Virgo-Maria.org

Gaude, Maria Virgo, cunctas hæreses sola interemisti.

(Tractus Missæ Salve Sancta Parens)

samedi 1er avril 2006

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Le bradage du combat de Mgr Lefebvre au nom du « processus de réconciliation » avec la Nouvelle-Eglise

Une analyse de fond de Traditio.com sur le clan de l’abbé Schmidberger et de Mgr Fellay

Précédée de notre propre point de la situation aujourd’hui

Il est paru, à la veille de la réunion des « cardinaux » du 23 mars 2006, une analyse intéressante de Traditio.com. Malgré les quelques réserves que nous émettons, il nous semble intéressant d’en prendre connaissance et de la diffuser pour les francophones.

En effet l’analyse pèche par optimiste, en prétendant que l’abbé Ratzinger aurait renoncé à mettre en condition laïcs et clercs de la FSSPX. Bien au contraire, du côté de Rome le calendrier qui a filtré à partir de plusieurs sources, et dont nous avons fait état, suit son cours inexorablement.

La réunion du 23 mars a consacré la matinée entière à la FSSPX, et malgré les oppositions de quelques cardinaux, l’abbé Ratzinger a imposé ses vues.

Le 7 avril, il réunira la Curie, puis aux alentours de Pâques, les excommunications pourraient être levées unilatéralement et l’usage du missel de Saint-Pie V, autorisé universellement[1]

Un tel évènement serait récupéré  afin de continuer à alimenter une image tronquée et faussée du « pontificat de Benoît XVI ». Déjà les faits les plus gênants pour l’abbé Ratzinger sont masqués depuis un an. Mentionnons simplement les scandales liturgiques recensés presque chaque jour par les sites américains (www.novusordowatch.org[2] et www.traditio.com), des progressions majeures dans la voie de l’apostasie de l’œcuménisme (Orthodoxes schismatiques, Anglicans,etc.), les scandales sexuels retentissants aux Etats-Unis et qui ont des conséquences financières dramatiques qui vont ruiner l’Eglise conciliaire et le patrimoine reçu des fidèles depuis des siècles. Sur ce dernier point, il est désormais question pour selon la conférence épiscopale américaine de devoir payer plus de 1,3 milliards de dollars[3] à cause des procès. Ce chiffre a progressé de 219% depuis un an. Tous ces faits accablants qui scandalisent les fidèles conciliaires américains et les détournent de « Benoît XVI » sont dissimulés aux fidèles de la FSSPX à qui il laissé croire que le « pontificat de Benoît XVI » marque une véritable restauration et qu’il faut aider cet homme si bien intentionné mais si isolé et si mal entouré et obéi ! Cette campagne de propagande de DICI et autres organes aux mains du clan Schmidberger (les abbés Lorans et Séligny en particulier) n’a d’autre objectifs que de préparer les esprits au ralliement et d’assurer la réélection de Mgr Fellay en juillet et de son clan sous contrôle du réseau allemand.

En cas de réélection de Mgr Fellay en compagnie du clan de l’abbé Schmidberger, commencerait alors une purge des postes importants de la Fraternité. Les clercs les moins enthousiastes pour le ralliement seraient alors écartés de leur poste et remplacés par des esprits plus dociles.

Ainsi, en août les abbés jugés les moins enthousiastes seraient mutés. Après ce « réaménagement » - c'est-à-dire une telle purge, qui bien sûr ne dirait pas son nom - le réseau allemand comme leur exécutant, Mgr Fellay, auraient dès lors les mains libres pour parachever le plan de l’abbé Ratzinger en concluant un accord doctrinal en trompe l’œil avec celui-ci (« Vatican II à la lumière de la Tradition » !!!, etc.). Nous attirons l’attention des communautés amies sur ces purges.

Le transfert juridique des biens, des legs, des héritages recueillis depuis plus de trente ans à partir des sacrifices des fidèles de la Tradition pourrait alors s’opérer, et cette opération prendrait une forme administrative qui pourrait être celle d’un Patriarcat Tridentin[4], en apparence très adapté à la situation de la Tradition, telle qu’elle est perçue à Rome[5].

Cette stratégie de préparation des élections par le réseau allemand semble se dessiner, si l’on lit entre les lignes la récente interview de Mgr Fellay à DICI (abbé Lorans).

Le cap du « processus de réconciliation » est maintenu, mais une apparente fermeté doctrinale est affichée pour apaiser pour le moment les opposants clercs et laïcs.

Elle sera de mise jusqu’aux élections. Et elle permettra à Mgr Fellay et au réseau allemand de l’abbé Schmidberger de désamorcer les critiques de faiblesses doctrinales en se drapant dans une position apparemment intransigeante sur le fond.

La récente tentative de récupération par DICI des abbés Lorans et Séligny du texte accablant du Remnant [6]participe de cette stratégie. Tous nos lecteurs auront par contre découvert la méthode de l’abbé Lorans, à savoir : censurer tous les passages importants et significatifs. Il s’agit bien d’abord pour le clan de l’abbé Schmidberger d’empêcher toute réaction organisée contre Menzingen avant les élections.

Une fois leur réélection assurée, ce clan, investi de tous les pouvoirs, pourra dès lors et sans plus de difficultés, liquider aussitôt l’opposition (comme Rome le leur a certainement demandé), et surtout la « frange extrême » de la Fraternité, ainsi qu’ils ont eux-mêmes dénommés tous ceux qui veulent continuer à mener fidèlement le combat de Mgr Lefebvre pour préserver la pérennité du véritable Sacerdoce de Melchisédech, selon les termes mêmes rapportés par les révélations de La Stampa du 24 mars[7]. : seront mis ainsi aussitôt à l’écart ou expulsés de la Fraternité, tous les chefs de file des clercs - y compris les évêques récalcitrants - qui voudraient encore rester fidèles aux principes de Mgr Lefebvre et refuseraient de rejoindre le « zoo conciliaire ».

Ces prochaines élections vont donc se résumer par le dilemme crucial, mortel ou salutaire, suivant :

·         Soit la reconduite de la dictature du réseau allemand de l’abbé Schmidberger qui a aujourd’hui entièrement accaparé le pouvoir médiatique dans la Fraternité et qui travaille depuis plus de vingt ans à la subversion de l’œuvre de Mgr Lefebvre afin de se « réconcilier » avec la Rome des antichrists, pour mieux livrer entre leurs mains ce qu’il peut rester encore au monde du véritable Sacerdoce de Melchisédech de la Nouvelle et Eternelle Alliance, sacramentellement encore ordonnés validement,

·        Ou le retour au combat et aux principes de Mgr Lefebvre qui ont consistés dans la sauvegarde du vrai Sacerdoce catholique et de sa transmission sacramentellemen valide. Sauvegarde non pas de « son esprit », ce qui ne signifie pas grand-chose, mais sauvegarde sacramentelle comme le montrent désormais les études qui se multiplient prouvant l’invalidité du nouveau rite conciliaire de consécration épiscopale de 1968[8]., dont la dernière[9] vient d’être mise en ligne en anglais le 25 mars dernier, fête de l’Annonciation, quinzième anniversaire de la disparition de Mgr Lefèvre, le Sauveur du véritable Sacerdoce catholique, sacramentellement valide à l’adresse internet :

http://www.traditionalmass.org/images/articles/NewEpConsArtPDF2.pdf

Lors de ces élections, le choix des quarante grands électeurs sera déterminant et définitif : soit ils choisiront Mgr Lefebvre et ils sauveront le Véritable Sacerdoce catholique sacramentellement valide, soit ils choisiront l’abbé Schmidberger et son réseau philoconciliaire, fossoyeur de la FSSPX, et ils porteront le coup de grâce au Véritable Sacerdoce catholique sacramentellement valide

Les deux options sont inconciliables. Le cumul des faits passés depuis vingt ans et les récents évènements intervenus depuis la tentative d’imposer à tous avec une incroyable arrogance et fourberie le « processus de réconciliation » concocté en secret par les conjurés posent clairement l’alternative.

Le fait que ce choix se pose plus de quinze ans après la disparition inopinée de Mgr Lefebvre montre à quel point la FSSPX a été subvertie dès ses débuts par l’infiltration d’un clan, le réseau allemand, en connexion avec l’abbé Ratzinger, ouvrant dès le début des années 1990 des « pourparlers avec Rome » au lieu de mener hardiment le combat public contre ses hérésies mortelles.

A l’appui de cette analyse, nous livrons un nouveau fait, divulgué dans la récente étude de l’invalidité du rite de consécration épiscopale par l’abbé Anthony Cekada[10], à laquelle nous faisions allusion à l’instant.

Cette étude synthétique, reprend une partie des travaux des Notitiae ex Rore III de Rore Sanctifica[11], ainsi que la trame de son argumentaire.

L’auteur, ordonné par Mgr Lefebvre en 1977, qui enseigne aujourd’hui la Théologie morale et sacramentelle, le Droit Canon ainsi que la Liturgie dans un séminaire catholique, explique que Mgr Lefebvre estimait invalide dans les années 1970[12] le rituel conciliaire des nouveaux sacres (Pontificalis Romani), mais que l’arrivée au premier plan de l’abbé Schmidberger, à l’occasion des « pourparlers » de Mgr avec Rome, vers 1983, l’amena à admettre (néanmoins sans conviction) la possibilité de leur validité.

L’abbé Schmidberger avait en effet commencé alors à diffuser dans la Fraternité les thèses de Dom Botte et du Père Lécuyer, les réformateurs de 1968, en prétendant que le nouveau rite serait « un rite oriental » [13].

Après l’été 2005, à l’occasion de la sortie des premiers tomes de Rore Sanctifica, les dominicains d’Avrillé, actionnés par le réseau allemand (abbés Schmidberger, Gaudron et Pfluger), rediffusa les mêmes thèses dès novembre 2005 dans Le Sel de la Terre sous la plume du Frère Pierre-Marie.

L’abbé Schmidberger fit aussitôt traduire l’article du Frère Pierre-Marie en anglais et le fit diffuser par la SSSPX en Amérique du Nord[14].

Désormais entièrement réfuté points par points, sur la base de faits constatables, et face à d’autres clercs qui ont travaillé la question (abbés Cekada, Zins, etc.), ce religieux dominicain s’enferme dans le refus de la confrontation des arguments et le rejet de toute disputatio, ce qui est contraire aux principes de l’Ordre même dont il se réclame.

Chargé ainsi d’enterrer la diffusion de toute étude sérieuse de l’invalidité sacramentelle du nouveau rite des consécrations épiscopales auprès des clercs et des laïcs de la Tradition, Avrillé a été mis ainsi au service du réseau allemand et de l’abbé Schmidberger qui ont réservé à ces dominicains un rôle stratégique pour protéger leur action : le rôle du pare-feu, celui de la digue à l’abri de laquelle peut s’opérer tranquillement la réélection de Mgr Fellay et celle du clan de l’abbé Schmidberger, ainsi que le ralliement de l’œuvre de Mgr Lefebvre à la Rome antichrist.

Avrillé, faux « pôle dur » de la Tradition, devenu un leurre pour les meilleurs laïcs, permet ainsi en fait, et ce malgré les neuvaines d’apparence, le succès de la mainmise de l’abbé Ratzinger sur la FSSPX, en levant l’obstacle dirimant de cette opération, l’invalidité sacramentelle du clergé conciliaire !

Nous soulignons cet aspect des choses, afin que les fidèles et les clercs mesurent bien le caractère factice de ce magistère auto proclamé, mais tenu en réalité par les intérêts supérieurs de la Révolution contre l’Eglise.

Quelques citations de cette analyse de la mi-mars 2006 de Traditio.com :

·        Bien que Mgr Fellay le nie (…), il a cherché à mettre en route un processus de « reconnaissance » quelconque de la FSSPX par la néo-Église, ce pourquoi il fallait brader les principes de Mgr Lefebvre (…). Il a donc choisi d’entrer dans la cage du lion, ce n’est pas le lion qui l’y a convoqué.

·        Mgr Fellay et son éminence grise Schmidberger (à moins qu’il ne faille inverser l’ordre de ces deux personnages, comme l’indiquent nos sources)…

·        Il s’est ainsi créé, en faveur d’un bradage de la FSSPX à la nouvelle Rome, un certain élan qui n’est pas sans rappeler comment l’élan révolutionnaire de Vatican II a poussé des gens d’habitude raisonnables dans des directions qu’ils n’auraient jamais prises sans lui. (…) Mgr Fellay a perdu le contact avec sa base au sein de la FSSPX.

·        Après la mort de Mgr Lefebvre, la Fraternité s’est éloignée – sous la houlette de Mgr Fellay –  des principes initiaux de son archevêque fondateur. Lorsqu’on lit les déclarations que celui-ci avait faites quelques années seulement avant 1988 (…), et qu’on les compare aux déclarations de Mgr Fellay, on constate que c’est le jour et la nuit.

·        Mgr Lefebvre rejetait entièrement la néo-Église du Novus Ordo comme étant « non catholique » et même « antichristique », tandis que Mgr Fellay semble au contraire se tourner vers la nouvelle Rome pour y chercher sa justification ultime.

·        Sous l’égide, semble-t-il, de Schmidberger –, il fut procédé à une purge des positions électorales au sein de la FSSPX (ce qui concernait principalement les Supérieurs de district du monde entier), afin que ces positions – si critiques pour la prochaine élection duodécennale du Supérieur général de la FSSPX, qui aura lieu cette année – restent entre les mains de la faction Fellay-Schmidberger.

·        Lorsque des personnes extérieures ou intérieures à la Fraternité formulèrent des critiques légitimes au sujet de la mauvaise gestion de la FSSPX sous l’égide de Mgr Fellay, la frange fanatique essaya de calomnier quiconque ne suivait pas à 100% la ligne officielle. [15]

·        Le néo-Vatican veut que Mgr Fellay livre à la néo-Église la totalité, ou du moins la grande majorité de la Fraternité. Il ne veut pas d’une Fraternité coupée en deux, ni d’un éclatement qui pourrait devenir déplaisant et, en fin de compte, attirer la néo-Église dans un débat sur sa légitimité et celle de son néo-pape. (Pour quelle autre raison Benoît-Ratzinger, ainsi que le cardinal Hoyos l’a rapporté, est-il si inquiet de savoir si les gens acceptent ou non sa légitimité en tant qu’évêque de Rome et que pape ? Et pour quelle autre raison la faction Fellay-Schmidberger a-t-elle fait publier un si long article dans deux numéros consécutifs du journal The Angelus Magazine, organe de la Fraternité pour l’Amérique du Nord, afin d’essayer de prouver la légitimité du nouveau pape ?)

·        Certains membres de la Fraternité (…) questionnèrent Mgr Fellay et Schmidberger et les surprirent à se contredire, ce qui prouvait que les « rumeurs » étaient en fait des vérités

·        Les actions de Mgr Fellay et Schmidberger visant à imposer aux forceps une forme quelconque de bradage n’ont pas bien passé dans les rangs de la Fraternité, dans la mesure, peut-être, où la question la plus cruciale pour la FSSPX – à savoir son association avec la néo-Église ou sa dissociation d’avec celle-ci – a été traitée de manière entièrement autocratique. Mgr Fellay semble avoir perdu la confiance d’un grand nombre de laïcs et de prêtres de la Fraternité (même dans le haut clergé).

·        la Fraternité n’a pas été particulièrement bien dirigée au cours des douze années qu’aura duré le mandat de Mgr Fellay. Surtout, elle est devenue centrée sur elle-même et n’a pas fait grand-chose pour répandre le message de la tradition catholique dans le monde, afin d’évangéliser des catholiques conciliaires perplexes et de leur faire savoir qu’il existe une autre voie que l’impasse conciliaire

·        Nous entretenons l’espoir que les problèmes administratifs et personnels de la Fraternité pourront être résolus, que les vrais principes de son archevêque fondateur pourront être rétablis et qu’une fois atteints ces deux objectifs prioritaires en matière d’organisation, il lui sera possible de jouer, en coopération avec d’autres, un rôle significatif dans l’évangélisation des conciliaires convertis entre-temps au catholicisme traditionnel, au lieu d’essayer de s’intégrer à la néo-Église.

Pour la défense de la Vérité, de l’épiscopat et du sacerdoce catholique, continuons le bon combat.

Abbé Michel Marchiset

Traduction de la source originale en anglais publiée par Traditio.com sur la page accessible à cette adresse (nous avons ajouté les titres des personnalités lors de la traduction, le texte original anglais ne les comporte pas).

http://www.traditio.com/comment/com0603.htm

Où en est aujourd’hui l’affaire entre la FSSPX et le néo-Vatican ?

De : Terrence

Chers Messieurs les abbés,

Si Mgr Fellay, de la Fraternité Saint-Pie X, tient tant à rejoindre la néo-Église, pourquoi ne quitte-t-il pas la Fraternité et n’opère-t-il pas lui-même son ralliement ? J’ai parlé de cela avec de nombreux autres paroissiens de la FSSPX, qui disent que si cette dernière se brade à la néo-Église, il se chercheront un prêtre indépendant ou ils passeront à la Société Saint-Pie V.

Réponse des abbés :

Il semble que toute cette affaire de bradage de la FSSPX à la néo-Église est actuellement dans les limbes (oui, je sais que l’Église conciliaire ne croit plus aux limbes !). Il y a beaucoup d’informations contradictoire ces temps-ci. Voici l’analyse que nous faisons de la situation en toute indépendance, à partir des connaissances et de l’expérience que nous avons acquises au cours des dernières décennies, maintenant que nous pouvons considérer les faits avec un recul de plusieurs mois.

Bien que Mgr Fellay le nie, on a maintenant les preuves qu’après l’élection de Benoît-Ratzinger en mai 2005, il a cherché à mettre en route un processus de « reconnaissance » quelconque de la FSSPX par la néo-Église, ce pourquoi il fallait brader les principes de Mgr Lefebvre. Mgr Fellay reconnaît que c’est lui qui a demandé une rencontre avec le néo-pape, et non l’inverse. Il a donc choisi d’entrer dans la cage du lion, ce n’est pas le lion qui l’y a convoqué.

La nouvelle Rome considère les membres de la Fraternité Saint-Pie X exactement comme elle considère les orthodoxes orientaux et les anglicans, c’est-à-dire comme des « sortes » de schismatiques (quelque peu hérétiques, dans le cas des anglicans), bien qu’elle souffle tantôt le chaud, tantôt le froid quant à l’emploi ou non du terme « schismatique ». (Le néo-Vatican a déjà plus ou moins reconnu les vieux-catholiques schismatiques.) Tels sont les groupes que la nouvelle Rome considère comme les plus susceptibles de se laisser attirer dans les rets de la néo-Église. Aussi n’éprouve-t-elle aucun état d’âme à faire pression sur eux. Mais elle n’a pas de hâte. Elle « marchande » avec les orthodoxes orientaux dans le cadre d’un « dialogue œcuménique » qui dure depuis les années soixante ; or, elle est encore plus éloignée d’eux aujourd’hui qu’il y a quarante ans, lorsqu’elle a entrepris le « dialogue » en question !

Mgr Fellay et son éminence grise Schmidberger (à moins qu’il ne faille inverser l’ordre de ces deux personnages, comme l’indiquent nos sources) ont probablement senti la tête leur tourner lorsque le néo-pape a accepté de les rencontrer, et il s’est ainsi créé, en faveur d’un bradage de la FSSPX à la nouvelle Rome, un certain élan qui n’est pas sans rappeler comment l’élan révolutionnaire de Vatican II a poussé des gens d’habitude raisonnables dans des directions qu’ils n’auraient jamais prises sans lui. À mesure que cet élan s’est accéléré, Mgr Fellay a perdu le contact avec sa base au sein de la FSSPX.

Après la mort de Mgr Lefebvre, la Fraternité s’est éloignée – sous la houlette de Mgr Fellay –  des principes initiaux de son archevêque fondateur. Lorsqu’on lit les déclarations que celui-ci avait faites quelques années seulement avant 1988, année où ont été consacrés les quatre évêques, et qu’on les compare aux déclarations de Fellay, on constate que c’est le jour et la nuit. Mgr Lefebvre rejetait entièrement la néo-Église du Novus Ordo comme étant « non catholique » et même « antichristique », tandis que Fellay semble au contraire se tourner vers la nouvelle Rome pour y chercher sa justification ultime.

Étant donné la constitution autocratique de la FSSPX, qui fait du Supérieur général un virtuel dictateur duodécennal, les membres de la Fraternité ne sont pas vraiment informés de ce qui se passe. Toutefois, des sources indépendantes plus expérimentées, comme TRADITIO, ont commencé très tôt à sonner l’alarme. Plusieurs organes de la presse européenne ont aussi commencé à couvrir les événements. Les institutions françaises loyales proches de la FSSPX ont entrepris d’élever leurs propres objections.

Devant la divulgation croissante de l’accord vers lequel il s’acheminait avec la néo-Église, le chef de la FSSPX réagit comme il le fait toujours lorsqu’il est confronté à un point de vue différent du sien : il s’en prit à ses opposants, se livrant à de grossières injures et à des mises en cause personnelles pour éviter de s’attaquer à la question de fond. Mgr Fellay et Schmidberger nièrent ce qu’ils savaient être vrai en le qualifiant de « rumeurs ». Puis, ils admirent tout de go que ce qu’ils avaient appelé « rumeurs » n’était autre que la vérité. De même – sous l’égide, semble-t-il, de Schmidberger –, il fut procédé à une purge des positions électorales au sein de la FSSPX (ce qui concernait principalement les Supérieurs de district du monde entier), afin que ces positions – si critiques pour la prochaine élection duodécennale du Supérieur général de la FSSPX, qui aura lieu cette année – restent entre les mains de la faction Fellay-Schmidberger.

Dans toute organisation humaine, on trouve une frange de 10% de fanatiques, et la FSSPX a la sienne. Ce sont des gens qui croient au dogme suivant : « Qu’elle ait raison ou tort, c’est la Fraternité ». Lorsque des personnes extérieures ou intérieures à la Fraternité formulèrent des critiques légitimes au sujet de la mauvaise gestion de la FSSPX sous l’égide de Mgr Fellay, la frange fanatique essaya de calomnier quiconque ne suivait pas à 100% la ligne officielle. Ensuite, bien sûr, cette tactique échoua, car la non représentativité et le fanatisme de ces gens ne tarda pas à apparaître au grand jour. Les fanatiques en question suscitèrent même, en France surtout, une réaction de la part de la faction lefebvriste la plus conservatrice (c’est-à-dire la plus opposée à la néo-Église). Ces conservateurs créèrent des sites Internet et commencèrent à enquêter sur ce qui se tramait, publiant au sujet de la Fraternité des informations internes plus accessibles aux Français qu’aux Américains.

Durant tout ce temps, on sentait bien – tant du côté de Fellay et de sa faction libérale que du côté du néo-pape et du néo-Vatican – qu’un point critique approchait, celui que les Grecs appelaient kairos. Le néo-Vatican était bien conscient d’une nette division entre pro- et anti-néo-Église au sein de la Fraternité. Ce n’est un secret pour personne, et c’est du reste cela qui a conduit – aux États-unis, durant les années 80 – à un schisme interne entre la Fraternité Saint-Pie X (FSSPX) et la Fraternité Saint-Pie V (SSPV). Cela pourrait bien amener un nouveau schisme interne en cette première décennie du vingt-et-unième siècle. Le néo-Vatican était au courant aussi de l’élection duodécennale de l’été prochain, à l’issue de laquelle la faction Fellay risque de perdre le pouvoir.

Bien entendu, le néo-Vatican veut que Mgr Fellay livre à la néo-Église la totalité, ou du moins la grande majorité de la Fraternité. Il ne veut pas d’une Fraternité coupée en deux, ni d’un éclatement qui pourrait devenir déplaisant et, en fin de compte, attirer la néo-Église dans un débat sur sa légitimité et celle de son néo-pape. (Pour quelle autre raison Benoît-Ratzinger, ainsi que le cardinal Hoyos l’a rapporté, est-il si inquiet de savoir si les gens acceptent ou non sa légitimité en tant qu’évêque de Rome et que pape ? Et pour quelle autre raison la faction Fellay-Schmidberger a-t-elle fait publier un si long article dans deux numéros consécutifs du journal The Angelus Magazine, organe de la Fraternité pour l’Amérique du Nord, afin d’essayer de prouver la légitimité du nouveau pape ?)

À mesure qu’approchait le point critique, vers la fin 2005, et peut-être début 2006, l’opposition ouverte de nombreuses personnes au sein même de la Fraternité – laïcs, prêtres, voire évêques –, exprimée tantôt publiquement, tantôt en privé, a commencé à peser. Mgr Fellay et Schmidberger s’efforcèrent de remettre le génie dans la bouteille et de reprendre le contrôle de la situation en donnant des conférences dans des maisons de la Fraternité, surtout aux États-Unis et en France, pour combattre ce qu’ils appelaient des « rumeurs ». Mais au sein de ces maisons, certains membres de la Fraternité étaient devenus entre-temps plus explicites dans leur critique d’un éventuel bradage de la FSSPX à l’Église conciliaire. Ils questionnèrent Mgr Fellay et Schmidberger et les surprirent à se contredire, ce qui prouvait que les « rumeurs » étaient en fait des vérités.

Où donc en est cette affaire à l’heure actuelle ?

Selon notre interprétation de la situation actuelle, le point critique est dépassé. Mgr Fellay et Schmidberger sont de plus en plus pris par les dissensions internes à la FSSPX qu’ils ont eux-mêmes suscitées en jouant avec leur projet de bradage. Ils sont de plus en plus pris également par les préparatifs politiques de l’élection du supérieur de la Fraternité, qui aura lieu dans quelques mois. Quant au néo-Vatican, il est de plus en plus occupé par le consistoire du Collège des cardinaux prévu pour les 24 et 25 mars, dont on pense qu’il entraînera une réorganisation de la Curie et des changements de personnes, peut-être au sommet. Comme le savent ceux d’entre vous qui travaillent en entreprise, lorsque des rumeurs de réorganisation commencent à circuler, on ne parle plus guère que de cela dans la maison. Les gens tremblent pour leur emploi et leur pouvoir, et ils se demandent ce que la réorganisation signifiera pour eux.

La presse européenne a déjà indiqué qu’une « pré »-réunion de la Curie prévue pour le 23 mars, et au cours de laquelle on pensait que la question de la FSSPX serait abordée, avait été réorganisée pour se concentrer sur d’autres questions en rapport plus direct avec la Curie et le consistoire des cardinaux. On a dit aussi que la situation de la FSSPX pourrait être examinée à une nouvelle réunion du 7 avril. Ce que nous concluons de tout cela, c’est que le point critique est dépassé et que la question de la FSSPX n’est plus aussi brûlante qu’il y a quelques mois aux yeux du néo-pape et du néo-Vatican. On voit du reste que bien qu’inscrite à l’ordre du jour, elle en est aisément retirée, ce qui prouve qu’elle est secondaire pour le néo-Vatican.

Quoique l’intensité des « négociations » ait diminué, l’affaire va maintenant avoir d’importantes conséquences internes pour la FSSPX. Les actions de Mgr Fellay et Schmidberger visant à imposer aux forceps une forme quelconque de bradage n’ont pas bien passé dans les rangs de la Fraternité, dans la mesure, peut-être, où la question la plus cruciale pour la FSSPX – à savoir son association avec la néo-Église ou sa dissociation d’avec celle-ci – a été traitée de manière entièrement autocratique. Mgr Fellay semble avoir perdu la confiance d’un grand nombre de laïcs et de prêtres de la Fraternité (même dans le haut clergé).

C’est la Fraternité elle-même qui se trouve à un kairos. Ses principes se sont estompés depuis 1991, année du décès de son archevêque fondateur. Sa constitution, qui présente des imperfections, s’abstient par exemple de reconnaître que l’autocratie d’un seul homme, investi par elle de plus de pouvoirs que n’en possédaient les Césars, entraîne des conséquences forcément désastreuses. Mgr Lefebvre lui-même voulait décentraliser l’autorité. En outre, la Fraternité n’a pas été particulièrement bien dirigée au cours des douze années qu’aura duré le mandat de Mgr Fellay. Surtout, elle est devenue centrée sur elle-même et n’a pas fait grand-chose pour répandre le message de la tradition catholique dans le monde, afin d’évangéliser des catholiques conciliaires perplexes et de leur faire savoir qu’il existe une autre voie que l’impasse conciliaire : le catholicisme de tradition, qui est représenté non seulement par la FSSPX, mais aussi par d’autre groupes traditionnels, des maisons indépendantes, un clergé indépendant et même des laïcs indépendants, comme le célèbre acteur et réalisateur américain Mel Gibson.

Il s’en trouvera certes pour pinailler sur tel ou tel détail de notre analyse, mais nous pensons avoir saisi exactement et équitablement la situation perçue comme un tout. Nous ne sommes ni « pour », ni « contre » la FSSPX, car elle a aussi bien aidé que desservi l’ensemble du mouvement catholique traditionnel. En tout état de cause, elle y a joué un rôle important, et c’est pourquoi nous parlons tellement d’elle.

Nous entretenons l’espoir que les problèmes administratifs et personnels de la Fraternité pourront être résolus, que les vrais principes de son archevêque fondateur pourront être rétablis et qu’une fois atteints ces deux objectifs prioritaires en matière d’organisation, il lui sera possible de jouer, en coopération avec d’autres, un rôle significatif dans l’évangélisation des conciliaires convertis entre-temps au catholicisme traditionnel, au lieu d’essayer de s’intégrer à la néo-Église.

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[1] http://www.catholicnewsagency.com/new.php?n=6374 « The decision on the use of the Missal, which was the subject of consultations between Pope Benedict XVI, the cardinals of the Church and the heads of the different Vatican diacasteries, could be announced after another meeting the Pope has scheduled for April 7 with Curia leaders.”

[2] http://www.traditioninaction.org/RevolutionPhotos/A145rcNiederauerDancingGirls.htm

[3] http://www.traditio.com/comment/com0604.htm

[4] Lire notre message du 22 mars 2006

[5] Nous publierons un texte de dom Beauduin, inconnu et très éclairant sur cette question qui recoupe le plan de subversion de l’Eglise par les hautes loges illuministes Anglicanes

[6] Voir notre message du 30 mars 2006

[7] Voir les messages des 26 et 27 mars 2006

[8] Voir les études sur Pontificalis Romani sur le site www.rore-sanctifica.org

[9] « ABSOLUTELY NULL and UTTERLY VOID », 25 mars 2006 par le Rev. Antoine Cekada

[10] http://www.traditionalmass.org/

[11] Documents téléchargeables sur le site www.rore-sanctifica.org

[12] http://www.traditionalmass.org/ Lire la page 1 « I encountered the issue by chance during my first year (1975-76) at the Society of St. Pius X (SSPX) seminary at Ecône, Switzerland. I went to ask Archbishop Marcel Lefebvre about whether conservative friends from my former seminary could work with the Society after ordination. He told me yes, in principle, but they would need to be conditionally ordained first, because Paul VI had changed the rite for Holy Orders. The Archbishop explained that the new form (essential formula) in the rite for priestly ordination was doubtful because one word had been subtracted. The new form for episcopal consecration, the Archbishop continued, was completely different and thus invalid. »

[13] http://www.traditionalmass.org/ Lire en page 3, la note 12 : « Bishop Donald Sanborn relates the following: In an early 1983 conversation with the Archbishop and Fr. Schmidberger over the SSPX/Vatican negotiations then taking place (plus ça change…), he asked how the Society could accept any solution at all, since the Archbishop had told us many times that he considered the new rite of episcopal consecration invalid. The Archbishop replied, “Apparently, it is valid,” and made a gesture for Fr. Schmidberger to speak, who then said, “It’s Eastern Rite.”

[14] Revue The Angelus (décembre 2005 et janvier 2006)

[15] Mentionnons la mise en place depuis plus de neuf mois, du site honneur.org, site d’attaques ad hominem sur la vie privée et d’invectives. Ce site est toujours en fonctionnement malgré le scandale grandissant parmi les abbés et les fidèles, alors que de nombreux témoignages nous parviennent.