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Gaude, Maria Virgo, cunctas hæreses sola interemisti.

(Tractus Missæ Salve Sancta Parens)

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dimanche 22 juillet 2007

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Les « observateurs » protestants qui participèrent à la création du nouveau rite de la messe de Bugniniù-Dom Botte (1969)[1]

« La nouvelle liturgie, en beaucoup d'endroits, a dépassé la Liturgie de Cranmer,

en dépit d’un retard de 400 ans, dans sa modernité » Pawley

Nous jugeons utile de rappeler un texte de Louis Salleron et paru dans Itinéraires, n° 212, Avril 1977, p.149 – 156. Celui-ci montre comment les « observateurs » protestants ont participé au Consilium liturgique à l’élaboration des textes de la réforme liturgique.

Du reste, dans sa biographie de Mgr. Lefebvre (Marcel Lefebvre, Clovis, 2002), au chapitre Mgr. Lefebvre face à la nouvelle Messe, Mgr Bernard Tissier de Mallerais précise :

« On savait que c'était Annibale Bugnini qui avait demandé la présence de six pasteurs protestants comme observateurs pendant les séances plénières du Consilium. » Mgr. Tissier, Marcel Lefebvre

Et dans un article consacré à Bugnini « Celui par qui le scandale et la ruine furent », publié sur le site de FSSPX La Porte Latine[2], on trouve sous la signature d’Armoricus les précisions complémentaires qui suivent :

« Bugnini présentera, en avril 1970, à la face du monde, ses complices pour la fabrication de la messe normative : le Dr Georges, le chanoine Jasper, les Drs Sephard, Smith, Konneth et le frère Max Thurian, représentant le conseil ocuménique des églises, les communautés anglicanes et luthériennes et la communauté de Taizé, au côté de Paul VI » Armoricus, Celui par qui le scandale et la ruine furent, La Porte Latine

Des extraits du livre[3] publié par Pawley, un des « observateurs » anglicans au Consilium liturgique, démontre l’influence anglicane sur cette réforme liturgique et à quel point les textes promulgués en 1968 et 1969 conviennent à des anglicans :

« Le contenu et le résultat du décret sur la réforme de la Liturgie ont aussi changé les relations du tout au tout (out of all recognition). Car la Liturgie Romaine révisée, bien loin d'être une cause de dissension, ressemble maintenant très étroitement à la Liturgie Anglicane. »

Certaines des remarques faites par des évêques dans les débats sur la réforme du Bréviaire conduisirent l'un des observateurs à noter que «si cela doit continuer ainsi longtemps, ils vont découvrir qu'ils ont inventé le Book of Common Prayer !». Mais la nouvelle liturgie, en beaucoup d'endroits, a dépassé la Liturgie de Cranmer, en dépit d’un retard de 400 ans, dans sa modernité. » Pawley, p. 348

Ces faits viennent conforter notre dénonciation de l’anglicanisme dans la pointe de la subversion de l’Eglise catholique.

Et l’abbé apostat Ratzinger est aujourd’hui l’homme de ces milieux et l’architecte de ce plan.

Pendant ce temps, tenus et surveillés de près par Mgr Williamson, les dominicains d’Avrillé, se gardent bien d’étudier le sujet de l’anglicanisme et de ses liens avec la subversion ecclésiale à l’œuvre depuis plus d’un siècle.

Continuons le bon combat

Abbé Marchiset

Texte de Louis Salleron paru dans Itinéraires (n°212, avril 1977 – p 149-156)

La participation des observateurs protestants

à la confection de la nouvelle messe

On sait que six observateurs protestants[4] avaient été invités au Consilium chargé de la réforme liturgique. Le 10 avril 1970, Paul VI avait reçu les cardinaux, évêques, experts et observateurs qui avaient participé à la dernière réunion du Consilium et il les avait félicités d'avoir mené à bien leur travail. Le 3 mai la Documentation catholique reproduisait le texte de l'allocution pontificale et, comme pour illustrer le sens de la réforme accomplie, elle publiait sur sa couverture la photographie des six observateurs non-catholiques en compagnie du pape[5].

Pour tout le monde, il était évident que la nouvelle messe représentait une étape décisive de l’œcuménisme en marche. Cette évidence fut, dans la suite, confirmée par les nombreux témoignages de protestants qui se félicitaient du nouvel Ordo Missae, parce qu'il effaçait ou estompait l'idée de sacrifice. Nous nous trouvions désormais en présence d'un rite équivoque, c'est-à-dire également acceptable, pour des raisons différentes, aux catholiques et aux protestants.

Le caractère équivoque du rite eut pour résultat de déclencher de nombreuses protestations dans les milieux catholiques. La protestantisation de la liturgie en général et de la liturgie eucharistique en particulier était dénoncée avec vigueur.

Du coup, un certain nombre de partisans de la nouvelle liturgie, au lieu d'en louer le caractère œcuménique, déclaraient qu'elle était typiquement catholique et certains allèrent jusqu'à s'étonner ou feindre de s'étonner qu'on y trouvât une coloration protestante. Ils crurent même devoir arguer que les observateurs du Consilium n'avaient été qu'observateurs et qu'ils étaient intégralement étrangers à l'élaboration du nouvel Ordo.

Voici trois documents qui font le point de la question.

I - La réponse du Bureau de presse du Saint-Siège à des questions de Georges Huber

La Documentation catholique du 4 juillet 1976 publie le texte suivant :

Parmi les motifs allégués, du moins en Suisse alémanique, contre l'acceptation du nouvel Ordo Missae figure l'objection que six théologiens protestants auraient participé à l'élaboration des nouveaux textes liturgiques compromettant ainsi la pureté de la doctrine catholique traditionnelle. D'où les deux questions respectueuses suivantes :

Y eut-il une participation protestante à l'élaboration du nouvel Ordo Missae ?

Dans l'affirmative, quel a été son rôle exact ?

2 février 1976.

Réponse.

A la question du journaliste Georges Huber demandant s'il y a eu une participation de théologiens protestants à la rédaction du texte du nouveau Missel, le directeur de la salle de presse du Saint-Siège pourrait répondre :

1. En 1965, certains membres de communautés protestantes ont exprimé le désir de suivre les travaux du Consilium pour l'application de la Constitution sur la liturgie.

2. En août 1966, six théologiens de différentes dénominations protestantes ont été admis comme simples observateurs.

3. Les observateurs protestants n'ont pas participé à l'élaboration des textes du nouveau Missel.

25 février 1976.

Tout d'abord, on se demande en quoi le bureau de presse du Saint-Siège s'estime qualifié pour accueillir des questions de ce genre et pour y répondre. Ceci dit, la réponse n° 3 est cousue de fil blanc. Il va de soi que quand des personnalités sont admises comme observateurs dans une commission dont les travaux durent des semaines et des mois, leur participation n'est qu'officieuse. Ils sont muets pendant les séances de la commission. Ils se rattrapent après les séances. Dans le cas du nouveau Missel les observateurs n'ont pas participé officiellement à l'élaboration des textes ; ils y ont participé officieusement, par des conversations dans les couloirs. C'est toujours ainsi que s'exerce la participation d'observateurs.

II - Le témoignage de Mgr Baum

A plusieurs reprises nos amis anglais notamment, si nos souvenirs sont exacts, Michael Davies dans Christian Order ont cité le témoignage de Mgr Baum sur la part prise par les observateurs protestants aux travaux du Consilium.

Tout récemment, dans une lettre à Mgr Lefebvre (Approaches, novembre 1976), Hamish Fraser rappelle ce témoignage. Voici le texte d'Hamish Fraser :

L'on a prétendu que les Protestants cooptés au Consilium responsable de la réforme liturgique étaient là simplement comme observateurs. Cependant cette fiction a été démasquée en termes parfaitement clairs par Mgr Baum, directeur de la Commission des affaires œcuméniques des évêques catholiques américains. Dans une interview publiée par les “Detroit News” du 27 juin 1967, Mgr Baum déclarait : «Ils ne sont pas là simplement en observateurs, mais aussi bien en experts (as consultants as well) et ils participent pleinement aux discussions sur le renouveau liturgique catholique. Leur présence ne signifierait pas grand chose s’ils se contentaient d'écouter ; mais ils collaborent (they contribute)».

Notons que cette déclaration de Mgr Baum est contemporaine des travaux du Consilium (1967).

III - Le témoignage du Canon Jasper

Un nouveau témoignage vient d'être fourni par le Canon Jasper exactement : The Very Revd. Ronald Jasper, MA. DD. D. Litt.

A une lettre que lui avait adressée Michael Davies il a fait la réponse suivante, le 10 février 1977 :

1           Cher Monsieur Davies

Votre lettre a fini par m'atteindre ici où je suis depuis déjà deux ans. Je me sens quelque assurance à répondre à vos questions puisque j'étais l'un des Observateurs en cause.

Voici quelle était la situation. Les Observateurs recevaient tous les documents, qui leur étaient envoyés comme aux autres membres du Consilium par les rédacteurs des projets des nouveaux rites. Nous assistions ensuite aux débats quand les documents étaient présentés par les experts et débattus par le Consilium, mais les Observateurs n'étaient pas autorisés à participer au débat.

Cependant, l'après-midi, nous avions toujours une réunion informelle avec les Periti qui avaient préparé les projets, et à ces réunions nous étions, bien sûr, autorisés à commenter, critiquer et faire des suggestions. C'était ensuite aux Periti de décider si telle ou telle de nos observations valait d'être retenue quand reprenaient les débats généraux du Consilium. Mais ces réunions informelles se déroulaient dans la plus parfaite liberté (a complete free-for-all) et les échanges de vues y étaient très francs. Ainsi donc, ce que vous a dit votre premier informateur était en substance exact.

Sincèrement vôtre.

Ronald Jasper.

IV - Les observateurs au concile

Les trois précédents documents concernent le Consilium c'est-à-dire la commission chargée de la réforme liturgique. Mais on sait qu'il y eut également des observateurs noncatholiques au concile et que leur participation s'y manifesta de la même manière qu'au Consilium : simple assistance aux séances du concile, mais libres discussions en dehors des séances.

L’influence des observateurs fut grande. On l'a dit et redit, ce n'est pas une révélation.

Cependant, dans la matière qui nous occupe, un nouveau témoignage nous est fourni par l'infatigable Michael Davies que nous remercions une fois de plus.

Il s'agit d'un livre publié à Londres en 1974 par l'archdeacon (archidiacre) Bernard Pawley (et sa femme).

L'archdeacon Pawley était observateur anglican au concile. Titre du livre : Rome and Canterbury through four centuries (Rome et Cantorbéry durant quatre siècles). L'auteur souligne que tout le long du concile les observateurs furent l'objet de grandes prévenances et qu'à chaque moment toutes facilités leur étaient procurées pour la communication et l'échange, comme il est aisé d'en trouver des traces dans les documents eux-mêmes (In the course of the Council itself the fullest courtesies and opportunities for communication and exchange were allowed to the observers at every stage, and traces of the process can be recognised in the documents themselves) (p. 343).

En ce qui concerne la liturgie, voici ce qu'écrit l'archdeacon Pawley :

6. Le contenu et le résultat du décret sur la réforme de la Liturgie ont aussi changé les relations du tout au tout (out of all recognition). Car la Liturgie Romaine révisée, bien loin d'être une cause de dissension, ressemble maintenant très étroitement à la Liturgie Anglicane. Elle a aussi démontré la valeur, en certaines circonstances, d'un gouvernement autoritaire. Car au lieu des souffrances et des angoisses liées aux expériences, aux objections, aux contre-objections et à la multitude de révisions parallèles existant au même moment, la nouvelle Liturgie Romaine vint à l'existence simultanément dans le monde entier. Par contre, les laïcs de l'Eglise catholique romaine, dont certains trouvent les changements trop radicaux et trop soudains, envient le laïcat anglican d’avoir au moins quelque possibilité de dire son mot dans le processus de changement. L'un des faits nouveaux les plus importants est qu'il y a une étroite correspondance et fertilisation mutuelle dans toutes les discussions sur le sujet. Des Anglicans ont été invités à participer au Consilium liturgique.

Le décret du concile ne concernait que les principes, qui correspondent largement a ceux de la Préface de Cranmer au Livre de la Prière Commune (Book of Common Prayer). Ce sont :

a) la traduction des offices liturgiques en langue vulgaire ;

b) la révision des textes en référence aux modèles scripturaux et patristiques ;

c) la fin de la prédominance (dominance) du rite romain ;

d) la «décléricalisation» des rites et l'encouragement à l'active participation des laïcs ;

e) un rabaissement (playing down) de l'influence monastique et un renforcement des liens avec le monde contemporain.

Certaines des remarques faites par des évêques dans les débats sur la réforme du Bréviaire conduisirent l'un des observateurs à noter que «si cela doit continuer ainsi longtemps, ils vont découvrir qu'ils ont inventé le Book of Common Prayer !». Mais la nouvelle liturgie, en beaucoup d'endroits, a dépassé la Liturgie de Cranmer, en dépit d’un retard de 400 ans, dans sa modernité. Et il y a des Anglicans qui estiment que l'anglais de Cranmer, pour être un trésor de la littérature de son temps, est presque aussi éloigné des modes contemporains d'expression, et en conséquence aussi inintelligible, que le latin liturgique. La liturgie, de cause de mésentente qu'elle était, s'est ainsi transformée en chance de mutuelle stimulation (p. 348-349).

Tous ces témoignages, dira-t-on peut-être, sont assez inutiles puisqu'ils ne font que rappeler des faits archiconnus et illustrer des évidences solaires. C'est oublier, comme on le voit par la question de Georges Huber, qu'on peut ignorer ou nier les faits et les évidences. A la télévision de Bruxelles, où il dialoguait avec moi le 1er octobre 1976, Mgr Descamps, le visiteur d'Ecône, déclarait ne pas apercevoir les différences qui, aux yeux des protestants, existent entre la messe de Paul VI et celle de saint Pie V, leur faisant accepter la nouvelle et refuser l'ancienne. Dom Oury lui-même, le savant Dom Oury ne comprend pas ce qui peut séduire les protestants dans la nouvelle messe qui est, pour lui, la plus pure expression de la liturgie «romaine» (!). C'est à ce titre qu'il s'en fait le chaud défenseur[6]. On se demande comment il accueillera les tranquilles assertions de l'archdeacon Pawley, notamment en c) et en e).

Tout cela pourtant n'est que l'aspect superficiel et le côté anecdotique de la vraie question qui est : peut-on favoriser le retour à l'unité chrétienne par une liturgie œcuménique, c'est-à-dire équivoque et polyvalente ? Peut-on espérer de retrouver cette unité en faisant appel des impuretés de l'Histoire à la pureté de l’Évangile ? Peut-on refaire l'Eglise en repartant à zéro ? Nous ne le pensons pas et nous nous étonnons que ce soient justement les dévots de l'Histoire et de l'Evolution qui le croient. Une telle illusion mériterait un examen approfondi. Nous n'avons voulu aujourd'hui que rafraîchir la mémoire de quelques-uns, en montrant qu'il est vain de contester l'incontestable.

Louis Salleron.

Itinéraires, n° 212, Avril 1977, p.149 – 156.

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[1] Dom Botte en publiant une prétendue Tradition apostolique fallacieusement attribuée à Hippolyte de Rome a fourni la base de la deuxième ‘prière eucharistique’ du N.O.M. de 1969

[2] http://www.laportelatine.org/communication/lectures/2006/bugnini/bugnini.php#

[3] Titre du livre : Rome and Canterbury through four centuries (Rome et Cantorbéry durant quatre siècles).

[4] Ces six observateurs, représentant le Conseil œcuménique des Églises, les communautés anglicane et luthérienne et la communauté de Taizé, étaient le Dr. Georges, le Canon Jasper, le Dr. Sephard, le Dr. Konneth, le Dr. Smith et le Fr. Max Thurian.

[5] Photographie reproduite et discours commenté dans Itinéraires, n° 178 de décembre 1973, sous le titre : Pourquoi rient-ils ?

[6] Cf. Solesmes et la messe, dans Itinéraires, n° 196 de septembre-octobre 1975 ; reproduit dans l'annexe V de notre livre La Nouvelle Messe (seconde édition, Nouvelles Éditions Latines, 1976).