Virgo-Mara.org

CAPITAL : Lettre ouverte solennelle des fidèles aux quatre évêques de la FSSPX

http://www.virgo-maria.org/articles/2006/VM-2006-10-10-A-00-Appel_aux_quatre_eveques_de_la_FSSPX.pdf

Qui et Pourquoi, depuis la mort de Mgr Lefebvre en 1991, a détourné la finalité surnaturelle de l’OPERATION-SURVIE des sacres de 1988, pour assigner à la FSSPX ce FAUX objectif prioritaire de la «ré-conciliation» avec la Rome conciliaire
(en fait la «ré-conciliarisation» de la FSSPX) ?

Qui a, depuis 2000, PROMU, et Pourquoi, le FAUX préalable de l’autorisation de la messe de Saint Pie V ?

Pourquoi n’a-t-on pas posé la VRAIE question du rétablissement du VRAI Sacerdoce de VRAIS prêtres, ordonnés par des Evêques VALIDEMENT sacrés selon le rite VALIDE des Saints Ordres ?

Qui a INVENTE, et POURQUOI, le faux préalable de la levée des «excommunications» ?

Pourquoi n’a-t-on pas posé la VRAIE question de l’abrogation de Pontificalis Romani INVALIDE de 1968 et du rétablissement du vrai rite de la consécration épiscopale VALIDE d’avant 1968?

A quoi servirait-il, en effet, de faire dire le VRAI rite de la messe par de FAUX prêtres ?

Serait-ce donc qu’après avoir obligé de VRAIS prêtres à dire une FAUSSE messe, l’on veuille désormais faire dire la messe du
VRAI rite par de FAUX prêtres ?

Serait-ce que l’on veuille «concilier» les VRAIS prêtres qui disent encore la VRAIE messe avec un clergé aussi INVALIDE que le
FAUX CLERGE ANGLICAN ?


Gaude, Maria Virgo, cunctas hæreses sola interemisti.

(Tractus Missæ Salve Sancta Parens)

samedi 22 août 2009

Ce message peut être téléchargé au format PDF sur notre site http://www.virgo-maria.org/.

Gérard Leclerc[1] révèle que Mgr Fellay veut rallier l’église Conciliaire. Le supérieur de la FSSPX trompe les clercs et les fidèles

Bernard Fellay Gérard Leclerc avec Ratzinger en 2005

Gauche : Photomontage fictif de Mgr Fellay devant le mur des Lamentations à Jérusalem : son objectif ultime ? Serait à cette « situation normale » et « supportable à long terme » qu’aspire Mgr Fellay ?

Droite : Photo de Gérard Leclerc avec Ratzinger en 2005 à la nonciature de Paris

Le combat isolé de Mgr Lefebvre pour l’intégrité de la Foi catholique et la préservation du Sacerdoce sacrificiel catholique sacramentellement valide représenterait pour l’évêque suisse une « situation anormale et insupportable à long terme » selon les confidences de Gérard Leclerc. Ce journaliste Conciliaire a déjà été reçu longuement par Mgr Fellay le 31 janvier 2009 à Menzigen.

« Quand nous lui demandons s’il ne ressent pas le risque de se trouver ainsi éloigné de la grande Église, il approuve. Je comprends alors que Bernard Fellay s’est lancé dans l’entreprise de réconciliation avec Rome, peut-être en avant-gardiste par rapport à ses troupes, mais avec la certitude qu’une situation de division ne saurait se prolonger. » Gérard Leclerc en visite chez Mgr Fellay le 31 janvier 2009

« Je ne suis pas en mesure d’affirmer que Benoît XVI réussira l’entreprise qu’il s’est proposée. Je ne sais pas non plus si Bernard Fellay réussira la sienne, qui est, je crois, « prophétique » par rapport à ceux qu’il conduit. » Gérard Leclerc en visite chez Mgr Fellay le 31 janvier 2009

Ce comportement « prophétique » de Mgr Fellay au sein de la FSSPX a été fermement rejeté par les actes et les déclarations de Mgr Lefebvre qui a agit en sens contraire :

« La Rome moderniste poursuivant son œuvre de démolition de la foi et de la chrétienté, c'est un devoir de la répudier en nous attachant à la Rome de toujours » Mgr Lefebvre, 7 juin 1988

« Tant que les autorités romaines actuelles sont imbues d’œcuménisme et de modernisme et que l’ensemble de leurs décisions et du nouveau droit sont influencées par ces faux principes, il faudra instituer des autorités de suppléance, gardant fidèlement les principes catholiques de la Tradition catholique et du droit catholique.

C’est le seul moyen de demeurer fidèle à Notre Seigneur Jésus-Christ, aux Apôtres et au dépôt de la foi transmis à leurs successeurs demeurés fidèles jusqu’à Vatican II. » [2]Mgr Lefebvre, 15 janvier 1991

À en croire Gérard Leclerc, qui déclare Mgr Fellay acquis à cette cause, les 40 ans de combat de la FSSPX proviendraient de « suspicions illégitimes » et de « crispations indues »,  qui auraient provoqué de simples « désaccords », en raison d’une « incommunicabilité de langage et d’expression » et devraient être résolus par des « éclaircissements et à des mises au point » et une acceptation de l’ « herméneutique de la continuité organique de Vatican II avec la Tradition ». Mgr Lefebvre a rejeté cette sophistique et lui a opposé la radicalité de Foi catholique :

« Est-il concevable que depuis les années 1960 le Siège apostolique soit occupé par des Papes qui sont la cause de l' « autodestruction de l'Église » et y répandent « la fumée de Satan ». Évitant même de nous poser la question sur ce qu'ils sont, nous sommes bien obligés de nous poser des questions sur ce qu'ils font et de constater avec stupeur que ces Papes introduisent la Révolution de 89 dans l'Église avec sa devise, sa charte, directement opposées aux principes fondamentaux de la foi catholique.

Faisant écho aux Papes d'avant 60 qui ont prophétisé sur les malheurs à venir de l'Église, si on ne les écoutait pas et si l'on faisait fi de leurs condamnations, faisant écho aux prophéties de Notre-Dame de la Salette et de Notre-Dame de Fatima, efforçons-nous de reconstruire l'Église sur des principes éternels enseignés par le Magistère de l'Église pendant près de vingt siècles, réprouvant les erreurs de la Révolution libérale et moderniste, quand bien même elles seraient avalisées par ceux qui occupent le Siège de Pierre. » [3] Mgr Lefebvre, 7 juin 1988,  « Postface à Pierre m’aimes-tu ? »

Mgr Lefebvre demandait le 7 juin 1988 de « répudier » la Rome moderniste.

Marcel Lefebvre

La mort inopinée de Mgr Lefebvre alors qu’il jetait les bases d’un combat dans la longue durée. 18 ans plus tard, il est trahi par Mgr Fellay qu’il a consacré et qui ne supporte plus désormais la poursuite du combat contre l’église Conciliaire et applique scrupuleusement la politique maçonnique de ralliement exposée dans le livre-programme « Benoît XVI et les traditionalistes » édité par un franc-maçon avoué, membre de longue date (« plusieurs décennies ») de la Grande Loge de France (voir les articles de VM sur l’abbé Celier[4])

En annexe :

A - Commentaire de Gérard Leclerc dans France Catholique le 17 juillet 2009

B - Interview de Mgr Fellay par Gérard Leclerc du 31 janvier 2009 à Menzingen paru dans Famille Chrétienne les 7 et 14 février 2009

Gérard Leclerc, ancien militant de la Nouvelle Action Française (classée à gauche) et chroniqueur de la revue Conciliaire conservatrice France Catholique, vient, en commentant la prochaine ouverture des « discussions » doctrinales de la FSSPX avec la Rome moderniste, de faire une révélation importante :

« Si Mgr Fellay est partisan d’un rapprochement qui mettrait fin à une situation anormale et insupportable à long terme, d'autres se figent dans leur intransigeance, lorsqu'ils ne font pas de la surenchère, voire de la provocation. »

« Surenchère » et « provocation » de Mgr Tissier de Mallerais ? de Mgr Lefebvre ? de tous les catholiques qui combattent l’église Conciliaire mondialiste et apostate depuis 40 ans ?

 

3 photomontages fictifs de Mgr Fellay participant à un congrès œcuméniste et inter-religieux à Astana, au côté du représentant de Ratzinger-Benoît XVI : Serait-ce la « situation normale » et « supportable à long terme » à laquelle le successeur de Mgr Lefebvre aspire par ses « discussions » doctrinales avec la Rome moderniste ?

Gérard Leclerc avait déjà longuement rencontré très officiellement Mgr Fellay à Menzingen en Suisse, le 31 janvier 2009, et le texte de cette interview était paru dans la revue Conciliaire conservatrice Famille Chrétienne au début de février.

C’est désormais un secret de polichinelle dans le milieu Conciliaire que Mgr Fellay est pleinement acquis à la cause d’un ralliement de la FSSPX à l’église Conciliaire de Benoît XVI[5] et il n’y a plus que les naïfs pour continuer à croire que le but de tout ce « processus » de tromperie serait de « convertir Benoît XVI », comme voudrait le faire croire Mgr Tissier de Mallerais qui essaie encore de préserver une unité de façade de la FSSPX derrière Mgr Fellay, alors que le chef de la FSSPX n’a pour seul but que de trahir l’œuvre de Mgr Lefebvre pour appliquer la politique de la G3 pointsL3 pointsF3 points.

L’abbé Bernard Fellay, sacré évêque par Mgr Lefebvre et le sédévacantiste déclaré Mgr de Castro-Mayer, le 30 juin 1988, est donc devenu un traître à ses consécrateurs, un traître à la Foi catholique et un menteur-manipulateur digne de la malice moderniste de ses futurs maîtres Conciliaires auxquels il rêve de livrer le fruit de l’opération-survie opérée par Mgr Lefebvre.

Mgr Fellay recevant Gérard Leclerc à Menzingen le 31 janvier 2009

Gérard Leclerc et le prétendant orléaniste

20 ans après son sacre et sa pseudo-excommunication, Mgr Fellay vit de plus en plus mal son appartenance à la mouvance de Mgr Lefebvre et à son combat anti-moderniste contre l’église Conciliaire, il s’agirait pour l’évêque suisse d’une « situation anormale et insupportable à long terme » (sic).

Quant au combat de Mgr Lefebvre, il doit être arrêté par la FSSPX car il s’agirait de procéder simplement à quelques « éclaircissements et à des mises au point », pour lever « des suspicions illégitimes et les crispations indues » :

« Un concile œcuménique comme Vatican II, qui s'est tenu dans les conditions requises de légitimité ecclésiale ne petit être contesté en bloc par des membres de l’Église. II peut néanmoins donner lieu à des éclaircissements et à des mises au point. » Gérard Leclerc

C’est bien la position de l’abbé Lorans face à Mgr Gherardini, puisque le directeur de Dici.org ne rejette aucunement Vatican II mais envisage totalement la perspective des « discussions » avec Rome dans une approche de simple interprétation (« herméneutique ») conçue de façon exclusive.

Quant  à l’abbé Barthe, en introduisant son « Magistère inachevé » et ses « brouillons de doctrine infaillible », il prépare le cadre pour les « éclaircissements » et les « mises au point » de Gérard Leclerc, fruits de l’ « herméneutique » dont les textes sont acceptés littéralement et sans rejet en bloc, à l’opposé de la pratique de Mgr Lefebvre qui poursuivait la construction de son œuvre en ignorant totalement ces documents de Vatican II.

Cette pseudo-« herméneutique » de Vatican II n’est rien d’autre qu’un Thermidor de Ratzinger-Benoît XVI qui poursuit la révolution Conciliaire par d’autres voies, plus conservatrices.

Le but des discussions doctrinales engagées par Mgr Fellay consistera donc, selon le journaliste Conciliaire, à accepter Vatican II, car :

« Joseph Ratzinger lui-même s'est longuement explique sur « l’herméneutique » de Vatican II, c'est-à-dire sur une interprétation qui ne peut être qu'en continuité organique avec l'ensemble de la Tradition ». Gérard Leclerc

Gérard Leclerc

Gérard Leclerc aux côtés de l’abbé Laguérie

Nous voyons que depuis 1988, les milieux Conciliaires pilotés par Ratzinger-Benoît XVI, resservent toujours le même sophisme de la théorie de la « continuité » de Vatican II avec le Magistère de toujours. Mgr Lefebvre en son temps avait déjà rejeté ce piège grossier[6].

Là où Mgr Lefebvre posait un problème crucial de Foi catholique (« Rome a perdu la Foi, Rome est dans l’apostasie »), Mgr Fellay a tellement édulcoré et métamorphosé le combat de la FSSPX, en le vidant de sa substance, que Gérard Leclerc n’y voit plus qu’un problème sémantique :

« Sur le terrain proprement théologique, il semble que le problème sémantique sera déterminant. » Gérard Leclerc

Bernard Fellay

Photomontage fictif de Mgr Fellay déposant un texte dans le Mur des Lamentations à Jérusalem, sur les traces de Wojtyla-Jean-Paul II et de Ratzinger-Benoît XVI : Serait-ce la « situation normale » et « supportable à long terme » à laquelle le successeur de Mgr Lefebvre aspire « avec une intensité ignorée » par ses « discussions » doctrinales avec la Rome moderniste ? VM

« Frères aînés dans la foi, parce qu’héritiers de la première Alliance que la seconde n’a pas effacée, puisque, dit l’apôtre Paul dans l’Épître aux Romains : « Les dons de Dieu sont sans repentance ». Non, Bernard Fellay n’en était pas encore là, mais il était saisi par la question d’Israël avec une intensité ignorée jusqu’alors par le petit monde lefebvriste ». Gérard Leclerc[7]

Mgr Fellay a évacué les oppositions théologiques pour les réduire à de simples différences philosophiques, Gérard Leclerc montre l’étape suivante qui consiste à tout relativiser sur une question de choix des mots.

Mieux encore, Gérard Leclerc propose comme modèle pour la FSSPX, le clerc soupçonné de pédérastie, le cardinal Newman, figure de la High Church Anglicane, que l’initié Jean Guitton appelait le « père invisible » de Vatican II :

« Nombre de désaccords ne relèvent pas nécessairement du malentendu, mais beaucoup s’expliquent par une incommunicabilité de langage et d’expression. Il faudra sans nul doute que nos traditionalistes accèdent parfois a une perception plus « newmanienne » de la Tradition ».Gérard Leclerc

Visiblement le journaliste entend épauler Mgr Fellay pour l’aider à faire rallier la FSSPX aux ennemis de Mgr Lefebvre, ces artisans de la « déchristianisation » que dénonçait ce dernier en accusant Ratzinger le 14 juillet 1987.

Dans ce but, Gérard Leclerc publie[8] en septembre un livre :

Face à la trahison à laquelle Mgr Felllay travaille sans relâche depuis octobre 2008, Mgr Lefebvre appelait à « répudier » la Rome moderniste :

« La déclaration que nous faisions le 21 novembre 1974 après la première visite Romaine est toujours d'actualité et nous devons la réaffirmer après la seconde visite de 1987. La Rome moderniste poursuivant son œuvre de démolition de la foi et de la chrétienté, c'est un devoir de la répudier en nous attachant à la Rome de toujours, proclamant plus que jamais la nécessité du Règne universel de Notre-Seigneur Jésus-Christ et de sa Sainte Mère, Marie Reine. » [9] Mgr Lefebvre, 7 juin 1988,  « Postface à Pierre m’aimes-tu ? »

Et Mgr Lefebvre avait demandé, comme première étape, l’institution de la Commission canonique Saint Charles Borromée, et envisageait la mise en place, au fil du temps, d’autres juridictions de suppléances, aussi longtemps que Rome serait dirigée par des modernistes :

« Tant que les autorités romaines actuelles sont imbues d’œcuménisme et de modernisme et que l’ensemble de leurs décisions et du nouveau droit sont influencées par ces faux principes, il faudra instituer des autorités de suppléance, gardant fidèlement les principes catholiques de la Tradition catholique et du droit catholique.

C’est le seul moyen de demeurer fidèle à Notre Seigneur Jésus-Christ, aux Apôtres et au dépôt de la foi transmis à leurs successeurs demeurés fidèles jusqu’à Vatican II. » Mgr Lefebvre, 7 juin 1988

Puisque Mgr Fellay ne veut-il pas « demeurer fidèle à Notre Seigneur Jésus-Christ, aux Apôtres et au dépôt de la foi transmis à leurs successeurs demeurés fidèles jusqu’à Vatican II » et considère qu’il se trouve dans une « situation anormale et insupportable à long terme », pourquoi n’a-t-il pas l’honnêteté et, ne fait-il pas montre de l’honneur de démissionner de la FSSPX et de rejoindre immédiatement l’église Conciliaire, comme l’a fait l’abbé Thuillier ? Pourquoi reste-t-il dans l’œuvre de Mgr Lefebvre pour tromper et abuser les clercs et les fidèles par ses atermoiements et ses sophismes ?

Mgr Fellay se trouve désormais à l’heure des choix. Ou il décide de rompre publiquement avec cette politique maçonnique insupportable et regagner une once de crédibilité en expulsant l’abbé Celier de la FSSPX pour intelligence avec un franc-maçon de longue date de la Grande3 points Loge3 points de France3 points, admirateur proclamé de la Gnose, et, s’il se souvient de l’avertissement que lui avait adressé l’abbé Schoonbroodt, en révoquant l’abbé de Cacqueray pour incompétence en raison de sa compromission totale dans la diffusion obstinée pendant 2 ans auprès des familles des fidèles de la Tradition de ce livre-programme (qu’il a vendu lui-même de surcroît au prieuré de Nantes), ouvrage édité et préfacé par un franc-maçon avoué de la Grande3 points Loge3 points de France3 points, admirateur proclamé de la Gnose.

 

La collusion de Mgr Fellay avec la politique de la Grande3 points Loge3 points de France3 points

éditée par un membre franc-maçon avoué et de longue date de celle-ci (R.E.A.A.),

sous la plume de l’abbé Celier (« Benoît XVI et les traditionnalistes »)

et avec le soutien inconditionnel de l’abbé de Cacqueray depuis 2 ans.

Ou alors Mgr Fellay persiste à pratiquer cette politique de collusion avec celle de la Grande3 points Loge3 points de France3 points qui souhaite le ralliement de la FSSPX, tout comme l’a exprimé l’éditeur et préfaceur franc-maçon de l’abbé Celier, et l’immense majorité des clercs de la FSSPX qui rejettent cette dénaturation et cette destruction de l’œuvre de préservation du Sacerdoce sacrificiel catholique sacramentellement valide de Mgr Lefebvre, n’auront pas d’autre choix que d’expulser dehors de la Fraternité le traître Mgr Fellay et l’équipe philo-maçonnique d’infiltrés dont il est entouré…

Décidemment entre un Supérieur-évêque suisse qui applique le programme de la G3 pointsL3 pointsF3 points pour rallier la Rome moderniste et un évêque britannique à la Rose, agent des milieux Fabiens, qui tente de prendre le contrôle de la contestation à cette politique, la FSSPX et son épiscopat sont bien servis… c’est hallucinant !

Continuons le bon combat

La Rédaction de Virgo-Maria

© 2009 virgo-maria.org


 
Annexe A – Article de Gérard Leclerc dans France Catholique le 17 juillet 2009
 

Dialogue
Doctrinal

O

n le savait depuis la lettre que Benoit XVI avait adressé aux évêques le 10 mars dernier, et le Pape l’a confirmé la semaine dernière par le motu proprio Ececlesiae unitatem : c’est désormais la Congrégation pour la Doctrine de la foi qui prend la responsabilité première dans le dialogue avec les traditionalistes, notamment ceux qui se réclament de la Fraternité Saint-Pie X. Certes, la commission précédemment créée à cet effet, Ecclesia Dei, poursuit son existence, en gardant une certaine autonomie, mais dans un cadre on elle se trouve de fait sous le contrôle de la commission présidée par le cardinal américain William Joseph Levada, qui devient d'ailleurs le responsable de cette instance de médiation.

La signification d’une telle décision est limpide : c’est la question doctrinale qui prend le pas sur une éventuelle solution juridique, qui aurait permis d'intégrer les Lefebvristes sans que le dossier de fond eût été traité jusqu'a une conclusion satisfaisante. Sur ce point, il faut d'ailleurs reconnaitre a la Fraternité Saint-Pie X, Mgr Bernard Fellay et a ses principaux responsables, le mérite de la cohérence. Eux-mêmes ont toujours réclamé une clarification, qui leur aurait permis de dire leurs objections à l’autorité romaine. En son temps, le cardinal Ratzinger leur avait fait part de la possibilité d’exposer leurs dubia, c'est-a-dire leurs interrogations critiques, sur la Sujets qu'ils comme litigieux dans let corpus de Vatican II. Il faut évidemment s’entendre là-dessus. Un concile œcuménique comme Vatican II, qui s'est tenu dans les conditions requises de légitimité ecclésiale ne petit être contesté en bloc par des membres de l’Église. II peut néanmoins donner lieu à des éclaircissements et à des mises au point. Il y a toujours eu dans l’histoire des différences de « réception » des différents conciles, et le Joseph Ratzinger lui-même s'est longuement explique sur « l’herméneutique » de Vatican II, c'est-à-dire sur une interprétation qui ne peut être qu'en continuité organique avec l'ensemble de la Tradition.

De l'avis de tous les intéressés, le dialogue doctrinal qui devrait s’ouvrir désormais a Rome sous l’autorité du cardinal Levada sera forcement long, et sans doute semi d’embûches. On ne réglera pas en quelques semaines un contentieux qui s'est développé sur plus de quatre décennies. II est patent qu'au sein du traditionalisme, tout le monde n’est pas sur la même longueur d'ondes. Si Mgr Fellay est partisan d’un rapprochement qui mettrait fin à une situation anormale et insupportable à long terme, d'autres se figent dans leur intransigeance, lorsqu'ils ne font pas de la surenchère, voire de la provocation. Par ailleurs, dans l'Église même, tous ne sont pas aussi bien disposés pour accueillir des frères séparés. Sur le terrain proprement théologique, il semble que le problème sémantique sera déterminant. Nombre de désaccords ne relèvent pas nécessairement du malentendu, mais beaucoup s’expliquent par une incommunicabilité de langage et d’expression. Il faudra sans nul doute que nos traditionalistes accèdent parfois a une perception plus « newmanienne » de la Tradition. Le progrès dans ces discussions sera plus sensible quand seront levées des suspicions illégitimes et les crispations indues. Membre de la commission Ecclesia Dei, le cardinal Ricard, archevêque de Bordeaux, a émis la suggestion de mettre l’époque qui commence sous la protection de sainte Catherine de Sienne. II faut prier cette grande sainte, ardente avocate de l’unité, pour le dénouement de cette crise douloureuse.

 
Annexe B – Interview de Mgr Fellay par Gérard Leclerc le 31 janvier 2009
paru dans Famille Chrétienne le 7 février 2009
 

Article de Gérard Leclerc[10]

30 JANVIER

Samuel Pruvot a une idée en tête depuis plusieurs jours : une escapade en Suisse. Il voudrait m’entraîner. Tout le monde parle, sans discrétion, de ces étranges traditionalistes, de ces intégristes irréductibles. On les soupçonne des pires arrière-pensées. Mais si l’on veut être vraiment honnête, le mieux ne serait-il pas d’aller les rencontrer, leur poser directement les questions que tout le monde se pose et auxquelles il n’est répondu qu’approximativement ? Et puisqu’un grand débat doit s’ouvrir entre eux et l’autorité romaine, ne serait-il pas opportun de s’informer auprès d’eux de la façon dont ils envisagent les choses ? Ce serait une opération Famille Chrétienne mais à laquelle France Catholique serait associée en ma personne. Samuel voudrait que je sois, en face du supérieur de la Fraternité St-Pie X, un petit peu le témoin de l’Église fidèle sans problème au Pape et à Vatican II. Lourde responsabilité dont je suis indigne. Mais il faut bien aussi que « la base » s’engage.

Et bien ça y est : le supérieur général est prêt à nous recevoir. Nous prenons le TGV-Est, ce qui est une première pour moi. Durant les quatre heures et demie du trajet, nous avons tout le temps de travailler notre dossier, avec une hantise. Durant l’heure où Mgr Bernard Fellay nous recevra, pourrons-nous aller au terme d’une si difficile confrontation ? Ce n’est pas en quelque soixante minutes que nous pourrons épuiser le contenu de plus de quarante ans de divisions et d’affrontements. À dieu va ! L’enjeu vaut bien cette relative audace.

À Strasbourg, le TGV bifurque vers Mulhouse et franchit la frontière à Bâle, la ville d’Urs von Balthasar, où j’avais visité le grand théologien il y a vingt ans. Notre destination est Zurich, la plus grande ville helvétique. De là, une correspondance nous conduit à Zug, capitale d’un canton d’une centaine de milliers d’âmes, catholiques de confession. Nous ne sommes plus qu’à quelques kilomètres du village de Menzingen, sur le territoire duquel se trouve la résidence de Mgr Fellay. Nous y parvenons en taxi, en prenant de l’altitude. Malheureusement de nuit, le paysage est dans l’ombre et la brume. Samuel a voulu que nous fassions une reconnaissance du terrain, avant la rencontre de demain matin. L’abbé Christian Thouvenot, secrétaire général de la Maison généralice de la Fraternité, nous reçoit très cordialement. Nous allons à la chapelle où la communauté des douze religieuses ici présentes achève le chapelet. Tout est calme. Loin des agitations et même des rumeurs qui concernent pourtant toute cette résidence. Un frère nous ramène à Menzingen où une auberge typiquement suisse abritera notre nuit. Nous sommes dans le pays profond, avec ses habitants si aimables, la proximité de la fraternité y semble bien acceptée.

31 JANVIER

Le rendez-vous est pour 9 h 30. Le Frère est venu nous chercher. C’est lui qui nous ramènera à la gare de Zug en fin de matinée. L’abbé Thouvenot nous fait d’abord faire le tour du propriétaire avec un photographe de l’AFP qui nous a rejoints. Malheureusement, le brouillard nous cache les grandes perspectives, mais c’est un petit paradis. Nous voilà bientôt dans le château construit il y a un siècle par un riche bourgeois. Entre-temps une communauté de religieuses enseignantes, dont la maison-mère est à Menzingen, l’a habité. Mais Mgr Felley arrive au parloir, souriant, avec notre questionnaire préalable à la main.

Ici, il me faut livrer mes impressions. Forcément subjectives. Mais en un mot, avec Samuel, nous avons été très favorablement impressionnés. Nous ne sommes pas en face d’un fanatique. Notre interlocuteur est paisible, il s’exprime de façon très réfléchie, acceptant les objections et y répondant avec soin. J’avais eu deux fois déjà l’occasion de parler avec lui, à Paris. Mon sentiment est que l’homme a mûri, sans doute sous le poids de ses responsabilités et avec la conscience de qui se fait comptable devant Dieu de l’héritage qui lui a échu, aussi de la gravité d’une situation d’exclusion pour qui se veut fidèle de l’Église de toujours. Quand nous lui demandons s’il ne ressent pas le risque de se trouver ainsi éloigné de la grande Église, il approuve. Je comprends alors que Bernard Fellay s’est lancé dans l’entreprise de réconciliation avec Rome, peut-être en avant-gardiste par rapport à ses troupes, mais avec la certitude qu’une situation de division ne saurait se prolonger. J’interprète : pourquoi se réclamer de l’Église pérenne, si celle-ci se dérobait en définitive comme une illusion ?

Dans le parloir, il y a la photo de BenoîtXVI en face de celle de Mgr Lefebvre. Que l’on ne s’y trompe pas : le successeur de l’évêque rebelle entend ne rien abandonner des exigences d’une Église qui ne se serait pas rendue au monde. Il a donc ses questions, ses doutes, qu’il exposera à Rome, avec toutes leurs exigences. Mais ses dubia, pour être entendus, devront être soigneusement repensés. Avec Benoît XVI, on ne se paiera pas de mots, il faudra argumenter. Bernard Fellay n’est pas dans l’état d’esprit de certains de ses prêtres, de ses fidèles, qui encourent toujours le risque de la brutalité, à force de se sentir comme des assiégés ou des pestiférés. On saisit qu’en lui s’est creusé un espace de recueillement où il trouve la réserve nécessaire pour ne pas succomber à la tentation de l’agression.

Notre ambition était vaste : revisiter Vatican II dans ses grandes articulations. Nous avons été obligés de la modérer. Tout de même, les principaux chapitres litigieux sont évoqués. Notre hôte revient à sa formule désormais célèbre. À l’égard de Vatican II, la Fraternité à des réserves, mais elle ne saurait récuser le concile en bloc. Considère-t-il toujours que derrière l’élaboration des principaux textes, il y a une culture uniformément imprégnée de « modernisme », rejetant ainsi les énormes investissements de tant d’éminents serviteurs, en exégèse, en patristique, en liturgie ? Non, il se refuse à tout enfermer dans une seule catégorie, fût-ce le modernisme. Tout doit être apprécié avec discernement, pour dissiper les équivoques.

Le discours de Benoît XVI sur l’herméneutique du Concile qui doit être compris selon la Tradition et non dans une logique de rupture, il y adhère complètement, tout en remarquant, dans un sourire, qu’on ne parle guère des partisans de la rupture, qui persistent pourtant dans leurs opinions tranchées. Lorsqu’on précise l’objet des discussions et que l’on retrouve des chapitres où les oppositions ont été sanglantes, il fait preuve de la même attention. L’œcuménisme ? Bien sûr, il peut y avoir des richesses chez les frères séparés, qui témoignent d’un même héritage évangélique, mais il ne faudrait pas sombrer dans la tentation de la fédération d’Églises juxtaposées. Nous voulons la véritable unité, qui suppose l’acceptation de la Tradition une. Je ne dis pas qu’il n’y a pas à discuter. Mais la bonne volonté est là, pour tenter de discerner les problématiques, trouver un langage qui n’expose pas aux confusions et aux malentendus. Nous avions prévu d’aborder la question du judaïsme, mais nullement dans le climat de polémique qui l’a rendue dramatique depuis quelques jours. Il s’agissait de revenir à Nostra Ætate et au rapport des deux Alliances, aux affirmations de Paul dans l’Épître aux Romains. Bien sûr, il insiste sur la nouveauté de Jésus-Christ qu’on ne saurait mettre entre parenthèses, mais il tient à aborder directement la controverse des jours derniers. Nous le laissons s’exprimer sans intervenir. Là encore, je livrerai mes impressions et mon interprétation qui n’engagent que moi-même. Mais j’ai eu brusquement la certitude que la polémique présente l’avait profondément atteint, comme elle avait atteint toute la communauté. Il nous dira, hors entretien, son saisissement alors qu’il pensait que l’acte du Pape le ferait accéder à un climat de paix, d’avoir été brusquement propulsé dans quelque chose d’effrayant. Être associé ainsi au plus grand crime, être dénoncé par le monde entier comme coupable de complicité ou de mensonge, cela dépasse le supportable.

Cela ne pouvait que faire réfléchir très sérieusement Bernard Fellay et les siens. Ils n’ont nullement eu la tentation, comme on les en accuse, de retrouver une quelconque tradition politique ou idéologique. Ils ont revisité les jugements que l’Église romaine avait pu émettre avant guerre et pendant la guerre à propos de l’antisémitisme et de la persécution des Juifs. Ils ont retrouvé la déclaration du Saint-Office condamnant l’antisémitisme de façon précise, ils ont retrouvé aussi les propos du pape Pie XI, affirmant que « Spirituellement, nous sommes des sémites ». En citant, d’ailleurs, Mgr Fellay est inexact sur le moment. Mais sa déformation est belle : « Nous sommes sémites de cœur ».

Il nous fera aussi des confidences en aparté sur la façon dont il peut gérer l’affaire Williamson. Entre parenthèses, on jugera de la psychologie plutôt baroque d’un homme qui écrit au Vatican pour qu’on lui pardonne ses « propos imprudents » et qui cite le livre de Job, pour conseiller que celui qui a mal agi « on le jette à l’eau ».

Je sais bien que l’énorme suspicion qui entoure la Fraternité sur cette plaie de l’antisémitisme ne se résorbera pas en quelques jours. Quant à moi, je ne vois pas pourquoi je douterais de la parole d’un homme, qui me déclare que le meurtre de l’innocent, à plus forte raison d’un peuple, est un crime qui crie contre le Ciel et qu’il s’agit d’une abomination.

D’autres sujets ont été abordés, dont l’inévitable liberté religieuse qui est à l’origine du plus grave désaccord de Mgr Lefebvre avec le Concile. Nous en avons discuté quelques minutes. Mgr Fellay ne nie pas que l’Histoire ménage des opportunités différentes, qu’il y a divers régimes de rapports entre l’Église et l’État. Ce qu’il refuse de toute son énergie, c’est une mutation qui conduirait l’Église à adhérer à une conception qui lui est étrangère et qui lui ferait renoncer à la royauté du Christ sur les réalités temporelles. Il a le mérite d’une certaine obstination qui consiste à rester fidèle à la doctrine d’un certain Pie XI. Bien sûr, dans l’application concrète, les choses sont très compliquées et on n’est pas au bout de très longues mises au point qui sont aussi de nature philosophique.

Voilà, j’ai livré sans apprêt la façon dont j’ai vécu cette heure d’entretien. J’y ai retrouvé les raisons d’une certaine étrangeté qui subsiste mais qu’il faudra bien élucider si l’on veut être vraiment conséquent avec un horizon de vérité. Je ne suis pas en mesure d’affirmer que Benoît XVI réussira l’entreprise qu’il s’est proposée. Je ne sais pas non plus si Bernard Fellay réussira la sienne, qui est, je crois, « prophétique » par rapport à ceux qu’il conduit. Je finirai sur une réflexion qui m’est venue grâce à Balthasar. Dans le carré apostolique qu’il dessine dans son livre Le complexe antiromain, le compatriote de Mgr Fellay propose la figure de Jacques vis-à-vis de Pierre, Paul et Jean. C’est celle de la tradition, voire celle d’une tradition un peu obstinée. Bien sûr, avec Jacques, cousin du Seigneur, il s’agit de la tradition judaïque. Mais il y a tout de même une parenté dans la fidélité à ce qu’on a reçu. Les références diffèrent, selon un paradoxe peut-être fécond.

Pourquoi n’y aurait-il pas une place pour cette tradition dans le cadre d’une Église indivise. Ce serait reconnaître tous les charismes, ceux de l’Institution avec Pierre, ceux de la mission avec Paul, ceux de la mystique avec Jean, ceux d’une certaine obstination avec Jacques. C’est la grâce que je nous souhaite.


Annonces de l’entretien de Mgr Felley avec Samuel Pruvot et Gérard Leclerc à paraître dans le Famille Chrétienne du 7 février ;

Entretien avec Mgr Fellay[11]

samedi 31 janvier 2009

Autres articles

La levée des excommunications n’équivaut certes pas à une réintégration. Mais cette décision de Benoît XVI ouvre la porte à des "débats doctrinaux" sur Vatican II entre Rome et la Fraternité Saint-Pie X. Pour baliser la longue route qui pourrait déboucher vers la pleine communion, Mgr Fellay, supérieur de la FSSPX, débat avec Gérard Leclerc, de France Catholique, et Samuel Pruvot, de Famille Chrétienne.

Gérard Leclerc : Vous avez évoqué "le malaise et la souffrance" de la Fraternité Saint-Pie X… N’est-il pas suicidaire de rester loin de l’Église de Rome ?

Mgr Fellay : La position de la FSSPX présente un danger objectif au niveau sociologique, sur un plan purement humain. C’est le danger de rester sur soi. Nous avons été tellement attaqués, que, automatiquement, nous avons des réactions défensives. Nous essayons de nous protéger et par là même, il y a le risque de rester entre nous. Nous en sommes très conscients et nous essayons de tout faire nous même pour empêcher une attitude de rupture. Nous devons faire attention. Nous essayons de prendre un certain nombre de mesures pour neutraliser le danger. C’est pourquoi nous parlons souvent de Rome et de l’Église (même si c’est en négatif !) On n’oublie jamais l’Église, nous faisons prier pour elle. On se rappelle alors que nous ne sommes pas tout seuls. Nous prions pour le pape, nous rappelons qu’il est le vicaire du Christ. Cela dit, au plan beaucoup plus profond de l’appartenance à l’Église, nous n’avons jamais voulu nous en séparer. Nous sommes totalement catholique, fermement attachés à l’Église, et nous l’avons toujours été.

Samuel Pruvot : Un désaccord qui s’étale sur des décennies créé une situation critique. Des gens ont été baptisés chez vous qui n’ont pas connu la pleine unité avec Rome. C’est incontestablement dangereux.

Quelle est la forme et le calendrier des débats que vous entamez avec Rome ?

Mgr Fellay : Cela va certainement démarrer rapidement… Je suppose que nous allons présenter nos questions, puisque c’est nous (la FSSPX ndlr) qui présentons le problème ! Mais pour le reste, je ne peux aller plus loin, je ne peux rien dire. Car je n’en sais rien !

Samuel Pruvot : Acceptez-vous le Concile avec des "réserves" ou le refusez-vous en bloc ?

Mgr Fellay : Il faut distinguer la lettre et l’esprit. Il y a un esprit dangereux qui parcourt tout le Concile, et dans ce sens on le refuse. Mais lorsqu’on parle de la lettre, il ne s’agit pas de le rejeter en bloc tel quel. Mgr Lefebvre lui-même a accepté le Concile "à la lumière de la Tradition". Qu’est ce que cela veut dire ? En 1982-1983, il est allé s’expliquer à Rome devant le cardinal Ratzinger – ce dernier a refusé son approche. Mgr Lefebvre disait : "Ce qui est conforme à l’enseignement pérenne nous l’acceptons, ce qui est ambigu nous le recevons selon cet enseignement pérenne, ce qui est opposé nous le rejetons".

Dans un discours du 22 décembre 2005, à la Curie, Benoît XVI parle des "herméneutiques" du Concile. Il condamne l’idée d’une rupture, basée sur "l’esprit du concile". Ceux qui sont partisan de l’herméneutique de la rupture, combien sont-ils aujourd’hui ? Peu nombreux ? Ceux qui veulent cette rupture avec le passé ne sont-ils pas éloignés de l’Église ? Comme le dit, très justement, Benoît XVI, l’Église ne peut pas se séparer de son passé. C’est impossible ! On ne peut pas avoir le vingtième étage d’une maison sans avoir les 19 étages en dessous.

Gérard Leclerc : La distinction entre l’esprit et la lettre du Concile peut être spécieuse car autant un père de Lubac a pu dénoncer la perversion du climat qui régnait autour du Concile, autant le véritable esprit du Concile éclaire la lettre et doit être référé à l’Esprit Saint lui-même ! Quant à la continuité organique de la Tradition, cela suppose forcément des développements. Ce dont parlait déjà le cardinal Newman. Ma crainte aujourd’hui serait que la Fraternité Saint-Pie X refuse de les envisager. En bloquant la Tradition, il y a danger de sortir de celle-ci.

Mgr Fellay : Il y a des points que le pape présente comme étant dans la veine de la Tradition, et qui, à nos yeux, ne le sont pas.

Gérard Leclerc : Est-il possible de faire le tri dans les affirmations du Concile ?

Mgr Fellay : Ce n’est pas une question de tout ou rien. A mon avis, beaucoup de problèmes que nous nous posons sont à résoudre par des distinctions et non par des rejets ou des acceptations absolues. Nous ne sommes pas univoques. Quand nous parlons du Concile, nous savons qu’il s’inscrit dans un ensemble de circonstances, dans un contexte, dans un mouvement. Je m’appuie sur une note du secrétariat du Concile de novembre 1964. Ce texte comprend deux parties. La première dit : "l’Église n’oblige à adhérer sur des questions de foi et de mœurs que sur des points qu’elle présente comme tels". Et cette note précise que ce Concile se veut "pastoral". Il se distingue des autres. On ne peut l’approcher d’une manière dogmatique et dire AMEN, à tout. Cette démarche est tout simplement fausse. Il y a différents domaines, thèmes et degrés d’autorité.

Samuel Pruvot : Un Concile est toujours inachevé, il pose des questions nouvelles à résoudre. De plus, Vatican II a innové, en ce sens qu’il a d’abord voulu donner un exposé positif de la foi et non conclure sur des anathèmes. Il y a ici un développement organique de la Tradition qui marque une avancée incontestable de l’Église.

Après le Motu proprio, la question de la liturgie est-elle réglée ? Estimez-vous que le rite romain dans sa forme ordinaire (Paul VI) est valide ?

Mgr Fellay : La question de la validité ne pose pas de problème en soi. Pour autant que la forme soit respectée. La nouvelle messe est valide. Le problème se pose à postériori. On constate parfois que dans le comportement ou les paroles, les prêtres et les fidèles, n’ont pas toujours la foi dans la présence eucharistique. Cela peut constituer une intention contraire à celle de l’Église.

La liturgie c’est tout un ensemble qui accompagne l’essentiel de la messe. C’est tout un ensemble de gestes, de paroles qui accompagnent et doivent nourrir cette foi. Là, nous avons des objections majeures comme par exemple pour l’offertoire : comparez-les deux missels et vous comprendrez nos objections.

Gérard Leclerc : J’aurais aussi un problème à assister à une messe où le prêtre ne partagerait pas la foi de l’Église. La question a pu se poser à certains moments. Paul VI avait publié une encyclique sur l’Eucharistie qui avait été récusée par un certains nombre de gens à l’époque. C’était très grave.

Sur les rites la discussion serait longue. Il faudrait revoir comment s’est faite la réforme liturgique. Ce n’est pas pour rien que le cardinal Ratzinger demandait une réforme de la réforme. Mais il faut aussi considérer les richesses du nouveau rite. Celles-ci proviennent de la plus authentique tradition ecclésiale.

Mgr Fellay : Pour Benoit XVI, la réforme liturgique est une des premières causes de la crise de l’Église. C’est fort. Cela dit beaucoup et ce n’est pas moi qui le dis !

Gérard Leclerc : Vous critiquez la notion de liberté religieuse. Pourquoi ?

Mgr Fellay : Le Concile a fait sien un des principes fondamentaux de l’Etat Moderne, à savoir l’impartialité avec les religions. Or, pour nous l’État doit reconnaître la vraie religion. Benoît XVI estime à propos de la liberté religieuse, que "l’Église a redécouvert son patrimoine". C’est une expression qui me fait sursauter ! Si l’Église a redécouvert la liberté religieuse, quand l’a-t-elle perdu !? Est-ce qu’elle pouvait la perdre ? Pendant près de 1500 ans l’Église a tenu une tout autre position.

Gérard Leclerc : Il y a un problème historique. L’Église a connu des situations très différentes. Situation de clandestinité sous l’Empire Romain, la liberté religieuse consentie sous Constantin, et ensuite avec Théodose l’Empire est devenu chrétien. Il y a la longue époque de Chrétienté Médiévale, puis la rupture de la modernité. L’Église, de par l’histoire, vit des situations différentes et réagit en fonction de ces situations. On ne réagit pas de la même façon dans un État officiellement chrétien que lorsqu’on est régime de laïcité. Il ne faut pas être anachronique. La notion de liberté religieuse est associée à la liberté radicale de l’acte de foi et à l’incompétence religieuse des pouvoirs publics. En Chine aujourd’hui, l’Église réclame la liberté de conscience !

Mgr Fellay : Nous sommes parfaitement d’accord ! Tout le monde comprend que, dans un État qui comporte plusieurs religions, cet État doit légiférer pour le bien commun. Le plus grand bien est la paix entre les citoyens. C’est ce que l’Église appelle la "tolérance chrétienne". Il s’agit d’un autre principe.

Gérard Leclerc : Acceptez-vous la démarche œcuménique initiée par Vatican II ?

Mgr Fellay : C’est encore une distinction qu’il faut apporter sur l’œcuménisme. Le désir de l’unité, c’est-à-dire que ceux qui ont quitté l’Église y reviennent, Cela se trouve dans les Litanies des Saints. C’est notre position. Nous prions et désirons de tout notre cœur que tous soient uns, selon la parole même de notre Seigneur. Le concept rappelé par l’Église, selon lequel elle seule est la maîtresse de la Vérité et possède toute la Vérité révélée, résout le problème. Si la finalité de l’œcuménisme c’est vraiment cela, nous n’y sommes certainement pas opposés !

Ce qui ne va pas est ailleurs. En 1949, une note du Saint office, (premier texte officiel de l’Église qui parle de l’œcuménisme), mettait en garde contre un ensemble de dangers. Aujourd’hui nous sommes en plein dedans. Ce danger, c’est un relativisme, c’est d’arriver à une connivence avec tout le monde et de renoncer à la conversion. Dans un texte récent de Rome concernant la meilleure compréhension de la mission de l’Église, on parle du grand respect pour les traditions des chrétiens non catholiques. Le seul moment où l’on parle de conversion, c’est au nom de la liberté de conscience du sujet. Mais ce n’est plus une volonté de l’Église de convertir. Alors là, c’est certain, on n’est pas d’accord, c’est très grave !

Gérard Leclerc : Rome est aussi consciente de certaines déviations de l’œcuménisme. La preuve en est la publication de « Dominus Jesus » du cardinal Ratzinger. Par ailleurs, le pape met aussi en garde contre la dictature du relativisme. Ceci dit, la façon dont Vatican II a abordé la question change notre regard sur les autres confessions. Dans la mesure où elles ont su cultiver certains éléments importants, elles sont dépositaires de richesses qu’il nous faut redécouvrir. Ainsi, l’orthodoxie est très largement témoin de la foi des Pères, elle a cultivée plus que l’Église d’occident certaines perspectives. C’est pour cela que Jean-Paul II déclarait que "l’Église doit respirer avec ses deux poumons". Nous sommes ainsi renvoyés à la continuité de l’Église indivise.

Mgr Fellay : Qu’est ce qu’on veut ? Une réelle unité ou bien une sorte de connivence, dans une sorte de confédération ? D’après ce que dit l’Église, il n’y a qu’une seule solution, c’est l’Unité. Il n’y a qu’une seule Église et il ne peut y en avoir plusieurs. Cette unité doit être fondée sur la Vérité. Qu’il y ait un grand nombre de richesses, de valeurs, de vrai, dans toutes les religions, cela va de soit. Mais le bien vient de l’intégrité totale alors que le mal vient d’un défaut. C’est le sens de l’épître : "Celui qui pèche contre un commandement pèche contre tous". Le but c’est d’être sauvé, pour être sauvé il faut avoir toute la foi, tout l’ensemble. Ce qui manque aux orthodoxes c’est d’accepter la primauté du pape. Pour tout le reste on est d’accord il y a beaucoup de richesses, qui peuvent servir de point de départ, c’est envisageable, mais on ne peut en rester là.

Gérard Leclerc : A propos du judaïsme, acceptez-vous la formule issue du Concile qui présente les Juifs comme "nos frères ainés" ?

Mgr Fellay : L’expression peut être prise de deux manières, elle est ambiguë. La première est correcte, l’autre incorrecte. Nous avons dans l’Ecriture sainte le Nouveau Testament et l’Ancien Testament. Tout ce que Dieu a transmis au peuple élu se trouve dans la première Alliance. Mais elle a été remplacée par la Nouvelle, la Bonne Nouvelle qu’est l’Evangile. Nous, les catholiques, nous avons tout. L’ancien et le nouveau. Les Juifs sont fidèles à l’Ancien Testament quant à la lettre, mais quelque chose de nouveau est survenu et le judaïsme s’est arrêté là. Il y a eu quelque chose d’essentiel : la venue du Messie. Les Juifs sont nos frères aînés dans la mesure où nous avons quelque chose en commun. Pour autant, cela ne leur suffit pas pour être sauvés.

Gérard Leclerc : Avec Nostra Ætate, le Concile a voulu reposer nos relations avec le judaïsme en reprenant l’enseignement de saint Paul dans l’épître aux Romains, ce qui a remis le judaïsme dans une perspective "eschatologique". Cela a un sens précis : nos relations avec nos frères aînés sont hic et nunc inscrites dans l’histoire du salut. Il est vrai que ce réexamen a été largement conditionné par le drame épouvantable de la guerre. Il y avait eu incontestablement un anti-judaïsme chrétien, source de persécutions multiples. L’Église a voulu faire son examen de conscience. Mais la meilleure réponse résidait dans un approfondissement doctrinal. Il s’est agi d’abord de retrouver la cohérence des deux Testaments. Le Nouveau est totalement solidaire de l’Ancien. Enfin, il y a eu volonté de changement de rapports avec le judaïsme. Souvenons-nous de la visite de Jean-Paul II à la synagogue de Rome et de sa démarche au mur des lamentations à Jérusalem.

Vous souhaitez que Rome réhabilite la mémoire de Monseigneur Lefebvre. Qu’est ce à dire ?

Mgr Fellay : Mgr Lefebvre a indiqué un problème à l’Église et c’est à cause cela qu’il a été condamné. On n’a pas voulu regarder ce problème. Il disait : "Attention, il y a une crise dans l’Église ! Il faut absolument regarder les causes !" La difficulté reste presque entière aujourd’hui parce que l’Église veut attribuer ces problèmes au monde ambiant. Cela n’est vrai qu’en partie.

Gérard Leclerc : Malheureusement, Mgr Lefebvre s’est inscrit dans une démarche de division de l’Église. J’ai cependant souvenir de ce que m’avait dit le cardinal Thiandoum, successeur de Mgr Lefebvre à Dakar. Il avait été formé par lui. N’oublions pas que c’est le même Mgr Lefebvre qui a été à l’origine des conférences épiscopales de l’ouest africain. Thiandoum n’était pas le seul à reconnaître sa dette. J’ai aussi le souvenir de ce que m’avait dit le père Albert Chapelle, qui était un grand jésuite, conseiller du Cardinal Lustiger, a des moments difficiles : "Mgr Lefebvre a été un très grand évêque missionnaire." Même le cardinal Lustiger a eu des appréciations fraternelles, malgré des désaccords sérieux. Je pense que de grandes autorités dans l’Église ont toujours reconnu à Mgr Lefebvre sa volonté de servir. Il faudrait considérer les choses avec plus de justice. Cela dit, on ne peut que déplorer la polémique qui visait aussi la personne des papes. Elle risquait de défigurait le message de l’Église. En ouvrant une plaie qui saigne toujours.

Le rapprochement avec Rome est-il uniquement doctrinal ? Ne comporte-t-il pas un enjeu spirituel ?

Mgr Fellay : D’une doctrine claire suit la vie morale et spirituelle. Nous ne sommes pas des volontaristes ! L’affectif suit la connaissance. Si on arrive à redonner de la clarté sur beaucoup de points, on arrivera à un renouveau pour tout le monde. Ce qui se fait en ce moment sera profitable à tout le monde. Il faut prier pour que ces discussions soient un bénéfice pour toute l’Église. Il ne s’agit pas de savoir si quelqu’un a gagné ou si quelqu’un a perdu. Nous ne sommes que de pauvres petits êtres humains, un jour nos vies seront finies. On répondra devant le Bon Dieu de ce qu’on a fait. L’essentiel pour moi, c’est que notre Seigneur soit aimé, loué, et adoré. C’est la finalité de tout être humain et de toute la vie chrétienne.

Gérard Leclerc : Est-ce que vous espérez voir de vos yeux cette pleine communion ?

Mgr Fellay : Nous nous sommes toujours considérés pleinement membres de l’Église. Quant au reste, j’espère faire mon travail ! C’est le Bon Dieu qui décide. Le succès d’une telle œuvre, ce n’est pas humain, c’est un bien surnaturel qui vient du Bon Dieu. Je ne suis qu’un instrument. Le succès viendra quand le Bon Dieu voudra. Je crois fermement que les forces de l’enfer ne prévaudront pas contre l’Église. Je sais que l’Église continuera et c’est pour cela que j’y adhère malgré toutes les peines que je reçois. Cette Église, je l’aime même si j’en reçois des coups !

Gérard Leclerc : Je pense qu’il y a un climat à changer, et pas seulement dans le débat théologique. Je m’en rends compte, ne serait-ce que par les polémiques auxquelles j’ai été obligé de participer ces jours derniers. Il faut retrouver une sérénité, ne pas diaboliser l’autre, notamment avec des griefs faux. Cela ne peut se faire que dans la docilité à l’Esprit Saint.

Attendez-vous quelque chose des catholiques français ?

Mgr Fellay : J’en attends beaucoup ! Qu’ils grandissent dans l’amour du Bon Dieu et dans son service. La communion des saints fait que tout acte bon posé dans l’Église profite à tous les autres. Si quelqu’un se sanctifie [dans l’Église, il élève tout le corps mystique. J’attends que tous nous vivions mieux cette communion des saints et tout le reste suivra. C’est vaste. La vocation universelle à la sainteté est justement une des choses importantes que rappelle le Concile.

Propos recueillis par Samuel Pruvot

____________

Pour vous abonner ou vous désabonner de la lettre d’information Virgo-Maria, veuillez remplir le formulaire disponible sur notre site http://www.virgo-maria.org/

Pour nous transmettre une information ou une nouvelle : la.redaction@virgo-maria.org

© 2009 virgo-maria.org



[1] Biographie : http://leclerc.gerard.free.fr/bio.php. Journaliste et philosophe Conciliaire de la mouvance conservatrice chez les modernistes

[2] http://www.virgo-maria.org/articles_HTML/2008/012_2008/VM-2008-12-29/VM-2008-12-29-A-00-Mgr_Lefebvre_Commission.html

[3] http://www.virgo-maria.org/Documents/mgr-lefebvre/1988_07_07_POSTFACE_de_Pierre_M_aimes-tu.htm

[4] http://www.virgo-maria.org/articles/2009/VM-2009-07-27-A-00-Abbe_Celier_edite_par_FM.pdf

http://www.virgo-maria.org/articles/2009/VM-2009-07-30-A-00-Jean_Luc_Maxence-Celier.pdf

http://www.virgo-maria.org/articles/2009/VM-2009-08-05-A-00-Suresnes-Loge_et_divan.pdf

[5] Nous avions déjà informé sur cette réalité :

http://www.virgo-maria.org/articles_HTML/2009/007_2009/VM-2009-07-06/VM-2009-07-06-A-00-Mgr_Fellay_trompe_les_fideles.html

[6]http://www.virgo-maria.org/articles/2009/VM-2009-08-21-A-00-Mgr_Lefebvre_rejette_continuite.pdf 

http://www.virgo-maria.org/Documents/mgr-lefebvre/Mgr-Lefebvre_Dubia_52p..pdf

[7] http://www.france-catholique.fr/Rome-et-les-lefebvristes-ce-que.html

[8] http://www.france-catholique.fr/Rome-et-les-lefebvristes-ce-que.html

[9] http://www.virgo-maria.org/Documents/mgr-lefebvre/1988_07_07_POSTFACE_de_Pierre_M_aimes-tu.htm

[10] http://www.france-catholique.fr/Rencontre-avec-Mgr-Felley.html

[11] http://www.france-catholique.fr/Entretien-avec-Mgr-Fellay.html

Et aussi :

http://www.famillechretienne.fr/agir/vie-de-l-eglise/debat-autour-de-vatican-ii-partie-12_t11_s73_d49485.html

http://www.famillechretienne.fr/agir/vie-de-l-eglise/monseigneur-fellay-s-exprime-sur-vatican-ii-partie-22_t11_s73_d49524.html