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Gaude, Maria Virgo, cunctas hæreses sola interemisti.

(Tractus Missæ Salve Sancta Parens)

Etude P.Chaussée – Partie 2

dimanche 29 juillet 2007

Ce message peut être téléchargé au format PDF sur notre site http://www.virgo-maria.org/.

Paul Chaussée écrit à Mgr Fellay :

Modernisme de Ratzinger et œuvres de l’abbé Celier

Mgr Fellay gravement compromis.  Un fidèle de la FSSPX dénonce les agissements néo-modernistes de l’abbé Celier au service de la pseudo-restauration de Ratzinger

Nous publions dans ce message la seconde partie de cette étude très documentée de Monsieur Paul Chaussée qui en a souhaité la diffusion « la plus large possible » en raison de « la gravité de la situation de la FSSPX ».

Dans la première partie de son étude, que nous avons publié[1] le 28 juillet 2007, Paul Chaussée s’est livré à une critique implacable du dernier ouvrage de l’abbé Celier (« Benoît XVI et les traditionalistes »), il dénonce aussi le piège du Motu Proprio Summorum Pontificum paru le 7 juillet 2007, en particulier dans son article 1.

Nous rappelons que nous mettons en garde les lecteurs contre certaines idées contenues dans ce texte, qui ne permettent pas à Paul Chaussée d’aller au bout de ses conclusions.

Décrivant la révolution à l’œuvre au sein de l’Eglise conciliaire, sous la bannière de leur chef, l’abbé apostat Ratzinger, Paul Chaussée n’a pas encore réalisé que cette Eglise conciliaire n’est pas l’Eglise catholique, mais sa contrefaçon, et quelle réalise ce que l’Apocalypse a annoncé en son chapitre XIII en évoquant la figure de la « Bête de la terre ». L’auteur n’a donc pas encore pris la mesure de la gravité de la question de l’invalidité du nouveau rite de consécration épiscopale et de toutes ses conséquences ontologiques implacables.

Paul Chaussée n’a pas non plus compris la question de l’infaillibilité, dont il partage malheureusement la notion erronée enseignée à Ecône.

N’allant pas au bout du principe de non-contradiction et ne concluant pas sur les autorités illégitimes de la Rome « antichrist » (cf. Mgr Lefebvre), Paul Chaussée fait écho à l’argumentation pernicieuse de Mgr Williamson[2] et de l’abbé Bourmaud sur le prétendu « mentévacantisme » de l’abbé apostat Ratzinger : Ratzinger serait moderniste car il aurait ‘l’esprit malade’ ! (sic), ou il serait « malade », parce qu’il serait moderniste…De toute façon, de cette manière, s’il est malfaisant, ce serait en quelque sorte « malgré lui », car il faudrait lui supposer la pureté de ses intentions et son désir de bien faire.

Ce texte représente les annexes de cette première partir de l’étude de Monsieur Paul Chaussée que nous avons diffusé.

La suite des réserves que nous formulons sur les limites de ce texte se trouve dans notre message[3] d’introduction à la première partie, mise en ligne sur notre site le 28 juillet 2007.

Continuons le bon combat

Abbé Marchiset


Première partie du texte de Monsieur Paul Chaussée

Benoît XVI et les traditionalistes,

Analyse critique  --  2e partie : Annexes

1          Annexe  I - Révélation et Tradition vivantes selon la conception subjective et moderniste du cardinal Ratzinger

Dans son ouvrage autobiographique Ma vie - Souvenirs, le cardinal Ratzinger nous apprend sur sa formation quelques faits qui éclairent son comportement actuel [4]. Du fait de la guerre 1939-1945, le jeune Joseph Ratzinger (né le 16 avril 1927) ne put faire que des études perturbées et lacunaires où bien des matières furent laissées à ses goût personnels [5]. Ainsi, il reconnaît qu’au séminaire, « nous ne voulions pas nous contenter de faire de la théologie au sens étroit du terme, mais écouter l’homme d’aujourd’hui ». Ses choix étaient orientés dans un sens assez profane (« on dévorait les romans que tout le monde lisait »), ou moderne dans le domaine philosophique. « En revanche, j’avais du mal à comprendre saint Thomas d’Aquin, dont la logique cristalline me semblait bien trop fermée sur elle-même, trop impersonnelle et trop stéréotypée. » Après seulement deux années au séminaire diocésain, Ratzinger demanda et obtint de son évêque de pouvoir s’inscrire à la Faculté de Théologie de l’Université de Munich où le corps enseignant était d’esprit plus libéral et moderne. Ainsi l’un de ses maîtres l’amena à lire le Père de Lubac, théologien déjà condamné par Rome, mais qui exerça sur lui une influence certaine. Un autre professeur d’exégèse lui montra la « fécondité spécifique de l’équilibre entre dogme et libéralisme » (comme si ce n’était pas le dogme qui devait être défendu contre le libéralisme !).

Enfin, on trouve dans ces Souvenirs la genèse, en 1957, de cette fameuse Tradition vivante dans une conception très personnelle sinon erronée de la Révélation. En effet, pour obtenir l’agrégation, l’abbé Ratzinger dut présenter un mémoire qu’il consacra au concept de la Révélation chez saint Bonaventure. Or la partie « critique » de ce travail fut refusée parce que professant « un dangereux modernisme, en passe de faire du concept de la Révélation une notion subjective ». Dans ses Souvenirs le cardinal Ratzinger nie toute validité aux critiques de son professeur et censeur de 1957. Au contraire, il défend ses idées personnelles sur la Révélation et « établit un rapport entre Révélation et Tradition, mais toujours à la lumière du concept subjectiviste de révélation qu’il professe »[6].

En résumé, voici les trois points principaux de la pensée du Cardinal sur ce sujet :

§         Dans la Révélation, il y a toujours une action, l’acte par lequel Dieu se révèle. Ce concept de “révélation” implique toujours le sujet qui reçoit ; là où personne ne reçoit de “révélation”, il n’y a pas de révélation car rien ne s’est dévoilé. L’idée de Révélation implique que quelqu’un en prenne conscience.

§         La Révélation devient un fait de la conscience du sujet qui la reçoit, elle se subjectivise précisément et, sans la participation du sujet, elle n’est pas ce qu’elle est, elle n’est pas révélation.

§         Selon la philosophie moderne et profane [et subjective], il n’y a pas de vérité indépendante de la pensée du sujet qui la pense ; notre pensée ne reconnaît pas la vérité qui est déjà dans la chose, mais elle la crée comme à partir du néant. De la même façon, le “sujet qui perçoit” doit se considérer comme élément constitutif du concept de Révélation. [Cela détruit le concept scolastique de vérité objective.]

§         Donc la vérité révélée est encore susceptible de “prises de possession” ultérieures et donc de développements ultérieurs et nouveaux de la part du “sujet qui perçoit” qui est l'Église. Aux développements supposés de ce sujet doivent en fait correspondre des développements dans la vérité révélée, étant donné qu’elle n’est pas telle sans la participation de ce sujet.

§         La vérité étant constituée de la pensée (changeante) du sujet, se réalise par degrés, en rapport avec l’évolution historique ou de la conscience du sujet lui-même, et donc dans un processus sans fin, dans une dimension toujours ouverte au nouveau, c’est-à-dire ouverte à de nouvelles déterminations de ce que l’on considère comme vrai selon l’esprit de l’époque.

§         N’est donc plus valable le principe que la Révélation s’est achevée avec le dernier Apôtre [7].

§         Selon le point de vue exprimé par le Cardinal, le sens essentiel de la Tradition, à saisir dans le lien entre Écriture et Tradition, est donc que la Tradition ne résulte pas de la vérité immuable révélée par Dieu, mais de la vérité que le “sujet récepteur” constitue dans la Révélation de façon historiquement graduelle et progressive, parce que graduel et progressif est le développement de ce “sujet récepteur” lui-même qui agit sous le signe de la “conscience de soi”.

En d’autres mots et plus simplement, selon le cardinal Ratzinger, la Tradition est graduelle et progressive selon le développement du sujet ; elles est donc vivante et subjective.

En 2006, avec d’autres mots, Benoît xvi exprime le même concept tiré de Vatican II (Dei Verbum) C’est « grâce au Paraclet [l’Esprit Saint] que l’expérience du Ressuscité faite par la communauté apostolique aux origines de l'Église, pourra toujours être vécue par les générations successives »[8]. Et encore : « La Tradition n’est pas la simple transmission maté­rielle de ce qui fut donné au début aux Apôtres, mais la présence efficace du Seigneur Jésus. » « La Tradition n’est pas une transmission de choses ou de paroles, une collection de choses mortes. C’est le fleuve vivant dans lequel les origines sont toujours présentes. » C’est « l’actualisation permanente de la présence active de Jésus dans son peuple opérée par l’Esprit Saint et exprimée dans l'Église à travers le ministère apostolique et la communion fraternelle. » (Les soulignements italiques sont de nous).

Qui ne voit que le flou du concept permet d’y introduire bien des choses éloignées sinon étrangères au « dépôt » que saint Paul demandait à Timothée de « garder en évitant les contradictions d’une prétendue science » (I Tim 6,20). Il faut ici se souvenir que dans Pascendi saint Pie X condamnait les modernistes à cause de leur interprétation de la religion comme une « expérience vécue ». Or c’est précisément ce que Benoît XVI fait en 2006.

*          *          *

2          Annexe  II - L’abbé grégoire Celier d’après ses œuvres

Le survol de ses œuvres permet de comprendre qui est l’abbé Grégoire Celier qui a dirigé pendant treize années les médias de la Fraternité Saint-Pie X ; quel esprit l’anime ? et quel est vraisemblablement son dessein en prenant une part prépondérante dans la rédaction du livre Benoît xvi et les traditionalistes ?

Voici quelques ouvrages qui sont tous signés “Grégoire Celier” ou d’un pseudonyme, comme si la tactique de ce prêtre-philosophe était de toujours « s’avancer masqué ».

1987 – Grégoire Celier, La dimension œcuménique de la réforme liturgique. Editions Fideliter, Le Pointet, Escurolles. © G. Celier.

C’est l’ouvrage d’un érudit qui accumule plus de 300 citations dont la plupart sont contraires à la doctrine traditionnelle, mais aucune n’est corrigée par un rappel de la vérité 

Ainsi, en exergue, une citation de Mgr Annibale Bugnini (mais oui !) :

« La réforme liturgique est une grande conquête de l'Église catholique, avec d’importantes répercussions œcuméniques ; non seulement elle a provoqué l’admiration des autres Églises et communautés chrétiennes, mais de plus elle représente pour elles une sorte de modèle. » (1974).

Mais Celier oublie de dire qu’en 1975, on découvrait avec stupeur que Mgr Bugnini était franc-maçon ! Dans sa Lettre aux amis et bienfaiteurs n° 10, Mgr Lefebvre écrivait : « Lorsqu’on apprend à Rome que celui qui a été l’âme de la réforme liturgique est un franc-maçon, on peut penser qu’il n’est pas le seul. Le voile qui couvre la plus grande mystification dont les clercs et les fidèles ont été l’objet commence sans doute à se déchirer. » Omission révélatrice, il y a vingt ans déjà.

Ce livre pourrait être signé par un conciliaire progressiste ou par un protestant. L’avertissement ne contient aucune mise en garde ni aucune critique contre l’œcuménisme néo-moderniste et l’on n’y trouve aucune référence à l’encyclique Mortalium Animos de Pie XI, (1928) condamnant cet œcuménisme moderne. Manifestement, l’auteur a oublié le précepte de l’Apôtre : « Je t’en conjure…insiste à temps et à contre-temps, corrige, menace, exhorte, toujours avec patience et en instruisant. » (II Timothée 4, 1-2).

Alors, comment a-t-on pu permettre l’édition de cet ouvrage pernicieux car menteur par omission ? Seule explication : on a vérifié l’absence d’erreur mais on n’a pas vu l’omission.

1993 – Grégoire Celier, L’École des Cahiers BarruelL’avenir d’une illusion.

Éditions Gricha.

Dans cette brochure [9], on reconnaît l’essentiel des arguments que Paul Sernine (alias Grégoire Celier) reprendra en 2003 dans La paille et le sycomore (voir ci-après). Les textes sont identiques. Sernine a intégralement recopié, mot à mot (sauf rares corrections mineures de forme), les trois paragraphes « Le silence du Magistère », « L’impossibilité intellectuelle » et « L’argument de prescription » qui, uniques arguments de la démonstration de Celier, deviennent les trois chapitres centraux du livre de Sernine.

Enfin, il importe de remarquer deux choses :

o       En 4e page de couverture, on trouve cet étrange Avertissement : « La présente brochure n’est pas diffusée dans le public et doit être considérée comme une étude purement privée ; merci de n’en pas faire état, non plus que de son auteur, dans une publication. Grégoire Celier. Adresse : CFH, B.P. 337-16, 75767 Paris Cedex 16. »

o       Le logo des Éditions Gricha est un chat noir au poil hérissé et toutes griffes dehors ; il est entouré de l’exergue “La nuit tous les chats sont gris.” [Étrange, n’est-ce pas ?]

1994 – Grégoire Celier, L'Église déchirée – Appel aux « catholiques Ecclesia Dei ». Editions Fideliter, Eguelshardt, (avril) 1994. © Éditions Gricha, 1994. Adresse donnée pour envoi de « critiques, remarques et compléments d’information » : CFH, B.P. 337-16, 75767 Paris.

Cet ouvrage est plus une polémique courtoise avec les “Ralliés” qu’une défense de la Tradition en liturgie. Beaucoup de textes cités en défense de la liturgie traditionnelle auraient été mieux utilisés dans le livre La dimension œcuménique de la réforme liturgique. Remarquons encore que dans cet ouvrage – décevant dans son ensemble – Celier montre que Rome n’avait aucunement l’intention d’accorder aux “Ralliés” la liberté de pratiquer et d’enseigner la Tradition, mais que la liberté accordée était strictement limitée. Celier semble avoir oublié cette leçon en dialoguant avec M. Pichon.

Enfin, notons que même édité par Fideliter, Grégoire Celier tient à conserver le droit de copie © aux Éditions Gricha. [Étrange, n’est-ce pas ?]

1994 – Grégoire Celier, Le dieu mortel, une invitation à la philosophie, Éditions Fideliter, Eguelshardt 1994 (octobre). En page de garde : © Gricha and his kittens, 1994 [le chat gris et ses chatons] et l’invitation : « Merci d’envoyer vos critiques, remarques et compléments d’information à Grégoire Celier, adresse ; CFH, B.P. 337-16, 75767 Paris Cedex 16. »

En même page, l’auteur adresse ses remerciements à ses « collègues professeurs de philosophie Alain-Marc, Daniel, etc., douze personnes désignées par leur seul prénom. Aucun patronyme ; on suppose que ce sont les “chatons” que M. Celier ne veut pas compromettre en dévoilant leur identité. [Étrange précaution, n’est-ce pas, pour un professeur de 36 ans ?]

Cet ouvrage qui se présente comme un dialogue entre le maître et son disciple est une sorte d’invitation à la philosophie et s’ouvre par cet exergue mystérieux (sinon ésotérique) :


Autrefois j’avais un petit jeu,           

J’aimais me retourner en rampant dans mon cerveau.
Je pense que vous connaissez le jeu dont je parle ?
Je parle de ce jeu qu’on appelle « devenir fou ».      

Ce petit jeu est amusant. 

Fermez simplement vos yeux, il est impossible de perdre.  Je suis ici, je viens aussi.   
Laissez-vous aller, nous passons de l’autre côté.     
                                                                             

J. M.


 [Étrange, n’est-ce pas ?][10]

Pour éviter d’être mis en cause par les non “initiés”, Celier les avertit : « On se gardera d’identifier l’auteur à l’un des protagonistes du dialogue, ni même à leur réunion. S’il avait parlé lui-même, le rédacteur aurait sans doute dit les choses autrement. Mais il a préféré laisser à ses personnages une certaine liberté de ton et de pensée, en sorte qu’il ne prend pas forcément à son compte toutes et chacune des affirmations émises dans leurs conversations. »

Le libre Journal de Serge de Beketch (n° 55 du 30.12.1994) confirme que Grégoire Celier est prêtre, professeur de philosophie, et que le titre Le dieu mortel désigne l’homme.

Mais le pire est révélé par la lecture attentive du livre : celui-ci refermé, l’on se demande ce qu’il y a de catholique dans la philosophie à laquelle Celier veut introduire ses jeunes lecteurs. Lorsque, après bien des détours, il aborde enfin la question de Dieu, « Être suprême », c’est pour faire une réponse d’agnostique (p. 275) et laisser chacun à ses propres recherches (p. 290). En qualité de prêtre catholique, il aurait dû au moins renvoyer à la Révélation en indiquant le début des pistes permettant de l’aborder sans se perdre dans le dédale des questions secondaires et des fausses philosophies, mais il ne le fait pas. En qualité de professeur catholique, il aurait pu se référer à des ouvrages de bonne vulgarisation thomiste, mais sauf quelques saints égarés là par hasard (Augustin, Thomas, Grégoire le Grand…) il ne cite pratiquement que des auteurs païens, ou naturalistes, ou sceptiques, bref, de mauvais auteurs dont la lecture ne conduit qu’à des impasses. À cet égard, l’annexe est éloquente.

Les deux recensions faites dans Le Sel de la terre (n° 12, printemps 1995, p. 170 à 182) relèvent bien d’autres points très critiqués, mais je me limite ici à ce qui m’a fait classer cet ouvrage parmi les livres inutiles et même mauvais.

Et notons encore en page de garde : « © Gricha and his kittens, 1994 » [le chat gris et ses chatons] et l’invitation : « Merci d’envoyer vos critiques, remarques et compléments d’information à Grégoire Celier, adresse ; CFH, B.P. 337-16, 75767 Paris Cedex 16. »

2003 – Paul Sernine, La paille et le sycomore – À propos de la « gnose », Éditions Servir.

Dans son Avertissement, l’Éditeur (par Nouvelle revue Certitude n° 13, on sait que c’est l’abbé Guillaume de Tanoüarn, mais pourquoi, dans ce livre, cache-t-il lui aussi, son identité ?) annonce la thèse p. 7 : Par “amour de la vérité” (sic !), Paul Sernine va réfuter avec compétence et méthode l’affirmation caractéristique des Cahiers Barruel et en particulier de Monsieur Etienne Couvert : « En toute erreur, “il y a une clé…, et c’est la “gnose” (La gnose contre la foi, p. 161.) »  Or si l’on ouvre le livre d’Etienne Couvert pour vérifier la citation et son contexte, on ne trouve ni en p. 161, ni avant, ni après, les trois mots « en toute erreur » et la suite « il y a une clé…et c’est la “gnose". » Voici ce qu’on lit à la page 161, dans le chapitre Gnose et romantisme, (il s’agit du cas de Victor Hugo) :

« À partir de ce moment [après avoir reçu l’enseignement de Lamennais], Victor Hugo est complètement gnostique et adorateur de Satan. Il se dit initié par des révélations d’en bas : la bouche d’ombre dans les Contemplations, le spectre ou bise de mer, l’Archange nocturne dont il tire des choses surprenantes, obscures, noires, absurdes… Pour celui qui ne possède pas la Clé. Mais il y a une Clé… et c’est la “Gnose” ».

Comprenons que, des « révélations d’en bas, Hugo tire des choses surprenantes …, obscures, pour celui qui ne possède pas la clé, c’est-à-dire qui n’a pas été initié dans la Gnose ». À cette phrase sans mystère, Sernine ajoute les mots « En toute erreur » et il en fait l’unique thèse révélatrice, la seule affirmation qu’il répète inlassablement. Or le sens de la phrase complète de M. Couvert est bien différent ; il s’agit donc d’une falsification de citation par adjonction de ces trois mots ; ceux-ci ont été régulièrement ajoutés chaque fois que cette citation était répétée – soit une dizaine de fois – et il ne s’agit donc pas d’une erreur mais d’un procédé. Voilà ce que l’abbé de Tanoüarn, Éditeur de ce livre, appelle (p. 15) un « modèle de méthodologie en matière de science catholique. »

« Que l’on critique Etienne Couvert pour des jugements trop catégoriques ou injustes, pour une certaine systématisation, pour telle ou telle erreur sur des points précis, la chose est légitime à condition d’apporter des preuves. Mais est-il admissible qu’on cherche à le disqualifier en lui attribuant, à dix reprises, une citation qui n’est pas de lui ? » (Arnaud de Lassus in Action familiale et scolaire n° 171, p. 64).

Cette falsification répétée suffit à disqualifier son auteur et même l’éditeur qui la fait sienne dans son Avertissement (p. 7). Nous pensons qu’il s’agit là d’une faute tellement grave et grossière qu’elle n’a été permise par la Providence que pour nous faire voir le grand danger menaçant prêtres et fidèles de la Fraternité, danger qui n’est pas celui que dénonce Sernine[11] mais qui serait plutôt Sernine lui-même.

2005 – Abbé Michel Beaumont (alias Grégoire Celier) dans Fideliter n° 163, janvier 2005, (p. 20-25), article « Réfléchir en chrétien sur la politique actuelle » dans lequel l’abbé Beaumont s’interroge sur l’adaptation des principes aux « nouvelles réalités politiques » dans une société déchristianisée :

« Si, en vertu de l’actuelle mondialisation, tout pays devenu un simple territoire du“village global”, se trouve inséré dans une entité politique où les catholiques sont très nettement minoritaires, comment la doctrine classique des papes demandant qu’un pays majoritairement catholique reconnaisse le règne du Christ dans ses institutions politiques serait-elle encore possible ? » (p. 23).

L’abbé Celier constate donc que « des réalités politiques et sociales incontestablement nouvelles sont apparues » (p. 22) et il suggère, par une interrogation fort habile, que la doctrine valable jusqu’à Pie XII, ne serait plus possible aujourd’hui, et que dès lors, il est « nécessaire que les catholiques engagés en politique (…) fassent eux-mêmes le travail de réflexion que les papes leur proposaient autrefois. » (p. 20).

En bref, suite à l’évolution du monde, la doctrine traditionnelle de l'Église serait aujourd’hui périmée et à revoir par les laïcs !

Or l’encyclique Quas Primas (1925) affirme sans ambiguïté que « l’empire du Christ Jésus, c’est, en stricte vérité, l’universalité du genre humain. Il n’y a lieu de faire aucune différence entre les individus, les familles et les États. (…) Les gouvernants et les magistrats ont l’obligation, aussi bien que les particuliers, de rendre au Christ un culte public et d’obéir à ses lois. » Tel est le principe universel découlant de l’union hypostatique.

La question de Celier qui suggère fortement sa réponse, correspond à la 58e proposition condamnée (la vérité n’est pas immuable) du décret anti-moderniste Lamentabili (approuvé par saint Pie X). Et dire qu’il faut formuler une nouvelle doctrine adaptée à notre époque, c’est la 59e proposition condamnée par le même décret. L’abbé Beaumont-Celier illustre ainsi un cas typique de modernisme tel que l’a exposé saint Pie X dans Pascendi : « Tout est voulu chez eux… Telle page de leur ouvrage pourrait être signée par un catholique ; tournez la page, vous croyez lire un rationaliste. » (§ 20).

Hélas ! Que sont devenus les rigoureux censeurs d’autrefois dont le Nihil obstat et l’Imprimatur inspiraient confiance ?

L’anticomplotisme de Celier-Sernine semble lui avoir été inspiré par son éditeur l’abbé de Tanoüarn, lui-même disciple en la matière de son ami Alain de Benoist, auteur de l’étude Psychologie du conspirationnisme [12].

Vu de plus haut, l’anticomplotisme est une conséquence du naturalisme qui aboutit à contredire le “combat des deux cités” selon saint Augustin[13] et donc à nier le devoir de choisir l’étendard du Christ sous lequel se placer et combattre[14]. La réalité du combat des Deux étendards ou des deux cités est rappelée par le pape Léon xiii en introduction à son encyclique Humanum Genus. Il y enseignait que la Société internationale des francs-maçons, fortement organisée, a pour dessein de ruiner la Sainte Église catholique, de « détruire de fond en comble toute la discipline religieuse et sociale qui est née des institutions chrétiennes et de lui en substituer une nouvelle façonnée à leurs idées, et dont les principes fondamentaux et les lois sont empruntés au naturalisme »[15]. Pour protéger les peuples contre ce poison qui infecte la société, le pape enjoignait d’abord aux évêques : « Arrachez à la Franc-Maçonnerie le masque dont elle se couvre et faites-la voir telle qu’elle est. » Ensuite, « Instruisez vos peuples, faites-leur connaître les artifices employés par ces sectes pour séduire les hommes… » Enfin, « Faites en sorte que les masses acquièrent la connaissance de la religion, exposez les éléments des principes sacrés qui constituent la philosophie chrétienne (…) afin de guérir les maladies intellectuelles des hommes… »[16].

Hélas, depuis que, par les ouvrages de Crétineau-Joly publiés sur ordre du pape Pie ix, nous savons que la stratégie de la secte maçonnique est de ruiner l'Église par l’intérieur, l’infiltration et le recrutement interne n’y ont pas cessé. En 1929, on sut qu’était franc-maçon le cardinal Rampolla heureusement écarté au conclave de 1903 par le veto autrichien. En 1938, l’épiscopat français comptait dix-sept “Frères” mais en 1987, l’ex-Grand-Maître Michel Baroin, déclarait qu’il y avait 64 évêques français au Grand Orient de France. Enfin, en 1981 une perquisition dans une loge romaine fit découvrir une liste de personnalités affiliées à la franc-Maçonnerie, dont un nombre important de cardinaux et d’évêques, parmi lesquels le cardinal Baggio, préfet de la Congrégation des évêques[17]. Un franc-maçon préposé au choix des évêques ! Voilà ce qui explique évidemment l’orientation des épiscopats en général et la médiocrité des évêques de France, manifestée en particulier par leur haine de la messe traditionnelle.

La crise actuelle de l'Église a ses causes profondes, non seulement dans le concile comme l’expose Celier, mais d’abord dans le libéralisme et dans le néo-modernisme de la première moitié du xxe siècle. Et ces erreurs se sont enracinées et développées dans la hiérarchie par l’infiltration de libéraux, francs-maçons et modernistes, infiltrations dont nous avons été prévenus au xixe s. et que saint Pie x a constatées et combattues. Le dernier Concile n’est donc que la manifestation du néo-modernisme triomphant au Vatican avec la franc-maçonnerie.

Et puisque l’on connaît cette stratégie et ses effets désastreux, comment n’est-on pas plus vigilant dans le choix des responsables de ce bastion stratégique que constituent les médias de la Fraternité en France ?

Or en Grégoire Celier, nous découvrons plusieurs personnages :

§         Le prêtre traditionaliste classique, qui restaure et dessert la chapelle Saint-Nicolas à Compiègne, et qui est estimé de ses fidèles ;

§         L’abbé Celier directeur de Fideliter et de Clovis, dont les choix éditoriaux sont surprenants : bons, médiocres, et même mauvais par naturalisme, mais où sont toujours absents les livres traitant du combat contre les ennemis de l'Église.

§         L’écrivain philosophe Grégoire Celier auteur du dieu mortel, qui cache son état sacerdotal et professe une philosophie pernicieuse ;

§         L’émule d’Arsène Lupin, le polémiste Paul Sernine qui, anti-antignostique de mau­vaise foi et “anti complotiste”, se révèle l’allié objectif des ennemis de l'Église ;

§         L’abbé Beaumont, moderniste mais collaborateur régulier de Fideliter.

Bref, cet homme énigmatique et souvent masqué est tantôt un prêtre traditionaliste irréprochable, tantôt un moderniste ; or ce qui caractérise les modernistes selon saint Pie X, c’est leur ambivalence : « Telle page de leur ouvrage pourrait être signée par un catholique ; tournez la page, vous croyez lire un rationaliste » (Pascendi, § 20). Nous venons de voir que les écrits de l’abbé Grégoire Celier ne sont à lire qu’avec une grande prudence. Était-il sincère dans ses choix, ou plutôt habile subversif ? Nous n’en jugerons pas. Nous constatons seulement que, dans le combat de défense de la foi et du Règne du Christ, ce prêtre non fiable était plutôt notre adversaire que notre allié, et en janvier 2000, nous en avions informé ses supérieurs, sans effet, hélas !

Il reste que nous avons dû, à l’imitation de saint Paul, « supporter les faux frères » (II Cor 11, 26 et Gal 2, 4). En l’occurrence, ce « faux frère » c’était ce prêtre de la Fraternité qui chargé d'informer, pratiquait habilement la désinformation, arme de guerre très bien décrite par Vladimir Volkoff. « Faux frère » n'est évidemment pas une injure, mais le terme biblique usité par l’Apôtre pour désigner ceux qui, bien qu'authentiques frères, sont « fils selon la chair », esclaves de la forme et de la lettre, et qui font souffrir les « fils de la promesse » qui vivent selon l'esprit. Ainsi Abel fut persécuté par Caïn, Isaac par Ismaël, Jacob par Esaü, Joseph par ses frères, etc.[18]. Les faux frères, très zélés, « filtrent le moucheron et avalent le chameau ». Et si l'on ne peut pas éviter leur « persécution », s’il n’est pas en notre pouvoir de les empêcher de nuire, il faut bien les souffrir puisque Dieu les permet. Mais que ceux qui ont ce pouvoir veuillent bien se souvenir qu’empêcher le mal de gagner est aussi de leur devoir.

*          *          *

3          Annexe  III - Liturgie ou Doctrine ? – Quelle est la  Priorité ?

Suffit-il de garder jalousement la liturgie traditionnelle pour conserver l’intégrité de la doctrine malgré les nouveautés conciliaires qui sont autant d’erreurs ?  Cela revient à poser la question : Quelle est la clef de voûte de la fidélité à l’unique vraie religion ? la liturgie ou la doctrine ? 

À cause de l’adage « Lex orandi, lex credendi » [19], on peut croire que la fidélité à la liturgie est un garant suffisant pour la doctrine. Toutefois la dérive doctrinale du clergé et des Pères du concile dans les années soixante – la messe de saint Pie V était encore la règle – prouverait le contraire.

Précisons d’abord le sens du mot liturgie. « La Liturgie, c’est Jésus-Christ adorant son Père avec tous les adorateurs en esprit et en vérité qu’Il est venu chercher ici-bas pour son Père. Dans la liturgie, œuvre à la fois divine et humaine, l’Esprit Saint a eu l’art de concentrer, d’éterniser et de diffuser par tout le Corps du Christ, la plénitude inaltérable de l’œuvre rédemptrice, toutes les richesses surnaturelles du passé de l'Église, du présent et de l’éternité ».[20] La liturgie, prière publique de l'Église, Corps mystique du Christ, est donc fondée sur la Vérité, la Révélation et la Tradition ; la plupart des Protestants niant celle-ci (“sola scriptura” disent-ils), on comprend déjà que l’idéologie oecuméniste actuelle n’aura guère d’égards pour la liturgie, sauf à la considérer comme la mise en valeur, par l’imagination, de nouveautés humaines. La vraie liturgie n’a donc rien de commun avec la créativité en liturgie puisqu’elle est affaire de vérité transmise.

L’axiome abrégé “Lex orandi, lex credendi” induit en erreur. On comprend d’abord que la manière de prier suscite la manière de croire. La liturgie serait alors la première dans la sauvegarde de la foi. Cela n’est vrai qu’en partie. Il serait plus exact de dire que la liturgie modifie [enracine, fortifie ou anémie] la manière de croire et, à la longue, le contenu de la foi.

Certains en viennent donc à considérer que la liturgie est l’expérience de la doctrine ; par elle, les vérités de foi sont rendues sensibles et plus convaincantes. Ils rappellent cette Pensée de Blaise Pascal : « C’est le cœur qui sent Dieu et non la raison. Voilà ce que c’est que la foi. Dieu sensible au cœur, non à la raison.[21] » Au début de XXe siècle, le moderniste Blondel affirmait que la vérité du catholicisme se cueille plus avec la volonté et l’expérience qu’avec l’intelligence : la foi « ne passe pas de l’esprit au cœur », mais passerait au contraire du cœur à l’esprit.[22]  Ils évoquent aussi la conversion de Charles de Foucauld. La découverte de l’islam au Maroc, éveilla son inquiétude religieuse. De retour à Paris, l’officier apostat voulut être instruit et s’approcha de l’abbé Huvelin qui lui répondit : « Mettez-vous à genoux, confessez-vous à Dieu : vous croirez. – Mais je ne suis pas venu pour cela. – Confessez-vous ! » Il s’agenouilla, parla … et se releva pardonné et converti.[23]

Or cette confiance dans le sentiment et dans l’expérience religieuse pour déterminer la foi sensible fut condamnée par saint Pie x[24]qui y voyait la caractéristique du croyant moderniste.

Qui plus est, l’interprétation « la loi de la prière détermine la loi de la croyance » fut repoussée par Pie XII qui la qualifia d’erreur :

« Nous avons jugé devoir mettre en exacte lumière ceci … l’erreur de ceux qui ont considéré la liturgie comme une sorte d’expérience des vérités à retenir comme de foi ; de façon que si une doctrine avait produit, par le moyen des rites liturgiques, des fruits de piété et de sanctification, l'Église l’approuverait, et qu’elle la réprouverait dans le cas contraire. D’où proviendrait l’axiome “Lex orandi, lex credendi”, la règle de la prière est la règle de la croyance. Mais ce n’est point cela qu’enseigne, ce n’est point cela que prescrit l'Église. … Dans la liturgie sacrée nous professons la foi catholique expressément et ouvertement… Toute la liturgie donc contient la foi catholique, en tant qu’elle atteste publiquement la foi de l'Église. » (…) « Et de même l'Église et les Saints Pères, lorsqu’ils discutaient de quelque vérité douteuse et controversée, ne négligeaient pas de demander des éclaircissements aux vénérables rites transmis depuis l’antiquité. De là vient l’axiome connu et respectable : « Legem credendi lex statuat supplicandi. Que la règle de la prière fixe la règle de la croyance. » Ainsi, la sainte liturgie ne désigne et n’établit point la foi catholique absolument et par sa propre autorité, mais plutôt, étant une profession des vérités célestes soumises au suprême magistère de l'Église, elle peut fournir des arguments et des témoignages de grande valeur pour décider d’un point particulier de la doctrine chrétienne. Que si l’on veut discerner et déterminer d’une façon absolue et générale les rapports entre la foi et la liturgie, on peut dire à juste titre : « Lex credendi legem statuat supplicandi. Que la règle de la croyance fixe la règle de la prière. » [25]

Dans l’exemple de Charles de Foucauld, ce n’est pas le sentiment, ni le geste, ni la liturgie qui ont suscité l’adhésion à la doctrine, mais l’acte volontaire de l’intelligence et du corps en réponse à la grâce proposant la foi. Par grâce divine, de Foucauld a instantanément compris qu’il devait s’humilier – et donc s’agenouiller – devant le Dieu transcendant afin de recevoir, via le prêtre, la grâce de la foi.

Enfin, l’axiome reste vrai si on le retourne en comprenant que la manière de prier influence la foi. C’est en modifiant la liturgie de la messe que Cranmer a entraîné dans le protestantisme les populations de l’Angleterre qui se croyaient encore catholiques. Certes, ce moyen ne fut pas utilisé seul ; s’y ajouta la pression du roi sur les évêques et l’autorité de ceux-ci s’exerçant sur les fidèles pour leur faire accepter les nouveautés introduites petit à petit dans la liturgie, mais le procédé fut celui que nous avons bien connu en 1969-1970 [26].

Donc que ce qui est primordial, c’est la fidélité à la doctrine et elle va de pair avec la fidélité à la liturgie traditionnelle, c’est-à-dire reçue. Au contraire, donner la prépondérance à la liturgie sans veiller à l’intégrité de la doctrine conduit fatalement à faire des concessions sur celle-ci pour pouvoir conserver celle-là. Ainsi, pour garder la messe tridentine (liberté d’ailleurs limitée par le mauvais vouloir de la plupart des évêques), les « ralliés » Ecclesia Dei se voient obligés d’accepter tout Vatican II.

Cette conclusion est confortée par les Écritures et la Tradition.

Dans les Évangiles, il est intéressant de remarquer que, durant sa vie publique, Jésus-Christ a donné la priorité à la nécessité de croire en lui. Pour confirmer ses disciples dans la foi, il frappe leurs sens par ses miracles, mais c’est la foi qui sauve, répond-il à ceux qui lui demandent la guérison avec foi [27]. À maintes reprises, il enseigne la condition du salut qui est la foi, croire en lui (cf. Mc 16,16 et Jn 3, 14-18 et 6, 40 et 47, etc.). La foi est un don de Dieu (Jn 6,44 et 64-65) qui répond à notre prière (« Seigneur, faites que je voie », Mc 10, 51-52 ou Luc 18, 41-42) ; chronologiquement, ce don est premier car c’est lui qui inspire de prier. Enfin, Jésus n’enseigne comment prier (« Seigneur, apprenez-nous à prier », Luc 11,1) que dans sa troisième année de prédication et il n’instaure l’acte liturgique principal, la Messe, que la veille de sa mort : « Faites cela en mémoire de moi. » (Luc 22, 19).

Écrivant à Timothée, saint Paul insiste à deux reprises pour qu’il « garde le dépôt de la doctrine évangélique, évitant les nouveautés profanes » (I Tim 6, 20)… car « viendra un temps où les hommes ne supporteront plus la saine doctrine, ayant aux oreilles la démangeaison d’entendre du neuf… » (II Tim 4,3). Ailleurs, il met en garde les Colossiens contre les « trompeuses subtilités de la philosophie » (Col 2, 8). N’en dirait-il pas autant aujourd’hui pour nous prémunir contre les élucubrations théologiques des néo-modernistes ?

Selon la tradition de l'Église, notre première demande au baptême est celle de la foi, c’est-à-dire l’adhésion à Dieu et à la vérité qu’Il a enseignée, sa doctrine. Ensuite vient l’acte liturgique du baptême. Et notre première affirmation est Credo, je crois, prononcée alors par nos parrain et marraine, et plus tard répétée tous les jours, avant toute prière, dans toute liturgie. La foi est d’ailleurs la condition première de la prière car « Comment invoquer Celui en qui on n’a pas encore la foi ? » (Rom 10, 14). La liturgie avec l'enseignement de la prière ne viennent que plus tard.

En conclusion, l’on ne peut que constater l’admirable cohérence : la doctrine est le trésor le plus précieux, le dépôt à garder et à transmettre tel que nous l’avons reçu et qui ne peut donc changer, si ce n’est « s’accroître en demeurant lui-même, … dans le même sens, selon le même dogme et la même pensée. » [28]

De la doctrine et de la liturgie, la première est non seulement primordiale mais aussi prépondérante. Si la doctrine est attaquée, la liturgie le sera tout autant et ne maintiendra rien. Au contraire, la saine doctrine exigera toujours une liturgie belle et sacrée qui la confortera et nous sanctifiera.

Ainsi, l’on comprend que les modernistes au pouvoir à Rome aient facilement concédé aux « ralliés Ecclesia Dei » l’usage de la liturgie non réformée par le concile, mais, en imposant leur « nouveau catéchisme » basé sur Vatican II, ils ont définitivement exclu tout exposé fidèle de la doctrine. Par étapes successives, ils ont verrouillé la doctrine conciliaire et la liturgie qui la fait assimiler. On le voit : « Les enfants de ce siècle sont plus habiles entre eux que ne le sont les enfants de lumière. » (Luc 16, 8). Prions Dieu de nous accorder la grâce de la vigilance et de la fidélité.

*          *          *

4          ANNEXE  IV  – La sortie de la crise

Si l’on admet que la cause efficiente de la crise actuelle de l'Église et de l’apostasie qui se généralise, réside dans l’enchevêtrement des erreurs entérinées par le concile Vatican II car étant des développements de la Révélation et de la Traditions vivantes, si l’on admet que sauf exceptions rarissimes, toute la hiérarchie de l'Église, pape inclus, est profondément contaminée par le néo-modernisme, égout collecteur de toutes les hérésies, alors on doit conclure qu’il n’y a plus que Dieu qui soit capable de nous sortir de cette crise. En effet, nos adversaires se sont coupés de notre langage et de nos concepts théologiques, et fermés à nos démonstrations au point que nos conversations sur ces graves désaccords resteront vraiment dialogues de sourds. Notre seul espoir réside dans « le recours aux armes surnaturelles, sans négliger pour autant toute action naturelle »[29] car, pour ressusciter Lazare, Notre-Seigneur a demandé l’intervention des hommes : « Tollite lapidem » (Jn 11, 39).

À notre niveau de simples laïcs, nous ne pouvons pratiquement qu’étudier et transmettre l’enseignement irréformable de l'Église fondé sur la Révélation et la Tradition dont le contenu, ne l’oublions jamais, ne peut évoluer ou progresser que selon la règle de saint Vincent de Lérins rappelée par le 1er concile du Vatican : que le dogme croisse en restant lui-même « dans la même croyance, dans le même sens et dans la même pensée »[30]. À vue humaine, la conversion du pape et de toute la hiérarchie est impossible. D’ailleurs, on raconte que sur son lit de mort, le cardinal Lienart déclara : « À vue humaine, l’Église est perdue » ; il était franc-maçon et avait déclenché et gagné la première bataille de procédure du concile Vatican II ; il parlait donc en connaissance de cause. Mais cette conversion se fera pourtant par puissance divine car le Christ a prédit que les puissances de l’Enfer ne prévaudront pas contre son Église. Et puis, il y aura la médiation de la Vierge Marie promise à Fatima : « A la fin, mon Cœur Immaculé triomphera ».. Car dans la défense de l'Église et de ses enfants, la Vierge Marie « Mère de l'Église », a toujours un rôle décisif à jouer.

4.1        Comment imaginer la fin de la crise de l'Église ?

Cette crise aura donc un terme mais devant la difficulté de scruter un futur des plus opaques, il est tentant de renoncer à réfléchir sur le “comment”. Certes l’avenir n’appartient qu’à Dieu. Mais ce serait fatalisme d’oublier que nous avons le devoir de réfléchir afin que notre raison guide notre volonté dans les domaines qui, dans cet avenir, seront laissés à notre libre arbitre. De fait, la réflexion sur toutes les données du problème peut nous permettre d’esquisser les grandes lignes de cette sortie de la crise ; nous pourrons ainsi éviter aussi bien un optimisme excessif dans lequel l’épreuve nous prendrait au dépourvu, qu’un pessimisme absolu engendrant désespoir et passivité.

Il est évident qu’actuellement, l'Église n’est pas la seule société à être en crise. La société civile traverse, elle aussi, une crise qui met en question la forme de sa civilisation et même de sa finalité. Il est évident que les deux dernières guerres mondiales n’ont rien résolu. Mgr Lefebvre voyait dans le funeste Concile une « troisième guerre mondiale » par les dégâts causés surtout dans les sociétés et dans l’ordre spirituel. Toutefois, il est certain que, dans l’ordre temporel, la troisième guerre mondiale est encore à venir bien qu’elle soit déjà commencée par des conflits régionaux au Moyen-Orient et en Asie, conflits dont les mobiles ne sont pas évidents et qui ne cessent de s’amplifier de mois en mois sans que l’on aperçoive le moindre signe d’apaisement. Au contraire, les impérialismes et les idéologies autant que les religions excitent des blocs de nations à s’affronter de manière violente.

Si nous limitons notre champ d’observation à la France, nous devons faire le même constat, mutatis mutandis. Tous les secteurs de la société sont atteints par une crise multiforme dont nous avons analysé quelques aspects en 1998 [31]. Aujourd’hui, dans aucun des domaines examinés alors il n’y a eu le moindre progrès ; au contraire et pour les raisons déjà exposées, les choses se sont aggravées parce que ceux qui disposaient de quelque pouvoir n’ont jamais pu s’attaquer aux causes de ces crises ; ils en étaient d’ailleurs incapables non par leur stupidité, mais par leur idéologie. C’est simplement parce que la société humaine créée par Dieu est faite pour “fonctionner” selon des règles fixées par Lui. Or à partir de la Révolution du xviiie siècle, les hommes et les nations ont rejeté Dieu, et sa loi et sa souveraineté : « Nous ne voulons plus qu’Il règne sur nous. » Il n’y a donc plus de lois stables, plus de règles morales et, partant, plus d’ordre ni dans la société, ni dans l’économie, ni dans les relations entre nations.

Or ces crises sectorielles que nous pouvons observer sont interactives et constituent un “cercle vicieux”. Par exemple, la crise politique qui est idéologique et mondialiste agit sur l’économie et l’immigration ; celle-ci modifie l’éducation et les mœurs ; et celles-ci, à leur tour, désagrègent l’ordre public, ruinent la démographie, affaiblissent la productivité des entreprises, etc.. Ainsi, ce “nœud gordien”, cet enchevêtrement de crises désorganise et menace gravement tous les rouages de la société.

On ne peut résoudre aucun de ces problèmes ni surmonter aucune de ces crises parce qu’on ne peut pas les résoudre toutes d’un seul et même coup. Et l’on ne le peut pas parce qu’on ne veut pas renoncer aux utopies de 1789 pas plus qu’on ne peut échapper aux diktats du mondialisme économique de l’Union Européenne et de l’ONU. Ces crises ne peuvent plus être résolues parce que l’Occident qui avait réalisé la civilisation chrétienne, en a rejeté les principes fondateurs, il a apostasié et aliéné sa liberté. En reniant Dieu pour le principe de la laïcité, gouvernants et gouvernés se sont durablement installés dans l’aveuglement de l’intelligence et dans le désordre social, conséquences naturelles autant que châtiments de cette infidélité. Dès lors, il n’y a plus de société stable et cohérente, mais seulement des passions antagonistes. Au gouvernement des peuples, il n’y a plus d’hommes sages et vertueux mais, majoritairement, des idéalistes détachés du réel et des ambitieux avides de pouvoir et de jouissances et dont Mammon est le maître.

«Aujourd’hui nous sommes retournés aux ténèbres du paganisme, et même sans doute bien pire que cela, parce que l’apostasie a ceci de pire par rapport au paganisme en ce qu’elle est une négation de la foi. Or une négation est toujours pire qu’un simple oubli ou que le fait de ne pas connaître une chose. »[32]. Il nous paraît certain que là se trouve la cause de cette accélération dans la décadence de nos sociétés et nations autrefois chrétiennes. Elles sont en chute libre non pas en retour à leur origines mais vers un état pire que le paganisme et qui ne peut être que la barbarie, car corruptio optimi pessima, la corruption des meilleurs est la pire.

4.2        Le monde danse sur une poudrière

N’importe quel observateur moyennement doué peut constater cette accélération du mal. Que l’on veuille bien ne considérer que l’évolution des mœurs. Ces dix dernières années, la régression a été considérable. Elle est effarante si l’on prend comme référence le début des années soixante-dix, époque où l’on constate la rupture d’équilibre [33]. C’était il y a trente ans, la durée d’une génération.

L’histoire semble être entrée dans une folle accélération. Nous en voyons deux causes : le progrès technique – ce qui n’est pas un mal en soi – et les inclinations permanentes de notre nature déchue par le péché originel qui sans cesse nous tire vers le mal.

Les moyens techniques, outils des activités humaines, se développent à une vitesse qui échappe à tout contrôle parce qu’il y a, d’un côté, une incitation naturelle à diminuer la pénibilité du travail, et de l’autre, la concurrence et la cupidité qui poussent à accroître sans cesse la productivité et les profits. Et tout naturellement encore, le progrès dans les technologies s’accélère parce qu’il résulte du caractère cumulatif de la connaissance scienti­fique : en ce domaine, rien ne s’oublie mais tout se transmet, se combine, se perfectionne. Neutres en eux-mêmes, les progrès techniques sont souvent et libéralement mis au service du mal par le Prince de ce monde et ceux qui ont choisi de servir Mammon (connaissent-ils un autre maître ?), tandis que le bien se voit très souvent privé de moyens.

L’autre facteur accélérant la vitesse de l’évolution de la société, c’est la pente donnée par notre nature déchue. Dès lors, rétablir l’ordre social, se construire soi-même en contrariant ses penchants demande beaucoup d’efforts, de constance et de temps. Est très lente la progression dans le bien, que ce soit la formation d’un homme ou l’édification d’une société ordonnée. Au contraire, dévaler, se laisser aller à sa nature et à ses passions ne demande aucun effort. Le désordre s’installe sans peine, la destruction d’une organisation, la désintégration d’une société se font terriblement vite.

Enfin, comme il est évident que la chute d’un corps est un phénomène en constante accélération, tout simplement parce que sa cause, la pesanteur, ne cesse de s’exercer, ainsi en va-t-il pour la ruine de la société ou pour l’évolution des crises que nous avons considérées. Elles ne cessent pas d’accélérer parce que leurs causes ne cessent pas de s’exercer. C’est ce que l’on constate dans les domaines de société et de politique où, depuis qu’en 1789, les hommes ont usurpé les droits et le pouvoir qui n’appartiennent qu’à Dieu, le Créateur.

Pas à pas, toutes ces crises s’acheminent donc vers le pire, vers le maximum d’instabilité. Le monde est devenu une vaste et unique poudrière où plusieurs mèches sont en attente. Certains même, qui ont pour devise Solve et coagula (décomposer et reformer), souhaitent l’explosion pour réaliser leur dessein de reconstruire un monde nouveau, un New Age. D’où partira la déflagration ? De la guerre israélo-arabe ? D’une insurrection socialo-ethnique de banlieues islamisées ? De l’implosion des bulles spéculatives causant un krach financier majeur avec la misère et les guerres civiles qui en résultent toujours ? Dieu seul le sait.

Tout est possible, sauf le retour à l’ordre stable. Au contraire, ce qui est prévisible dans le proche avenir, c’est l’explosion “accidentelle” mais qui sera l’instrument de la Providence.

4.3        L’histoire est dans la main de la Providence

Il faut à présent considérer que la décomposition de la civilisation chrétienne n’a, avec la chute des corps, que des similitudes, et rien de plus. La civilisation est un être, une chose vivante voulue par Dieu comme les hommes qui la font ; Dieu se sert d’elle pour gouverner et sauver ceux qui veulent s’unir à Lui. Dès lors, comme toute créature, la civilisation est soumise aux décrets de la Providence car l’histoire est divine [34].

Le “nœud gordien” que voyait Pompidou ne pouvant être dénoué, il fallait un Alexandre le Grand pour le trancher ; mais le nœud de crises que nous voyons n’est indestructible que pour l’homme abandonné à lui-même. La Providence agit avec une tout autre sagesse : fortiter et suaviter. Pour sauvegarder son Église au XXe siècle, voyez comment elle a protégé le Sacrifice perpétuel ; parmi plus de deux mille évêques, elle en a choisi et inspiré un, et un seul. Pour dénouer le “nœud gordien” actuel, il lui suffira de laisser agir les causes secondes de ces crises et de vouloir la destruction d’un de ces liens. Elle laissera simplement se former un petit grain de sable : « Cromwell allait ravager toute la chrétienté ; la famille royale était perdue, et la sienne à jamais puissante sans un petit grain de sable qui se mit dans son uretère. Rome même allait trembler sous lui. Mais ce gravier s’étant mis là, il est mort, sa famille abaissée, tout en paix et le roi rétabli.[35] » Par la Providence, Sagesse agissante de Dieu, il y aura un grain de sable et l’une des crises constituant le nœud gordien explosera entraînant de proche en proche l’éclatement des autres crises. Mais la cause première sera divine. Certes, la disparition des crises ne se fera pas sans souffrances car la Justice de Dieu devra s’exercer puisque des crimes massifs crient vengeance au Ciel ; que l’on songe aux six millions d’enfants assassinés rien qu’en France dans le sein de leur mère.

Les statistiques de la criminalité et de la violence urbaine et scolaire prouvent que l’instabilité de la poudrière s’accroît d’année en année comme ne cesse de croître l’impuis­sance à se réformer de la société athée. Or tout ce qui est instable finit par s’écrouler. Dans combien de temps cela surviendra-t-il ? Certainement moins d’une génération. En effet, celle qui nous suit et qui naquit dans les années soixante fut éduquée dans l’esprit amoral de mai soixante-huit ; elle est déjà aveuglée, manipulée et déchristianisée, mais elle a encore bénéficié d’une éducation un peu conservatrice dont il reste un bon fond chez la plupart. Dans le marasme actuel, elle se caractérise par le manque de jugement, de rigueur morale et de volonté. Elle n’a pour soucis que de survivre et de jouir du moment présent. Par contre, la génération suivante, née dans les années quatre-vingt, est majoritairement déboussolée, ignorante et, par l’apostasie de fait de ses parents, elle est moralement revenue à la barbarie ; dans sa grande masse, elle n’a plus ni repères, ni traditions, ni foi, ni lois. Nous la voyons occupée dans les collèges publics à injurier ses professeurs, à jouer du couteau, à se droguer et à forniquer sans retenue [36]. Dans dix ans, ces millions de jeunes seront, dans la société, la “minorité active” qui fait les révolutions. Tous, ou peu s’en faut, subiront les manipulations des médias et des hommes de l’ombre au service du Prince. Tous ces “jeunes” violents et amoraux auront pour unique mobile la satisfaction de leurs pulsions ; leurs seuls guides seront les faux principes de Liberté et d’Égalité ; leur inspirateur exclusif sera l’esprit du mal, car le Mystère d’Iniquité est plus actif que jamais. Le Prince de ce monde sait que le temps lui est mesuré et il veut perdre massivement les âmes. C’est pourquoi, dans une activité effrénée, il inspire la haine et la révolte ; il enchaîne plus étroitement ses esclaves au péché ; il exacerbe les passions pour provoquer l’explosion – guerre ou révolution, peu lui importe – qu’il sait lui être profitable

À voir ce qui se passe dans les écoles de la République et dans les “ZEP” (Zones à éducation prioritaire), on imagine aisément ce que cela donnera, aussi bien en Europe qu’en France. Or ceci ne constitue que cet aspect du désordre que nous appelons crise de l’éduca­tion et de l’enseignement qui sont pourtant les fondements de l’ordre social. Que l’on combine cela avec d’autres “crises” comme celles de l’immigration-invasion, et du chômage et l’on comprendra ce qu’est une instabilité sociale éminemment explosive[37]. De cette observation des faits, nous pouvons donc tirer cette conclusion : L’explosion aura certainement lieu dans moins d’une génération, lorsque ces masses incultes, désœuvrées, amorales et diaboliquement excitées profiteront d’une occasion favorable pour se lancer à la conquête du pouvoir et au pillage des biens qu’elles convoitent.

Ce sera l’heure du Prince des Ténèbres (Luc 22,53), mais ce sera aussi l’heure de la Justice de Dieu qui a dit : « À moi la vengeance ; c’est moi qui ferai justice » (Rom 12,19). Pour nous, fidèles, ces tribulations seront épreuves purificatrices, tandis que pour les nations apostates, elles seront châtiment. Car voilà ce qu’on oublie : Dieu châtiera les Nations lorsque débordera la coupe de sa colère. En effet : «Comme l’aimant attire le fer, le péché attire le châtiment. Les Nations n’allant pas en corps dans l’autre monde, c’est sur la terre qu’elles reçoivent la récompense de leurs vertus nationales, ou le châtiment de leurs crimes nationaux. Mais Dieu est patient ; longtemps il avertit, il supplie, il menace : avant de frapper, il attend que la mesure soit comble. Les grandes époques de l’Histoire nous montrent l’application invariable de cette double loi de miséricorde et de justice.»[38] Or il est des crimes qui offensent spécialement Dieu : ceux qui touchent ses créatures préférées, les enfants. Combien faudra-t-il de millions d’enfants assassinés dans le sein de leur mère pour que la mesure soit comble ? Dans le monde, on a déjà dépassé le chiffre du milliard. Qui osera défier la juste colère de Dieu dont on a massacré les enfants innocents ?

4.4        Dans l'Église même…

Mais alors, comment l’Église, société visible, pourra-t-elle échapper à ce cataclysme qui bouleversera tout ? Il est évident que son caractère sacré la désignera à la haine satanique ; ses hommes, son culte, ses temples et ses trésors seront des proies tentantes pour la Super Révolution qui actualisera “Les Prodiges du sacrilège” [39]. En même temps, le pouvoir religieux de Rome sera l’enjeu d’un combat violent entre les fidèles du Christ et l’ennemi intérieur que saint Pie X avait découvert « caché dans le sein même et au cœur de l'Église ».

Voilà le mal que Dieu permettra en laissant aller les causes secondes, afin d’en faire sortir un plus grand bien. Nous pensons que ce que Dieu attend pour faire justice, ce n’est pas seulement que la mesure déborde, mais que par sa Providence, tout soit prêt, terre et semences (Sanguis martyrum, semen christianorum), pour que se prépare une nouvelle moisson, une nouvelle Église qui sera celle du triomphe final promis par Notre Dame à Fatima : « À la fin, mon Cœur Immaculé triomphera ». Cette épreuve sera l’occasion d’un ultime sursaut du Pape qui, comprenant le grave désordre de son modernisme et la vanité de sa politique et n’ayant plus d’autre recours, obéira enfin à la Vierge Marie. En effet, en août 1931, Notre Seigneur avait dit à sœur Lucie de Fatima, comme en se plaignant : « Ils n’ont pas voulu écouter ma demande… Comme le Roi de France, ils s’en repentiront et ils le feront, mais ce sera tard. La Russie aura déjà répandu ses erreurs dans le monde provoquant des guerres et des persécutions contre l'Église. Le Saint-Père aura beaucoup à souffrir »[40]. Alors, le pape consacrera enfin la Russie et, miraculeusement, viendra la paix promise.

D’où viendra la victoire ? De Dieu assurément, mais par la médiation du Cœur Immaculé de sa Sainte Mère, et probablement aussi par l’action symbolique du tout petit troupeau qui, à l’instar des trois cents Gédéons, combattra pour la foi au nom du peuple catholique (Cf. Juges, chap. 7). Alors, notre part d’action sera dans la prière et le sacrifice, pratiqués en esprit de réparation, et dans l’offrande personnelle (jusqu’au martyre physique s’il le faut) pour l'exaltation de la Sainte Église et la plus grande gloire de Dieu.

4.5        L’heure de Dieu et de Notre Dame de Fatima

Enfin, la situation religieuse actuelle au Portugal offre un indice précieux de l’imminence de l’explosion qui causera le châtiment suivi de la remise en ordre de nos pays. On connaît la phrase que sœur Lucie a ajoutée au texte du secret dans son quatrième mémoire, phrase prononcée le 13 juillet 1917 par Notre Dame : «Au Portugal se conservera toujours le dogme de la foi, etc. »[41]

Or en 2001, lors d’un pèlerinage à Fatima, un prêtre de la Fraternité Saint Pie X connaissant très bien le Portugal nous a exposé quel était l’état religieux de ce pays :

·        Le Sud du pays et la région de Lisbonne sont déchristianisés comme la France.

·        Le Centre se tient dans un état moyen grâce à la dévotion mariale rayonnant de Fatima.

·        Le Nord est fidèle aux dévotions traditionnelles surtout par la pratique du chapelet, mais ignore tout de la grave crise que connaît l’Église.

·        La nouvelle génération (qui a 30 ans et moins) est matérialiste, mondaine, et en voie de déchristianisation ; elle ne pratique plus guère, surtout dans le Sud. (En 2001, un recensement a montré que la pratique religieuse dominicale était tombée à 20 % de la population, contre 26 % en 1991).

·        La messe de Paul VI est obligatoire partout et sans exception, tandis que tout le clergé adhère aux nouveautés de Vatican II. Comme partout ailleurs, l’effet, c’est la perte de la foi par la protestantisation sournoise des catholiques.

·        Présente à Fatima et à Lisbonne, la Fraternité Saint Pie X n’a que très peu de fidèles.

·        Le 15 juillet 2007, a été mise en application au Portugal la loi qui autorise l’avortement jusqu’à la dixième semaine. Cette loi approuvée par le Parlement le 8 mars fait suite à un référendum populaire et à une décision du gouvernement socialiste. C’est dire le progrès de la “décatholicisation” de ce pays pourtant favorisé par Marie.

Manifestement, les mêmes causes produisant les mêmes effets, avec quelques années de retard, le Portugal suit la France dans l’apostasie.

Dès lors, comment Notre-Dame a-t-elle pu affirmer inconditionnellement en 1917 : « Au Portugal se conservera toujours le dogme de la foi » puisque cette foi est aujourd’hui en voie de disparition ? Cela ne peut s’expliquer que si la période que la Vierge Marie considérait était limitée dans le temps. En d’autres termes : la foi se conservera toujours (ici ou là) jusqu’aux événements qui supprimeront les causes (connues) qui la font actuellement disparaître partout, même au Portugal. Et puisque la génération montante perd déjà la foi, cela signifie que ces événements – guerre civile ou 3e guerre mondiale – surviendront bien avant les trente années qui verront la disparition progressive de la génération qui précède, qui a encore la foi et qui, aujourd’hui, est âgée d’environ 60 à 70 ans.

À voir l’évolution des crises qui nous font entrevoir la nature des tribulations prochaines, l’inquiétude est humaine. Cependant, parce que nous sommes comme des enfants confiants dans la miséricordieuse puissance de leur Père et dans la sage bonté de sa Providence, nous pouvons nous réjouir, d’ores et déjà, car voici ce que disait le Seigneur quant aux grandes épreuves à venir «Ne vous effrayez pas, car il faut que cela arrive d’abord, mais la fin ne viendra pas de sitôt [42] (...) Quand tout cela commencera de se produire, redressez-vous et relevez la tête, car votre délivrance approche.» (S. Luc 21, 9 et 28).

*          *          *

Table des matières

1      Annexe  I - Révélation et Tradition vivantes selon la conception subjective et moderniste du cardinal Ratzinger 2

2      Annexe  II - L’abbé grégoire Celier d’après ses œuvres. 3

3      Annexe  III - Liturgie ou Doctrine ? – Quelle est la  Priorité ?. 8

4      ANNEXE  IV  – La sortie de la crise. 10

4.1        Comment imaginer la fin de la crise de l'Église ?. 10

4.2        Le monde danse sur une poudrière. 11

4.3        L’histoire est dans la main de la Providence. 12

4.4        Dans l'Église même…... 13

4.5        L’heure de Dieu et de Notre Dame de Fatima. 14

Paul Chaussée, le 16 juillet 2007

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[1] http://www.virgo-maria.org/articles/2007/VM-2007-07-28-A-00-Chaussee-n1.pdf

[2] Mgr Williamson qui refait surface. Nous allons y revenir

[3] http://www.virgo-maria.org/articles/2007/VM-2007-07-28-A-00-Chaussee-n1.pdf

[4] Joseph Cardinal Ratzinger, Ma vie – Souvenirs (1927-1997), Fayard 1998. Dans son n° 207, décembre 1998, sous le titre: « Les souvenirs d’un “nouveau théologien”, le Courrier de Rome – Si si No no met en relief « quelques points utiles pour comprendre la crise actuelle de l'Église ». Cette analyse détaillée et fort éclairante occupe les huit pages de ce numéro.

[5] On remarquera que le jeune Karol Wojtyla, futur pape Jean-Paul II, souffrit également par la guerre d’une formation lacunaire en théologie et philosophie, mais qui n’empêcha point sa rapide ascension dans la hiérarchie.

[6] Voyez Courrier de Rome (B.P. 156, 78001 Versailles Cedex) n° 207, décembre 1998, p. 5. Cette étude critique est longue et nous en citons en Annexe I les passages importants permettant au lecteur de se faire une opinion sur les conceptions erronées que Benoît XVI a de la Révélation et de la Tradition. L’auteur cite l’autobiographie du cardinal Ratzinger et rappelle les réfutations de ces erreurs selon la théologie traditionnelle de l'Église, réfutations que nous n’avons pas reproduites ici car s’éloignant du sujet de la présente étude.

[7] Or le Décret Lamentabili (Pie X, 3 juillet 1907) réprouve et proscrit la proposition : « La Révélation qui constitue l’objet de la foi catholique n’a pas été complète avec les Apôtres. » (Proposition XXI).

[8] Catéchèse de l’audience générale du mercredi 26 avril 2006 (source zenit), commentée in Le Sel de la terre n° 61, Été 2007, p. 187-189.

[9] Elle a été reproduite dans Nouvelle revue Certitudes (abbé G. de Tanoüarn) n° 4, 2000, p. 69 à 76.

[10] Note de Virgo-Maria.org : nous savons maintenant que l’abbé Celier a emprunté cette citation au rocker sataniste et drogué Jim Morrison. Lire le message VM : http://www.virgo-maria.org/articles/2007/VM-2007-07-17-A-00-Abbe-Celier-Jim-Morrison.pdf

[11] Nous avons publié une critique exhaustive de ce livre dans Cahiers de Chiré n° 19, DPF 2004, p.129-153.

[12] Voir en 1ère partie de cette étude, p. 8 et note 19.

[13] Saint Augustin, La Cité de Dieu, Livre xiv, chap. xxviii.

[14] Saint Ignace de Loyola, Exercices spirituels, § 136 et sq.

[15] « Notre but final est celui de Voltaire et de la Révolution française, l’anéantissement à tout jamais du Catholicisme et même de l’idée chrétienne… ». Instruction permanente de la Haute Vente en 1819 citée par Crétineau-Joly

[16] Léon xiii, Encyclique Humanum Genus (1884), § 47 à 49.

[17] Cf. Introïbo n° 13 (1976) p. 2 (A.N.P. rue Delaâge, Angers). – Sous la Bannière n°19 (1988) p. 20-21.

[18] « Supporter les faux frères » est, avec la patience, classé par saint Benoît au 4e degré de l’humilité dans sa règle (chapitre 7). Cf. commentaire de Dom Jean de Monléon, o.s.b., in Les XII degrés de l’humilité.

[19] Texte exact : « ut  legem  credendi  lex  statuat  supplicandi » Cf. : Les Capitula pseudo-Caelestina (435-442), rappel des textes du magistère contre les pélagiens, faussement attribué au pape st. Célestin Ier. (DzS 246 et FC 537).

[20] Les Moines de Solesmes in Les Enseignements pontificaux – La Liturgie, Desclée 1954, Introduction.

[21] Blaise Pascal, Pensées, 424-278.

[22] La Nouvelle Théologie, Publications du Courrier de Rome, 1994, p. 43.

[23] Marguerite Castillon du Perron, in Charles de Foucauld, Grasset 1982, p. 153.

[24] Saint Pie X, Encyclique Pascendi Dominici Gregis, § 15 et 17. En effet, la foi n’est ni un sentiment, ni une expérience religieuse, mais la vertu surnaturelle par laquelle, avec l’inspiration de Dieu et l’aide de sa grâce, nous croyons que ce qu’Il a révélé et enseigné par son Église est vrai, non à cause du jugement de notre raison, mais à cause de l’autorité même de Dieu, qui ne peut ni se tromper ni nous tromper.

[25] Pie XII, Encyclique Mediator Dei et Hominum sur la Sainte Liturgie, 20 novembre 1947, § 23.

[26] Cf. Michael Davies in La réforme liturgique anglicane, Clovis 2004. Cet ouvrage décrit le processus de protestanti­sation en douceur de l’Angleterre au xvie s. Toutefois, nous déplorons que cette traduction ne comprenne pas la comparaison que fit l’auteur entre le procédé de Cranmer et l’imposition de la messe de Paul VI en 1969.

[27] Cf. Abbé Vigouroux in Manuel Biblique, t. III p. 352 et notes 4, 5, et 6.

[28] Saint Vincent de Lérins, in Commonitorium II, XXIII, « In eodem scilicet dogmate, eodem sensu, eademque sententia », phrase capitale citée par le Ier concile du Vatican, et par le serment anti-moderniste. (DzS 3020, FC 103).

[29] Mgr Bernard Fellay, La dimension surnaturelle de notre combat doctrinal, in Actes du Congrès théologique de Si si no no, déc. 1994, Courrier de Rome 1995 p. 207 à 211, texte très important qu’il faut lire et relire pour comprendre, et le niveau où se situe notre combat, et les moyens à mettre en œuvre.

[30] S. Vincent de Lérins, Commonitorium I, chap. 23 ; cité par le Ier concile du Vatican, Constitution Dei Filius, c. 4. DzS 3020 – FC 103.

[31] Paul Chaussée in Miracle et message du Saint Suaire, 1999, Deuxième partie : L’agonie de la civilisation chrétienne, chapitres 4 à 13.

[32] Abbé Selegny au congrès de l’ACIM (Association catholique des infirmières et médecins), 1984, cité in Cahiers Saint Raphaël n° 37 p. 37.

[33] Cf. Miracle et message du Saint Suaire, graphiques de l’évolution de l’apostasie et des effets, p. 416-417.

[34] Cf. La Providence divine du Cœur de Jésus, chapitre 5.

[35] Blaise Pascal, Pensées, 750-176.

[36] Selon Luc Ferry, ex-ministre de l’Éducation nationale, 150 000 jeunes quittent chaque année le collège à 16 ans, sans diplôme ni rien, après avoir échoué en tout. Explication : 20 % des enfants entrant en 6e ne savent ni lire ni écrire correctement, proportion qui a doublé en huit ans. Mais à l’école, ces adolescents ont appris à haïr l’autorité et la société, et à obtenir sans travail mais par violences et trafics tout ce qu’ils convoitent. On les voit constituant gangs et mafias dans les banlieues. (Valeurs actuelles 8.11.2002)

[37] La description de ce mécanisme social est non pas apocalyptique mais simplement réaliste et fondée sur la loi que les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets. L’apocalypse, c’est autre chose et cela viendra plus tard, en son temps, après le temps du triomphe du Cœur Immaculé de Marie annoncé par Elle à La Salette comme à Fatima.

[38] Mgr Gaume, in Le Testament de Pierre le Grand ou la clef de l’avenir, (1877). Cf. La Providence divine du Cœur de Jésus, chap. 10, p. 124. Cf. aussi Père A. Philippe citant les actes du Magistère in Catéchisme des droits divins dans l’ordre social, 1986, p. 50-55. On en trouve confirmation dans Bossuet (Maximes politiques, p. 115-116), dans Dom Guéranger, (L’Année liturgique, Septuagésime, DMM, p. 51-52), dans Théotime de Saint-Just citant le Cardinal Pie (La Royauté sociale de N.S. Jésus-Christ, DPF 1988, p. 60-63). Voyez aussi dans Miracle et message… p. 173, en quels termes Pie XII jugeait nécessaire dès ici-bas le juste châtiment par Dieu des innombrables crimes des nations.

[39] Titre de l’ouvrage de Jean Dumont, Criterion 1984 qui décrit le caractère antireligieux de 1789. On retrouve ce caractère dans toutes les autres révolutions en France (1830, 1848, 1871) et en Russie (1917).

[40] Cf. Fr. Michel in Toute la vérité sur Fatima, t. II, p. 345, ou Fr. François in Fatima joie intime, p. 213. Dans les Mémoires de Sœur Lucie en langue française, l’on trouve les traductions erronées : ce sera bien tard ou ce sera trop tard. Vérification faite, la version conforme aux originaux portugais est : «  ce sera tard ».

[41] Cet etc. remplace le texte du 3e secret qui n’aurait été dévoilé qu’en 2000. Curieusement, ce sont les deux premières parties du 3e mémoire que le Vatican a choisi de divulguer le 26 juin 2000 ; pourquoi ? Parce que cette version ne comporte pas la phrase révélatrice ajoutée par Sœur Lucie dans son 4e mémoire.

[42] Les événements prochains que nous avons évoqués ne seront pas la fin du monde mais, sous forme de guerres civiles ou de 3e guerre mondiale, le châtiment des nations apostates et la remise en ordre de la société (Cf. Message de La Salette). La fin du monde ne viendra que lorsque l’Évangile aura été prêché dans tout l’univers, après la conversion du peuple juif et alors que le monde sera en paix et en sécurité (cf. I Thess 5,3). Alors viendra l’Antéchrist et la fin du monde. Cf. abbé Arminjon in Fin du monde présent (1882), p. 21 à 25 (réédité par DFT, BP 28, 35370 Argentré du Plessis).