CAPITAL : Lettre ouverte solennelle des fidèles aux quatre évêques de la FSSPX
http://www.virgo-maria.org/articles/2006/VM-2006-10-10-A-00-Appel_aux_quatre_eveques_de_la_FSSPX.pdf
Qui et
Pourquoi, depuis la mort de Mgr Lefebvre en 1991, a détourné la finalité surnaturelle de l’OPERATION-SURVIE des sacres de 1988, pour assigner à
la FSSPX ce FAUX objectif prioritaire de la «ré-conciliation» avec la Rome
conciliaire |
Qui a, depuis 2000, PROMU, et Pourquoi, le FAUX préalable de l’autorisation de la messe de Saint Pie V ? |
Pourquoi n’a-t-on pas posé la VRAIE question du rétablissement du VRAI Sacerdoce de VRAIS prêtres, ordonnés par des Evêques VALIDEMENT sacrés selon le rite VALIDE des Saints Ordres ? |
Qui a INVENTE, et POURQUOI, le faux préalable de la levée des «excommunications» ? |
Pourquoi n’a-t-on pas posé la VRAIE question de l’abrogation de Pontificalis Romani INVALIDE de 1968 et du rétablissement du vrai rite de la consécration épiscopale VALIDE d’avant 1968? |
A quoi servirait-il, en effet, de faire dire le VRAI rite de la messe par de FAUX prêtres ? |
Serait-ce
donc qu’après avoir obligé de VRAIS prêtres à dire une FAUSSE messe, l’on
veuille désormais faire dire la messe du |
Serait-ce que l’on
veuille «concilier» les VRAIS prêtres qui disent encore la VRAIE messe avec
un clergé aussi INVALIDE que le |
Gaude, Maria Virgo, cunctas hæreses sola interemisti.
(Tractus Missæ Salve Sancta Parens)
lundi 23 juin 2008
Ce message peut être téléchargé au format PDF sur notre site http://www.virgo-maria.org/.
Fébrilité de l’abbé de Cacqueray-Celier
face à la mobilisation des fidèles
Le site officiel du District de France de la FSSPX vient de publier dans l’urgence et la précipitation un dossier commémorant l’anniversaire des 20 ans des sacres épiscopaux réalisés par Mgr Lefebvre
Ce dossier comprend l’ensemble des articles du Chardonnet de juin 2008 réalisés par les abbés Xavier Beauvais et François-Marie Chautard qui sont dans le collimateur des mutations pour l’été 2008.
Information
Depuis l’ « excommunication » de Virgo-Maria par l’abbé de Cacqueray-Celier, la fréquentation du site VM ne cesse de croître. Nous remercions l’abbé Celier-Morrison pour nous aider ainsi à élargir notre rayonnement.
Nous allons bientôt proposer à nos lecteurs de nous soutenir pour une formule qui va encore davantage amplifier notre audience. Si l’abbé de Cacqueray-Celier interdit aux fidèles de lire VM, il est lui un lecteur assidu et fidèle de Virgo-Maria : en effet, la Porte Latine vient de publier l’interview de Mgr Fellay au Gabon que nous avons été les premiers à faire connaître pour son double langage[1].
Devant la dÉnonciation de l’occultation des sacres de 1988, la panique À Suresnes
A l’approche du 30 juin 2008, et du non-anniversaire des sacres décidé par Mgr Fellay, la pression monte au sein de la FSSPX.
Découvrant ce boycott organisé, de plus en plus de fidèles et (en privé) de clercs s’inquiètent et s’indignent de l’« opération silence » sur l’« opération survie » de la FSSPX.
Les impostures cumulées de l’abbé Celier depuis plus d’un mois commencent à fatiguer beaucoup de catholiques.
La lassitude face à cet infiltré désormais démasqué a atteint son comble, et la dernière blague en date, la pitoyable « excommunication pontificale de Morrison Ier » (arrachée à la signature de l’abbé de Cacqueray) des sites Virgo-Maria, et – pour faire bonne mesure - Rore-Sanctifica, ainsi que de la liste de diffusion Résistance-Catholique, dans un climat de potache à la Jim Morrison, digne de la cour de récréation et des farces d’adolescent attardé, représente la goutte d’eau qui fait déborder le vase, et passer du mépris condescendant à l’hostilité déclarée et à l’indignation.
Beaucoup de fidèles ne supportent plus de voir ainsi l’œuvre de Mgr Lefebvre ravalée au niveau du jardin d’enfant et des contradictions grandissantes et décrédibilisantes.
Assistant à la fois au spectacle grotesque d’un abbé Celier-Morrison (‘Gricha limited’ !) se réclamer de Mgr Lefebvre et anathémiser des fidèles et des clercs qui n’ont cessé de combattre contre l’ennemi conciliaire antichrist et apostat depuis des décennies, et au double langage de Mgr Fellay qui dit blanc à Paris et noir au Gabon, beaucoup de clercs et de fidèles se sont légitimement demandé pour qui ces clercs les prenaient.
Ils prétendent, ils proclament, être « fidèles à Mgr Lefebvre » ?
Alors qu’ils ont organisé méticuleusement le silence et l’oubli sur les sacres qui constituent sans aucun doute l’évènement le plus important à ce jour de l’histoire de la FSSPX et de la vie de son fondateur Mgr Lefebvre !
Bel exemple de fidélité en effet !
Un anniversaire qui appelait une commÉmoration internationale, comme le fut l’acte posÉ par Mgr Lefebvre
La commémoration des 20 ans des sacres aurait mérité, au minimum, un colloque international, car l’acte fut international, doublé d’une manifestation populaire, au moins supérieure à celle, française, qui marqua les 30 ans de la prise de Saint Nicolas du Chardonnet et accompagné de multiples conférences et de publication adhoc, afin d’enseigner la jeune génération et de raffermir les plus anciens.
Et pourtant, la FSSPX avait su, il y a encore à peine 3 ans, organiser sur une année entière l’anniversaire des cent ans de Mgr Lefebvre.
Mais, à cette époque la politique de ralliement de Mgr Fellay n’en était qu’à ses premiers pas, et il lui était trop tard pour annuler discrètement et sans susciter de réaction violente, des manifestations prévues de longue date.
Mais aujourd’hui nous sommes à dix jours à peine de l’anniversaire de l’évènement et les clercs et les fidèles n’ont toujours rien vu venir.
Réagissant comme Virgo-Maria l’a fait, beaucoup se manifestent, et l’abbé Celier (qui dirige véritablement le District de France) est devenu fébrile et, met en ligne, dans la précipitation, tout un dossier, se jetant comme sur sa planche de salut sur le dossier du Chardonnet de juin 2008, qui se présentait en cet instant précis comme une aubaine, les différents articles offrant une couverture suffisamment large.
Mais l’abbé Celier-Morrison croit-il que les fidèles et les clercs qui l’observent seront dupes et se satisferont de cette publication sur internet, au simple niveau français, pour tenir lieu et place d’une véritable commémoration internationale ?
La limousine de la dÉsertion des sacres par Mgr Fellay
Le 30 juin 1988, l’événement des sacres d’Ecône avait, ceux qui l’ont vécu s’en souviennent encore, attiré la presse internationale et déclenché un choc médiatique sans précédent qui déborda bien au-delà des cercles de la Tradition catholique.
Mgr Fellay restera dans l’histoire le Supérieur de la FSSPX qui aura réussi à réduire la commémoration de cet acte historique (qui doit certainement le dépasser) au niveau d’un pet de lièvre médiatique : un dossier de quelques pages sur un site internet ! Cette tâche indélébile restera attachée à sa personne et à son mandat.
C’est l’ « ami très précieux », l’abbé apostat Castrillon Hoyos, qui doit se réjouir d’avoir réussi à ce point à neutraliser la Direction de la FSSPX jusqu’à étouffer ce qui constitue son identité.
Et cette satisfaction romaine doit être partagée par Ratzinger : eût-il osé espérer il y a vingt ans emporter une telle victoire à l’usure sur ces fichus sacres dont il tenta jusqu’au bout de dissuader Mgr Lefebvre, en ayant recours aux ruses et aux stratagèmes les plus persuasifs. Mgr Lefebvre aima à citer le dernier subterfuge de la voiture avec chauffeur qui lui fut envoyé au dernier moment, méthode digne de la maffia.
Le silence sur les sacres par Mgr Fellay qui succombe à l’attrait du luxe de la limousine du ralliement ?
Mais, allégoriquement, il semble que vingt ans plus tard, Castrillon Hoyos ait envoyé une limousine à Mgr Fellay afin de le dissuader de commémorer ces sacres-cauchemar des loges rosicruciennes anti-Sacerdoce sacrificiel catholique, et que, bien loin de s’en méfier, Mgr Fellay s’y soit engouffré avec entrain appâté par le clinquant des propositions vaticanes.
Les conceptions erronÉes des abbÉs Beauvais et Chautard
Bien qu’ils tranchent avec la médiocrité des écrits de l’abbé Grégoire Celier, l’Initiateur[2] des jeunes au ‘dieu mortel’ de l’apostasie, le nouveau ‘théologien[3] hygiéniste’ IUT Bac+2[4] de la FSSPX, amateur spécialiste du rockeur sataniste drogué Jim Morrison[5], le propagandiste « officiel »[6] du ralliement de la FSSPX à Ratzinger, les articles des abbés Beauvais et Chautard n’en véhiculent pas moins des erreurs de raisonnement.
Rappelons que l’abbé Chautard fut la victime d’une odieuse attaque[7], et très insuffisante, de l’abbé Laguérie en janvier 2008.
Ce dernier, bien qu’étant un prêtre à la culture théologique médiocre, osa le prendre de haut, le considérant publiquement comme un blanc-bec et le traitant avec la plus grande condescendance.
Il est vrai que l’abbé Chautard est devenu une cible pour ces milieux de l’IBP du fait de sa connaissance des écrits de l’hérétique onctioniste conciliaire, le Père Lécuyer[8], l’ennemi personnel de Mgr Lefebvre.
Mais bien que si décrié par cette nouvelle clientèle de l’abbé Ratzinger, l’abbé Chautard, n’est pas parvenu à remettre en cause la fausse ecclésiologie qui l’empêche de reconnaître la véritable nature de l’église conciliaire.
Les conclusions pratiques données par le Chardonnet ont dans un premier temps été censurées lors de leur publication par l’abbé Celier-Morrison sur la Porte Latine.
Les voici en résumé :
Puis devant les dénonciations dans le Forum catholique, il lui a fallu les publier intégralement. Voici ce que l’abbé Celier a tenté de masquer :
« Notre attitude vis-À-vis des ralliÉs
Compte tenu des graves déviances doctrinales desdits instituts, trois mesures semblent s'imposer :
- Ne pas assister aux messes de ces derniers[9] comme le rappelait Mgr Lefebvre ainsi que M. l'abbé de Cacqueray (dans un passage portant davantage sur les messes Motu proprio) :
«N'estimons pas que notre formation, même bonne, nous place au-dessus de ces dangers : d'autres, et en grand nombre, n'y ont pas résisté. Il me semble que l'histoire des sociétés qui dépendent de la commission Ecclesia Dei démontre éloquemment qu'il est hélas possible, après l'adoration du Christ couronné par la liturgie, d'assister à son découronnement par la prédication. Je ne veux pas dire que l'on perd la foi en écoutant, une fois en passant, un sermon imprégné des erreurs modernes. Cependant, il est bien nécessaire d'avoir conscience des trois points suivants :
° Tout d'abord, l'humilité d'une âme doit naturellement l'incliner à se défier d'elle-même et à ne pas prendre le risque de se laisser troubler ou déstabiliser.
° Même si elle pense qu'elle ne risque rien, elle doit cependant mesurer ce qu'elle n'a sans doute pas reçu et qu'elle aurait pu recevoir en assistant à la messe dans une chapelle où l'enseignement doctrinal est vraiment communiqué.
° Il lui faut également se rappeler que les hommes sont enclins à se rassurer au sujet de ce qu'ils peuvent faire ou ne pas faire en regardant ce que font les autres, surtout s'ils leur portent une certaine estime. C'est ainsi. De la permission que l'un prend pour lui-même, il résulte que d'autres font de même et l'effet s'en trouve multiplié. Et si l'on estime son esprit suffisamment acéré pour trier et ne conserver que la vérité, en sera-t-il de même pour ceux que l'on aura entraînés dans son sillage ?»[10].
- Éviter absolument les mariages avec des ralliés convaincus comme l'explique M. l'abbé Bourrat car «minimiser les divergences sur la fidélité à la Tradition de l'Église, considérer que la défense du combat de la Tradition se limite à la messe en latin, atténuer les conséquences pratiques, au sein du foyer, des divergences doctrinales du combat mené par la Fraternité Saint Pie X et celui des mouvements Ecclesia Dei (pour schématiser), c'est préparer au sein même de la famille et chez les enfants des divisions et des contradictions qui se résoudront généralement au profit d'un abandon de la position vraiment catholique, toujours plus difficile à tenir qu'un compromis d'esprit libéral. Tout cela pour éviter des fissures dans le mariage (amour mutuel) au détriment de la fidélité de la foi (éducation des enfants). Autrement dit, pour préserver la fin seconde, on mettra en péril la fin première»[11].
- Ce qui suppose d'éviter des liens d'amitié trop grands où les familles pourraient relativiser les graves divergences doctrinales existantes. » Chardonnet, juin 2008
Face À la vision « Poulat/Airiau » de l’abbÉ Celier, l’abbÉ Beauvais oppose l’Apocalypse, mais sans en dÉcouvrir le sens rÉel
L’abbé Beauvais propose l’application catholique de l’Apocalypse à notre époque, là où l’abbé Celier la refuse ?
L’abbé Beauvais explique :
« Nous ne sommes pas au terme. Le mal doit empirer encore, à tel point que, malgré la conversion d'Israël, qui se produira certainement, la grande apostasie gagnera les hommes et l’Antéchrist paraîtra. »
Cette réflexion est logique pour tout catholique qui tente de comprendre l’incroyable et inouïe destruction de l’Église qui se produit depuis 40 ans et la métamorphose en une nouvelle religion, une secte mondiale protestantisée, Anglicanisée et œcuménique, désormais entièrement dénuée de tout véritable Sacerdoce sacrificiel catholique.
Cependant l’interprétation que donne l’abbé Beauvais reste erronée car il n’interprète pas le passage clé du Chapitre XIII de l’Apocalypse de Saint Jean - dont sœur Lucia dos Santos invitait en 1960 à la lecture à propos du Troisième Secret de Fatima - qui décrit la « Bête de la Terre », qui n’est rien d’autre que l’église conciliaire, cette secte mondiale maçonnisée qui invite « tous les habitants de la Terre à adorer la première Bête » (la Bête de la Mer, c'est-à-dire le Mondialisme Anglo-Saxon destructeur des nations chrétiennes).
Tapisserie de l’Apocalypse (Angers) : la bête de la mer
Égaré par la fausse ecclésiologie enseignée à la FSSPX, l’abbé Beauvais ne comprend pas que cette caricature d’Église qu’est l’église conciliaire, n’est pas l’Église catholique mais en est sa contrefaçon et sa mortelle ennemie.
De façon toute différente l’abbé Celier s’est fait le relais au sein de la FSSPX de l’interprétation de la situation forgée par Émile Poulat (le grand compère d’Alain de Benoist, si cher à l’ami de l’abbé Celier, l’abbé de Tannoüarn cousin de l’abbé de Cacqueray) et son disciple Paul Airiau, à savoir une diabolisation de l’interprétation de l’Apocalypse appliquée à notre époque, et qu’ils ont baptisé du néologisme d’« apocalyptisme »[12].
« Les décennies qui viennent vont donc nous faire assister en direct à un phénomène historique à la fois ordinaire dans son fond et inédit pour son objet concret. L'Église va, en effet, avaler le gros morceau qu'est le Concile avec ses conséquences, le digérer. À mon avis, il existe dans cette réforme conciliaire des nourritures absolument inassimilables par l'Église, qui mettent en péril la cohérence de sa doctrine et de sa vie. Je pense que l'Église va procéder avec ces parties inassimilables comme on le fait avec les déchets nucléaires : on les coule dans une gangue de béton étanche, puis on les enterre profondément et à l'écart, afin qu'ils ne fassent de mal à personne. Pour le reste de ce qui s'est dit et fait depuis quarante ans, après avoir été purgé de son mauvais esprit, cela va prendre place dans une nouvelle synthèse ancrée dans la tradition, ce qui permettra à l'Église de retrouver une nouvelle jeunesse missionnaire. Oui, je crois que cela va se passer ainsi. »
« Ce que je crois utile de faire, c’est de montrer qu’un tel processus de restauration progressive de la foi est possible, et des maintenant, et sans provoquer une nouvelle révolution violente, et avec les hommes d’aujourd’hui. » Abbé Celier, Benoît XVI et les traditionalistes, 2007, p 212
Cette fausse conception conciliaire, déroule le sophisme d’ « une crise parmi d’autres », avec le corollaire que l’Église doit adopter les « valeurs de la modernité », sous peine de marginalisation, et le « bon Benoît XVI » va nous en amorcer la sortie de crise.
Ce thème d’ « une crise parmi d’autres » que « l’Église va surmonter » fut le thème de fond du colloque Si si No no[13] organisé par les infiltrés à Paris, dont principalement l’abbé Schmidberger, en début janvier 2007.
Évitant la conception acatholique de l’abbé Celier (en fait issue d’Emile Poulat / Paul Airiau), l’abbé Beauvais n’a pas réussi à donner une interprétation exacte de l’Apocalypse pour notre époque, ne parvenant toujours pas à distinguer la « nouvelle religion » et l’Église catholique, alors que ces deux entités n’ont rien en commun. Il s’agit pourtant de plus en plus d’une évidence : la première singe la seconde et la persécute.
Continuons le bon combat
La Rédaction de Virgo-Maria
© 2008 virgo-maria.org
Dossier « Les sacres il y a vingt ans, une réponse à l’apostasie »
du Chardonnet n°239 de juin 2008
Mis en ligne par la Porte Latine le 19 juin 2008
http://www.laportelatine.org/district/france/bo/20ansapres/Dossier20ansapres.php
Les sacres il y a vingt ans, une rÉponse À l'apostasie
Vingt ans après les sacres, tout nous invite à voir avec un grand réalisme la situation du monde et de l'Église. «Admettez avec moi, disait Mgr Lefebvre, les faits sous les yeux, que le libéralisme conciliaire mène maintenant l'Église au tombeau».
Que Dieu fasse de nous tous des esprits loyaux et tant soit peu clairvoyants, prêts aussi à réagir sainement dans une fidélité sans faille à la vérité. «Tu ne trahis jamais l'autorité, disait le Père de Chivré, quand les faits prouvent qu'elle trahit, elle, sa fonction vis-à-vis de Dieu, vis-à-vis des âmes, vis-à-vis de la vérité. Reste rebelle contre tout ce qui est tordu. Dieu bénit ceux qui ont des voies droites ».
L'aveuglement de Rome
Nous avons appris, stupéfaits, le complot de pénétration de la hiérarchie catholique par la secte libérale, nous avons vu ses progrès jusqu'aux plus hauts postes et son triomphe au concile Vatican II. Nous avons eu des papes libéraux. Le premier pape libéral, celui qui se riait des «prophètes de malheur». Les portes du bercail ont été ouvertes, et les loups ont pénétré dans la bergerie et ils ont massacré les brebis. Vint le deuxième pape libéral, le pape au visage double, le pape humaniste ; il renversa l'autel, abolit le sacrifice, profana le sanctuaire. Le troisième pape libéral est survenu, le pape des droits de l'homme, le pape des religions unies et il s'est lavé les mains, et il s'est voilé la face devant tant de ruines amoncelées, pour ne pas voir les plaies sanglantes de la Fille de Sion, l'Épouse Immaculée de Jésus-Christ.
Un quatrième pape renouvelle les actes de ses prédécesseurs, enfonce le clou sur des doctrines qui dissolvent la foi catholique.
Mais il y eut Mgr Lefebvre qui ne pouvait se résigner. Il ne se contenta pas d'assister les bras ballants à l'agonie de notre Mère la Sainte Église. Il s'est refusé à partager l'optimisme béat d'une époque dont l'aveuglement n'est autrement explicable que comme l'accomplissement de la prophétie de saint Paul concernant les apostats des derniers temps : «Dieu, lui-même, dit-il, leur enverra une puissance de divagation afin qu'ils croient au mensonge».
Quel plus terrible châtiment qu'une hiérarchie déboussolée ! Si l'on en croit sœur Lucie, c'est cela que Notre-Dame aurait prédit dans la troisième partie du secret de Fatima. Et toujours selon sœur Lucie, cette crise correspond à ce que l'Apocalypse nous dit du combat de la femme contre le Dragon.
Léon XIII, dans son petit exorcisme, parle des ennemis très rusés qui remplissent d'amertume l'Église du Christ. Là où le siège du bienheureux Pierre et la Chaire de la Vérité furent établis comme une lumière pour les nations, là, ils ont posé en quelque sorte le trône de l'abomination de leur impiété ; afin que le pasteur une fois frappé, ils puissent disperser le troupeau.
«Si saint Paul disait pour son temps : le mystère d'iniquité est déjà à l'œuvre, que dirait-il maintenant» commente Mgr Lefebvre.
Saint Pie X, en 1903, exprime sa crainte dans son encyclique inaugurale E supremi apostolatus, sa crainte que le temps d'apostasie où l'Église entrait ne fût le temps de l'Antéchrist.
«Nous éprouvions une sorte de terreur, à considérer les conditions funestes de l'humanité à l'heure présente. Peut-on ignorer la maladie si profonde et si grave qui travaille, en ce moment bien plus que par le passé, la société humaine, et qui, s'aggravant de jour en jour et la rongeant jusqu'aux moelles, l'entraîne à la ruine ? Cette maladie, vénérables frères, vous la connaissez, c'est à l'égard de Dieu, l'abandon et l'apostasie». «De là des habitudes de vie, écrit le Père Calmel, tant privées que publiques, où nul compte n'est tenu de sa souveraineté, Bien plus, il n'est effort ni artifice que l'on ne mette en œuvre pour abolir entièrement son souvenir et jusqu'à sa notion. Qui pèse ces choses a droit de craindre qu'une telle perversion des esprits ne soit le commencement des maux annoncés pour la fin des siècles».
C'est à tel point que, impuissant à éteindre complètement en soi la notion de Dieu, il secoue cependant le joug de sa majesté, et se dédie à lui-même le monde visible en guise de temple, où il prétend recevoir les adorations de ses semblables.
Ne pas se dÉcourager
Silence, conspiration. N'en soyons pas complices. Face à une dénonciation inlassable des crimes contre la foi, face aux avertissements des dangers contre la foi, ne préfère-t-on pas s'étourdir ?
Les prophètes de malheur ne sont guère prisés en général. C'est le panem et circenses que réclamait le peuple, alors que les barbares étaient aux portes.
Sous prétexte de découragement que produirait dans les âmes le constat seulement réaliste de la situation actuelle de l'Église, certains préfèrent les bercer d'illusions et leur laisser miroiter des solutions faciles.
Mgr Lefebvre n'avait pas choisi cette solution, mais une solution difficile, celle des sacres, qui ne fut pas toujours ni bien entendue ni bien interprétée. Certains ont cédé à l'explication démagogique et dangereuse de la lassitude que provoque cette crise longue. Mais attention, les âmes engagées dans ce processus de tromperie sombreront dans le désespoir lorsqu'elles perdront toutes leurs illusions, elles se laisseront emporter par une nouvelle vague de ralliement que l'on voit déjà réalisée très nettement. Politique à courte vue mue par l'intérêt égoïste à la petite semaine et tout simplement par la peur. Car il faut du courage pour supporter et attaquer. Alors, tout est-il terminé ? Quelle espérance nous reste-t-il ? «La Très Sainte Vierge Marie nous assure, dit encore Mgr Lefebvre, qu'à la fin de cette lutte son cœur immaculé triomphera». S'il en est ainsi, vous comprendrez que malgré tout nous n'avons pas à être pessimistes. La Sainte Vierge aura la victoire. Elle triomphera de la grande apostasie, fruit du libéralisme. Raison de plus pour lutter plus que jamais pour le Règne social de Notre Seigneur Jésus-Christ. Dans ce combat, nous ne sommes pas seuls : nous avons avec nous tous les papes jusqu'à Pie XII inclusivement. Il faut tenir ! Tout ce que nous savons, la foi nous l'enseigne, c'est que Notre Seigneur Jésus-Christ doit régner ici-bas, maintenant.
Et si nous ne gagnons pas tout, nous aurons sauvé l'essentiel : la foi. Notre résistance aujourd'hui, religieuse et politique, notre fidélité à la Sainte Église, nous les devons au sacrifice des martyrs, des docteurs de la vérité, de quelques courageux évêques. Leurs armes n'ont pas vieilli.
Entre se taire et adopter les principes de l'efficacité mondaine, il y a un milieu, ou mieux dit, un sommet, celui de l'affirmation publique du nom de Jésus. Telle est la prudence surnaturelle de l'Église.
Les derniers jours se caractérisent par l'intensité et l'extension du mal. Mais, et c'est ce qui doit nous rassurer, Dieu sans aucun doute entourera ses élus d'une sollicitude beaucoup plus grande. «Nous sommes certains, écrit le Père Calmel, que Dieu proportionne de plus grandes grâces à des épreuves et des tentations plus grandes». Les apparitions de la Très Sainte Vierge, de portée mondiale, nous montrent bien que plus la grande apostasie se prépare, plus elle-même intervient pour le salut des hommes.
Pourquoi cette crise ?
Une question cependant se pose, Dieu, Maître des hommes et des temps, a fixé les étapes de l'histoire. Nous croyons à son amour ; Il est en effet intervenu dans le monde avec une miséricorde incompréhensible aux pauvres humains que nous sommes. Cela nous le croyons, nous le constatons. Il nous avait créés dans l'état de justice originelle. L'homme ayant péché, Il lui a même promis un Messie rédempteur et le Verbe s'est incarné dans le sein de la Très Sainte Vierge Marie. Tout cela constitue une preuve d'amour incontestable.
Mais, et voilà la question qui se pose, même si nous savons que le péché avec ses efforts et ses tentatives ne pourra pas abolir les effets de la rédemption ni la Sainte Église, pourquoi Dieu permet-Il que ce péché se développe en des réalisations chaque fois plus monstrueuses jusqu'à la venue de l'Antéchrist, jusqu'à l'avènement de l'homme de péché ? Qui oserait aujourd'hui nier l'approfondissement de la perversité ?
Déjà, dans les premiers temps de notre espèce, la multitude des nations se détourna de Dieu et se perdit peu à peu, dans une idolâtrie aux rites abominables. Ensuite, lorsque Dieu, pour empêcher que l'aveuglement ne devienne total et pour préparer le monde à la venue de son Fils, se fut réservé un petit peuple, ce peuple béni au moment où le Fils de Dieu en personne lui était donné, refusa de le recevoir, à l'exception d'un petit reste. Alors Dieu rejeta Israël pour un temps, appela les nations idolâtres et les fit entrer dans l'Église. Mais tout aussitôt, le mystère d'iniquité s'insinua dans les communautés des convertis ; ces derniers tombèrent dans l'hérésie et déjà peut-être se préparèrent à l'apostasie.
Longtemps contenue, fortement muselée par les grands saints qui fleurirent dans l'Église et par les structures honnêtes d'une civilisation et d'une politique chrétienne, l'apostasie est finalement parvenue depuis quatre siècles, mais surtout depuis la Révolution, à faire sentir partout sa virulence. N'en fixons pas le terme. Il y en a qui veulent bien croire que c'est fini, que la crise cesse, que la Tradition est de retour.
Ne nous aveuglons pas mais gardons au cœur une grande espérance. Nous ne sommes pas au terme. Le mal doit empirer encore, à tel point que, malgré la conversion d'Israël, qui se produira certainement, la grande apostasie gagnera les hommes et l’Antéchrist paraîtra.
Alors pourquoi ? La réponse est à chercher du côté de l’amour. En vérité, Dieu nous gouverne en ayant choisi une économie qui honore davantage notre liberté et qui convient mieux à notre foi. Dieu nous appelle à marcher vers Lui tels que nous sommes. Notre foi est ainsi obligée de devenir plus forte lorsqu’elle doit s’exercer dans la nuit. De même notre attachement à Jésus-Christ est obligé de devenir plus aimant et plus vigoureux lorsque la puissance divine n’est pas éclatante.
Ainsi donc, il convient mieux pour la pureté de la foi, de l’espérance et de la charité que les éléments négatifs ne soient pas éliminés de notre longue histoire, de sorte que dans la conduite de l’humanité comme dans la sanctification de chacun de nous, notre Dieu mérite vraiment le nom de Dieu caché. Et le fait qu’Il se cache est le signe d’un plus grand amour puisqu’il nous invite par là à Le chercher avec plus d’empressement, d’humilité et de confiance.
L’Eglise peut, après vingt siècles, remercier Dieu de toutes les splendeurs de son passé. Elle peut remercier Dieu de ces consécrations épiscopales qui ont permis aux sources de la grâce de continuer à couler, depuis vingt ans. Malgré les angoisses du présent, malgré les incertitudes de l’avenir humain, prononçons aujourd’hui un acte d’espérance. Merci Mgr Lefebvre de nous avoir redonné cette espérance.
Abbé Xavier Beauvais.
N.B. : Plusieurs passages de cet éditorial ont été inspirés de réflexions du Révérend Père Calmel dans Théologie de l’histoire.
Dossier: FraternitÉ Saint-Pie X et ralliÉs : rÉtrospectives et perspectives[14]
20 ans. Presque une génération. C'est à cette génération que ce dossier est particulièrement consacré. A ceux qui, en 1988, naissaient au moment des sacres, à ceux qui, un certain 30 juin, avaient une dizaine d'années et aujourd'hui s'interrogent et se demandent quelle attitude adopter en face de cette opposition parfois sourde, parfois ouverte entre ceux qui s'appellent mutuellement ralliés, ecclésiadéistes, traditionalistes, intégristes, lefebvristes, schismatiques.
Querelle de clochers ? Controverse de spécialistes ? Question de tendance spirituelle ? De couleur ou sensibilité différente entre gens plus ouverts ou plus sérieux ? Quel est le problème central de cette division ? Quels en sont les enjeux sous-jacents ?
Aujourd'hui, 20 ans après, n'y a-t-il pas lieu de tirer un trait sur toute cette histoire ? Le mieux n'est-il pas de s'unir au moment où Benoît XVI semble remettre à flot l'Église, à l'heure du grand retour de la liturgie traditionnelle ? La Fraternité Saint-Pie X n'a-t-elle pas tort de rester ainsi à l'écart comme la dernière Lettre aux amis et bienfaiteurs (avril 2008) de S.E. Mgr Bernard Fellay l'exprime ?
Pour tâcher de donner une réponse à ceux qui la demandent - et Dieu sait si les jeunes sont avides de la connaître - il ne sera pas superflu d'examiner les questions suivantes :
- la raison des sacres : pourquoi Mgr Lefebvre en est-il venu à sacrer quatre évêques malgré l'opposition romaine ?
- la création des instituts Ecclesia Dei : pourquoi certains n'ont-ils pas voulu suivre Mgr Lefebvre ?
- 20 ans après, peut-on dire les instituts Ecclesia Dei fait fausse route ? Quel jugement peut-on porter sur ces instituts ?
- 20 ans après, peut-on dire que Rome a changé ?
Conclusion : Comment comprendre la ligne suivie par la Fraternité Saint-Pie X ? Quelles en sont les conséquences ? Quelle doit être notre attitude?
Avril 2008.
LA fraternitÉ et les sacres de 1988 : l’opÉration survie
En cette journée d'avril 1970, raconte Mgr B. Tissier de Mallerais, «Monseigneur nous découvrit le fond de sa pensée (..) : ‘Je vais vous placer au Salésianum – cette maison d'étudiants située elle aussi à Fribourg – vous y continuerez vos études à l'Université et je vous trouverai quelque évêque pour incardiner ceux d'entre vous qui ne le sont pas (...) Pour ma part, poursuit Mgr Tissier, la perspective décrite par Monseigneur me semblait impossible. J'avoue que je n'ai jamais douté que Monseigneur continuerait. Mais Paul Aulagnier réagissait déjà : ‘Comment, Monseigneur, vous allez nous abandonner ? Et une fois ordonnés prêtres, qu'allons-nous devenir, dispersés dans les diocèses, entourés de progressistes ? Comment tiendrons-nous le coup ?'»[15].
A notre avis, toute l'histoire de la Fraternité est contenue dans cette remarque si pertinente de M. l'abbé Aulagnier :
La volonté ferme de rester fidèle à la Tradition.
La réalité d'un environnement conciliaire hostile et corrosif.
La nécessité de se protéger de cette pression moderniste par des moyens appropriés.
La volontÉ ferme de rester fidÈle À la Tradition
Mgr Lefebvre le répétait souvent, s'il a fondé la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, c'est avant tout pour sauver le sacerdoce catholique et avec lui donner aux fidèles le moyen de sauver leur âme en recevant un enseignement véritablement catholique et des sacrements authentiques, non frelatés. C'est donc par une volonté ferme de rester fidèle à la foi catholique pour sauver nos âmes que Mgr Lefebvre a œuvré[16].
La rÉalitÉ d'un environnement conciliaire dÉcadent, hostile et corrosif
Hélas, la Fraternité a vu le jour dans une situation de crise dans l'Église sans précédent. Perte de la foi, perte de l'esprit surnaturel, destruction du sacerdoce avec des défections sacerdotales par dizaines de milliers dans le monde entier, recyclage des prêtres, réforme systématique de tous les rouages de l'Église dans un sens moderniste : changement de doctrine sur des sujets aussi fondamentaux que le règne social du Christ, l'œcuménisme, la liberté religieuse, la collégialité, le salut des incroyants, la conception de l'autorité ; remaniement des congrégations romaines, réforme protestantisée de tous les sacrements, du bréviaire, de la liturgie dans tout son ensemble, du droit canonique, changement du catéchisme, de l'Écriture sainte rendue œcuménique... Et le pire est que ces changements furent avalisés, demandés, exigés par Rome. Qu'on pense à la demande inouïe faite par le Saint-Siège à l'Espagne, au canton suisse du Valais, à l'Italie, à la Colombie, de supprimer la mention de la religion catholique comme religion d'État au nom de la liberté religieuse. Il faut avoir à l'esprit tout ce bouleversement pour comprendre la réaction de survie de ceux que l'on a appelés les traditionalistes. Devant cette marée moderniste, nombre de personnes, trop peu nombreuses malheureusement, se sont dressées pour tenter de sauver ce qu'il était encore possible de sauver.
Mgr Lefebvre, à la demande de séminaristes épouvantés du désastre de la formation reçue dans les séminaires (que l'on songe au drapeau rouge qui flottait en mai 1968 au séminaire français de Rome), fonda - béni et encouragé en cela par l'évêque de Fribourg - ce qui allait devenir le fameux séminaire d'Ecône. Et là, les sanctions épiscopales et romaines
ont commencé à pleuvoir, drues, sévères. Accusé, dénoncé à Rome, le séminaire - qui n'a eu et n'a d'autre tort que de former les prêtres comme naguère - reçut, du 11 au 13 novembre 1974, la visite de deux prélats romains, Nosseigneurs Onclin et Deschamps. L'enquête tourna au scandale quand ces envoyés romains, chargés de vérifier l'orthodoxie d'Ecône, osèrent dire aux séminaristes que le Christ n'était pas physiquement ressuscité et que l'ordination de prêtres mariés était une chose comme allant de soi[17]. Mgr Lefebvre réagit alors dans une vigoureuse déclaration appelée à une grande publicité, la fameuse déclaration du 21 novembre 1974.
L'engrenage est enclenché et les sanctions ne se font pas attendre. Le 6 mai 1975, la Fraternité est officiellement dissoute par Rome qui demande la fermeture immédiate du séminaire. La date des ordinations approche. Que faire ? Obéir et fermer ce qui est pour l'heure le seul séminaire à former d'une manière traditionnelle les prêtres ? Obéir et cesser la réaction de survie face à la tempête qui secoue l'Église ? Abandonner ces prêtres résistants qui attendent la relève ? Abandonner ces fidèles attachés à la foi de toujours, à la messe de toujours ? Abandonner ces séminaristes qui n'ont qu'Ecône pour les former comme ils sont en droit de l'être ?
Il eût été plus facile de céder, d'obéir, de faire des compromis. Monseigneur ne l'a pas fait. Et ce choix détermina toute l'attitude de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, qui, depuis, n'a jamais changé de cap.
La nÉcessitÉ de se protÉger
Ainsi, devant une Rome décidée à supprimer dans l'œuf la réaction traditionaliste, il ne restait plus qu'à se protéger, en espérant des lendemains meilleurs.
En attendant, les sanctions continuent de pleuvoir : après la suppression de la Fraternité et l'ordre de fermeture du séminaire en 1975, Mgr Lefebvre est déclaré suspens a divinis le 1er juillet 1976 et l'on parle déjà d'excommunication. Mgr Lefebvre ne supprime pas pour autant les discussions avec Rome qui continueront d'ailleurs toujours jusqu'aux sacres de juin 1988. Il est pour l'heure reçu par Paul VI qui le semonce vertement quand tant d'autres évêques bradent la foi impunément et qui ne lui propose comme solution d'arrangement que de remettre entièrement ses séminaires et toute son œuvre entre les mains romaines ! En 1978, l'élection de Jean-Paul II lui laisse quelques espoirs vite déçus. Les années passent, et les manœuvres et exigences romaines se multiplient. Comme l'a montré M. l'abbé F. Knittel dans un article intitulé 32 ans de relations entre le Vatican et la Fraternité Saint-Pie X[18], Rome n'a jamais cessé de chercher à réduire la résistance traditionaliste par de multiples moyens en cédant toujours davantage mais en exigeant au minimum, d'une part, l'adhésion au concile à la lumière de la Tradition et, d'autre part, l'acceptation non seulement de la validité mais aussi de la légitimité[19], puis simplement en 1988 de l'orthodoxie, de la réforme liturgique[20].
La question des sacres
Les années passent. Monseigneur prend de l'âge et ne voit toujours pas de changement à Rome, sinon en pire. De plus, mis à part Mgr De Castro Mayer tout aussi âgé, aucun évêque ne se lève pour prendre la relève. De nouveau, Monseigneur est dans l'alternative : attendre qu'un successeur se présente ou sacrer lui-même.
Deux événements vont lui donner la réponse. L'annonce de l'apostasie d'Assise[21] le 25 janvier 1986 et la réponse aux Dubia[22] le 9 mars 1987[23]. Le premier est un blasphème public commis par le vicaire du Christ et le second entérine de nouveau toutes les erreurs conciliaires. Tous deux manifestent l'aveuglement romain. Or, et cela décide Monseigneur à assurer sa succession, aucun évêque ne s'est décidé à s'opposer publiquement à l'apostasie enseignée au synode de 1985 et pratiquée à Assise. Le raisonnement de Monseigneur est alors limpide : si aucun évêque ne s'est levé pour s'opposer à ces scandales sans précédent, aucun évêque ne se lèvera pour défendre le mouvement de la Tradition et assurer sa pérennité. Sans être apodictique, la conclusion est la plus probable, la plus prudente. En conséquence «l'évêque de fer» se résout à sacrer, et l'annonce publiquement le 29 juin 1987 lors du sermon des ordinations. Rome prend la mesure des choses et relance activement les discussions. Celles-ci se prolongent à Rome et aboutissent à l'acceptation de principe du sacre d'un évêque, ainsi qu'à la création d'une congrégation romaine dans laquelle les membres de la Fraternité seraient partie prenante, quoique d'une manière minoritaire. Le 5 mai 1988 au soir, Mgr Lefebvre signe. Le lendemain matin, au terme d'une nuit blanche, Monseigneur retire sa signature. Que s'est-il passé ? Monseigneur revient sur la question de la date du sacre. Le 4 mai, l'abbé Laroche avait suggéré la date du 15 août. La réponse est un monument de mauvaise foi : ce sont les vacances, les bureaux sont fermés. Monseigneur propose alors la Toussaint. Le cardinal Ratzinger élude la question. Deux jours plus tard, la conclusion qu'en tire Monseigneur est claire. Rome cherche à gagner du temps en attendant son décès. Rome est de mauvaise foi. Mgr Lefebvre a compris. Rome ne veut pas sauver la Tradition mais la détruire.
Dès lors, Monseigneur rompt l'accord faussé par la mauvaise foi romaine et se décide à sacrer. Quelques jours plus tard, un deuxième fait confirme les choses : on fait savoir à Monseigneur Lefebvre qu'une lettre d'excuses au pape serait la bienvenue. Le 30 juin, Monseigneur l'explique dans son sermon : s'il n'avait pas sacré, c'eût été «l'opération suicide». Il a opté pour «l'opération survie».
Travailler malgrÉ tout de l'intÉrieur ?
Si Rome est contre la Tradition ne peut-on pas travailler de l'intérieur ? La solution est tentante. Précisons d'emblée qu'il ne s'agit pas de travailler à l'intérieur ou en dehors de l'Église mais de ses structures ordinaires. Ce n'est pas la même chose. De plus, Monseigneur répondait à cette hypothèse en montrant aux séminaristes (durant la retraite de rentrée de 1988) l'irréalisme de cette solution. Si l'on se soumet à Rome, on se place nécessairement sous l'autorité d'une Rome qui détruit la Tradition. Comment alors pouvoir continuer à défendre le combat de la Tradition tout en obéissant à une autorité qui détruit la Tradition ? Du reste, en 1984 lors de l'indult autorisant la célébration de la messe de toujours suivant certaines conditions, et quand certains étaient tentés de «travailler de l'intérieur», Monseigneur réagissait vivement : «c'est un raisonnement absolument faux. On ne rentre pas dans un cadre sous des supérieurs, alors que ceux-ci ont tout en main pour nous juguler. ‘Une fois reconnus, dites-vous, nous pourrons agir à l'intérieur de l'Église’. C'est une profonde erreur et une méconnaissance totale de l'esprit de ceux qui composent la hiérarchie actuelle»[24].
Il faut en effet bien comprendre cette vérité psychologique que l'on est influencé par le milieu dans lequel on se trouve et dirigé par l'autorité à laquelle on se soumet. Le cas des prêtres ouvriers est à ce titre bien éclairant. Persuadés qu'ils allaient influencer la masse, ce sont eux qui se sont fait recycler. L'expérience fut désastreuse. Le bon sens le disait au bon vieux temps, si l'on met une pomme saine dans un cageot de pommes pourries, c'est la pomme saine qui pourrit et non l'inverse ! C'était la réaction remplie de bon sens de M. l'abbé Aulagnier en 1970 qu'il renouvelait en 1988 devant la perspective d'un accord : «A Rome, on a une pensée théologique et philosophique contraire à la pensée de l'Église. J'ai peur de cet accord ; je crains la ruse du démon, de l'ennemi ; je ne me vois pas discuter avec Lustiger, Decourtray, le pape d'Assise (...) je refuse la Rome moderniste qui risque d'être le Léviathan qui nous dévore»[25].
Il faut juger de ces choses très prosaïquement. Si les prêtres doivent rentrer dans le giron des diocèses, alors ils sont appelés à aller aux concélébrations du Jeudi Saint dans la nouvelle messe, aux réunions sacerdotales où les erreurs doctrinales abondent. S'ils veulent aller dire la messe dans une église différente et que le curé leur propose de se servir dans le tabernacle, comment refuser puisque la valeur de la nouvelle messe est une chose admise[26]. A moins de refuser en permanence, on cède sur un point puis un autre. C'est dans la logique des choses. Peu d'hommes ont suffisamment de résistance psychologique pour tenir à une pression perpétuelle !
Et ce problème qui se pose d'une manière très pratique au niveau pastoral des prêtres se pose à l'échelon des autorités. Si l'on obtient de Rome la reconnaissance officielle, comment dénoncer publiquement les erreurs de Rome[27] ? Comment s'opposer aux errements d'une Rome de qui l'on dépend pour avoir des évêques afin d'ordonner les sujets desdites sociétés religieuses ? Comment continuer à réfuter la valeur et la légitimité de la nouvelle messe quand on prête allégeance à des autorités qui en font l'apologie ? Comment refuser les nouveaux sacrements, le nouveau droit canon, la nouvelle doctrine ? Comment sinon en invoquant un droit exclusif, un droit propre pour son institut ? N'est-ce pas là faire de la Tradition une réserve d'Indiens qui reconnaît par son silence la légitimité de toute la réforme opérée par une Rome moderniste ? N'est-ce pas là mendier de Rome ce qu'elle est en devoir de nous accorder en gardant le silence sur des erreurs que l'on se doit de condamner ?
Le fond de la question de ce que l'on appelle les ralliés est toute entière contenue dans ce principe de simple psychologie[28]. A la limite, Rome peut se permettre de ne pas exiger de conditions doctrinales comme – apparemment – elle l'a fait pour le tout récent Institut du Bon Pasteur[29]. Ce n'est pas nécessaire comme le montrent 40 ans de stratégie conciliaire. Il suffit de se mettre sur le terrain pratique et d'attendre que le temps fasse son œuvre. La pression des évêques, des structures est telle que le front baisse petit à petit. Il suffit d'attendre que le fruit soit mûr. Et l'expérience prouve que toutes les sociétés religieuses rattachées à la commission Ecclesia Dei ont cédé sur la doctrine[30].
Comme le dit Mgr Fellay dans la dernière Lettre aux amis et bienfaiteurs du 14 avril 2008 : «Dans les circonstances actuelles, un accord avec les autorités conciliaires serait un suicide».
Le mouvement ecclÉsiadÉiste
Ce raisonnement, de nombreux prêtres et fidèles ne l'ont pas admis en 1988. Pour eux, Mgr Lefebvre venait d'entacher sa réputation et son combat d'un acte gravement peccamineux, un acte schismatique. L'heure était venue de s'en séparer et de faire confiance à Rome qui ouvrait large ses portes aux transfuges d'Ecône. Convaincu de la bonne volonté romaine, Dom Gérard signa un accord avec Rome tandis qu'il se rendait malgré tout à Ecône pour féliciter Mgr Lefebvre de son geste. Après lui, plusieurs prêtres issus de la Fraternité Saint-Pie X furent priés par Rome de fonder une fraternité sacerdotale dans l'esprit de l'accord du 5 mai 1988. La Fraternité Saint-Pierre était née.
Avant de voir si cette décision était justifiée, passons à la question du silence respectueux.
Le ministÈre critique de la FraternitÉ
Quitte à travailler de l'intérieur, ne peut-on pas garder un silence respectueux sur les erreurs modernes répandues par les autorités tout en prêchant la bonne doctrine ?
A vrai dire, le silence respectueux n'est moralement possible que pour éviter un mal pire. L'histoire de saint Pie X nous en fournit un exemple avec l'Action Française, quand il estimait qu'une condamnation était inopportune et aurait entraîné bien plus d'inconvénients que d'avantages. Or, dans le cas présent, les circonstances sont telles que l'inconvénient qui résulte du silence (la négligence pour le bien commun de la foi et le scandale pour les fidèles) est pire que l'inconvénient qui résulte de la dénonciation de l'erreur (la mise apparente au ban de la société visible de l'Église conciliaire).
La réponse tient donc en un mot : le bien de la foi et le bien de la foi suppose aujourd'hui la condamnation de l'erreur pour deux raisons :
- la garder soi-même. L’expérience prouve, hélas, qu'il ne suffit pas de prêcher la vérité mais qu'il faut aussi condamner les erreurs ;
- prévenir la chute de ceux qui pourraient être tentés d'y succomber.
Ajoutons les arguments suivants qui pèsent dans la balance et montrent qu'un véritable amour de la foi ne peut se conjuguer aujourd'hui avec un respectueux silence :
1. La vérité réclame la condamnation de l'erreur : «les prédicateurs de la vérité doivent faire deux choses, à savoir exhorter selon une sainte doctrine, et vaincre la contradiction»[31].
2. Le bien de la foi postule cette condamnation publique de l'erreur quand bien même l'autorité y tomberait : «En cas de nécessité, là où la foi est en péril, n'importe qui est tenu de faire connaître sa foi, soit pour instruire ou affermir les autres fidèles, soit pour repousser les attaques des infidèles»[32], « S'il y avait danger pour la foi, les supérieurs devraient être repris par les inférieurs, même en public. Aussi Paul, qui était soumis à Pierre, l'a-t-il repris pour cette raison»[33].
3. La vérité est bien mieux mise en évidence par la distinction d'avec l'erreur et la condamnation de celle-ci[34].
4. La vérité ne doit pas se cacher par peur des critiques qui existeront toujours quoi qu'il arrive : «Il vaut mieux causer du scandale que d'abandonner la vérité»[35].
5. La politique qui consiste à rechercher seulement les passages traditionnels dans le Magistère (sorte de scanner intellectuel qui ne détecte que les passages traditionnels) est à la base la même qui soutient l'œcuménisme : ne voir que les bons aspects des religions pour ne pas risquer de nuire à une entente qui favoriserait le rapprochement.
6. Les fondements rationnels de notre position reposent sur la trahison de Rome et l'abandon par celle-ci de la Tradition (cf. article précédent). Ne mentionner que les bons côtés de Rome conduirait petit à petit à oublier les raisons de notre combat et à retomber insensiblement dans les erreurs combattues.
7. Le meilleur service que nous puissions rendre à Rome est de ne pas nous taire sur les erreurs conciliaires et de rester ferme. Que dirait-on d'une épouse ou d'enfants qui ne préviendraient pas leur époux et père, lorsque ce dernier s'engagerait dans une voie mortelle ? Ne serait-ce pas là non de l'amour mais une lâcheté servile et cruelle ?
8. Cette clarté d'exposition et donc cette condamnation des erreurs est rendue plus nécessaire en raison de l'augmentation de la confusion dans l'Église et en particulier dans les milieux traditionnels. Cette confusion s'explique par :
° la pomme de discorde Ecclesia Dei qui plus de 20 ans après, ne cesse pas de réaliser son but : énerver les convictions et diviser les forces. De là...
° une palette de plus en plus variée de nuances doctrinales et donc une confusion des esprits plus grande, esprits qui ont du mal à se faire une idée, ce qui n'était pas le cas lorsque les deux «camps» étaient bien tranchés ;
° une jeunesse qui n'a pas connu les combats des vétérans, n'a pas eu à se positionner et a donc davantage besoin de précision;
° une perte chez certains de l'habitude du combat et avec elle de réfléchir sur les raisons de celui-ci.
9. Ne mentionner que les bons côtés de Rome conduirait d'abord à croire que la crise touche à sa fin, puis dans un délai proche, à ne pas comprendre le refus des autorités de la Fraternité de conclure un accord avec Rome, et donc d'atténuer cette force de résistance.
Cela étant dit sur ce devoir critique décrié par les ralliés, il reste à voir si ces derniers ont au moins conservé leurs positions de départ.
LES RALLIÉS, 20 ans aprÈs, l'Épreuve des faits
Des compromis doctrinaux
20 ans après, le constat est accablant. Comme le notait M. l'abbé de Cacqueray le 22 avril 2007, «au fur et à mesure que se sont ralliés à la Rome conciliaire différents monastères, instituts ou prêtres isolés, il s'est toujours produit un affadissement, un gauchissement des idées qui s'est d'abord opéré par le remplacement ou le détournement de sens d'un mot puis de quelques-uns. Il suffit d'avoir consenti à l'un d'entre eux - car il existe normalement une cohérence dans une pensée - pour qu'il en amène d'autres à germer, qui vont lui imposer peu à peu une tout autre orientation. Quelques années après, l'on se frotte les yeux en se demandant comment il est possible qu'un tel fossé ait pu se creuser»[36]. Ouvrons justement les yeux, car doctrinalement, ces instituts ont cédé sur :
La messe. Curieusement, ces instituts qui passent pour être les champions de la liturgie ont tous lâché sur ce point en reconnaissant la légitimité de la nouvelle messe et en se taisant logiquement sur la nocivité de celle-ci[37]. Mentionnons Dom Gérard, abbé du Barroux (le 27 avril 1995), Mgr Wach, supérieur du Christ-Roi (le 21 décembre 1991), Mgr Rifan, supérieur de l'Institut saint Jean-Marie Vianney de Campos (le 8 décembre 2004) qui ont tous concélébré dans le nouveau rite[38]. Nous pourrions citer également et abondamment la revue Sedes Sapientiæ qui défendait la parfaite orthodoxie de la nouvelle liturgie[39] ou M. l'abbé Ribeton, supérieur actuel du district de France de la FSSP[40] ou encore messieurs les abbés de Tanouarn et C. Héry (de l'IBP) défendant l'un la légitimité[41], l'autre la valeur[42] du nouveau rite.
La libertÉ religieuse : c'est le cas du Barroux avec la justification de la liberté religieuse par le père Basile dans sa très longue thèse ; c'est le cas de l'IBP, avec un article de l'abbé C. Héry qui encense le passage du Discours de Benoît XVI de décembre 2005 où il est question de la liberté religieuse[43] ;
L'ecclÉsiologie du subsistit in avec le ralliement enthousiaste de M. l'abbé Ph. Laguérie à l'interprétation désormais classique de Rome[44] ;
L'ŒcumÉnisme. Voici ce qu'osait déclarer il y a quelques années, l'ancien supérieur et cofondateur de la Fraternité Saint-Pierre, M. l'abbé Bisig : «Je ne vois rien de mauvais dans le fait que des catholiques se donnent un rendez-vous avec des non-catholiques, qu'ils s'entretiennent avec eux, etc. Assise avait en un certain sens, une grande importance, dans la mesure où, dans le cadre de la prière pour la paix, se rencontraient les fidèles des différentes religions»[45].
Du nouveau code de droit canonique que tous ces instituts ont adopté sans sourciller.
Et la liste pourrait se rallonger encore. Un dernier point à ce sujet. Pas un mot, pas l'ombre d'une critique à l'égard des scandales doctrinaux de Rome. N'y aurait-il que ce silence à mettre à la charge de ces instituts ainsi muselés, cela serait une preuve suffisante que cette attitude de soumission à la Rome moderniste reste vouée à l'échec.
A la merci de Rome et des ÉvÊques...
Les (relativement) récents déboires de la Fraternité Saint-Pierre en France en 2006 : récupération par les diocèses des centres paroissiaux de Versailles, Lyon et Orléans, manifestent que la soumission aux évêques s'accompagne d'un frein non négligeable à l'apostolat. A ce titre, la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X manifeste par les coudées franches dont elle dispose qu'il est bien plus facile d'œuvrer pour la Tradition à l'extérieur des structures ordinaires. Combien de refus ne faut-il pas essuyer, combien de démarches ne faut-il pas entreprendre avant d'obtenir quelque bienfait des évêques[46].
Du reste, ces difficultés avec les autorités locales ne sont que l'écho des pressions romaines. Rappelons-nous qu'en 1999, lorsque le supérieur de la Fraternité Saint-Pierre, M. l'abbé Bisig, voulut s'opposer à la frange gauche de sa société, Rome donna raison à celle-ci, attribua à tout prêtre de la FSSP le droit de célébrer selon le nouveau rite[47] et imposa un nouveau supérieur bi-ritualiste en 2000.
L'abandon de poste
A la lumière, d'une part, de cette soumission imprudente à des structures ecclésiastiques aux mains de modernistes, et, d'autre part, de tous ces gauchissements, déviances et renoncements sur des questions liées intimement à la foi, on a l'impression de se trouver face à un abandon de poste, une diminution de l'esprit de combat. Comme le disait d'ailleurs E. Hello dans L'Homme : «Quand un homme qui aimait la vérité cesse de l'aimer, il ne commence pas par déclarer sa défection; il commence par moins détester l'erreur».
Une division profonde et durable
Cette reddition pratique et doctrinale d'une partie du bloc jusqu'alors homogène de la Tradition a inévitablement conduit à une division profonde et durable. On peut en effet remarquer que, dans la quasi-totalité des cas, Rome n'a accordé certaines libertés traditionnelles qu'à des anciens de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X. A chaque fois qu'une prétendue ouverture de Rome s'est faite en faveur de la Tradition, elle s'est accompagnée de divisions au sein de la Fraternité Saint-Pie X. Ce fut le cas lors de la fondation de la Fraternité Saint-Pierre, de l'Institut saint Philippe Néri, de la Fraternité Saint-Jean, du séminaire Mater Ecclesiæ et dernièrement de l'Institut du Bon Pasteur qui ont tous été fondés par des anciens de la Fraternité Saint Pie X entraînant des divisions en elle ; de même le Barroux, Chéméré, Campos sont des fondations d'anciens alliés dont les ralliements se sont accompagnés de nouvelles divisions dans le front autrefois uni de la Tradition. Ce n'est donc pas une multiplication par addition mais par division. Et comme nous venons de le montrer – preuves à l'appui – cet abandon de la Fraternité Saint-Pie X suppose chez ceux qui la quittent l'acceptation progressive et manifeste des erreurs conciliaires et liturgiques. Cette volonté de division était déjà d'ailleurs clairement exprimée par feu Mgr Decourtray le 4 décembre 1988 : «Si Mgr Lefebvre avait confirmé la signature donnée le 5 mai au protocole d'accord, il aurait fait la preuve qu'il était disposé à accueillir tout le concile Vatican II en même temps que l'autorité du pape actuel et des évêques locaux qui lui sont unis. En réalité, si Mgr Lefebvre n'a pas accepté le protocole qui lui était proposé, c'est précisément qu'il a compris soudain sa signification réelle. 'Ils voulaient nous tromper’, a-t-il dit équivalemment. Cela signifiait : 'Ils voulaient nous faire accepter le concile'»[48]. De même, «Au lendemain de l'accord des prêtres de Campos a paru un entretien (Radio-Vatican) avec le théologien de la maison pontificale, le Père Georges Cottier, O.P., dans lequel celui-ci exprimait qu'il était insuffisant que les prêtres de Campos reconnaissent la validité de la nouvelle messe, mais que l'on devait les amener à la célébrer : 'Nous devons nous attendre peu à peu à d'autres actes de rapprochement : par exemple, la participation à des concélébrations dans le rite réformé. Mais il faut encore faire preuve de patience. Il est essentiel que leurs cœurs ne s'y refusent pas plus longtemps. L'unité retrouvée au sein de l'Église renferme en elle-même une dynamique interne qui portera ses fruits'»[49]. On pourrait citer encore l'avis autorisé de la revue de La Documentation catholique dans sa traduction française présentant le document de fondation de l'Institut du Bon Pasteur : «l'Institut du Bon Pasteur qui a pour vocation d'accueillir dans l'Église catholique des prêtres issus de la fraternité Saint-Pie X, schismatique...»[50]. Enfin, il est à noter que pour ces instituts qui se séparent du vaisseau amiral, cela s'accompagne d'un éloignement de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X[51] voire d'une condamnation de celle-ci[52].
D'un glissement doctrinal À la confusion des esprits
Cédant sur la doctrine, les instituts Ecclesia Dei se sont cramponnés à la question liturgique en la vidant de son aspect profondément doctrinal. En avalisant la valeur et la légitimité de la nouvelle messe, en occultant les erreurs du magistère actuel, ces instituts ont changé la perspective du combat de la Tradition. Il ne s'agit plus pour ces derniers ni de soutenir la messe de saint Pie V en condamnant la nouvelle messe, ni de combattre les erreurs modernes prêchées par la Rome actuelle pour prêcher la foi de toujours. Il s'agit uniquement de manifester la plus grande richesse doctrinale et liturgique de la messe tridentine.
Le déplacement d'accent n'est pas petit. Et cela explique sans doute une confusion si présente aujourd'hui dans nos milieux, celle de limiter le combat de la Tradition à celui de la messe comme si l'on devait s'en satisfaire et ne pas exiger la foi de toujours avec la messe de toujours[53]. C'est pourquoi nous pensons que c'est aujourd'hui, peut-être plus qu'avant, que nous payons les fruits amers de cette division de 1988. «Dès lors qu'ils admettent la fausse liberté religieuse, conclut Mgr Lefebvre, (...) le faux œcuménisme (...) la réforme liturgique (...) ils contribuent officiellement à la révolution dans l'Église, et à sa destruction»[54].
La porte ouverte À la mondanitÉ
Parmi ces fruits qu'on est en droit d'attendre, il y a nous semble-t-il, l'esprit mondain. Psychologiquement, l'habitude du compromis intellectuel mène naturellement au compromis moral. A force de céder sur des points de doctrine jugés secondaires, l'âme prend l'habitude de céder sur des points de morale jugés secondaires.
Des sacrements douteux ?
Curieusement, la validité de certains sacrements donnés par les prêtres desdits instituts est rarement mise en cause. Pourtant, si l'on tient compte que :
1) les sacrements d'extrême-onction et de confirmation sont douteusement valides si l'huile utilisée n'est pas de l'huile d'olive,
2) cette huile est consacrée par l'évêque,
3) ces instituts n'ont pas d'évêque 20 traditionnel et qu'ils sont à la merci d'évêques pouvant utiliser de l'huile autre que l'huile d'olive;
«Qu'en est-il alors de l'extrême-onction qu'ils confèrent avec ces huiles ?» demande l'abbé Célier[55]. Ces instituts usent-ils avec certitude d'une véritable huile d'olive ? De la réponse à cette question dépend la certitude de la validité de leurs sacrements d'extrême-onction et de confirmation.
Le diable porte pierre
Tout ce réquisitoire, pour être fondé, n'en est pas moins sévère. Sans aucun doute y a-t-il de nombreuses âmes de bonne foi, pieuses, mortifiées, surnaturelles dans ces instituts. Peut-être d'ailleurs que des âmes, n'osant franchir le seuil de chapelles affublées du caractère injuste de schismatique, ont ainsi trouvé le chemin d'une vie chrétienne plus fervente, plus riche liturgiquement et doctrinalement dans ces instituts. Nous ne voulons et ne pouvons pas le nier. De même, ces instituts sont parfois l'occasion pour des prêtres et fidèles de découvrir le combat de la Tradition et d'arriver finalement jusqu'à la Fraternité Saint-Pie X mais ceci malgré l'orientation générale de ces instituts qui conduisent à l'assimilation des principes conciliaires[56].
De plus, comme l'enseigne le principe de morale rappelé par l'Apôtre : «Ne faisons pas le mal pour qu'il advienne du bien». La fin ne justifie pas les moyens. C'est pourquoi le bien réel qui se fait dans ces instituts ne saurait justifier leur ralliement aux erreurs conciliaires[57].
Au contraire, nous pensons que si ces prêtres et fidèles de bonne foi étaient (restés) fidèles au vrai combat sans se décourager, leur efficacité apostolique en serait décuplée. Doctrinalement parlant, ils n'auraient pas ce danger pour leur foi. Spirituellement parlant, ils ne baigneraient pas dans ce climat propice à la mondanité. Pratiquement parlant, ils n'auraient pas la difficulté liée à la mauvaise volonté de la plupart des évêques.
Du cŒur, Rodrigue !
Pour clore ce chapitre douloureux, terminons par une question d'honneur, ou si l'on préfère, de cœur. Il y a 20 ans, Mgr Lefebvre, dont la vie ne fut qu'un écho fidèle de la Tradition de l'Église, fut condamné pour le motif de n'avoir pas respecté cette même Tradition[58].
Avec lui, c'est toute la Tradition de l'Église qui fut excommuniée, l'enseignement constant de l'Église et, au-delà tous ces prêtres et fidèles qui ont si bien mérité de l'Église en ces années troublées. «Il doit être également évident, précise M. l'abbé de Cacqueray, pour tous ceux qui savent quelle est la bataille de Monseigneur Lefebvre, que la justice la plus élémentaire interdit de nouer 'des accords' si la mémoire de celui à qui nous devons tout – autant qu'il est possible de tout devoir à un homme - n'a pas été lavée des injustices et des peines subies. L'existence même de la commission Ecclesia Dei, dressée sur la condamnation de nos évêques, qui regroupe ceux 'qui ont abandonné le mouvement de Monseigneur Lefebvre (interview du cardinal Castrillon Hoyos, 06.08.2007) se trouve viciée dès l'origine. Accepter d'en être est une gifle à la mémoire d'une personne qui nous est sacrée. Ce n'est point là affaire de susceptibilité. Chacun peut comprendre que nous serions, tout au contraire, des fils bien indignes et bien ingrats, et que nous pècherions gravement contre l'honneur et contre la piété filiale, si nous admettions une régularisation canonique de notre situation sans plus nous soucier de notre fondateur. L'origine même de cette commission pontificale, comme sa dénomination invitant textuellement les fidèles à s'affranchir du combat des seuls évêques qui ont osé se lever pour défendre la doctrine traditionnelle, nous est odieuse et suffit à la discréditer à nos yeux» [59]. Comment par le fait, pourrions-nous nous entendre avec ces ralliés qui, non contents de s'unir à la Rome qui a condamné la Tradition se rallie à cette condamnation même ?[60]
Rome a-t-elle changÉe ?
Abbé Christian Thouvenot
De la moindre fibre de notre être nous voulons servir l'Église catholique et lui être fidèles.
Nous professons inlassablement la foi comme la morale catholique, le culte comme la doctrine de l'Église. Nous nous efforçons de ne jamais nous appuyer sur nous-mêmes, mais constamment sur le Magistère de toujours, défini et certain, contre les nouveautés dangereuses ou pernicieuses qui se sont glissées et qui semblent triompher partout, jusqu'à Rome et dans tout l'univers catholique. Les premiers nous voudrions voir Rome retrouver sa Tradition et la véritable expression de la foi, tant liturgique que doctrinale. C'est là notre plus cher désir, notre espoir, notre combat.
Il ne faut pourtant pas prendre ses désirs pour des réalités, ni croire achevée la terrible crise que traverse l'Église simplement parce que nous l'attendons et l'espérons, ou parce que certains signes encourageants pourraient, tel l'arbre, cacher la forêt moderniste qui a envahi le sanctuaire de toutes parts : une vraie jungle à couper à la machette et au bulldozer !
Depuis qu'il est pape, Benoît XVI a, selon ses propres termes, pu donner l'impression qu'il s'employait à «résoudre les problèmes» auxquels l'Église est confrontée[61]. Mais à côté du latin qu'il a réhabilité à l'occasion de son premier discours, le 20 avril 2005, à côté du camauro ou du chapeau pontifical qu'il a su arborer non sans fierté, à côté du Motu proprio du 7 juillet 2007 qui a pu être considéré par le clan progressiste comme une pierre dans son jardin, force est de constater que le souverain pontife s'emploie d'abord et avant tout à conduire et à consolider la révolution conciliaire en en reprenant tous les grands axes, même les plus fous et les plus contraires à la foi.
Au lendemain de son élection, le nouveau pape s'engageait résolument dans cette ligne : «Je veux affirmer avec force ma ferme volonté de poursuivre l'engagement de mise en œuvre du Concile Vatican II, dans le sillage de mes prédécesseurs et en fidèle continuité avec la tradition bimillénaire de l'Église»[62]. Que l'on ne s'y trompe pas : la tradition n'est pas ici le critérium de vérité qui viendrait passer au crible les nouveautés conciliaires pour les corriger ou les oublier, mais la simple affirmation que le concile doit être lu, compris et accueilli au moyen de «l'herméneutique de la continuité»[63]. Car «au fil des années, les documents conciliaires n'ont rien perdu de leur actualité ; leurs enseignements se révèlent même particulièrement pertinents en ce qui concerne les nouvelles exigences de l'Église et de la société mondialisée actuelle»[64].
La libertÉ religieuse ? Elle est omniprésente dans maints discours, aussi bien pour salir la mémoire des martyrs qui auraient versé leur sang pour elle[65] que pour entretenir le faux œcuménisme et le dialogue inter-religieux tous azimuts, et bien sûr lorsqu'il s'agit de prêcher les droits de l'homme dans les cercles onusiens. Elle est sans cesse pré-supposée et postulée en amont de tout credo, de toute vérité, de toute religion et de tout culte. Un postulat foncièrement relativiste et indifférentiste par lequel le pape voudrait pourtant défendre la vérité de la religion catholique[66]. L'aboutissement de cette contradiction interne aboutit à célébrer la laïcité «à l'américaine», couronnement de la liberté religieuse et seule condition d'expression légitime de la foi dans la société. La laïcisation remplace ainsi le règne de Notre-Seigneur sur les nations.
L’ŒcumÉnisme ? Dès les premiers mois de son pontificat, Benoît XVI a multiplié les rencontres, dont les plus remarquées eurent lieu à la synagogue de Cologne le 19 août 2005 et à la mosquée d'Istanbul le 30 novembre 2006[67]. Il a repris à son compte le fumeux «esprit d'Assise» parce que, selon lui, «c'est dans la prière qu'il est possible de faire une expérience particulière de Dieu et d'en tirer des encouragements efficaces dans le dévouement à la cause de la paix»[68]. On pourrait donc invoquer n'importe quelle idole pour faire l'expérience de Dieu? On obtiendrait donc la paix par l'entremise de toutes les religions de la terre et des enfers, toutes les sectes et les courants de pensée les plus divers, y compris maçonniques ?
A cet idéal dévoyé Benoît XVI appelle spécialement «les trois religions monothéistes» «à coopérer entre elles pour le bien commun de l'humanité, en servant la cause de la justice et de la paix dans le monde». Car, affirme le pape en reprenant l'enseignement de Vatican II, «judaïsme, christianisme, et islam croient dans le Dieu unique, Créateur du ciel et de la terre»[69].
Le pape actuel continue donc ici l'œuvre de son prédécesseur, l’œil fixé sur cette chimère de l'unité du genre humain fondée sur la sacro-sainte dignité de la personne[70]. En réalité, cette unité n'est qu'un idéal naturaliste, une illusoire fraternité universelle qui asservit l'Église à l'humanité au sein de la société mondialisée[71].
La collÉgialitÉ ? Cette nouveauté du concile Vatican II introduit «deux têtes» pour imposer l'exercice solidaire du primat «dans la diversité des rôles et des fonctions du pontife romain et des évêques»[72]. Cette dimension collégiale du gouvernement du pape s'illustre aussi bien symboliquement dans le blason sans tiare que Benoît XVI a choisi comme armes pontificales[73] qu'en pratique, comme on l'a vu au moment du synode sur l'Eucharistie (octobre 2005) et des documents qui en ont émané. Ce fut, sauf erreur, le premier acte de gouvernement de l'Église universelle du nouveau pape : un synode où il participa comme simple évêque avant d'en établir une synthèse qui devait n'aboutir qu'à un énième rappel contre les abus liturgiques.
Une conclusion s'impose. Benoît XVI a confirmé et repris à son compte pour les établir avec fermeté tous les grands chantiers du pontificat de Jean-Paul II. Ce dernier, dans son chant du cygne, dénonçait «l'apostasie silencieuse» comme, trente ans plus tôt, Paul VI relevait la présence «des fumées de Satan» infiltrées dans le sanctuaire. Les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets. Les erreurs de Vatican II demeurent la source empoisonnée par laquelle Satan continue de répandre à pleine main l'ivraie de la corruption. A cela l'Esprit de vérité oppose inlassablement le combat de la foi : un combat public pour faire entendre la voix de la Tradition et répandre les sources de l'eau vive.
En 1987 Mgr Lefebvre dénonçait les trois erreurs fondamentales «professées publiquement par les modernistes qui occupent l'Église» et concluait logiquement à l'extrême gravité de la situation[74]. De ce constat il allait tirer, l'année suivante, toutes les leçons en accomplissant «l'opération survie de la Tradition». Vingt ans plus tard, le combat continue.
Conclusion du dossier : quelle doit Être notre attitude ?
A la lumière des questions soulevées et des réponses apportées, la conclusion porte sur deux aspects corrélatifs :
- les conclusions théoriques :
- les applications pratiques.
I. – Les leÇons des 20 derniÈres annÉes.
1. Les sacres étaient le moyen nécessaire pour assurer la pérennité de la Tradition, de sa survie et de son intégrité doctrinale particulièrement :
a) Pour assurer librement les ordinations et par là le développement de la Tradition sans devoir obtenir de Rome des évêques au cas par cas au prix de concessions doctrinales ;
b) Pour assurer la validité des sacrements de confirmation et d'extrême-onction;
2. Le ralliement des instituts Ecclesia Dei montre a posteriori par :
Les déviations doctrinales;
La division créée ;
que cette solution était vouée à l'échec.
3. Rome n'a pas changé.
II – Les applications pratiques
Elles entraînent trois questions :
- quelle doit être l'attitude actuelle de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X vis-à-vis de Rome?
- quelle doit être notre attitude vis-à-vis des ralliés ?
- quelle doit être notre attitude personnelle dans cette crise de l'Église
L'attitude de la FraternitÉ Saint-Pie X relativement À Rome
A cette première question, la réponse nous est clairement donnée par le supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X, S.Exc. Mgr B. Fellay : «(...) rien n'a changé dans la volonté de Rome de poursuivre les orientations conciliaires, malgré quarante années de crise, malgré les couvents dépeuplés, les presbytères abandonnés, les églises vides. Les universités catholiques persistent dans leurs divagations, l'enseignement du catéchisme reste une inconnue alors que l'école catholique n'existe plus comme spécifiquement catholique : c'est devenu une espèce éteinte...
Voici pourquoi la Fraternité Saint-Pie X ne peut pas ‘signer d'accord'. Elle se réjouit franchement de la volonté papale de réintroduire le rite ancien et vénérable de la sainte Messe, mais découvre aussi la résistance parfois farouche d'épiscopats entiers. Sans désespérer, sans impatience, nous constatons que le temps d'un accord n'est pas encore venu. Cela ne nous empêche pas de continuer d'espérer, de continuer le chemin défini dès l'an 2000. Nous continuons de demander au Saint-Père l'annulation du décret d'excommunication de 1988, car nous sommes persuadés que cela ferait le plus grand bien à l'Eglise et nous vous encourageons à prier pour que cela se réalise. Mais il serait très imprudent et précipité de se lancer inconsidérément dans la poursuite d'un accord pratique qui ne serait pas fondé sur les principes fondamentaux de l'Église, tout spécialement sur la foi»[75].
Dès lors, la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X continue, d'une part, son travail apostolique aux quatre coins de l'univers et, d'autre part, son ministère critique, œuvrant par là au retour de Rome à la Tradition de l'Église.
Notre attitude vis-À-vis des ralliÉs
Compte tenu des graves déviances doctrinales desdits instituts, trois mesures semblent s'imposer :
- Ne pas assister aux messes de ces derniers[76] comme le rappelait Mgr Lefebvre ainsi que M. l'abbé de Cacqueray (dans un passage portant davantage sur les messes Motu proprio) :
«N'estimons pas que notre formation, même bonne, nous place au-dessus de ces dangers : d'autres, et en grand nombre, n'y ont pas résisté. Il me semble que l'histoire des sociétés qui dépendent de la commission Ecclesia Dei démontre éloquemment qu'il est hélas possible, après l'adoration du Christ couronné par la liturgie, d'assister à son découronnement par la prédication. Je ne veux pas dire que l'on perd la foi en écoutant, une fois en passant, un sermon imprégné des erreurs modernes. Cependant, il est bien nécessaire d'avoir conscience des trois points suivants :
° Tout d'abord, l'humilité d'une âme doit naturellement l'incliner à se défier d'elle-même et à ne pas prendre le risque de se laisser troubler ou déstabiliser.
° Même si elle pense qu'elle ne risque rien, elle doit cependant mesurer ce qu'elle n'a sans doute pas reçu et qu'elle aurait pu recevoir en assistant à la messe dans une chapelle où l'enseignement doctrinal est vraiment communiqué.
° Il lui faut également se rappeler que les hommes sont enclins à se rassurer au sujet de ce qu'ils peuvent faire ou ne pas faire en regardant ce que font les autres, surtout s'ils leur portent une certaine estime. C'est ainsi. De la permission que l'un prend pour lui-même, il résulte que d'autres font de même et l'effet s'en trouve multiplié. Et si l'on estime son esprit suffisamment acéré pour trier et ne conserver que la vérité, en sera-t-il de même pour ceux que l'on aura entraînés dans son sillage ?»[77].
- Eviter absolument les mariages avec des ralliés convaincus comme l'explique M. l'abbé Bourrat car «minimiser les divergences sur la fidélité à la Tradition de l'Église, considérer que la défense du combat de la Tradition se limite à la messe en latin, atténuer les conséquences pratiques, au sein du foyer, des divergences doctrinales du combat mené par la Fraternité Saint Pie X et celui des mouvements Ecclesia Dei (pour schématiser), c'est préparer au sein même de la famille et chez les enfants des divisions et des contradictions qui se résoudront généralement au profit d'un abandon de la position vraiment catholique, toujours plus difficile à tenir qu'un compromis d'esprit libéral. Tout cela pour éviter des fissures dans le mariage (amour mutuel) au détriment de la fidélité de la foi (éducation des enfants). Autrement dit, pour préserver la fin seconde, on mettra en péril la fin première»[78].
- Ce qui suppose d'éviter des liens d'amitié trop grands où les familles pourraient relativiser les graves divergences doctrinales existantes.
Notre attitude personnelle
Au-delà de la formation qu'il faut transmettre inlassablement, il reste que la réponse à la crise est une vie chrétienne fervente et hardie que les obstacles dressés par la crise dans l'Eglise ne doivent pas abattre mais susciter comme le rappelait M. l'abbé de Cacqueray : «Toute hérésie, par les attaques qu'elle dirige contre un dogme, engendre chez les catholiques les plus aimants de leur foi un mouvement instinctif à se grouper autour de lui pour le défendre, et les amène ainsi à l'approfondir et à s'en nourrir. Il en résulte que les orientations spirituelles des âmes se trouvent nécessairement sous l'influence des luttes menées par l'Église contre les erreurs du temps. Leur sanctification ne s'opère pas dans une sorte d'isolement spirituel de l'époque où elles vivent mais dans un engagement intérieur, souvent très douloureux, à s'unir profondément aux mouvements les plus intimes de la défense de l'Église et de sa vie militante. Et ce n'est qu'au prix de l'acceptation d'une telle posture que les âmes s'élèvent»[79].
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[1] http://www.laportelatine.org/international/communic/presse/afrique/2008/entretienMgrFellay/MgrFellay08.php
Cette publication n’a pas été annoncée sur la page d’accueil de la Porte Latine, mais elle est enfouie dans les fonds du site. Elle a simplement été annoncée par Ennemond, l’officiel porte-parole officieux de Suresnes sur le Forum Catholique
[3] Cf. Forum catholique : ( 328673 ) Discussions doctrinales entre Rome et la FSSPX par Dominique Bro (2007-10-05 15:33:54) :
http://www.leforumcatholique.org/printFC.php?num=328673
Cf. message VM du 16 octobre 2007 :
http://sww.virgo-maria.org/articles/2007/VM-2007-10-16-B-00-Commission-theologique.pdf
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[4] selon le CV diffusé à l’occasion de la sortie de son livre-interview réalisé avec Olivier Pichon « Benoît XVI et les traditionalistes » aux éditions Entrelacs (Albin Michel), salon du livre 2007, citation :
- 1976 : obtention d’un baccalauréat scientifique ; entrée à l’Institut universitaire de Technologie de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).
- 1977 : découverte de la Tradition catholique à l’occasion de l’événement de Saint-Nicolas du Chardonnet.
- 1978 : obtention d’un Diplôme universitaire de Technologie «Hygiène et sécurité du travail» à l’Université de Paris-Nord.
- 1978-1979 : travail dans une entreprise d’usinage d’uranium fournissant l’industrie nucléaire et l’aéronautique.
[5] Cf. message VM du 17 juillet 2007 :
http://sww.virgo-maria.org/articles/2007/VM-2007-07-17-A-00-Abbe-Celier-Jim-Morrison.pdf
[6] http://www.virgo-maria.org/articles/2007/VM-2007-06-15-A-00-Binome_Aulagnier_Celier.pdf
http://www.virgo-maria.org/articles/2007/VM-2007-07-28-A-00-Chaussee-n1.pdf
http://www.virgo-maria.org/articles/2007/VM-2007-07-29-A-00-Chaussee-n2.pdf
http://www.virgo-maria.org/articles/2007/VM-2007-06-03-B-00-Mgr_Williamson_lache_abbe_Celier.pdf
http://www.virgo-maria.org/articles/2007/VM-2007-06-06-B-00-Avrille_bloque_face_a_Celier.pdf
http://www.virgo-maria.org/articles/2007/VM_2007-06-28-A-00-Abbe-Celier_censure_Mgr_Lefebvre.pdf
[9] N'oublions pas que les parents du saint curé d'Ars n'assistaient pas à la messe saint Pie V de leur curé jureur qui lui, n'avait légitimé ni Assise ni la nouvelle messe ni Vatican II mais la constitution civile du clergé, qui, pour grave qu'elle fût, n'atteignait pas le degré de blasphème d'Assise.
[10] Lettre aux amis et bienfaiteurs n°71, décembre 2007, p. 22.
[11] Cours personnel.
[14] Sauf indication contraire, tous les articles sont de l'abbé François-Marie Chautard.
[15] Fideliter n° 59, septembre-octobre 1987, p.63.
[16] «Le principe fondamental qui dicte notre action est la conservation de la foi, sans laquelle nul ne peut être sauvé, nul ne peut recevoir la grâce, nul ne peut être agréable à Dieu, comme le dit le Concile Vatican 1». M B. Fellay, Lettre aux amis et bienfaiteurs n° 72, du 14 avril 2008.
[17] Cf. Bernard Tissier de Mallerais, Marcel Lefebvre, une vie, Clovis, 2002, p.505.
[18] Cf. Nouvelles de chrétienté, n° 76, juillet-août 2002, p. 3-11.
[19] Seconde lettre du card. Seper à Mgr Lefebvre du 19/02/1981 citée par M. l'abbé Knittel, op. cit. p. 7, col.2. Cf. aussi le contenu de l'indult du 03/10/1984.
[20] Cf. le n° 4 du protocole d'accord du 05/05/1988.
[21] «Mgr Lefebvre, par l'apostasie d'Assise, estime recevoir de la Providence le premier signe qu'il attendait» Bernard Tissier de Mallerais, Marcel Lefebvre, une vie, Clovis, 2002, p. 571.
[22] Il s'agit de la réponse aux objections (Dubia) que Mgr Lefebvre faisait à la liberté religieuse.
[23] «Pour passer à l'acte, la prélat reçoit un ‘second signe' providentiel dans la réponse que Rome fait le 9 mars 1987 aux Dubia» Bernard Tissier de Mallerais, Marcel Lefebvre, une vie, Clovis, 2002, p. 574.
[24] Cité par Mgr Tissier, Marcel Lefebvre, une vie, Clovis, 2002, p. 561.
[25] Cité par par Mgr Tissier, op. cit. p. 588.
[26] Lors des discussions romaines de 1988, la cardinal Ratzinger émit cette idée: «Je trouverais bon qu'à Saint-Nicolas-du-Chardonnet, à côté des messes de la Fraternité, il y ait une messe de la paroisse ; l'Église est une». Cité par Mgr Tissier, Marcel Lefebvre, une vie, Clovis, 2002, p. 583.
[27] Le cas se vérifie actuellement avec l'Institut du Bon Pasteur dont les publications sur Internet ou sur papier ne tarissent pas d'éloges sur les agissements et textes du Saint-Père même quand il s'agit de textes scandaleux pour la foi comme celui du 7 juillet 2008 relatif au subsistit in ou des fins dernières expliquées par l'encyclique Spe Salvi («la doctrine la plus sûre des fins dernières» écrit l'abbé C. Héry, Le mascaret 292 p. 7). Et l'abbé de Tanoüarn appelle à soutenir le pape Benoît XVI «dont certains textes sur l'œcuménisme aux États Unis sont simplement magnifiques, dont certains textes sur la liberté religieuse sont très éclairants» (Déclaration publiée sur Internet, le 25 avril 2008).
[28] Pour les philosophes, c'est même une question de physique : l'autorité est active et moteur relativement au sujet qui est passif et mobile. Le sujet est la matière dans laquelle l'autorité met la forme, en l'occurrence ici l'esprit conciliaire. La matière peut être plus ou moins mal disposée, c'est une simple question de temps.
[29] Pourquoi alors ne l'a-t-elle pas fait jusqu'à présent ? A notre avis, Rome pensait pouvoir régler plus rapidement la question en exigeant directement une soumission doctrinale. Devant la force de résistance insoupçonnée de la Tradition et les coups de butoir assénés par elle, Rome a assoupli peu à peu ses exigences, quitte à ce que le ralliement soit plus long.
[30] Cf. l'article intitulé «Les ralliés, 20 ans après, l'épreuve des faits ».
[31] Saint Thomas d'Aquin, Comm. in 2 Cor. 2, leçon 3, n°72.
[32] Saint Thomas d'Aquin, Somme Théologique, II.II.q.3, a.2, ad 2.
[33] Saint Thomas d'Aquin, Somme Théologique, II.II.q.33, a.4, ad 2.
[34] C'est le procédé de saint Thomas qui pose les objections, l'affirmation de la vérité et la réponse aux objections.
[35] Saint Grégoire, Hom. 7 sur Ezéchiel.
[36] «L'abbé Laguérie à la croisée des chemins», La porte latine.org.
[37] Deux exceptions à notre connaissance. La première vient de I’IBP qui, par une logique qui nous laisse songeur, adopte la légitimité et la valeur de la nouvelle messe tout en faisant sienne la critique de celle-ci. La seconde vient de Renaissance catholique à travers la réédition du Bref examen critique, Renaissance catholique dont nous avons peine à comprendre la cohérence puisque ce mouvement n'hésite pas à inviter à des adorations du Saint-Sacrement dans des églises où les hosties sont consacrées à une messe que le Bref examen critique qualifie de douteusement valide.
[38] A noter que Mgr Rifan eut l'impudence de déclarer qu'il avait simulé cette concélébration. Cela en dit long sur le courage et l'honnêteté d'un tel évêque. De plus, et à propos des instituts ralliés après les sacres, comme Campos ou l'IBP qui se basent sur un changement de Rome non en 1988 mais à la fin du règne de Jean-Paul II ou au début de celui de Benoît XVI, le raisonnement reste fondamentalement le même : on peut maintenant faire confiance à Rome. L'évolution rapide de ces instituts (mentionnée dans cet article) ou la stabilité des idées modernistes à Rome (cf. article suivant) démontre l'irréalisme d'un tel jugement.
[39] «Qu'il s'agisse de la valeur et de la sainteté des anciens et des nouveaux livres [liturgiques], un clerc adhérant à l'usage ancien ou nouveau ne pourrait se dire pleinement catholique s'il laissait subsister une ambiguïté sur ses convictions intimes en ces matières» abbé Pierre-Olivier, «Accueillir le Motu proprio» dans Sedes Sapientiæ, n° 101, automne 2007, p. 28. On aimerait demander à cet abbé ce que signifie pour lui être non pleinement catholique... Comprenons nous bien. Que celui qui n'a jamais commis d'écart de plume leur jette le premier calame. Il ne s'agit pas de cela ici mais de montrer que ce ne sont justement pas des écarts de plume mais le résultat d'une position pratique.
[40] «Je ne crois pas que célébrer la messe selon le nouvel ordo puisse en soi constituer un désordre moral objectif» (intervention sur Le Forum catholique du 13/11/2006). Mgr Lefebvre disait exactement le contraire : «La nouvelle messe conduit au péché contre la foi, et c'est un des péchés les plus graves, les plus dangereux (...) Autant conclure qu'une personne qui serait consciente et avertie du danger de cette messe, et qui s'y rendrait, ferait certainement au moins un péché véniel. Pourquoi, me direz-vous, pourquoi ne dites-vous pas un péché grave ? Parce que je pense qu'une seule assistance à cette messe ne constitue pas un danger prochain. Je pense que le danger devient grave et par conséquent devient sujet d'un péché grave par la répétition. (...) Le péché devient grave si une personne consciente et avertie y va quand même régulièrement et dit : 'Moi cela m'est égal, oh, moi je ne crains pas pour ma foi’, alors qu'elle sait parfaitement que c'est dangereux» (Mgr Lefebvre, La messe de toujours, Clovis, 2005, p. 396-397).
[41] «Ce Novus Ordo Missæ reste un rite légitime de l'Église catholique romaine» (Valeurs actuelles n° 3653, 1er décembre 2006). Tellement légitime que l'abbé n'hésita ni à animer de sa voix puissante la messe de funérailles de P. Pujo célébrée dans le nouveau rite ni à prêcher à celle-ci. L'abbé a sans doute oublié ce propos de Mgr Lefebvre : «nous refusons de dire qu'elle [la nouvelle messe] est légitime» (Communicantes, août 1985).
[42] Le Mascaret n° 290 (novembre 2007), p. 6-7.
[43] Abbé Christophe Héry dans Le Mascaret n° 281 (juillet-août 2006), p. 6-7. A renfort de citations tronquées, notre abbé essaye de prouver que Benoît XVI donne une lecture de Dignitatis humanæ conforme à la Tradition. Pour reprendre l'expression de M. l'abbé Célier, «Il n'est plus question pour [lui] de chercher à interpréter Dignitatis humanæ dans le sens de la Tradition, mais plutôt de chercher à interpréter la Tradition dans le sens de Dignitatis humanæ (L'Église déchirée, Fideliter, 1994, p. 68). En réalité, le récent Discours à l'ONU du 18 avril 2008 (où on lit que le principe de la liberté religieuse vise «à obtenir la liberté pour tout croyant» et que «la pleine garantie de la liberté religieuse ne peut pas être limitée au libre exercice du culte, mais doit prendre en considération la dimension publique de la religion») dissipe toute illusion.
[44] «le pape rend ainsi à l'Église catholique romaine, après tant d'humiliations subies, sa place unique d'épouse du Christ Jésus (...) Deo gratias, l'interprétation authentique du Concile a bel et bien commencé (...) Ainsi, les orthodoxes constituent de véritables églises particulières toujours», «Réponse à des questions (Document de la Sacrée congrégation pour la doctrine de la foi du 29 juin 2007)» dans Blog de l'abbé Philippe Laguérie du 25 juillet 2007.
[45] Revue Wdroze, janvier 1999 cité dans Le combat de la foi n°127, 1er septembre 1999, p.7. Plus récemment, «lorsque la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X a publié en 2004 une étude de 45 p. intitulée De l'œcuménisme à l'apostasie silencieuse, cosignée par nos quatre évêques, le district de France de la FSSP y a répondu par une critique de 100 p. (...) justifiant les 25 ans d'œcuménisme de Jean-Paul II, y compris Assise» (abbé P. François, Bulletin du prieuré Marie Reine, déc. 2006).
[46] Comme le disait justement l'abbé de Tanouarn le 1er avril 2008 sur Le forum catholique en parlant de la Fraternité Saint-Pie X : «si l'instrument est si efficace, c'est qu'il n'est pas lié à la hiérarchie catholique officielle». Quant à l'IBP, le cardinal Ricard dans La Croix du 11 septembre 2005, rappelait «que pour ce qui est de l'apostolat, ils dépendent de l'évêque diocésain, et ils sont obligés d'avoir l'accord de l'évêque diocésain pour toute implantation dans un diocèse».
[47] Cf. pour les documents, Fideliter n° 132, septembre-octobre 1999.
[48] «Progresser dans la fidélité au concile. Discours d'introduction du cardinal Decourtray à l'assemblée de l'épiscopat à Lourdes», La Documentation catholique 1973.
[49] Nouvelles de Chrétienté n°73, Mars-Avril 2002, p. 4
[50] DC n°2367, p. 970. C'est aussi le point de vue de l'abbé Ribeton, supérieur du district de France de la FSSP pour qui celle-ci est un pont entre la FSSPX et l'Église (intervention sur Le Forum catholique du 13/11/2006). Un petit exemple très concret illustrera cette "bonne volonté épiscopale". L'Institut du Christ-Roi s'est installé à Libreville (Gabon) à 100 mètres de notre mission saint Pie X. Comme si l'évêque ne pouvait pas leur donner une paroisse plus éloignée et comme si l'Afrique n'était pas assez grande et dépourvue de prêtres pour ne pas tomber dans un esprit de concurrence mesquine !
[51] «En 1984, Dom Gérard a été appelé à une rencontre avec le président de la Confédération bénédictine, à Florence, en Italie. Là, on lui a proposé de recevoir les approbations de Rome pour la vie monastique et pour la messe traditionnelle, si, en échange, il acceptait de ne plus aller à Ecône. A son retour, Dom Gérard en a parlé à la communauté qui lui a répondu que cette proposition était une trahison, et que lui n'était pas un traître (...) Quatre ans plus tard (...) Dom Gérard a reçu le cardinal Mayer qui est rapidement venu au Barroux proposer un accord après le refus de Monseigneur Lefebvre de continuer les négociations. Pour faire un accord avec Rome, le Barroux devait s'éloigner de Monseigneur Lefebvre. La même proposition qu'en 1984, néanmoins avec une réponse différente de Dom Gérard. Cette fois, la mitre et la crosse de l'abbé étaient en jeu. Rome savait séduire pour gagner. Et la trahison arriva» (Dom Laurenco Fleichman osb, Les marques de la souffrance : paroles d'un fils de Dom Gérard). Dans le même esprit, il suffit de relire le Motu proprio Ecclesia Dei adflicta tout imprégné de cet esprit.
[52] Citons pour mémoire, l'article de M. l'abbé de Montjoye, (desservant actuel de l'église Saint-André à Saint-Maurice) «Peut-on assister à la messe et recevoir les sacrements d'un prêtre de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie-X ?» dans la revue Tu es Petrus (bulletin des amis de la FSSP) n° 82 (2002, p. 18-38), qui s'évertuait à montrer que les prêtres de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X donnaient des sacrements sacrilèges...
[53] Dernièrement M. l'abbé Aulagnier (dans Item, Un regard sur le monde politique et religieux au 22 février 2008, n° 160) s'en prenait à la phrase suivante de M. l'abbé Bourrat (dans Le Chardonnet n° 235) dont voici la teneur condamnable : «La défense de la foi catholique ne peut se limiter, sous peine d'échec à plus ou moins loin terme, à la seule défense de la messe traditionnelle». C'est pourtant ce que rappelait Mgr Lefebvre : «Ce n'est pas une petite chose qui nous oppose. Il ne suffit pas qu'on nous dise : ‘Vous pouvez dire la messe ancienne, mais il faut accepter cela [le Concile]'. Non, ce n'est pas que cela [la messe] qui nous oppose, c'est la doctrine. C'est clair. C'est ce qui est grave chez dom Gérard et c'est ce qui l'a perdu. Dom Gérard n'a toujours vu que la liturgie et la vie monastique. Il ne voit pas clairement les problèmes théologiques du Concile, de la liberté religieuse. Il ne voit pas la malice de ces erreurs» (Mgr Lefebvre, «Je poserai mes conditions à une reprise éventuelle des colloques avec Rome» dans Fideliter n° 66 septembre-octobre 1988, p. 12-14).
[54] Itinéraire spirituel, Fideliter, p. 10-11.
[55] Excepté Campos avec Mgr Rifan.
[56] L'Église déchirée, Fideliter, 1994, p. 44. Ouvrage au demeurant fort instructif.
[57] Pour donner un exemple plus fort, ce n'est pas parce que des païens peuvent être fort serviables qu'il est bon d'être païen.
[58] «A la racine de cet acte schismatique, on trouve une notion incomplète et contradictoire de la Tradition. Incomplète parce qu'elle ne tient pas suffisamment compte du caractère vivant de la Tradition...» (Ecclesia Dei Adflicta du 5/7/1988).
[59] Lettre aux amis et bienfaiteurs n°71, décembre 2007, p. 21.
[60] Nous sommes conscients de ne pas avoir ici répondu à l'objection classique du schisme et de l'excommunication. Ces objections ont été amplement réfutées pour ne pas y revenir. Nous renvoyons aux ouvrages correspondants, en particulier celui publié par Le courrier de Rome, intitulé La Tradition excommuniée, 2001. De même, il y aurait beaucoup à dire sur la tactique révolutionnaire d'une Rome qui veut résoudre la question sur le plan pratique en renvoyant le problème doctrinal sur un terrain ambigu (comme l'expression équivoque d’«attitude critique positive envers le Concile»). Cf. Le combat de la foi n°135.
[61] Rencontre du 29 août 2005 avec Mgr Fellay.
[62] Homélie après la concélébration eucharistique avec les cardinaux électeurs en la chapelle Sixtine, 20 avril 2005, n.3.
[63] Discours du 22 décembre 2005.
[64] Homélie-programme du 20 avril2005.
[65] Discours aux cardinaux du 22 décembre 2005.
[66] Rencontre interreligieuse à New York le 17 avril et discours à l'O.N.U. le 18 avril 2008. Voir DICI n°175, mai 2008.
[67] Tout récemment encore, l'œcuménisme et le dialogue interreligieux faisaient partie intégrante du séjour de Benoît XVI aux États-Unis : visite à la synagogue, rencontre œcuménique, allocution devant deux cents représentants juifs, hindouistes, musulmans, bouddhistes, etc.
[68] Lettre à Mgr Sorrentino à l'occasion du 20e anniversaire de la rencontre interreligieuse de prière pour la paix, 2 septembre 2006.
[69] Allocution à la délégation du Comité juif américain (American Jewish Committee), le 16 mars 2006. Voir Nostra Ætate, 28 octobre 1965.
[70] Message du 12 décembre 2006 pour la journée de la paix du 1er janvier 2007.
[71] Voir les discours de Benoît XVI au camp d'Auschwitz-Birkenau, le 28 mars 2006 ; à Ratisbonne, le 12 septembre 2006 ; devant les représentants de l'Islam en Italie et les Ambassadeurs de pays musulmans, le 25 septembre 2006 ; la lettre à l'archevêque d'Assise du 2 septembre 2006, etc. Cf. Le Chardonnet n°228 de mai 2007.
[72] Homélie du 20 avril 2005, n.2.
[73] Voir le discours du 24 avril 2005 où Benoît XVI explique pourquoi il a repris son blason épiscopal de Munich et Freising. La cérémonie d'inauguration du pontificat (et non plus de couronnement) fut également l'occasion d'exalter les «représentants de tous les états de vie du peuple de Dieu» et non le pouvoir pontifical ou le primat de Pierre.
[74] Mgr Lefebvre, «Vingt ans de combat» in Fideliter n°55, janvier-février 1987, p. 12-13.
[75] Lettre aux amis et bienfaiteurs, n°72, avril 2008.
[76] N'oublions pas que les parents du saint curé d'Ars n'assistaient pas à la messe saint Pie V de leur curé jureur qui lui, n'avait légitimé ni Assise ni la nouvelle messe ni Vatican II mais la constitution civile du clergé, qui, pour grave qu'elle fût, n'atteignait pas le degré de blasphème d'Assise.
[77] Lettre aux amis et bienfaiteurs n°71, décembre 2007, p. 22.
[78] Cours personnel.
[79] Lettre aux amis et bienfaiteurs n°71, décembre 2007, p. 5.