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Gaude, Maria Virgo, cunctas hæreses sola interemisti.

(Tractus Missæ Salve Sancta Parens)

Série – Abbé Tam – n°6

samedi 28 juillet 2007

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La Pseudo-Restauration de Ratzinger pour capter la FSSPX

Le plan de la Révolution conciliaire pour faire signer Mgr Fellay et perdre l’œuvre de Mgr Lefebvre

Chapitre V

Les alliés de la Pseudo-Restauration
l'Opus Dei et compagnie

Chapitre VI

Que disent les vaticanistes ?

conclusion

Nous regrettons que l’abbé Tam se soit arrêté en chemin dans ses conclusions et n’ai pas conclut comme l’exige la Foi et la logique : l’Eglise conciliaire n’est pas l’Eglise catholique.

Afin de faciliter la lecture du travail remarquable de l’abbé Tam nous allons le publier sous forme d’une série.

Continuons le bon combat

Abbé Marchiset

Documentation sur la Révolution dans l'Église, n° 4 – année 1993

La Pseudo-Restauration

Métamorphose de la Révolution dans l'Église.

Le Pape, La Curie romaine, le Cardinal Ratzinger, l’Opus Dei et compagnie.

Les hypothèses futures

La naissance de la prochaine église conservatrice et la prochaine fausse chrétientÉ

Ce travail est dédié à la Mère de Dieu.

A mes confrères de la Fraternité Sacerdotale saint Pie X, qui luttent et combattent pour les conséquences publiques de la Divinité de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

En ce 70è anniversaire de l'encyclique "QUAS PRIMAS" (1925-1995),

M. l'abbé Jiulio Maria TAM

La Pseudo-Restauration

Chapitre V

Les alliés de la Pseudo-Restauration - l'Opus Dei et compagnie

Mgr Delassus, citant saint Grégoire le Grand dans le sermon n° 10 sur l'Épiphanie, dit :

«... "Il y a des hérétiques qui croient à sa divinité, mais qui n'admettent point qu'il est roi en tous lieux. Ceux-là sans doute lui offrent l'encens, mais ils ne veulent pas lui offrir aussi l'or." De ces hérétiques il en est encore. Ils portent aujourd'hui le nom de catholiques libéraux»[1].

A) L'Opus Dei

L'Opus Dei incarne et réalise probablement le modèle du "catholique" désiré par la Pseudo-Restauration. Il faut distinguer dans l'Opus Dei les braves gens de la "base" des dirigeants et des doctrinaires catholiques-libéraux. L'adoption par le Pape de l'Opus Dei comme instrument de gouvernement, devient chaque jour plus évidente.

Pendant le Synode de 1987, on a vu aussi le courant progressiste se plaindre des divers "mouvements", de leur manque d'obéissance au pasteur local, leur reprochant d'user d'une pastorale parallèle, de s'enfermer en eux-mêmes sans prendre part aux problèmes du diocèse (Cardinal Lorscheider, O. R. 9 et 11 oct. 1987) ; et les conservateurs plaider en leur faveur (Cardinal Ratzinger, O. R. 7 oct. 1987).

La doctrine de l'Opus Dei peut être découverte dans ses livres même. Le texte utilisé est un travail en espagnol, paru à Madrid. Il s'agit d'une anthologie de textes d'auteurs approuvés par l'Opus Dei lui-même, dont les livres sont édités par Rialp[2].

«Le mode de direction des œuvres... apostoliques. Ces travaux, comme on le sait, répondent à une finalité surnaturelle. Ils sont cependant conçus et dirigés avec une mentalité laïque..., et ne sont donc pas confessionnels» (Mons. Escriva de Balaguer, Salvator Bernai, éd. Rialp, p. 309).

Les maisons de l'Opus Dei sont des résidences interconfessionnelles où «vivent des étudiants de toutes religions et idéologies» (Conversaciones con Mons. Escriva de Balaguer, éd. Rialp, p. 117).

«L'affirmation du pluralisme pour les catholiques dans les premières années de l'Opus fut une nouveauté incompréhensible pour beaucoup, car ils avaient été formés dans une ligne totalement opposée» ("Mons. Escriva..." p. 311).

«L'œuvre était ainsi la première association de l'Église qui ouvrait fraternellement ses bras à tous les hommes, sans distinction de credo ni de confession (Tiempo de caminar, éd. Rialp, Ana Sastre, p. 610).

Nous aimons la nécessaire conséquence de la liberté, c'est-à-dire le pluralisme. Dans l'Opus Dei le pluralisme est désiré, aimé et non seulement toléré, et ne fait aucune difficulté» (p. 127).

«Ce ne sont pas seulement des paroles : notre Œuvre est la première organisation qui, avec l'autorisation du Saint-Siège, admet des non catholiques, chrétiens ou non. J'ai toujours pris la défense de la liberté de conscience (Mgr Escriva..., p. 296).

Quand, en 1950, le Fondateur obtint enfin du Saint-Siège la permission d'admettre dans l'œuvre des prêtres diocésains et de pouvoir nommer des non catholiques - non chrétiens y compris - comme coopérateurs de l'œuvre, la famille spirituelle de l'Opus Dei fut complète» (p. 244).

«Que le Saint-Siège puisse admettre comme coopérateurs toutes ces personnes (catholiques ou non, même des non chrétiens) qui désiraient collaborer matériellement ou spirituellement à l'apostolat de l'œuvre, était quelque chose d'inouï dans la pratique pastorale de l'Église ; ce bruit de serrures, de portes qu'on ouvre, en intégrant les âmes des bienfaiteurs protestants, schismatiques, juifs, musulmans et païens...

C'est seulement après des lustres, et avec le début du courant œcuménique, que ce pas audacieux qui aurait pu lui causer beaucoup d'incompréhension prit place tout naturellement dans l'histoire contemporaine.» (El Fundador de l'Opus Dei, Andrés Vasquez de Prado, éd. Rialp, p. 235).

«...Pour la maintenir (l'œuvre), en plus des membres de l'Opus Dei, il y a d'autres personnes qui aident, certaines ne sont pas catholiques et un grand nombre, un très grand nombre ne sont pas chrétiennes...» (de la bouche même de Mgr Escriva de Balaguer, Tiempo... p. 615).

«Les organismes compétents du Saint-Siège sont parvenus à la conviction qu'une telle concession est pour le moment impossible. L'œuvre n'entre dans aucune des formes associatives reconnues par le droit de l'Église. Un haut personnage de la Curie a dit à Don Alvaro del Portillo : Vous êtes arrivé avec un siècle d'avance (Tiempo... p. 326).

Le Concile Vatican II a promulgué solennellement ce que Mgr Escriva de Balaguer, par sa spiritualité et sa vie, et l'Opus Dei, enseignait et pratiquait déjà depuis plusieurs dizaines d'années... (p. 14).

Le Fondateur de l'Opus Dei, après de nombreuses années d'incompréhension, eut la satisfaction de voir d'importants Pères conciliaires, tels les Cardinaux Frings (Cologne), Kônig (Vienne), Lercaro (Bologne) et d'autres, le reconnaître comme un vrai précurseur de Vatican II, surtout en ce qui concerne ces points capitaux qui marquent pour le Concile la route à suivre dans l'avenir (p. 303).

Devant des journalistes, Mgr Escriva déclara qu'à l'occasion d'une audience il avait dit au Pape Jean XXIII : "Dans notre Œuvre, tous les hommes, catholiques ou non, ont trouvé un lieu aimable : je n'ai pas appris l'œcuménisme de Votre Sainteté" ...» (p. 246). [On aimerait bien savoir où il l'a appris... n.d.l.r.].

«Pour les Papes Jean-Paul I et Jean-Paul II, l'Opus Dei et son fondateur étaient déjà des faits historiques objectifs qui annonçaient le début d'une nouvelle époque du christianisme» (Opus Dei, Peter Bergler, éd. Rialp, p. 243).

«On doit être satisfait en terminant ce Concile. Il y a trente ans ce mois-ci, on me traitait d'hérétique, pour avoir prêché un certain esprit qui est maintenant recueilli de façon solennelle par le Concile dans la Constitution dogmatique De Ecclesia. On voit que nous avons marché devant, que vous avez beaucoup prié» (Tiempo…, p. 486).

«...le Fondateur de l'Opus Dei est un "conservateur" [...] d'une profondeur et d'une conviction telles qu'elles en font à la fois le plus grand révolutionnaire catholique de ces deux derniers siècles» (Opus Dei..., p. 243).

«La réalité œcuménique de "Camino" oblige à se demander comment des pages, dont le texte est si profondément marqué, aient pu se répandre parmi des personnes appartenant à des milieux culturels, non pas éloignés de l'origine de "Camino", mais si différents entre eux (Estudios sobre Camino, Mgr Alvaro del Portillo, éd. Rialp, p. 48).

Cette dimension humaine de "Camino" explique la capacité démontrée par ce livre d'entrer en contact avec les aspirations de tout homme ou femme vraiment conscient de sa propre dignité, indépendamment de ses convictions religieuses ; ainsi s'offre au lecteur le désir et l'élan vers une vie humainement plus propre et plus noble (p. 52).

Pendant mon travail dans les Commissions du Concile Vatican II, j'ai pu constater comment se faisait jour, parfois laborieusement, dans ses documents, une conception de la vie chrétienne et des critères pastoraux qui sont comme l'atmosphère de "Camino" (p. 55).

A cette époque, "Camino" a préparé des millions de personnes à entrer en syntonie et à recevoir en profondeur certains des enseignements les plus révolutionnaires qui, trente ans plus tard, allaient être promulgués solennellement par l'Église au Concile Vatican II» (p. 58).

Le Pape :

«Vous avez certainement un grand idéal, car dès le début il a anticipé la théologie du laïcat qui caractérisa par la suite l'Église du Concile et de l'après-Concile» (Allocution du 19 août 1979).

Escriva de Balaguer et son œuvre étaient donc progressistes, mais ayant été dépassés à gauche par le Concile et l'après-Concile, ils sont maintenant attaqués en tant que conservateurs.

Sachant cela, la béatification d'Escriva de Balaguer nous laisse perplexes ; il est en effet présenté comme le modèle de la nouvelle chrétienté, ce chrétien qui tait, cache, combat les conséquences publiques de la Divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ.

B) Les compagnons de route

Il y a aussi d'autres petits "alliés" de la Pseudo-Restauration : par exemple Comunione e liberazione qui, parmi tous les mouvements, semble être le plus doctrinaire.

Ceux qui ont connu les origines du mouvement, prenons pour exemple le groupe "Gioventù studentesca", savent déjà de quel esprit révolutionnaire et libéral est imprégné "Comunione e liberazione" . Pour nous en convaincre il suffit de citer Formigoni, un des responsables du mouvement :

«les USA c'est notre avenir, c'est la première terre où la modernité ait mis au grand air, de la manière la plus radicale, ses propres valeurs» (O. R. 27.08.1984).

Un autre "allié" c'est la revue 30 Giorni, qui semble avoir comme fonction la coordination mondiale de la métamorphose de l'Église conciliaire.

Parmi les objectifs de 30 Giorni, il y a aussi celui de soustraire aux "lefebvristes" le plus de thèmes possibles, comme il est facile de le constater en regardant l'index de la revue : thèmes qui auparavant étaient traités presque exclusivement par la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X. C'est la réalisation de la thèse du cardinal Ratzinger aux évêques du Chili.

«Le phénomène (lefebvriste) ...eût été impensable sans les éléments positifs, qui n'ont généralement pas trouvé d'espace vital suffisant dans l'Église d'aujourd'hui.»

«Ainsi nous pourrions ouvrir un espace à ceux qui cherchent et qui demandent dans l'Église, nous parviendrions ainsi à convertir le schisme à l'intérieur même de l'Église et à le rendre superflu.»

Bien sûr, pour le Cardinal, l'État aconfessionnel n'est pas un problème : ce sont

"...les valeurs mieux exprimées par deux siècle de culture libérale."

Le travail de 30 Giorni nous oblige à nous concentrer sur l'essentiel, le cœur du combat et de la foi, reconnu aussi par le Cardinal Ratzinger :

«...le point central du conflit se situe dans l'attaque contre la liberté religieuse et contre le prétendu esprit d'Assise.» (Discours aux évêques du Chili, 1988).

Chapitre VI

Que disent les vaticanistes ?

Les vaticanistes sont les porte-paroles "du monde" (lire "de la Révolution"). Chaque courant révolutionnaire : juif, maçonnique, humaniste, protestant, libéral, socialiste, etc. fait l'analyse de la marche de l'Église selon son point de vue. De là vient la différence d'appréciation de la rapidité de la Révolution dans l'Église.

Il est intéressant de savoir ce que disent les ennemis de l'Église. Saint Ignace l'enseigne au n° 335 des Exercices et Sarda y Salvany expose la même thèse. Parfois certaines situations nous échappent alors que les ennemis y voient clair, bien que le jugement soit du signe inverse. Il n'est donc pas superflu de suivre les divers commentaires afin de compléter notre service de documentation.

Les vaticanistes italiens voient les choses plus en profondeur du fait de leur proximité du Vatican et de leur connaissance de la curie romaine. Voici une sélection de leurs commentaires du Synode extraordinaire de 1985 - vingt ans après le Concile - où est étudiée à fond la "Restauration" du Cardinal Ratzinger :

«Le Synode [...] dessine approximativement la voie moyenne» (La Stampa, Sergio Quinzio, 8 déc. 1985).

«Les vœux et les craintes d'une restauration [...] ne semblent pas, à première vue, proche de la réalisation» (Il Piccolo, F. Margiotta Broglio, 9 déc. 1985).

«Aucun saut en arrière, aucune "Restauration", aucun référendum pour ou contre le Cardinal Ratzinger» (Il Resto del Carlino, Paolo Francia, 9 déc. 1985).

«Enfin, le fond de la pensée du Cardinal Ratzinger est apparu ; on ne peut le recueillir dans l'expression pittoresque de "Restauration". Il faut parfois plaider le faux pour savoir le vrai» (Il Messagero, Marco Politi, 10 déc. 1958).

«Mais le centre romain est bien loin de se rendre [...] leur programme est très précis et pourrait être défini ainsi : aller à la rencontre du monde et de toutes les idéologies, mais dans une position de force. Dans un laps de temps assez long, bien au-delà d'un seul pontificat[3], on ira vers une coexistence de tendances parallèles et plutôt irréductibles» (Il Manifesto, Filippo Gentiloni, 10 déc. 1985).

«Au contraire, aujourd'hui on peut affirmer que le catholicisme post-conciliaire a paru, à l'occasion du Synode, largement étranger au recul lui-même» (Corriere della Sera, Giuseppe Alberigo, 15 déc. 1985).

«L'Église catholique appelle ses fidèles à relancer le Concile et à l'appliquer de façon plus unitaire et contrôlée» (Corriere della Sera, Luigi Acattali, 11 déc. 1985). [Cela nous semble la "lecture" la plus vraisemblable : Révolution oui, mais "unitaire et contrôlée"].

«Le langage n'est pas celui de la restauration [...] le rôle du Pape est important, mais il n'absorbe pas le catholicisme. Restauration ne signifie pas revenir en arrière par rapport au Concile» (Rinascita, Carlo Candia, 14 déc. 1985)[4].

C'est ce que tout le monde semble avoir vu et compris à propos de cette Pseudo-Restauration à l'œuvre dans l'Église conciliaire... et nous aussi, qui en sommes les destinataires, nous croyons l'avoir bien comprise.

Un vaticaniste du nom de Giancarlo Zizola mérite une place à part ; il essaie d'analyser les faits en détails de son point de vue progressiste.

Pour bien le comprendre, il faut rappeler que dans l'Église il y a désormais un duel entre catholiques progressistes (Jacobins) et catholiques libéraux (Girondins), les vrais catholiques (traditionalistes) étant hors-jeu. C'est une question de vitesse, le but étant le même.

Selon les différents courants de la Révolution, il y a plusieurs appréciations de la Pseudo-Restauration. Pour les progressistes, c'est une régression et Zizola les partage en deux camps :

1) ceux qui disent qu'il faut supporter cela sans renoncer à chercher une solution ;

2) ceux qui considèrent que c'est un donné définitif, irréversible, capable de séparer l'Église du monde moderne.

Cependant, dans la Révolution "dite française", après les excès jacobins, la phase libérale, girondine, s'est cristallisée pour toujours. En ce cas, les "Églises" (c'est-à-dire les évêques) vont prendre certaines responsabilités, allant jusqu'à forcer la main de Pierre ; c'est pourquoi il faut vivre sans angoisse le conflit de la restauration.

D'après Zizola, le pontificat du Pape Jean-Paul II est une oscillation perpétuelle, et ce processus continue. Il relève tous les signes d'une division du catholicisme ; face aux rappels à l'ordre du Vatican, les évêques font de la résistance passive : ils écoutent, se taisent et continuent comme auparavant.

Il y a deux tendances principales dans l'épiscopat : la ligne Ratzinger et la ligne progressiste ; mais il est assez difficile même pour les vaticanistes d'en chiffrer les forces respectives.

Il y a aussi un certain désaccord entre le Pape et Ratzinger, bien que ce dernier ait reçu une couverture publique et solennelle dans un discours d'avant Noël 1984.

Selon Zizola, le drame de Jean-Paul II est d'essayer de réduire les frontières des innovations légitimées par le Concile pour ne pas entamer une nouvelle période de réformes. Celle-ci, en effet, pourrait porter à des innovations aujourd'hui intolérables et c'est pour cela que le Pape est en train de se créer une base favorable de cardinaux et d'évêques.

Conclusion

Après avoir étudié la Pseudo-Restauration à l'aide des documents qui en démontrent la nature, il nous reste, dans la mesure du possible, à prévoir l'avenir.

L'ancienne lutte de la Révolution contre Dieu, Notre Seigneur, Son Église, Son Ordre social historique et enfin contre les conséquences religieuses, politiques, juridiques, sociales et économiques de Sa Divinité, telles que le Moyen Age les avait fixées, cette ancienne lutte continue à travers ses métamorphoses. «Fratres, sobrii estote et vigilate

Parmi les métamorphoses les plus dangereuses de la Révolution dans l'Église, il y a donc la Pseudo-Restauration. Le Cardinal Ratzinger continue sans se presser à distribuer des "surprises" : après la déclaration de restauration, il y a eu aussi la Messe de Saint Pie V avec indult, l'institution de la Fraternité Saint Pierre, la promesse de tourner les autels... il faut bien s'attendre à de nouvelles surprises !

Nous ne croyons pas que tout cela soit un miracle de conversion (qui est toujours possible) ni l'itinéraire d'une vraie restauration. Nous ne le croyons pas pour toutes les raisons exposées plus haut et aussi parce que le calcul du Cardinal Ratzinger nous semble trop humain et pas du tout inspiré par les principes de la foi : «...non comprehenderunt... non cognovit... non receperunt...»[5]

En effet, le modernisme étant la tentation d'adapter l'Église au monde moderne, et le monde actuel étant l'incarnation de la Révolution libérale, celle-ci ne demande qu'une chose à l'Église catholique : renoncer à la Royauté sociale de Notre Seigneur Jésus-Christ et donc renoncer à la confessionnalité de l'État, accepter le modèle libéral de la laïcité de la société temporelle, faire de la religion une question seulement privée. Que, après avoir accepté cela, l'Église conciliaire "dans les sacristies" tourne les autels et même rende obligatoire la Messe de Saint Pie V ne la fait pas sortir pour autant de la Révolution libérale ni ne dérange le laïcisme. Au contraire, la Révolution dans l'Église est sauve et plus ancrée dans son sein[6].

On pourrait même déjà prédire que la formule victorieuse de la Pseudo-Restauration sera plus ou moins : "traditionaliste oui, mais en privé !"

Si les modernistes perfectionnaient leur Pseudo-Restauration dans ce sens, il faudrait prévoir pour l'avenir le danger que cette manœuvre  représente pour les traditionalistes, surtout ceux qui sont moins préparés, ceux qui connaissent peu, ou pas, la doctrine de la Royauté sociale et l'histoire de la Révolution.

Sans se laisser tromper par des "combats d'arrière-garde", préparons-nous aux prochaines "surprises", d'autant plus que la Pseudo-Restauration est voulue, dirigée et soutenue par des forces extérieures qui conditionnent l'Eglise et qui connaissent les règles de toute Révolution ; ce n'est pas qu'une "histoire de curés !"

Comme toujours, S.E. Mgr M. Lefebvre, l'homme suscité par Dieu dans cette crise de l'Église, le prélat prophétisé par Notre Dame de Buon Successo il y a 3 siècles, avait aussi prévu cette hypothèse en 1987. Voici en résumé ce qu'il répondit au Cardinal Ratzinger le 14 juillet 1987 :

«Éminence, même si vous nous accordez un évêque, même si vous nous accordez une certaine autonomie par rapport aux évêques, même si vous nous accordez toute la liturgie de 1962, et si vous nous accordez de continuer les séminaires et la Fraternité comme nous le faisons maintenant, nous ne pourrons pas collaborer, c'est impossible, parce que nous travaillons en direction diamétralement opposée : vous, vous travaillez à la déchristianisation de la société, de la personne humaine et de l'Eglise, et nous, nous travaillons à la christianisation ; nous ne pourrons donc pas nous entendre. Pour nous, N.S.J.C, c'est tout ! C'est notre vie ; l'Eglise, c'est N.S.J.C., c'est Son Epouse Mystique ; le prêtre, c'est un autre Christ, sa messe, c'est le sacrifice de Jésus-Christ et le triomphe de Jésus-Christ par la croix. Dans nos séminaires on apprend à aimer le Christ et on est tout tendu vers le Règne de N.S.J.C. Voilà ce que nous sommes, et vous, vous faites le contraire. Vous venez de me dire que la société ne doit pas être chrétienne, qu'elle ne peut pas être chrétienne, que c'est contre sa nature.

Vous avez essayé de me prouver que N.S.J.C ne peut pas et ne doit pas régner dans les sociétés. Vous avez voulu me prouver que la conscience humaine est libre vis-à-vis de N.S.J.C, qu'il faut lui laisser la liberté et un espace social autonome, comme vous dites : c'est la déchristianisation.

Eh bien ! nous, nous sommes pour la christianisation ; nous ne pouvons pas nous entendre.» (Retraite sacerdotale, septembre 1987).

Dieu a mis l'inimitié entre la Femme et le serpent (Gen. iii, 15), or le démon veut toujours contrer la volonté de Dieu. Si le démon est parvenu aujourd'hui à se faire respecter par la presque totalité des hommes, nous pouvons croire que ces mêmes hommes sont devenus inutilisables pour le service de Dieu, «sicut inutiles facti sunt», dit le psaume.

Alors, suivant l'esprit de saint Louis Marie Grignon de Montfort dans Le Traité de la vraie dévotion (n° 52 et suivants), nous terminerons ce travail par cette prière :

Très Sainte Trinité, dans cette longue nuit de l'histoire, je vous offre l'amour que la Très Sainte Vierge Marie a pour Vous, l'inimitié et la haine qu'Elle a reçues en don contre le démon, l'ennemi infernal qui travaille à abaisser le Fruit Béni de Ses Entrailles, à Le faire placer sur le même plan que les faux dieux, à rabaisser Sa Sainte Religion au même plan que les fausses religions, à l'exemple du Pape qui, s'étant laissé conduire par les idées qui dominent le monde, a fait cela à Assise.

Je vous offre l'inimitié que la Très Sainte Vierge porte à la volonté du démon, occupé à soustraire les âmes à Dieu par la séparation de l'Eglise et de l'État.

O Très Sainte Vierge Marie, par la grâce de ce mystère d'inimitié que Vous avez pour le serpent, laissez-moi unir mon esprit au Vôtre pour que je ne sois pas vaincu par les oeuvres du démon ; ne permettez pas que je respecte l'ennemi de Dieu, même si la presque totalité des hommes le font aujourd'hui.

«O Très Sainte Trinité, je vous offre aussi l'acte de foi solitaire, cruel et parfait que fit la Très Sainte Vierge Marie le Samedi-Saint, lorsque tous avaient perdu la foi» (Saint Bernard).

O Notre-Dame, par la grâce de ce mystère, donnez-nous de garder la Foi en ce Samedi-Saint de l'Eglise. Que nous ne craignions pas de nous retrouver seuls à croire aux conséquences de la Divinité de Votre Fils !

Pour nous obtenir ces grâces, offrez à la Très Sainte Trinité, par vos Mains très pures, ce Trésor caché qu'est le Saint Sacrifice de la Messe encore célébré sur la terre.

Merci Maman.

Que la Très Sainte Vierge Marie bénisse tous ceux qui ont contribué à la réalisation de ce travail.

Le 11 février 1995, en la fête de Notre-Dame de Lourdes,

Le cardinal Ratzinger :

«... la première phase après Vatican II est close» (Entretien sur la foi, p. 40)

«... la restauration... est du reste déjà amorcée...» (Entretien sur la foi, p. 40)

«... tourner les autels...» (Il Sabato, 24.04.1993)

«... il y a des décisions du Magistère qui... peuvent avoir besoin de rectifications... déclarations des Papes sur la liberté religieuse... antimodernistes... décisions de la Commission biblique...» (Instructio, O. R. 27.06.1990)

«Il faut défendre le Concile Vatican II contre Mgr Lefebvre» (Chili 1988)

«... le point central du conflit se situe dans l'attaque contre la liberté religieuse et contre le prétendu esprit d'Assise» (Chili 1988)

«Tout cela porte beaucoup de personnes à se demander si l'Eglise d'aujourd'hui est réellement encore la même que celle d'hier» (Chili 1988)

«... ôter toute raison d'être au cas Lefebvre... ces fausses protestations» (Entretien sur la foi, p. 35)

«... le phénomène lefebvriste est en expansion...» (Il Regno, avril 1994),

Jean-Paul II

«L'Eglise... ne propose pas des modèles politiques... ni une "troisième voie" (O. R. 18.09.1988)

«L'Eglise n'a pas de modèles à proposer» (O. R. 02.09.1991)

La Curie romaine sur la doctrine sociale :

«Cet enseignement n'est pas une "troisième voie" entre le capitalisme libéraliste et le collectivisme marxiste... L'Eglise n'a pas de modèle pour la vie sociale» (Orientamenti, O. R. 28.06.1989)

L'Opus Dei :

«Quand en 1950 le Fondateur obtint enfin du Saint-Siège la permission d'admettre dans l'œuvre... des non catholiques - non chrétiens y compris - ... la famille spirituelle de l'Opus Dei fut complète» (Mgr Escrivâ de Balaguer... p. 244)

«... Mgr Escrivâ déclara... au Pape Jean XXIII... "je n'ai pas appris l'œcuménisme de Votre Sainteté" ...» (Tiempo de caminar... p. 246)

«Il y a trente ans on me traitait d'hérétique...» (Tiempo..., p. 486)

«La réalité œcuménique de Camino...» (Estudios sobre Camino, Mgr A. del Portillo, p. 48)

Comunione e liberazione :

«Les USA c'est notre avenir, c'est la première terre où la modernité ait mis au grand air, de la manière la plus radicale, ses propres valeurs» (Formigoni - O. R. 27.08.1984)

... les hypothèses futures : ... traditionalistes oui, mais en privé !

Abbé Tam

Fin de ce numéro – Autres textes de l’abbé Tam à suivre…

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[1] Mgr H. Delassus, "La mission posthume de Ste Jeanne d'Arc et le Règne social de N.S.J.C.", p. 52.

[2] "El Opus Dei, su verdadera faz", Juan Morales, pro manuscripto, Madrid 1991.

[3] La Révolution dans l'Église est un phénomène qui dépasse la personne du Pape. Chacun d'entre eux en accomplit une partie (n.d.l.r.).

[4] Dans un article publié par La Tradizione Cattolica n°1 (janvier 1987, Montalenghe), des théologiens progressistes avaient été cités ; ils avaient la même opinion de la pseudo-restauration : «cette analyse a été également flairée par les catholico-communistes, comme le prêtre défroqué Gianni Gennari dans sa "Lettre ouverte au camarade Gorbatchev", dans laquelle il décrit un socialisme ne craignant ni la messe ni le catéchisme (Paese Sera, 16.03.1985). Eux aussi admettent que, par la pseudo-restauration du Cardinal Ratzinger, les catholiques ne reviennent pas à la foi immuable mais se maintiennent dans l'erreur.

Cette même stratégie est d'ailleurs reconnue par divers spécialistes de la Révolution.

Giulio Girardi (Adista, 13.05.1985), après avoir rappelé que Ratzinger et Rahner ont travaillé ensemble au Concile, dans le groupe progressiste, fait noter que si la Restauration semble porter ses attaques contre le théologien Rahner (O. R. 25.02.1985), c'est uniquement pour chasser les erreurs de la sacristie, mais nullement pour condamner celles qui se propagent à l'extérieur (c'est la théologie du Cardinal Ratzinger sur la liberté religieuse).

Ensuite, don Enrico Chiavacci, pour calmer les observateurs laïcs (juifs, maçons et communistes) ajoute que la restauration du Pape Jean-Paul II est disciplinaire et partiellement doctrinale (Vita Pastorale, octobre 1985).

Le théologien Molari déclare que la restauration est nécessaire parce que Vatican II a suscité des réactions, par conséquent il faut ralentir, c'est-à-dire ne laisser personne en arrière (Adista, 16.05.1985) [tous doivent être rééduqués !].»

[5] Prologue de l'Évangile de saint Jean.

[6] La messe traditionnelle peut être concédée, ou acceptée, sans sortir de la Révolution libérale ; eux-mêmes savent qu'ils peuvent la concéder mais ne feront jamais de concessions sur "les valeurs mieux exprimées par deux siècles de culture libérale."