 1969, avait préconisé la séparation du patriarcat et de la fonction pontificale et recommandé la création de plusieurs patriarcats au sein de l’Eglise.

 

« C’est pourquoi la tâche à envisager pour l’avenir consistera, d’une part à établir de nouveau – et plus clairement, cette fois – une distinction entre la véritable fonction du successeur de Pierre et l’office patriarcal, d’autre part à créer au besoin de nouveaux patriarcats et à les détacher de l’église latine. » Joseph Ratzinger, Primat et épiscopat, 1969

 

Résumons comment il y a près d’un an, le site internet CSI avait dénoncé l’Opération Rampolla en cours depuis l’élection de l’abbé Ratzinger le 19 avril 2005. Ce plan, issus des projets du Pasteur Pusey (vers 1840) a été constamment relayé par les Anglicans de la Haute Eglise, en particulier lors des conversations de Malines de 1923. Il vise à réunir les Anglicans avec l’Eglise catholique sous la forme d’un patriarcat Anglican qui serait créé pour l’occasion. Dans cette construction rentrerait également les Patriarcats Orthodoxes, la fonction pontificale étant alors vidée de sa substance et reléguée au rang d’une fonction d’arbitrage, de « primus inter pares ».

 

Ce plan est issu des milieux traditionnels Anglicans, eux-mêmes sous l’influence des hautes loges illuministes Rose+Croix, et sont imprégnées de gnose. Le cardinal Rampolla, secrétaire d’Etat de Léon XIII, avait appartenu à l’une d’elle : l’OTO. Ces loges, en dépit d’apparences très traditionnelles, s’avèrent représenter la pire subversion de l’Eglise catholique. Possédant une connaissance très fine des rites, ces loges ont, dans l’ombre, été à l’œuvre dans la révolution liturgique depuis le début du XX° siècle, et en particulier dans la suppression du rite de consécration épiscopale de l’Eglise  intervenue en 1968. D’ailleurs, les révolutionnaires ont eu recours au rite maronite d’intronisation des Patriarches afin de faire accepter le nouveau rite, prétendument attribué à une Tradition apostolique, elle-même fallacieusement attribuée à Hippolyte de Rome[1].

 

L’abbé Ratzinger se positionne ainsi comme le continuateur de ce plan de subversion de très haut niveau. La connaissance de l’institution patriarcale comme instrument de subversion de l’Eglise va s’avérer nécessaire pour les prochains mois, et même peut-être pour les prochaines semaines. C’est pourquoi nous renvoyons nos lecteurs au message Virgo-Maria du 19 mars qui annonçait la parution d’un document décrivant l’institution patriarcale dans les Eglises maronite et syriaque.

 

Que Notre-Dame, épouse de l’Esprit-Saint, protège l’Eglise éclipsée

 

Abbé Michel Marchiset

 

 

Traduction partielle en français des informations de John L.Allen du 12 mars 2006.

 

http://www.nationalcatholicreporter.org/word/word031006.htm

 

La Chrétienté Occidentale pourrait-elle créer de nouveaux patriarcats ?

 

Par John L.Allen Jr

 

Sans tambour ni trompette, Benoît XVI a abandonné le titre traditionnel de “ Patriarche d’Occident “ porté par le Pontife Romain depuis 1500 ans environ.

Alors que l’on spéculai tout d’abord que ce changement était un geste de sensibilité œcuménique envers les Orthodoxes, la plupart des experts s’accordent à dire qu’il s’agit très certainement du contraire ––– le  refus d’une tentative d’imposer les concepts Orientaux à l’ecclésiologie de l’Église Catholique.

Cette nouvelle de l’annulation a été connue seulement quand de courageux lecteurs de l’Annuario Pontificio du Vatican , le plus important ouvrage concernant les prélats, les  diocèses, et  les officiels de la curie, ont noté que le titre en question était rayé de l’édition de 2006.

Le Père jésuite Robert Taft, expert du christianisme oriental à l’Institut oriental de Rome a dit qu’il “ était simplement impensable ” que quelqu’un au Vatican ait pu supprimer le titre papal sans l’approbation directe du pape.

“ Cela monte jusqu’au sommet de la hiérarchie, ” ajoute t’il.

 

A ce jour aucune explication officielle n’a été donnée, ce que Taft trouve “ étrange. ”

“ C’est comme si on se levait et que l’on s’aperçoive qu’il n’y a pas de lumière “ continue Taft et ” que nous trébuchions dans le noir. ”

 

Et comme d’autres experts, Taft remarque que la décision n’est pas tombée ainsi du ciel. Un récent débat sur la nature de la papauté a soulevé la question de savoir si la primauté universelle du pape peut être comprise avec précision en prenant les patriarches pour modèle, un concept qui provient de la Chrétienté Orientale.

 

L’exemple le plus connu de cette réflexion est le livre publié en 1990 du Père Franciscain Adriano Garuti , Il Papa Patriarca d’Occidente ? : Studio storico dottrrinale  (Collection Antoniana, 1990 ). Garuti, qui a servi dans la Congrégation pour la Doctrine de la Foi de 1975 à 2003 et donc depuis longtemps collaborateur de Benoît XVI,  soutenait que le titre de “ Patriarche ” est d’origine orientale et influencé par l’exemple des empereurs byzantins. Les Pontifes Romains, écrivait Garuti, n’auraient jamais accepté une diminution de leur primauté universelle en échange d’un simple “ patriarcat, ” comme le firent plus tard les penseurs médiévaux byzantins qui considéraient le pape comme le “ premiers des égaux ” dans une Pentarchie, c’est à dire les patriarches des cinq anciens sièges de l’Église : Jérusalem, Antioche, Alexandrie, Constantinople et Rome.

 

 Taft disait que cette question était presque certainement à l’origine de la décision du pape.

“ Mon estimation la plus probable, dit-il, est qu’il n’y ait  refus de la part du Vatican de tenter de mettre la primauté de Saint Pierre dans un cadre qui ne lui convient pas ”.

 

“Appeler le Pape “ Patriarche d’Occident ”, dit-il encore,  pourrait être perçu comme une tentative de donner un caractère oriental à l’ecclésiologie occidentale.

D’autres experts cependant, croient que la substance même du titre “ Patriarche d’Occident, ” représente quelque chose d’essentiel dans le rôle traditionnel que joue le Pape à la tête de la Chrétienté Latine.

 

Mgr Michael Magee, un américain qui a présenté récemment à l’Université grégorienne de Rome un mémoire sur l’institution du Patriarcat soutient que ce que les gens entendent en appelant le pape “ Patriarche d’Occident ” ––– c’est à dire un rôle de chef de l’Église latine avec la liturgie et la discipline qui lui sont propres ––– est en effet distinct de son rôle de pasteur suprême de l’Église universelle.

 

Pour prendre juste un exemple, le pape nomme directement les archevêques de Paris, New York et Vienne, mais “ confirme ” l’élection par les synodes locaux d’un évêque Maronite au Liban ou dans l’Église gréco-catholique d’Ukraine. Dans ce sens, la primauté du pape dans l’Église Occidentale agit de façon différente par rapport à l’Église Orientale, et il en a été ainsi dans presque toute l’histoire de l’Église.

 

Quelques théologiens vont jusqu’à prétendre qu’aucun pape n’a le droit de renoncer à l’essentiel de ce que représente le titre de “ Patriarche d’Occident ” différent du rôle de chef de l’Église latine.

 

Par une ironie du sort, Magee, prêtre de l’Archidiocèse de Philadelphie et qui sert habituellement dans la Congrégation du Culte Divin et de la Discipline des Sacrements, a appris la décision d’abandonner le titre de “ Patriarche d’Occident ” juste trois minutes avant de présenter son mémoire le 20 février.

“ J’ai cru tout d’abord à une plaisanterie, ” dit Magee en riant.

 

Les observateurs œcuméniques mettent aussi en garde que renoncer au titre peut alarmer les Orthodoxes par un manque de sensibilité vis à vis de l’autonomie légitime des traditions Orientales. Il y a déjà sur ce sujet des réactions négatives.

 

“ Il n’en serait pas moins étrange que l’omission du titre de “ Patriarche d’Occident ” puisse améliorer les relations entre le Saint Siège et l’Église Orthodoxe, ” ainsi s’exprimait le 3 mars devant l’Interfax news service, Ilarion évêque orthodoxe de Vienne et une personnalité de l’Église Orthodoxe Russe.

 

“ Cette omission pourrait au contraire être perçue comme une prochaine prétention de l’Église à la juridiction mondiale dont  les autres titres du pontife sont le reflet, ”  poursuit Ilarion.

 

Taft cependant met en garde contre une trop grande exagération.

“ Rien de nouveau ici, ” dit-il. Rien n’est fait dans la papauté qui n’ait été fait auparavant. Dire que le pape n’est pas patriarche n’implique nullement un manque d’égards vis à vis des patriarches.”

 

***

 

Comme l’objection de Garuti à propos du terme “ patriarche ” semble concerner un possible affaiblissement de l’autorité papale, certains théologiens favorables à une plus grande collégialité ont longtemps encouragé la Chrétienté Occidentale à créer de nouveaux patriarcats dans le but de donner une autonomie et une autorité plus grandes aux églises locales.

 

D’après ce schéma, il pourrait y avoir un Patriarche d’Afrique, un d’Asie et même un d’Amérique du Nord. Le pape serait considéré comme le garant suprême de la foi et de la discipline, plutôt que comme le simple chef de l’Église Romaine. Pour prendre un exemple, un Patriarcat d’Afrique pourrait avoir sa propre liturgie autochtone  plutôt que de demander d’apporter des retouches au “ Rite Romain . ”

 

Quelques analystes ont insinué que l’abandon du titre de “ Patriarche d’Occident  ” pourrait être le premier pas dans cette direction. Le pape pourrait éventuellement devenir quelque chose comme un “ Patriarche des latins ” laissant de la place pour d’autres patriarches dans la tradition historique de l’Occident.

 

Si tout cela est prévu dans les cartes reste encore à voir.

 

Mais pour que cela n’apparaisse pas comme une simple supputation, il convient de noter que celui qui était encore le cardinal Ratzinger a émis cette idée même dans un essai publié en 1969 sous le titre « Primat et épiscopat », qui figure dans le livre Das neue Volk Gottes. La traduction en anglais du texte ci-après a été faite par l’abbé Joseph Komonchak, de l’Université catholique d’Amérique :

 

« L’image d’État centralisé que l’Église a offerte jusqu’au Concile tient non seulement à l’office de Pierre, mais aussi à son amalgame avec la fonction patriarcale, laquelle n’a cessé de se renforcer tout au long de l’histoire et que l’évêque de Rome exerçait pour l’ensemble de la Chrétienté latine. Le droit canon uniforme, la liturgie uniforme, la nomination uniforme des évêques par le centre romain, tout cela ne fait pas forcément partie du primat, mais résulte de l’union étroite des deux offices. C’est pourquoi la tâche à envisager pour l’avenir consistera, d’une part à établir de nouveau – et plus clairement, cette fois – une distinction entre la véritable fonction du successeur de Pierre et l’office patriarcal, d’autre part à créer au besoin de nouveaux patriarcats et à les détacher de l’église latine. Choisir l’unité avec le pape ne signifiera plus, dès lors, s’incorporer à une administration uniforme, mais seulement s’intégrer à une unité de foi et de communion, dans laquelle le pape est reconnu comme ayant pouvoir de livrer des interprétations contraignantes de la révélation donnée dans le Christ, interprétations dont l’autorité est acceptée chaque fois qu’elles sont livrées sous une forme définitive ». Et Ratzinger de conclure : « Dans un avenir point trop éloigné, on sera fondé à se demander si les églises d’Asie et d’Afrique, comme celles d’Orient, ne devraient pas se présenter sous leurs propres formes, qui pourraient être des “patriarcats” autonomes ou des “grandes églises”, quel que soit le nom que l’on donne un jour à ces ecclesiae dans l’Ecclesia ». Joseph Ratzinger, 1969, Primat et épiscopat

 

Ratzinger n’a pas réitéré cette idée dans ses écrits ultérieurs, mais on la trouve bien à un certain moment de sa réflexion ecclésiologique

 

Fin de la traduction

 

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[1] Cette même démonstration a été reprise à son compte par l’article du numéro 54 (automne 2005) du Sel de la terre signé du Père Pierre-Marie (Geoffroy de Kergorlay) et intitulé : « Le nouveau rituel de consécration épiscopale est-il valide ? »