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Gaude, Maria Virgo, cunctas hæreses sola interemisti.
(Tractus Missæ Salve Sancta Parens)
150 ans de subversion mondialiste anti-catholique
mardi 2 octobre 2007
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Genèse Muggeridge n°1
La « Golden Dawn » et l’occulto-mondialiste anglo-saxon
La préhistoire de la Fabian Society et des loges illuministes Anglicano-Rose+Croix
Importance et finalités de cette étude de l’arrière plan du Mentor de Mgr Williamson
L’étude[1] du Mentor de l’ancien Anglican Mgr Williamson, le Fabien (repenti ?) Malcolm Muggeridge, nous a amené à mettre à jour tout un réseau où s’entremêlent diverses influences : la Fabian Society et les milieux mondialistes et occultistes, l’Anglicanisme de la High Church, les Frères de Plymouth et les milieux Ecclesia Dei anglo-saxons.
Nous poursuivons notre étude sur ces milieux et tout particulièrement leur genèse et les circonstances historiques et idéologiques qui les ont fait éclore.
Cet approfondissement doit nous faire mieux comprendre comment fonctionne depuis plus de 150 ans, tout à la fois le mondialisme et la révolution contre l’Eglise catholique jusqu’à la mort de Pie XII et l’occupation de la Chaire de Pierre, puis le concile Vatican II et ensuite l’infiltration de la réaction que représente l’œuvre de Mgr Lefebvre : la Fraternité sacerdotale Saint Pie X.
Une telle étude va rendre plus familière l’environnement du maître à penser de l’ancien Anglican Mgr Williamson, le Fabien (repenti ?) Malcolm Muggeridge et révéler ce dont l’évêque britannique sacré en 1988 par Mgr Lefebvre (sur les conseils de qui ?), n’a jamais voulu parler.
Elle doit aussi nous permettre d’affronter les évènements troublés qui arrivent en raison de l’évolution du contexte géopolitique international, véritable châtiment de Dieu annoncé par Notre Dame à La Salette, au cours duquel, il est très prévisible que la confusion va être à son comble et les faux prophètes plus séducteurs et plus subtils que jamais.
Nous pouvons penser que, vu ce que nous connaissons désormais sur les origines et l’entourage de Mgr Williamson, sur sa jeunesse et ses prises de position, tout particulièrement depuis la mort de Mgr Lefebvre, que l’ancien Anglican devenu évêque sera l’un de ces faux prophètes, un deus ex machina, préparé de longue date à assumer ce rôle de faux opposant au ralliement et de fausse boussole dans les drames qui menacent de s’abattre non seulement sur la FSSPX ou sur la France mais aussi sur le monde, car ces évènements seront mondiaux.
Pour commencer cette étude, nous nous appuierons sur les faits rendus publics par le collectif italien Epiphanius, dans son ouvrage ‘Maçonnerie et société secrètes : le côté caché de l’histoire’ (édition du Courrier de Rome, 2005) toujours diffusé par la FSSPX, pour combien de temps encore ?
Dans ce « Genèse Muggeridge n°1 », nous examinons les faits qui dépeignent les sociétés secrètes illuministes européennes au XIX° siècle.
Continuons le bon combat
Abbé Marchiset
EPIPHANIUS
Maçonnerie et sectes secrètes : le côté caché de l’Histoire
Publications de Courrier de Rome, 2è édition, 2005,
N.B. Tous les gras sont dans le livre.
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CHAPITRE XI - LES SOCIÉTÉS SECRÈTES EUROPÉENNES
Entre 1865, année de la mort de Palmerston, et 1890, le rosicrucianisme connut en Europe une effervescente reviviscence. De puissantes sociétés secrètes apparurent sur la scène européenne en opposition à la suprématie palladiste américaine, tout en se mouvant dans le «Système» dont les lignes directrices étaient désormais irréversiblement déterminées et orientées vers la réalisation d'un Gouvernement Mondial synarchique.
L'antagonisme entre les deux rives de l'Atlantique se mesurait aux différents destins assignés à l'Europe : Etats-Unis d'Europe sous le haut patronat palladiste ou Fédération continentale républicaine inspirée des sectes européennes émergentes. Divergence par ailleurs encore d'actualité dans les compétitions politico-économiques compliquées par une présence soviétique encombrante, dont cependant les hautes sociétés secrètes peuvent aussi bien exalter la naissance que l'écroulement. La crise éclata précisément en 1893 quand, après la mort de Pike, on voulut transférer le «Pontificat Dogmatique» palladiste de Charleston à Rome chez Adriano Lemmi [2], désigné par Pike lui-même pour sa succession comme Grand Maître du Directoire Politique du Palladisme. Le «Convent» se tint à Rome au Palais Borghese, à
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l'équinoxe d'automne - début de l'année maçonnique - avec la participation de 77 délégués. Ce congrès fut marqué par des désordres, des démissions, des schismes promptement résorbés, indice clair d'une opposition active dans l'Amérique elle-même.
1. La «Societas Rosicruciana in Anglia» (S.R.I.A.)
L'importance capitale du Palladisme et sa grande influence à travers les Conseils Suprêmes des 33 n'empêcha donc pas l'apparition en Europe, dans la seconde moitié du XIXè siècle, de très ésotériques et très virulentes sociétés secrètes. Il n'est pas possible d'en ignorer l'existence sous peine de rendre incompréhensibles les mouvements mondialistes qui se sont affirmés en Europe surtout au lendemain de la Première Guerre mondiale.
En 1865 on vit la naissance à Londres de la «Societas Rosicruciana in Anglia» à l'initiative du dignitaire de la maçonnerie écossaise Robert Wentworth Little entouré de Hargrave Jennings (1817-1890) et de Kenneth R.H. Mac Kenzie. Elle était réservée exclusivement à des membres de la maçonnerie qui possédaient au moins le grade de maître et se limitait à 144 membres[3]. La S.R.I.A. était articulée en neuf degrés initiatiques empruntés à la Rose-Croix d'Or allemande du XVIIIè siècle et se fixait pour objectif d'encourager et de faire avancer la recherche et les études ésotéro-occultistes. En réalité, comme le fait noter Vannoni[4], «leur "bible" était "The Rosicrucians, their Rites and Mysteries" de Hargrave Jennings, œuvre dans laquelle on soutenait, en attribuant une signification féminine à la rose et phallique à la croix, que le secret des Rose-Croix était de nature sexuelle»[5].
En 1871 la S.R.I.A. eut comme «Imperator» Edward Robert Lytton (1803-1873), plus connu sous le nom de Lord Bulwer-Lytton, membre éminent du Parlement britannique, ministre des Colonies durant la Seconde Guerre de l'opium, et auteur de romans à succès comme «Les derniers jours de Pompéi»,
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une vulgarisation du culte d'Isis[6] adopté comme support idéologique du trafic d'opium[7], «Rienzi» et le fameux «Vril, le pouvoir de la race future» écrit en 1873[8]. Bulwer-Lytton influença par son racisme le sociologue John Ruskin qui, en 1870, créa à Oxford un courant initiatique imbu de pananglisme raciste dont la finalité était d'imposer au monde la suprématie anglo-saxonne à travers une application de fer des principes socialistes aux nations. Sous l'impulsion de semblables doctrines naquit peu après la Fabian Society dont le but était d'étendre le socialisme aux institutions et aux cadres dirigeants de l'époque dans le courant d'une tradition qui, à travers Sir Alfred Milner et Cecil Rhodes, conduirait aux agglomérats financiers et du pouvoir de la Round Table et de là, en 1919, au Royal lnstitute of International Affairs (R.I.A.A.) plus connu sous le nom de Chatham House.
Un membre important de la S.R.I.A. fut Rudyard Kipling, fervent maçon[9], et Eliphas Levy Zahed (1810-1875), pseudonyme judaïsant qu'acquit en 1854 Alphonse-Louis Constant, un prêtre apostat qui est habituellement considéré comme l'innovateur et le divulgateur de l'occultisme des temps modernes[10] ; il écrivit des brochures ardentes contre l'Église, l'État et
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l'ordre social et fut l'auteur d'un épais ouvrage en deux volumes : «Dogme et Rituel de Haute Magie», terminé en 1856, l'année même où «il se serait livré avec Bulwer-Lytton à des expériences théurgiques qui donnèrent lieu à l'apparition de deux entités : un certain Joannès et Appollonius de Tyana[11] dont ils reçurent un enseignement»[12]. Eliphas Levy, en 1871, écrivit «La Clé des Grands Mystères», son œuvre la plus cabalistique, dans une tentative de «désocculter l'occulte» à travers des révélations tirées des diverses «Claviculae Salomonis» de Sepher Jezirah et Zohar. Au lendemain de son second séjour en Angleterre il semble digne de foi que la S.R.I.A. lui ait conféré le titre de «Grand Empereur». Il faut rappeler que le même Eliphas Levi fut l'initiateur à l'occultisme cabalistique «chrétien» du mage noir martiniste Stanislas de Guaita et qu'on lui doit la déclaration selon laquelle : «les rites religieux de tous les illuminés, Jacob Boehme, Swedenborg, Saint-Martin, sont tirés de la cabale et toutes les associations maçonniques lui doivent leurs secrets et leurs symboles»[13]. (Affirmation reprise par le palladiste Pike in «Morals and Dogma», œuvre qui d'après Guénon dérive directement de la pensée de Eliphas Levi).
Mais le Grand Maître le plus illustre de la S.R.I.A. fut incontestablement le Dr William Wynn Westcott (1849-1919), secrétaire du Rite maçonnique de Swedenborg, mage noir auteur de nombreuses œuvres cabalistiques et hermétiques et d'une «Historv of the Society rosicruciana in Anglia» (Londres, 1900), cofondateur avec trois autres membres de la S.R.I.A., S.L. Mathers, Woodman et A.F.A. Woodford, d'un cénacle plus restreint, une organisation communément connue sous le nom de Golden Dawn ou Aube d'Or.
2. La «Golden Dawn»
Rejeton virulent de l'arbre rosicrucien, l'«Hermetic Brotherhood of the Golden Dawn» (Fraternité hermétique de l'Aube d'Or) naquit en 1887 à Keighley, ville située près de Manchester, en déclarant par la bouche de ses fondateurs sa volonté de pratiquer de façon plus efficace la vie active de la magie dans la fidélité à l'idéal enseigné par les Rose-Croix du XVIIè siècle[14].
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En 1888 le premier temple de la «Golden Dawn» fut constitué à Londres, sous le nom d'Isis-Urania. On y pratiquait le culte d'«Isis» « organisé sur la base du livre "Isis dévoilée" que l'occultiste russe Blavatskv avait écrit en 1877. Dans ce livre, l'auteur lançait un appel à l'aristocratie britannique pour qu'elle s'organise en une secte sacerdotale d'Isis»[15]. D'autres temples de la Golden Dawn furent construits à Bradford (temple d'Horus), à Édimbourg (temple de Amon-Ra) et en 1894 à Paris (temple d'Ahatoor). La société comprenait trois Ordres et onze degrés : le premier appelé «Golden Dawn in the Outer» (= à l'Extérieur), le cercle le moins ésotérique, le plus extérieur, articulé en cinq grades inférieurs ; le second Ordre «de la Rose Rouge et de la Croix d'Or» avec trois grades intermédiaires, tandis que le troisième ordre était réservé aux Chefs Secrets avec les trois grades de Magister Templi, Magus et Ipsissimus. Le nom de la Golden Dawn s'accompagnait toujours de son équivalent juif «Chebreth Zerech aur Bokher» tandis que le symbolisme se référait à celui en usage chez les Égyptiens, les Grecs, la mythologie hindoue et, naturellement, la Cabale juive. De plus, dans la Golden Dawn, comme dans le Martinisme, les véritables chefs étaient considérés être les Supérieurs Inconnus, «des êtres invisibles qui, sans corps physique, transmettent cependant des pouvoirs à leurs adeptes»[16].
La Golden Dawn entretenait d'étroits rapports avec la «Stella matutina», une des sociétés lucifériennes les plus fermées, cénacle restreint de mages à leur tour liés à la Société théosophique. Parmi les personnages éminents de la Golden Dawn, une place à part est occupée par Samuel Liddell Mathers (1854-1918), alias comte de Gleustroë, alias Mac Gregor Mathers. Très versé en sciences occultes, il fut théosophe et membre du cercle intérieur de l'Ordo Templis Orientis (O.T.O.)[17], société qui dérivait de
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l'illuminisme[18] et des Rose-Croix et dans laquelle on pratiquait une magie sexuelle d'importation orientale encore connue sous le nom de magie rouge ou tantrique. Mathers vivait à Paris avec sa femme Moina, une médium sœur de Henri Bergson, le philosophe des modernistes, premier président du Comité de Coopération Intellectuelle de Paris (une section de la Société des Nations), préfiguration de l'U.N.E.S.C.O.
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En 1900 ce fut toujours Mathers qui initia à Paris le plus fameux mage noir du siècle, le martiniste Edward Alexander («Aleister») Crowley (1875-1947), évêque de l'Église Gnostique et haut dignitaire du rite égyptien de Memphis-Misraïm ; quoi qu'il en soit, peu après, une profonde et inguérissable fracture se produisit entre Mathers et Crowley[19].
ALMANACH MAÇONNIQUE DE L'EUROPE
EUROPEAN MASONIC CALENDAR
AGIS-VERLAG BADEN-BADEN
EDITIONS JEAN VITIANO • PARIS
L'almanach maçonnique d'Europe indique l'Ordo Templi Orientis (O.T.O.) comme Ordo Illuminatorum avec son siège à Stein dans le canton suisse d'Appenzell [20]. Résurgence illuministe, confirmée aussi par le martiniste Pierre Mariel, qui se constitua vers la fin du XIXè siècle'[21]. Selon Calliari le centre de l'Illuminatisme en Amérique est depuis 1921 à Beverly Hall en Pennsylvanie ; ses membres n'auraient pas renoncé aux véritables buts ultimes de la secte[22].
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Crowley était farouchement anti-chrétien et aimait se définir, selon le texte de l'apocalypse, «La Grande Bête», signant ses écrits du nombre de l'Antéchrist 666[23].
Le mage noir Aleister Crowley (1875-1947).
Il fut le réorganisateur, vers 1921, de l'O.T.O. «colorant de noir la magie sexuelle pratiquée par les adeptes du Temple»[24].
L'influence de la Golden Dawn sur les affaires européennes fut des plus importantes : il suffit de dire que quelques auteurs considèrent qu'elle a été «le levain du nazisme» et que de ses rangs sont sortis plusieurs chefs historiques du mouvement[25]. On en a une preuve supplémentaire si l'on note le fait paradoxal, rapporté par Gerson, d'une Gestapo qui persécutait impitoyablement les loges des maçonneries inférieures et qui n'effectua jamais ne serait-ce qu'une seule perquisition dans le temple de la Golden Dawn situé au cœur même de Berlin ; Crowley lui-même, mourant de la drogue en 1947, affichait encore une profonde sympathie pour Sir Oswald Mosley, membre de la Fabian Society et chef de ce qui était alors le parti fasciste britannique. Le rôle de la Golden Dawn dans
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la création et la diffusion de la «culture» de la drogue, qui en est aujourd'hui à son paroxysme, fut des plus significatifs. De ses rangs sortit Aldous Huxley, frère de Sir Julian, premier directeur général de l'U.N.E.S.C.O., et neveu de Thomas Huxley, un des fondateurs de la Round Table.
Aldous Huxley, avec son frère Julian, eut pour tuteur à Oxford H.G. Wells, membre lui aussi de la Golden Dawn, qui le présenta à Aleister Crowley. Entre-temps Aldous avait été initié aux «Fils du Soleil», secte dionysiaque à laquelle appartenaient les fils de l'élite de la Round Table britannique[26]. Aleister Crowley l'introduisit auprès de la Golden Dawn et en 1929 lui fit connaître les drogues psychédéliques, de telle sorte que, vers la fin des années trente, Huxley, en collaboration avec Christopher Isherwood, Thomas Mann et sa fille, Elisabeth Mann-Borghese née en 1918, jeta les bases de ce qui serait la culture du L.S.D., dans le cadre du culte d'Isis.
Le livre déjà cité «Drogue S.P.A.» affirme que le lancement du L.S.D. - un produit de la société pharmaceutique Sandoz, propriété des financiers Warburg - comme instrument de fermentation de la jeunesse, eut lieu grâce à Aldous Huxley, au recteur de l'université de Chicago Robert Hutchins (à partir de la fin des années cinquante, grâce aussi à des personnages comme Timothy Leary, le gourou du L.S.D. qui agissait en rapport étroit avec Huxley) et Allen Dulles, chef de la C.I.A., et dans le cadre d'un plan mis en place par la C.I.A. elle-même, dans la période comprise entre 1948 et 1962. Ce plan nommé «Mk-Ultra», tendait au contrôle de la pensée humaine, en parcourant des voies tout à fait nouvelles telles que la diffusion massive de la pornographie et de la drogue. On apprend de la même source que, des cultes d'Isis qui se développaient entre-temps en Californie, émergèrent des personnages comme Bateson, le créateur des hippies, et Ken Kesey, auteur du roman «Vol au-dessus d'un nid de coucous», fondateur d'un groupe d'initiés au L.S.D. «The Merrv Prankster» (= le joyeux farceur) qui diffusèrent aux U.S.A. la contre-culture du désengagement moral, de l'acid rock et de la drogue.
Parmi les membres éminents de la Golden Dawn on peut noter : Israël Regardie, anglais auteur du livre «The Golden Dawn», somme authentique de théurgie cabalistique ; Florence Farr, ami intime de Bernard Shaw ; Gerald Kelly, président de la Royal Academy ; Arthur Edward Waite, spécialiste des Rose-Croix, maçon fondateur de la Fellowship of the
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Rosy Cross (= Confraternité de la Rose-Croix) et directeur d'un ordre rosicrucien «intérieur» ultrasecret, appelé «Ordo Sanctissimus Rosae et Aureae Crucis», dont le nombre de membres ne pouvait dépasser la demi-douzaine[27]; des poètes comme Thomas S. Eliott et William Butler Yeats, Bram Stocker, créateur du personnage Dracula ; Herbert G. Wells, homme lié à la Haute Finance mondialiste ; Arthur Machen, l'écrivain anglais pour lequel les seules réalités qui comptaient étaient la sainteté et la sorcellerie, tandis que celui qui n'appartenait pas à l'une de ces deux catégories était, pour lui, un «négligeable» ; Rudolph Hess - le haut dignitaire nazi - et Karl Haushofer, le théoricien de l’«espace vital» germanique, et son fils Albrecht, et, on le dit - mais la nouvelle manque de confirmations sérieuses - Hitler lui-même[28].
3. L'Ordre Cabalistique de la Rose-Croix - L'Anthroposophie
L'Ordre Cabalistique de la Rose-Croix fut créé en 1888, comme société qui se superposait à l'Ordre Martiniste, par le mage noir Stanislas de Guaita et par Joséphin Péladan, dit le Sâr, qui en fut probablement aussi l'inspirateur[29]. Dirigé par un Conseil Suprême de 12 membres, parmi lesquels le célèbre mage martiniste Papus (Gérard Encausse), Paul Adam F. Barlet, Péladan, déjà cité, Yvonne Leloup, plus connue sous le pseudonyme de Sédir[30], un ex-abbé, Calixte Melinge (1842-1933), appelé Dr Alta, Marc Haven et Augustin Chaboseau, il exigeait que ses adeptes proviennent du troisième et dernier degré martiniste. L'enseignement était articulé en trois niveaux et donnait accès, moyennant des épreuves académiques de contrôle, aux titres de baccalauréat, licence et doctorat en cabale.
Les doctrines particulièrement vénérées étaient les doctrines maçonniques, le boudhisme et l'hindouisme ; une telle orientation exclusive fut refusée par Joséphin Péladan (1859-1918) qui, en 1890, créa un Ordre dit de la Rose-Croix du Temple et du Graal, connu sous le nom de Rose-Croix Catholique. La Rose-Croix Catholique se proposait explicitement la recherche d'une synthèse entre l'occultisme et le catholicisme ; d'où l'accusation de tra
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Couverture de la Constitution de l'Ordo Templi Orientis. On notera la devise essentiellement rosicrucienne I.N.R.I. (Igue Natura Renovatur lntegra = A travers le feu - c'est-à-dire l'esprit - la nature est renouvelée entièrement.)
hison de sa mission que Péladan adressait au Pape et aux cardinaux coupables, selon lui, de limiter le catholicisme aux simples aspects exclusivement dogmatiques et exotériques. Selon Marie-France James, spécialiste en occultisme, la Rose-Croix Catholique, tout en influençant les cercles artistiques de l'époque, eut une vie très éphémère, ne réussissant pas à survivre à son fondateur.
En 1891 le mage Papus, qui avait succédé à De Guaita à la direction de l'ordre Cabalistique de la Rose-Croix, procéda au renouvellement de l'ordre Martiniste, et à partir de ce moment l'Ordre Cabalistique de la Rose-Croix
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entra «en sommeil» se cachant derrière l'Ordre Martiniste dans le secret le plus impénétrable ; en 1898 le nombre de loges martinistes dans la seule vieille Europe est de 94, alors que pour les Amériques il ne dépasse pas 18.
Pour comprendre l'importance de l'Ordre Cabalistique de la Rose-Croix, malgré la rareté des documents disponibles[31], on doit avoir présent à l'esprit que Stanislas de Guaita fut un ardent partisan de la Synarchie, vue comme l'avènement d'un spiritualisme qui conduit au royaume de Dieu (c'est-à-dire en clair au Gouvernement Mondial) et y culmine en s'inspirant des doctrines martinistes. Dans cet esprit, selon le spécialiste renommé des religions Henri-Charles Puech, Guaita fonde l'Ordre Cabalistique de la Rose-Croix[32], instrument d'une révolution religieuse souterraine pour substituer au pontificat de Pierre, fondé sur l'amour évangélique, celui de Jean, dirigé par l'esprit d'autorité.
«Dans une telle substitution – observe Vannoni – l'Ordre Cabalistique de la Rose-Croix peut s'enorgueillir d'une priorité déconcertante et apparaître comme une préfiguration de certaines orientations répandues dans le monde catholique contemporain, d'autant plus que son Grand Maître confiait à l'occultiste Péladan qu'il avait été ordonné "prêtre occulte" selon le rituel catholique romain, comme du reste "tous les adeptes du troisième degré", et qu'il avait reçu le pouvoir d'exercer le culte in secretis, "magiquement et non sacerdotalement"»[33].
A ces ordres rosicruciens s'unirent par des liens divers et à différentes périodes d'autres sociétés occultes, comme l'«O.T.O.» déjà mentionnée et la «Société Anthroposophique»[34] de Rudolf Steiner, voie «européenne» de la Théosophie américaine, et dont Steiner se proclamait «Imperator». Steiner (1861-1925) provenait de l'O.T.O. et de la Société Théosophique, société occulte fondée à New York en 1875 par Helena Petrovna Blavatsky, une disciple du Rose-Croix Bulwer-Lytton animée d'une haine profonde et viscérale envers le christianisme[35]. Steiner, ravi à l'idée d'un renouvellement du christianisme à la lumière du boudhisme ésotérique, établit son mouvement directement sur l'ésotérisme chrétien et en adressant à l'Eglise Catholique la même accusation que
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Péladan : l'Eglise avait trahi sa mission en déformant le message initial de son fondateur, se vouant ainsi à une disparition rapide que seule l'Anthroposophie pouvait éviter en en renouvelant les contenus[36]. Ainsi le Christ, Seconde Personne Divine pour les catholiques, devient, dans l'Anthroposophie, un personnage qui joue un rôle spécial d'équilibre en tempérant d'un côté l'ardeur de Lucifer et de l'autre la froide intelligence du démon Ariman[37]. Homme de qualités intellectuelles exceptionnelles, pédagogue prodigieux et écrivain fécond, Steiner fut le chef de la Société Théosophique en Allemagne, y fondant en 1902 la revue «Lucifer», qui en 1904 prit le titre de «Lucifer-Gnosis». Selon ses biographes Steiner eut un «Guide» que Édouard Schuré, le fameux théosophe et philosophe protestant français (1841-1929)[38], auteur en 1889 du livre «Les Grands Initiés» décrivait ainsi :
«Le Maître de Rudolf Steiner était un de ces hommes puissants qui vivent sous le masque d'un état civil quelconque, pour accomplir une mission connue seulement de leurs pairs. Ils n'agissent jamais ouvertement sur les événements humains»[39].
C'est là un fait vraiment préoccupant si on le confronte avec la description que fait le martiniste Mariel des Supérieurs Inconnus[40], quand, dissertant sur leur nature, il se demande s'ils sont «des hommes de chair, ou bien des génies, entités ou démons» et il conclut que «la Doctrine Secrète de Helena Petrovna Blavatsky nous donne sinon des certitudes, au moins des approximations intéressantes»[41]. Il suffit alors seulement de rappeler que dans cette œuvre Satan
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est traité comme «le Dieu, le seul Dieu de notre planète» et ailleurs qu'«il n'est qu'une seule chose avec le Logos», de sorte que «l'Église en maudissant Satan... maudit Dieu... ou la Sagesse qui s'est révélée comme la Lumière et l'Ombre, le Bien et le Mal dans la Nature...»[42].
L'Anthroposophie, dont le centre à Dornach près de Bâle en Suisse est appelé «Goetheanum», est aujourd'hui répandue dans le monde entier avec des centres d'initiation et des centres d'enseignement dénommés écoles Waldorf.
4. Les autres sociétés secrètes
Laissons la parole à Virion :
«Il ne faut pas croire que toutes ces sociétés, en apparence si différentes, souvent opposées, s'anathématisant parfois l'une l'autre, n'aient pas un point en commun, un lieu de rencontre. Il y en a deux, au contraire, qui remplissent de façon spéciale le rôle de liaison : l'une, société d'origine américaine, qui se rattache au système imaginé par Pike ; elle a joué un rôle extrêmement important qui se prolonge actuellement dans les combinaisons politiques et dans les mouvements internationaux d'union mondiale pour le fédéralisme de la planète : c'est l' "Hermetic Brotherhood of Light" (H.B. of L.)[43].
«L'autre, peu nombreuse, travaille à l'union doctrinale des diverses conceptions mystiques des sectes, à leur rencontre dans la "Philosophie de l'Unité", dans le but d'infuser cette dernière dans les maçonneries et, à travers les maçonneries, dans la masse des "profanes" : c'est l"`Ordre de Memphis". Voici alors comment s'accomplit à cette époque le premier but, initial, de la Synarchie. C'est dans l'Ordre de Memphis, par exemple, que se retrouvaient alors Helena Petrovna Blavatsky[44] et Leadbeater (Théosophie), Spencer Lewis (Anthroposophie), Théodore Reuss (O.T.O.), dignitaires de l"`H.B. of L.", occultistes français appartenant en général à l'Ordre martiniste. Et là nous retrouverons le fil de la Synarchie qui, surtout à travers le Martinisme, prendra en Europe la forme que nous lui connaissons»[45].
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Et la liste ne s'achèverait pas là : Guénon observe, par exemple que 1875, qui représente l'année de naissance de la Théosophie, est aussi celle de beaucoup d'autres activités «énigmatiques» comme celle d'un ordre des «Fratres Luci», dont le centre est à Bradford dans le Yorkshire, ordre fondé par un anglais du nom de Maurice Vidal Portman, homme politique de l'entourage du Rose-Croix Lord Bulwer-Lytton. Il faut de toute façon rappeler que des confirmations autorisées sur la vocation œcuménique du Rite de Memphis-Misraïm sont données dans le livre du martiniste Gastone Ventura «Les rites maçonniques de Misraim et de Memphis» (Éd. Atanôr, 1980) quand il cite le pronunciamento d'un grand Gérophante[46] qui, en 1946, attribuait aux deux rites une «mission Rosicrucienne illuministe au sein des Maçonneries inférieures, au Carbonarisme et à l'Ordre du Temple, en constituant une sorte de maçonnerie de la Maçonnerie» (p. 81).
On ne doit donc pas s'étonner si l'Ordre de Memphis, un colosse qui est à l'origine de 91 degrés, dont les 33 premiers écossais, revendiquait le rôle d’«expression de toutes les traditions initiatiques égyptiennes, indiennes, persiques, scandinaves, etc. des temps antiques» (p. 209).
Le Rite de Misraïm, par contre, était présenté dans un document interne comme «un système double maçonnique-illuministe qui renferme en lui le Grand système initiatique occidental que le Rite Ecossais Ancien Accepté, dans sa réélaboration en 33 degrés des principaux rites professés, ne réussit pas à réaliser, ayant exclu de sa nomenclature les degrés cabalistiques, martinistes et martinésistes» (p. 45)[47].
Après l'apaisement des clameurs des célébrations du bicentenaire de la Révolution française il peut être intéressant de connaître l'opinion des hauts degrés du Rite - appelés «Arcana Arcanorum» - sur la démocratie et sur le «trinôme sacré» de 1789, Liberté-Égalité-Fraternité, fétiches et dogmes intouchables du monde moderne qui les regarde comme la source même de son essence :
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«Les adeptes de l' "Arcana Arcanorum"... savaient très bien, ayant étudié la question sous d'autres formes, que là où il y a liberté il ne peut pas y avoir égalité et que les termes du trinôme révolutionnaire importé de France, où il avait été frauduleusement énoncé, sont entre eux antithétiques... Aujourd'hui que le trinôme révolutionnaire et mensonger est entré définitivement dans le symbolisme maçonnique... on peut l'interpréter de cette façon : "La Liberté est seulement pour l'accompli[48], c'est-à-dire pour celui qui s'est porté dans un autre domaine et s'est par cela libéré des scories de la matière, l'égalité peut exister seulement entre les initiés de même degré et connaissance la fraternité, enfin, doit être considérée seulement comme une "fraternité initiatique" » (pp. 32-33)[49].
En marge de telles puissantes sociétés secrètes, il y eut tout un pullulement, jusqu'à l'explosion de nos jours, de sociétés mineures, destinées à répandre le verbe magique par tous les moyens. L'impressionnante avance de la déchristianisation de la société, l'accent que l'Église catholique, pour ne pas gêner le parcours œcuménique et celui vers les athées, met toujours plus sur l'humain - et donc toujours moins sur le divin, le manque d'affirmations solennelles des contenus théologiques, unis aux carences dans la pratique de la prière et dans la liturgie, ont laissé insatisfait ce besoin de surnaturel, ressenti de manière ineffable surtout chez les simples, puissant ressort qui pousse à rechercher la Vérité et à y adhérer. Aujourd'hui il est trop facile de percevoir cela seulement comme un «besoin de mystère», en laissant déferler les cataractes de l'invasion des sectes, qui visent à enterrer la religion et à prendre sa place moyennant la diffusion à large échelle, à travers les mass media, les services postaux, et maintenant aussi les réseaux télématiques, de formes diverses d'initiation, à caractère toujours totalisant et exclusif : et parmi elles - et de beaucoup le plus important - le mouvement multiforme New Age, mais aussi le Lectorium Rosicrucianum, la Panharmonie, la Méditation transcendentale, les Bahaï, la Scientologie, l'Église de Satan, etc.[50]
Prions Notre-Dame de Fatima
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[1] http://www.virgo-maria.org/articles/2007/VM-2007-09-17-A-00-Mgr_Williamson_Muggeridge.pdf
[2] (338) Initié à la loge «Propaganda» de Rome le 21-4-1877, Adriano Lemmi fut nommé en 1879 Grand Trésorier de l'Ordre, puis Grand Maître du 15-1 au 31-5-1896 ; il devint Souverain Grand Commandeur du Rite Écossais, c'est-à-dire 33è degré, grade qu'il conserva jusqu'à sa mort en 1906. «Ami fraternel de Mazzini, Kossuth et Garibaldi, il fit partie de Giovane Italla, de Giovane Europa et lança l'idée de l'Europe unie» («Dictionnaire Universel de la Franc-Maçonnerie», Paris, 1974). En 1888, avec Pike, il organisa, à travers les loges, une campagne pacifiste universelle qui devait déboucher, selon les canons maçonniques classiques de la gestion des contraires, à la Première Guerre mondiale et à la Société des Nations qui lui ferait suite pour assurer la paix.
De lui Francesco Saverio Nitti disait dans ses «Rivelazioni» (sur le maçonnisme de Nitti, voir de Gianni Vannoni, «Massoneria, fascismo e Chiesa catholica», Laterza, 1980, p. 711 : «Il était juif de naissance et banquier de profession et il avait une vaste intelligence et une grande énergie. Quand il était Grand Maître adjoint en 1877, il se fit élire Souverain Grand Commandeur et ensuite il cumula les deux plus hautes charges, qui, après lui, furent toujours séparées, de Grand Commandeur et de Grand Maître du Grand Orient» («Scritti Politici», éd. Laterza, Bari, 1963, vol. VI, p. 437.
[3] (339) René Guénon, «Il Teosofismo», vol. I, p. 39.
[4] (340) Gianni Vannoni, «Le società segrete», Sansoni, 1985, p. 20.
[5] (341) Selon l'ouvrage, déjà cité, hors commerce, imprimé en 1945 à Florence, «La Maçonnerie» : «A l'équinoxe de printemps... les Rose-Croix célèbrent leurs agapes habituelles, ils immolent l'agneau, en rappelant la formule : "Voici l'agneau de Dieu", c'est-à-dire la Nature immaculée qui "enlève les péchés du monde"... La rose, le plus délicat et le plus aimable des emblèmes maçonniques, fleur parfumée du printemps, signifie la grâce, la vénusté, la jeunesse... La rose fut aussi l'emblème de la femme ; de même que la croix symbolisait aussi la vertu génératrice du Soleil, l'accouplement des deux symboles, la croix et la rose, exprime de façon discrète et gentille, sous une figuration discrète et mystérieuse, l'incessante reproduction des êtres» (p. 62). Cf. aussi F. Giantulli, op. cit., pp. 71 sq.
[6] (342) Le culte égyptien d'Isis, pratiqué depuis la Troisième Dynastie de l'Ancien Royaume (environ 2280 avant J.-C.), «formalise les éléments à utiliser comme instruments pour le contrôle social, pour l'exploitation et la destruction de la capacité créative des populations soumises. Ces éléments comprennent :
- L'utilisation de diverses drogues pour créer la schizophrénie.
- L'usage de sons hétéronomes et répétitifs pour intégrer les effets des drogues psychotropes et pour créer un climat qui encourage l'usage des drogues.
- La création de sectes mystiques fondées sur le mythe réactionnaire d'Isis, mais, en même temps, adaptées au profil psychologique de la population que la caste des prêtres a décidé de subvertir.
- L'imposition d'un modèle politique et économique... qui contraigne les populations soumises à des travaux forcés manuels et non créatifs (par ex. la construction des pyramides)», cit. de «Droga S.p.A.», cit., p. 273.
[7] (343) Cf. «Droga S.p.A.», cit., pp. 226-7.
[8] (344) «Bulwer Lytton, génial érudit, célèbre pour son roman "Les derniers jours de Pompéi", ne prévoyait sans doute pas que, des dizaines d'années plus tard, un de ses romans inspirerait en Allemagne un groupe mystique prénazi. Toutefois, dans des œuvres comme "La Race qui nous supplantera, ou encore les Zanons", il entendait mettre l'accent sur la réalité du monde spirituel et spécialement du monde infernal. Il se considérait comme un initié. A travers la transfiguration romanesque, il exprimait la certitude qu'il existe des êtres dotés de pouvoirs surhumains. Ces êtres nous supplanteront et conduiront les élus de la race humaine à une formidable mutation. Il faut faire attention à cette idée d'une mutation de la race. Nous la retrouverons chez Hitler et elle n'a pas encore aujourd'hui disparu» (Louis Pauwells et Jacques Bergier, op. cit., pp. 290-1).
[9] (345) Yann Moncomble, «Les professionnels de l'antiracisme», Paris, 1987, p. 287.
[10] (346) On attribue à Éliphas Levy (Robert : 1893) l'introduction du terme «occultisme», terme d'acception étendue puisque il inclut les regroupements initiatiques, les théories et les pratiques ésotériques, magiques et celles qui ont un rapport avec le spiritisme, etc.
[11] (347) Philosophe néopythagoricien et mage du 1er siècle ap. J.-C.
[12] (348) Cf. M.F. James, «Les précurseurs de l'Ère du Verseau», éd. Paulines, Montréal, 1985, pp. 26-7.
[13] (349) E. Delassus, op. cit., p. 477.
[14] (350) Cf. Henri-Charles Puech, op. cit., p. 604 ; selon Gerson, op. cit., p. 128, la Golden Dawn serait fille d'une autre association : la très secrète Hermetic Brotherhood of Light dont - selon lui - Abraham Lincoln aurait aussi fait partie.
[15] (351) «Droga S.p.A.», cit., p. 402.
[16] (352) Jean-Pierre Bayard (maçon français), «Les francs-juges de la Saint-Vehme», éd. A. Michel, 1971, p. 162.
[17] (353) Tout comme Ignaz Thimotei Trebitsch-Lincoln (Budapest 1879-Shanghai 1943 ?) aventurier précurseur du nazisme ; Sean Mac Bride, fondateur, le jour de la Très Sainte Trinité de 1961, d'Amnesty International ; Franz Hartmann, spirite de la Société Théosophique, le fondateur de l'Antroposophie Rudolf Steiner, Rudolf Hess, etc.
Selon Gerson (pseudonyme du martiniste Pierre Mariel) l'O.T.O., ou Fraternitas Hermetica Luciferiana (voir «Daimon» périodique de culture néo-païenne, Pérouse, 1990), ce n'est que le stade préparatoire, propédeutique à la sorcellerie initiatique (op. cit., p. 128). Il faut rappeler qu'à cette époque l'O.T.O. agissait en relation étroite avec l’américain Harry Spencer Lewis, fondateur en 1900 de l'Antiquus Misticus Ordo Rosae Crucis (A.M.O.R.C.), société intensément engagée sur la voie de l'instauration d'un Gouvernement mondial, dirigée de nos jours par le fils de Lewis, Ralph, et dont le siège principal est à San José de Californie. Cette société aurait aujourd'hui un million d'adhérents (cf. A. Charles Puech, op. cit., p. 611).
La loi suprême de l'O.T.O., loi que la Golden Dawn a faite sienne, était la proclamation de l'émancipation absolue de Dieu : «Fais ce que tu veux» (littéralement : Fais-le), le Do it que l'on peut voir affiché dans les lieux les plus divers, combiné au signe de l'outarde (voir p. 35), maxime dont l'explication est contenue dans le Liber legis ou «Livre de la Loi» ; Pierre Mariel rapporte (op. cit., pp. 62-3) des extraits très éloquents «d'une sorte de catéchisme ad usum fratrum de l'O.T.O.». En voici quelques extraits :
«Nous ne voulons pas fonder une nouvelle religion, mais nous voulons balayer les ruines que le christianisme a accumulées sur le vieux monde, afin que la religion antique de la Nature reprenne à nouveau ses droits. Il est vrai que dans la religion chrétienne on conserve cette base phallique, bien qu'elle soit cachée aux laïcs et inconnue du bas clergé. Le clocher des églises symbolise l'organe masculin, tandis que la nef est le symbole féminin.
...Cet état d'hypocrisie générale doit fatalement conduire à une catastrophe morale... Nous voulons reconstruire dans sa pureté et dans sa morale primitive tout ce qui est aujourd'hui stigmatisé comme "immoral" et "peccamineux", nous voulons le hausser à nouveau au degré de sainteté... Nous constituons une communauté d'êtres sexuellement libres. Ce message pourra être victorieux seulement quand, dès l'âge le plus tendre, on inculquera aux jeunes tous les principes de la nouvelle morale. On enseignera aux jeunes, dès la naissance, que les organes sexuels doivent être considérés comme sacrés et que leurs fonctions doivent être présentées aux garçons et aux filles comme des actions saintes. Dès que la mère s'apercevra des premiers signes de puberté, son devoir sera d'instruire ses enfants dans ce sens, car il reviendra aux parents d'enseigner ces doctrines à leurs enfants dès leur prime jeunesse. Dans les écoles les médecins auront la tâche d'approfondir ces doctrines et de leur donner une base scientifique pour l'instruction des adolescents. Ils remplaceront ainsi les professeurs de religion (c'est ce qui est arrivé : voir l'éducation sexuelle actuelle dans les écoles, N.d.R.), et cette doctrine sera présentée comme la doctrine de "l'au-delà", et sur cette base fondée par le médecin du corps s'élèvera la doctrine de I"au-delà" édifiée par le médecin de l'âme (le prêtre)».
Et le martiniste Mariel fait noter (p. 65) que les hippies et la révolution de la jeunesse de 1968 inspirée par Herbert Marcuse, n'ont fait que mettre en pratique les enseignements de l'O.T.O. Sur les murs de Paris, où la Révolution de 68 fut particulièrement violente on pouvait lire cette inscription, paradoxale et emblématique : «il est interdit d'interdire».
[18] (354) Pierre Mariel, «Les sociétés secrètes», Vallecchi, 1976, p. 57.
[19] (355) (Crowley) «...évoqua Belzébuth contre Mathers, lequel attribua à cette évocation la mort soudaine de tous ses chiens de chasse dans son domaine de Boleskine sur les bords du Loch Ness» (Gianni Vannoni, «Le società segrete», p. 239).
[20] (356) Yann Moncomble, «L'irrésistible...», p. 133.
[21] (357) L'O.T.O. est une société rosicrucienne très fermée dans laquelle les rites maçonniques sont interprétés à la lumière des pratiques sexuelles orientales (cf. P. Mariel, op. cit., pp. 57 sq) ; voir aussi G. Vannoni, «Le società segrete», éd. Sansoni, 1985, pp. 241-3 ; «New Age and Satanismus», E.I.R.N.A. - Studie, Wiesbaden, 1989.
[22] (358) Paolo Calliari, op. cit., p. 141.
[23] (359) Sur les évocations démoniaques et les blasphèmes rituels de Crowley voir le livre de son biographe J. Symonds, «La Grande Bestia», éd. Méditerranée, 1972.
[24] (360) Gianni Vannoni, op. cit., p. 241.
[25] (361) Voir sur ce sujet «L'ascesa del nazismo e Io sterminio degli ebrei» (La montée du nazisme et l'extermination des juifs) de Paolo Taufer et Carlo Alberto Agnoli, éd. Civilità, Brescia, 1988, via G. Galilei, 121 ; Giorgio Galli, «Hitler e il nazismo magico», éd. Rizzoli, Milan, 1989.
[26] (362) Cf. Martin Green, «Children of the Sun : a Narrative of Decadence in England after 1918», New York Basic Books Inc., 1976. La secte comptait parmi ses initiés Thomas S. Eliot, W.H. Anden, Oswald Mosley et D.H. Lawrence, amant homosexuel d'Aldous Huxley.
[27] (363) Yann Moncomble, «Les vrais responsables de la Troisième Guerre mondiale», Paris, 1982, p. 187.
[28] (364) Voir par exemple, «Anche Hitler in una setta : la Golden Dawn» (Même Hitler dans une secte : la Golden Dawn), in «L'Arena», Vérone, 8-2-1988.
[29] (365) Gastone Ventura, «Tutti gli uomini del martinismo», éd. Atanor, 1978, p. 37.
[30] (366) Évêque gnostique (1871-1926), il fut l'auteur d'une œuvre d'ésotérisme chrétien «Les Amitiés spirituelles» dans laquelle se mélangent rosicrucianisme, doctrines hermétiques et thèmes spirites.
[31] (367) Gastone Ventura, «La Rosa Croce del Tempio e del Graal e il Sâr Merodach Péladan» in «Vie della Tradizione», fasc. XIII, Palerme, 1974. Gastone Ventura, mort en 1981, fut Grand Maître du martinisme sous le nom d'Aldebaran.
[32] (368) Op. cit., p. 606.
[33] (369) Gianni Vannoni, «Le società segrete», Sansoni, 1985, p. 20.
[34] (370) Le terme «Antroposophie» était déjà mentionné en 1660 dans le titre d'une œuvre d'un alchimiste anglais, le rose-croix Thomas Vaughan, alias Eugenius Philalethes (1622-1696).
[35] (371) Cf. René Guénon, «Il Teosofismo», vol. I, p. 13 et passim.
H. Blavatsky indique dans son œuvre principale, «La Doctrine secrète», les objectifs de la Société Théosophique:
- constituer le noyau d'une fraternité humaine universelle, sans distinction de race, de couleur ou de foi ;
- encourager l'étude des Écritures ariennes, démontrer l'importance de la littérature asiatique ancienne, en particulier les œuvres brahmaniques, boudhistes et zoroastriennes ;
- approfondir sous tous les aspects les mystères cachés de la nature et spécialement les pouvoirs psychiques et spirituels latents dans l'homme.
[36] (372) Sur la «christologie» essentiellement gnostique de Steiner, voir les articles de Jean Vaquié in «Bulletin d'études de la Société Augustin Barruel», n° 14, 15, 16 (62, rue Sala, 69002 Lyon).
[37] (373) E. Pappacena, «Rudolf Steiner», éd. Itinerari, Lanciano, 1973, p. 194.
[38] (374) Selon Guénon - considéré comme le maître en ésotérisme le plus autorisé de notre siècle - Schuré fut l'inventeur d'un prétendu ésotérisme helléno-chrétien qui aurait dû conduire «du Sphinx au Christ» et... «du Christ à Lucifer» (cf. «II Teosofismo», cit., vol. I, p. 177). Schuré, futur inspirateur de Teilhard de Chardin, fut un membre important de la loge théosophique «Isis» de Paris, fondée par Helena Blavatsky en 1887 et directement rattachée au centre suprême d'Adyar en Inde. Autres membres célèbres : le 33è degré du Rite Écossais, le Mage Papus et l'astronome panthéiste et spiritiste Camille Flammarion
[39] (375) E. Pappacena, «Rudolf Steiner», p. 49.
[40] (376) Pierre Mariel, op. cit., pp. 12 sq.
[41] (377) Ibid., p. 207.
[42] (378) Helena Petrovna Blavatsky, «La Dottrina Segreta», éd. Bocca, Milan, 1953, pp. 383, 384... 400
[43] (379) A ne pas confondre avec l'«Hermetic Brotherhood of Luxor», consacré à l'étude de la Cabale, des sciences occultes et du spiritisme (voir «Les documents maçonniques», éd. La Librairie Française, Paris, 1986, p. 96), une société «intermédiaire... de cadres» selon Mariel aujourd'hui disparue (op. cit., p. 8).
[44] (380) Helena Petrovna Blavatsky était Grand Gérophante du Rite de Memphis-Misraim (R. Guénon, op. cit., vol. II, p. 259).
[45] (381) Pierre Virion, op. cit., p. 34. Firent également partie du Memphis-Misraim le mage noir Aleister Crowley sous le nom de Baphomet X, inscrit aux plus hauts degrés, le fondateur de l'O.T.O. Theodor Reuss, ainsi que le Grand Maître du Martinisme, le Mage Papus.
[46] (382) Le plus haut degré de l'Ordre de Memphis.
[47] (383) Le Rite de Memphis (91 degrés) et celui de Misraim (97 degrés), fondés au début du XIXè siècle par deux négociants, les frères Bedarride, furent réunis en 1875 par John Yarker (1833-1913) qui en réaménagea aussi profondément les rituels. L'«Encyclopédie Catholique» de 1953 (vol. X, p. 1958) au mot «satanisme» dit : «La maçonnerie est certainement un nid secret de satanisme ; elle hérite sa foi et ses mœurs du gnosticisme caïnite, spécialement dans son rite égyptien (misraïm)».
Si la nouvelle parue dans « il Giornale » du 24-9-1988 selon laquelle le Rite de Memphis-Misraïm « a pris pied en Ombrie, à Pérouse et à Assise, avec des liens intéressants avec la Tradition franciscaine », si cette nouvelle, donc, était vérifiée, la chose prendrait des aspects vraiment inquiétants.
[48] (384) L'homme-Dieu, le «réalisé», celui qui puise au surnaturel à travers la magie.
[49] (385) René Guénon, se référant à la devise révolutionnaire «Liberté, Égalité, Fraternité», observait «...II ne faut pas oublier que ces mots constituent une devise maçonnique, c'est-à-dire une formule initiatique, avant d'être confiés à l'incompréhension de la foule qui n'en a jamais connu ni le sens réel, ni la véritable application» («L'Archéomètre», éd. Atanôr, 1986, p. 50).
[50] (386) Pour une liste, par ailleurs non exhaustive, mais riche de détails inédits, de ces sociétés et sectes, voir Massimo Introvigne, «Il cappello del mago», éd. Sugarco, 1990 ; Jean-Pierre Bayard, «Le guide des sociétés secrètes», éd. Philippe Lebaud, 1989.