CAPITAL : Lettre ouverte solennelle des fidèles aux quatre évêques de la FSSPX
http://www.virgo-maria.org/articles/2006/VM-2006-10-10-A-00-Appel_aux_quatre_eveques_de_la_FSSPX.pdf
Qui et
Pourquoi, depuis la mort de Mgr Lefebvre en 1991, a détourné la finalité surnaturelle de l’OPERATION-SURVIE des sacres de 1988, pour assigner à
la FSSPX ce FAUX objectif prioritaire de la «ré-conciliation» avec la Rome
conciliaire |
Qui a, depuis 2000, PROMU, et Pourquoi, le FAUX préalable de l’autorisation de la messe de Saint Pie V ? |
Pourquoi n’a-t-on pas posé la VRAIE question du rétablissement du VRAI Sacerdoce de VRAIS prêtres, ordonnés par des Evêques VALIDEMENT sacrés selon le rite VALIDE des Saints Ordres ? |
Qui a INVENTE, et POURQUOI, le faux préalable de la levée des «excommunications» ? |
Pourquoi n’a-t-on pas posé la VRAIE question de l’abrogation de Pontificalis Romani INVALIDE de 1968 et du rétablissement du vrai rite de la consécration épiscopale VALIDE d’avant 1968? |
A quoi servirait-il, en effet, de faire dire le VRAI rite de la messe par de FAUX prêtres ? |
Serait-ce
donc qu’après avoir obligé de VRAIS prêtres à dire une FAUSSE messe, l’on
veuille désormais faire dire la messe du |
Serait-ce que l’on
veuille «concilier» les VRAIS prêtres qui disent encore la VRAIE messe avec
un clergé aussi INVALIDE que le |
Gaude,
Maria Virgo, cunctas hæreses sola interemisti.
(Tractus
Missæ Salve Sancta Parens)
samedi 2 octobre 2010
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Versailles : l’abbé de Cacqueray
prépare-t-il les fidèles au « proche ralliement-Gherardini » ?
Va-t-il diffuser le sophisme : « le combat a changé de forme » ?
Pour l’abbé du Chalard, qui tourne le dos à Mgr Lefebvre pour s’allier aux faux clercs invalides conciliaires, « le combat a changé de forme »
L’abbé de Cacqueray s’apprête-t-il à expérimenter le nouveau discours de ralliement de la FSSPX dans le microcosme versaillais de la FSSPX comme dans un laboratoire ?
Le samedi 2 octobre à 20h30, l’abbé de Cacqueray va s’exprimer[1], en face de la chapelle (Notre-Dame des Armées) des ralliés de la Fraternité Saint-Pierre à Versailles (Université Inter-Ages), sur le sujet très stratégique des « relations de la FSSPX avec Rome ». Un test des arguments spécieux du ralliement distillés par Mgr Gherardini auprès de la frange la plus ferme de la FSSPX ? Visiblement une opération est en cours, selon le schéma révélé le 21 août 2010 par la taupe n°1 de la FSSPX, l’ex( ?)-anglican Mgr Williamson.
Le livre de Mgr Gherardini qui prétend « ouvrir le débat » sur Vatican II, alors que Mgr Lefebvre l’a mené depuis les années 1962-1965, est rejeté par les milieux ralliés (« La Nef ») (il n’est donc destiné en réalité qu’à la seule FSSPX) et bénéficie d’une diffusion au sein de la FSSPX assurée par l’abbé du Chalard (agent de l’infiltré n°2, l’abbé Schmidberger) et est soutenu par le « Courrier de Rome ». Ce livre crée l’illusion de l’existence d’une opposition au sein de l’église conciliaire, bâtie sur des arguments similaires à ceux de la FSSPX, et en apparence tolérée, afin de justifier de la possibilité d’un accord pratique de Mgr Fellay sans accord doctrinal. Le discours de Mgr Gherardini est donc une contre-façon de la position de la FSSPX. Mgr Gherardini a tombé le masque récemment en préconisant ouvertement la signature d’un accord de la FSSPX avec la Rome apostate, sur fond de désaccord doctrinal, sur simple condition d’acception du « débat » au sein de la structure conciliaire maçonnique. Le jeu du poisson-pilote Gherardini apparaît désormais en pleine lumière : il s’agit d’un appât très appétissant destiné à duper les bonnes âmes naïves au sein de la FSSPX, en faisant croire que l’heure du retour à la Tradition aurait sonné.
Golias qualifie Mgr Gherardini de « penseur des tradis softs ».
« C’est grâce à l’abbé du Chalard, notamment, que le livre sur le Concile de Mgr Gherardini, édité par les Franciscains de l’Immaculée, a été diffusé en France. » Et cet abbé du Chalard « appartient à ceux qui au sein de la Fraternité Saint-Pie X estiment que le combat a changé de forme ». Il pense également que « des alliés objectifs existaient dans la place et qu’il fallait tisser des liens avec eux. ». Et un blog de ralliés répand le sophisme selon lequel « l’abbé du Chalard exprime l’avis actuel de la Fraternité Saint-Pie X ».
La vieille recette anglicane des « conversations de Malines » est appliquée par Mgr Gherardini aux « discussions doctrinales » de la FSSPX.
Le prélat conciliaire, à l’opposé de Mgr Lefebvre qui pratiquait la transparence catholique, se félicite que Mgr Fellay ait « réussi jusqu’ici à maintenir admirablement et exemplairement le silence qu’elles avaient promis sur leurs colloques », à l’image des pratiques occultes de la franc-maçonnerie.
Très récemment, trois jours avant la conférence de l’abbé de Cacqueray à Versailles, Mgr Gherardini a fait paraître la traduction française d’un texte de lui-même, préconisant un accord pratique de la FSSPX avec Rome, assorti de fallacieuses promesses de colloques doctrinaux postérieurs à la signature, afin de régler l’ « avenir proche » de la FSSPX. Pour cela, il a demandé à un abbé invalide de l’IBP, l’abbé Mathieu Raffray[2], d’assurer la traduction de son texte.
Mgr Gherardini est un jésuite conciliaire, chanoine de la basilique Saint Pierre de Rome, professeur retraité de l’université du Latran, spécialiste de l’œcuménisme, aujourd’hui octogénaire. Il s’est soutenu par l’abbé infiltré Alain Lorans, sur son site Dici[3], qui vend son livre et en assure une promotion sans réserve.
Nous voyons en octobre 2010, un an après les négociations doctrinales organisées à « huis clos » par la FSSPX avec la Rome moderniste, déboucher les effets de tout un travail de propagande, interne à la FSSPX, réalisé par les abbés infiltrés Lorans et du Chalard. Un texte récent paru sur un site pro-ralliement et pro-Ratzinger fourmille de révélations :
« Le 15 août dernier a été présenté le nouveau livre consacré à Mgr Lefebvre, Monsignor Lefebvre. Nel nome della verità, écrit par la journaliste Cristina Siccardi et publié aux éditions Sugarco. La nouvelle biographie de Mgr Lefebvre Selon le blog Missainlatino, au cours de cette présentation, l’abbé Emmanuel du Chalard, de la Fraternité Saint-Pie X, a annoncé qu’une rencontre entre le supérieur et fondateur des Franciscains de l’Immaculée, le Père Mannelli, et Mgr Bernard Fellay, était prévue dans les prochains mois. Si elle a bien lieu, cette rencontre sera certainement le fruit du long travail de l’abbé du Chalard, lequel est soutenu à Paris par son ami, l’abbé Lorans. C’est grâce à l’abbé du Chalard, notamment, que le livre sur le Concile de Mgr Gherardini, édité par les Franciscains de l’Immaculée, a été diffusé en France. Bien introduit à Rome, l’abbé du Chalard est particulièrement bien informé de la vie de l’Église et appartient à ceux qui au sein de la Fraternité Saint-Pie X estime que le combat a changé de forme et qu’il n’est plus le même que dans les années soixante-dix. Sans rien abandonner des positions de la Fraternité Saint-Pie X, ses rencontres avec de jeunes prêtres ou avec les Franciscains de l’Immaculée, lui ont montré que des alliés objectifs existaient dans la place et qu’il fallait tisser des liens avec eux. Sa pensée est-elle exactement celle de la Fraternité Saint-Pie X ? Difficile à dire, d’autant que celle-ci est traversée de courants (ce qui est humainement normal et se retrouve dans toute institution) qui entendent parvenir aux mêmes buts par des chemins parfois opposés. Missainlatino estime que l’abbé du Chalard exprime l’avis actuel de la Fraternité Saint-Pie X. Ce blog en voit un autre signe dans le fait que l’auteur de la nouvelle biographie de Mgr Lefebvre est une proche du mouvement Alleanza Cattolica qui a eu des relations difficiles... »[4]
Une présentation tendancieuse de Mgr Lefebvre diffusée actuellement en Italie.
Ce livre est l’œuvre d’une journaliste moderniste qui gomme les critiques les plus radicales de Mgr Lefebvre envers la Rome apostate.
Ce blog annonce : « Vers un rapprochement des Franciscains de l’Immaculée et de la Fraternité Saint-Pie X ? ». Il faut rappeler que ces faux religieux conciliaires, sans ordination valide, ont été introduit, en la personne d’un de leur représentant, au congrès Si si No no à Paris, en janvier 2010. Ce congrès était organisé par les abbés Lorans et du Chalard, les mêmes qui font la promotion de Mgr Gherardini. Et il révèle, au sujet de la future rencontre de Mgr Fellay avec le supérieur de ce faux ordre religieux conciliaire :
« cette rencontre sera certainement le fruit du long travail de l’abbé du Chalard, lequel est soutenu à Paris par son ami, l’abbé Lorans. »
Nous rappelons que l’abbé Lorans mène une double vie[5] cléricale sur Paris et prime en catimini des cardinaux conciliaires (Poupard) tout en occupant le poste de responsable de la communication de Mgr Fellay au sein de la FSSPX.
Le 29 septembre, le poisson-pilote Mgr Gherard inverse la position de Mgr Lefebvre qui exigeait une adhésion sans aucun réserve des autorités conciliaires aux enseignements anti-libéraux des Papes du XIX° siècles, avant toute discussion et plus encore tout accord :
« l’accord canonique souhaité ne serait pas l’aboutissement d’une rapide confrontation point par point sur Vatican II, mais au contraire le point de départ d’un vaste programme d’analyses et d’études qui engagerait « la collaboration des spécialistes les plus prestigieux, les plus sûrs et les plus reconnus dans chacun des secteurs sur lesquels s’articulent Vatican II [et qui donnerait lieu à] une série de congrès ou une série de publications sur chacun des différents documents conciliaires » (B. Gherardini, « Supplique au Saint-Père », Ibid., éd. fr., p. 262). »
C’est ce que Mgr Gherardini suggère en écrivant qu’il souhaite : « la résolution, à l’intérieur de l’Église, d’un contentieux incompréhensible à l’heure du dialogue avec tous, que la libéralisation d’une force compacte attachée à l’idée et à l’idéal de la Tradition, afin qu’elle puisse opérer non pas depuis un bunker, mais à la lumière du soleil ».
Ce qui revient à dire que la FSSPX serait dans un « bunker », et non pas dans l’Église, et que le panthéon des religions que tend à devenir l’église [secte] Conciliaire œcuméniste de Ratzinger devrait l’intégrer, avec une certaine liberté de parole, justifiée par l’œcuménisme maçonnique, et lui permettre d’accéder à la « lumière ». Quelle lumière ? Celle d’Hiram et de la Loge qui gouverne le Vatican ?
Le subtil et spécieux Mgr Gherardini fausse donc la perspective.
Ce renversement qui rejoint l’annonce de Mgr Williamson (opération de revers) le 21 août 2010, procède d’un système d’inversion typiquement anglican. Déjà lors des conversations de Malines en 1921-1925, après un premier volet de confrontation doctrinale, la partie anglicane avait proposé une « approche pratique » en suggérant au cardinal Mercier de prendre l’ « hypothèse » d’un accord doctrinal déjà acquis, et de détailler les termes pratiques d’un ralliement en forme de « Corporate reunion ».
Mgr Gherardini applique donc à la FSSPX en 2010, la méthode que les anglicans appliquaient aux catholiques en 1921-1925, afin d’occulter les oppositions doctrinales, afin de parvenir rapidement à une solution « pratique ». Le cardinal Mercier s’en félicitera devant le révolutionnaire Dom Beauduin en saluant les anglais et leur « esprit pratique » qui préfère les institutions aux idées.
Le 2 octobre 2010, la même vieille recette anglicane de 1921 (révélée un mois auparavant par l’ex( ?)-anglican Mgr Williamson), est rediffusée au sein de la FSSPX. L’abbé de Cacqueray, coaché par l’abbé Celier (le favori de la Grande Loge de France) va-t-il tenter de tester cette vieille recette anglicane devant une frange ferme de la FSSPX à Versailles ? C’est ce que nous allons voir.
Continuons le bon combat
La Rédaction de Virgo-Maria
© 2010 virgo-maria.org
Le texte
pro-ralliement de la FSSPX de Mgr Gherardini du 29 septembre 2010[6]
par Mgr Brunero Gherardini
MERCREDI 29 SEPTEMBRE 2010
L'avenir de la FSSPX : ni compromis, ni "statu quo" confortable.
Nous proposons ici un texte que Mgr B. Gherardini nous a demandé de traduire en français et de publier, à propos de l’avenir de la Fraternité saint Pie X. Sa perspective réaliste, fondée sur des circonstances historiques qu’il connaît bien pour plusieurs motifs, donne lieu à une synthèse théologique qui recentre sur la notion de "Tradition" la vexata quaestio.
Il invite à œuvrer lucidement dans la clarté théologique, sans crainte d’entamer un travail de longue haleine, ouvert à de larges collaborations et à des recherches approfondies sur les documents conciliaires controversés, comme il y appelait déjà dans son ouvrage désormais célèbre, Vatican II, un débat à ouvrir. Dans cette perspective, l’accord canonique souhaité ne serait pas l’aboutissement d’une rapide confrontation point par point sur Vatican II, mais au contraire le point de départ d’un vaste programme d’analyses et d’études qui engagerait « la collaboration des spécialistes les plus prestigieux, les plus sûrs et les plus reconnus dans chacun des secteurs sur lesquels s’articulent Vatican II [et qui donnerait lieu à] une série de congrès ou une série de publications sur chacun des différents documents conciliaires » (B. Gherardini, « Supplique au Saint-Père », Ibid., éd. fr., p. 262).
Nous nous inscrivons nous aussi dans cette optique, en particulier en ce qui concerne un sérieux renouveau du débat théologique, qui doit comporter des deux côtés la révision de « lieux communs » non-dogmatiques, dans l’intérêt suprême de l’Église universelle, et non dans la recherche d’un statu quo qui ne viserait qu’à cultiver les intérêts particuliers.
par Mgr Brunero Gherardini
(traduction Abbé Matthieu Raffray)
À l’occasion d’une rencontre amicale, quelques amis m’ont demandé quel pourrait être l’avenir proche de la Fraternité saint Pie X, à l’issue des discussions en cours entre ladite fraternité et le Saint-Siège. Nous en avons longuement discuté et les avis étaient partagés. C’est pour cela que je tiens à exprimer le mien par écrit, dans l’espoir – sans aucune prétention, Dieu m’en garde – qu’il puisse profiter non seulement à mes amis, mais aussi à ceux qui participent à ce dialogue.
Je tiens à dire avant tout que personne n’est prophète, ni fils de prophète. Le futur est entre les mains de Dieu. Parfois il est possible de l’aménager à l’avance, au moins en partie ; dans d’autres cas, il nous échappe totalement. Il faut en outre reconnaître aux deux parties, qui sont enfin à l’œuvre pour trouver une solution au problème des « lefebvristes » qui a désormais trop duré, qu’elles ont réussi jusqu’ici à maintenir admirablement et exemplairement le silence qu’elles avaient promis sur leurs colloques. Un tel silence, cependant, n’aide pas à en prévoir les issues possibles.
Des « rumeurs », par contre, se font entendre ; et pas peu. Savoir quel est leur fondement est une énigme. J’examinerai donc quelques-unes des opinions exprimées à l’occasion de la discussion mentionnée, pour ensuite donner clairement la mienne.
1 – Au cours de la discussion, certains jugèrent positive la récente invitation faite à la Fraternité de « sortir du bunker dans laquelle elle s’était barricadée durant l’après-concile pour défendre la Foi contre les attaques du néomodernisme ». Il était clair que donner un avis à ce sujet n’était pas chose facile. Que la Fraternité ait été, durant quelques décennies, enfermée dans un bunker, cela est évident ; et malheureusement, cela dure encore. Ce qui est moins évident, c’est de savoir si elle y est entrée toute seule, si on l’y a fait entrer, ou si ce sont les évènements qui l’y ont poussée. Il me semble, si l’on veut vraiment parler de bunker, que c’est Mgr. Lefebvre lui-même qui a emprisonné sa Fraternité, ce 30 juin 1988, lorsque – après deux avertissements de Jean-Paul II et une monition formelle pour qu’il renonce à l’acte « schismatique » qu’il projetait d’accomplir – il a ordonné évêque quatre de ses prêtres. Le bunker, ce fut cela : non pas celui d’un schisme formel, puisque s’agissant seulement d’un « refus de la soumission au Souverain Pontife » (CIC 751, §2), il n’y avait ni dol, ni intention de créer une anti-église ; au contraire, cet acte fut même déterminé par l’amour de l’Église et par une sorte de « nécessité » pressante pour assurer la continuité de la véritable Tradition catholique, sérieusement compromise par le néomodernisme postconciliaire. Mais ce fut bel et bien un bunker : celui d’une désobéissance aux limites du défi, une voie sans issue et sans la perspective d’aucun débouché possible. Et non pas un bunker pour avoir voulu sauvegarder des valeurs compromises.
Il est difficile de comprendre en quel sens, « pour défendre la Foi contre les attaques du néomodernisme », il pouvait être à proprement parler nécessaire de « se barricader dans un bunker ». Cela voulait-il dire : laisser le champ libre à l’irruption de l’hérésie moderniste ? Non, puisque de fait, le passage de l’hérésie fut sans cesse mis en difficulté. Car bien que dans une situation de condamnation canonique, et donc en-dehors des rangs officiels, mais avec la conscience certaine de travailler pour le Christ et pour son Église, une, sainte, catholique, apostolique et romaine, la Fraternité s’est attachée par-dessus tout à la formation des prêtres, puisque c’est là son but spécifique ; elle a fondé et dirigé des séminaires ; elle a promu et soutenu des débats théologiques parfois de haut niveau ; elle a publié des livres d’une valeur ecclésiologique remarquable ; elle a rendu compte d’elle-même en publiant des feuilles d’information internes et externes ; et tout cela à couvert, démontrant ainsi de quelle force – malheureusement laissée pour compte – l’Église pourrait se prévaloir pour réaliser son œuvre d’évangélisation universelle. Le fait que les effets de la présence lefebvriste active puissent paraître modestes, ou que de fait ils ne soient pas très apparents, peut dépendre de deux motifs : d’une part de la condition canonique anormale dans laquelle elle évolue ; d’autre part de ses dimensions : on sait que « la mosca tira il calcio che può » (« la mouche tire le coup de pied qu’elle peut »).
Mais je suis profondément convaincu que c’est justement pour cela qu’il faudrait remercier la Fraternité : pour avoir maintenu, et pour maintenir encore bien haut le flambeau de la Foi et de la Tradition, dans un contexte de sécularisation désormais parvenue au seuil d’une ère post-chrétienne, et ce, malgré une antipathie non-dissimulée envers elle.
2 – À l’occasion du débat dont il était question au début, quelqu’un a fait référence à une conférence durant laquelle la Fraternité fut invitée à avoir une plus grande confiance dans le monde ecclésial contemporain, en recourant si nécessaire à certains compromis, puisque le « salus animarum » exige – c’est un lefebvriste qui l’aurait dit – que l’on courre même ce risque-là. Oui, mais certainement pas le risque de « compromettre » son salut éternel, ni celui d’autrui.
Il est probable que les paroles aient trahi les intentions. Ou que l’on n’ait pas pris garde à la valeur des mots. Car s’il y a bien une chose, en matière de Foi, qu’il est un devoir d’éviter, c’est bien le compromis. Et le fait que la Fraternité en appelle – comme tout authentique fidèle du Christ – au « Si si, no no » de Mt. 537 (Jac. 512) est l’unique réponse valable à la perspective d’un compromis. Le texte cité continue en affirmant que « tout le reste vient du malin » : donc aussi, et même précisément, le compromis. Au moins lorsqu’on entend par là renoncer à ses propres principes moraux et à ses propres raisons d’être.
À vrai dire, dès que les discussions entre le Saint-Siège et la Fraternité ont commencé, m’est parvenue, à moi aussi, la rumeur de la possibilité d’un compromis. C'est-à-dire d’un comportement indigne, auquel le Saint-Siège se refuse, j’imagine, le premier. Un compromis sur tout ce qui n’implique pas la confession de la Foi authentique est possible et même plausible ; mais il ne l’est jamais aux dépens de valeurs non-négociables. Ce serait là, avant tout, une contradiction dans les termes, puisque le compromis lui-même est l’objet d’un « negotium » – et une négociation à risque : le risque du naufrage de la Foi. L’idée même que le Saint-Siège puisse proposer et accepter un compromis me répugne : ce serait obtenir beaucoup moins qu’un plat de lentilles, et il endosserait alors la responsabilité d’un délit gravissime. Me répugne tout autant l’idée que la Fraternité, après avoir fait de la Foi sans compromis la bannière de son existence propre, puisse glisser sur la peau de banane de la renonciation à sa raison d’être.
J’ajoute que, à en juger sur quelques indices qui ne sont peut-être pas totalement infondés, la méthodologie mise en acte bilatéralement ne semble pas ouvrir de grandes perspectives. C’est la méthodologie du point contre point : Vatican II « oui », Vatican II « non », ou à la rigueur « oui, si… ». La condition d’une telle méthode est que d’un côté ou de l’autre, ou bien des deux, l’on baisse la garde. Une capitulation sans condition ? Pour la Fraternité, se remettre entre les mains de l’Église serait l’unique comportement vraiment chrétien, si n’existait pas la raison pour laquelle elle est née et qui l’a conduite à se retirer sur l’Aventin. À savoir ce Concile Vatican II qui, en particulier dans certains de ses documents, est littéralement à l’opposé de ce en quoi elle croit et de ce pour quoi elle agit. Avec une telle méthodologie, aucune voie moyenne ne peut donc être entrevue : soit la capitulation, soit le compromis.
Une telle issue pourrait être évitée si l’on suivait une autre méthodologie. Le « punctum dolens » de tout le contentieux s’appelle la Tradition. L’une et l’autre partie ne cessent d’y faire appel, bien qu’elles en aient une notion nettement distincte. En 1988, le pape Jean-Paul II déclara officiellement que la notion de Tradition défendue par la Fraternité était « incomplète et contradictoire ». Il resterait à démontrer la raison d’une telle incomplétude et d’une telle contradiction, mais ce qui est le plus urgent est la nécessité de parvenir, pour les deux parties, à un concept commun, c’est-à-dire bilatéralement partagé. Un tel concept deviendrait alors l’instrument permettant de démêler l’écheveau des problèmes. Il n’y a pas de question théologique ou de problème ecclésial qui ne trouve dans un tel concept sa solution. Si, donc, on continue à dialoguer en maintenant, d’un côté comme de l’autre, son point de départ, ou bien cela donnera lieu à un dialogue de sourds, ou bien, pour essayer de prouver que l’on a pas dialogué en vain, on donnera libre accès au compromis. En particulier, si elle acceptait la thèse des « contrastes apparents », qui réduit les oppositions non à des causes de caractère dogmatique, mais à l’interprétation toujours renouvelée des faits historiques, alors la Fraternité déclarerait sa propre fin, en substituant misérablement à sa notion de la Tradition, qui est celle des apôtres, la notion vaporeuse, inconsistante et hétérogène de Tradition vivante des néomodernistes.
3 – Dans notre colloque amical, nous avons enfin abordé une ultime question, exprimant là davantage des espérances que des prévisions concrètement fondées : la question de l’avenir de la Fraternité. Sur ce sujet, s’est déjà penché le site cordialiter.blogspot.com, avec une anticipation idyllique des lendemains heureux qui pourraient advenir à la Fraternité : un nouveau – nouveau ? Oui, car pour l’instant, cela n’a jamais existé – statut canonique, signifiant le début de la fin du modernisme, des prieurés pris d’assaut par les fidèles, et la Fraternité transformée en « superdiocèse autonome ». Pour ma part, j’attends aussi beaucoup du rapprochement espéré et qui est actuellement à l’œuvre, mais en gardant un peu plus les pieds sur terre.
J’essaye de porter sur ces choses un regard plus aigu afin de voir ce qui pourrait advenir. La spécificité de la Fraternité, comme je l’ai déjà rappelé, est la préparation au sacerdoce et le soin des vocations sacerdotales. Ne devrait donc pas s’ouvrir pour elle un terrain différent de celui des séminaires, ce terrain-là étant son véritable champ de bataille : que ce soient ses propres séminaires ou d’autres, c’est là plus qu’ailleurs que pourront s’exprimer la nature et la finalité de la Fraternité.
Sous quel profil canonique ? Il n’est pas facile de le prévoir. Il me semble, cependant, que le fait qu’il s’agisse d’une fraternité sacerdotale devrait en suggérer l’aspect canonique, sous la forme d’une « société sacerdotale », placée sous le gouvernement suprême de la « Congrégation pour les Instituts de vie consacrée et les Sociétés de vie apostolique ». De plus, le fait qu’elle possède déjà quatre évêques pourrait suggérer, comme solution, qu’elle soit une « Prélature » dont le Saint-Siège, au moment opportun, pourra préciser la configuration juridique exacte. Tout cela ne me semble pas, toutefois, être le problème principal. Ce qui est bien plus important, sans aucun doute, c’est aussi bien la résolution, à l’intérieur de l’Église, d’un contentieux incompréhensible à l’heure du dialogue avec tous, que la libéralisation d’une force compacte attachée à l’idée et à l’idéal de la Tradition, afin qu’elle puisse opérer non pas depuis un bunker, mais à la lumière du soleil et comme expression vive et authentique de l’Église.
Brunero Gherardini
Rome, le 27 septembre 2010
Annexe B
- Présentation de Mgr Gherardini par le site ultra-progressiste Golias[7]
Cette analyse montre à quel point Mgr Gherardini singe les positions de la FSSPX, mais sans jamais remettre en cause les apostats romains comme le faisait sans cesse Mgr Lefebvre, en les accusant d’avoir « quitté l’Église ».
Né en 1925, ce Toscan au verbe tranchant et aux positions dures est l’un des derniers héritiers de l’école romaine de théologie (représentée au moment du Concile par le cardinal Pietro Parente et Mgr Antonio Piolanti). Ne cachant pas ses sympathies pour la Fraternité Saint Pie X, postulateur de la cause du Pape Pie IX, Gherardini n’est pas n’importe qui. Il exprime, sans l’aspect caricatural de certains traditionalistes français, une vision des choses que l’on peut qualifier d’ultra-traditionnelle et qui peut évidemment pour une large part être adoptée par les intégristes.
Au-delà de la question de la réforme liturgique Mgr Gherardini pose le problème de l’autorité du concile Vatican II. À cette époque, encore jeune prêtre du diocèse de Prato, Don Brunero conseillait le vieux cardinal Giuseppe Pizzardo, préfet de l’alors congrégation des séminaires et des universités, un homme de la vieille garde.
La Paix liturgique, l’un des sites tradis les plus intéressants, rend compte avec intelligence des positions actuelles de Gherardini sur le sujet le plus délicat des échanges entre le Vatican et les lefebvristes « La valeur magistérielle de Vatican II ».
Ce que propose en fait Gherardini, comme le Note La Paix liturgique, c’est la position de la minorité conciliaire au cours de Vatican, II, en retrait par rapport aux outrances de ceux qui par la suite contestèrent le Concile mais offrant sans aucun doute la variante la plus fixiste de cette "herméneutique de la continuité" que recommande Benoît XVI pour interpréter Vatican II dans son très important discours à la Curie romaine du 22 décembre 2005. Comme le fait La Paix liturgique on pourrait dénommer cette interprétation herméneutique de Tradition.
La thèse clairement exprimée par Mgr Gherardini est celle d’une différence de degré d’autorité au sein du corpus conciliaire entre des affirmations de portées différentes. De façon globale, estime, Mgr Gherardini : « Il s’agit d’un Concile qui, par principe, a exclu la formulation de nouvelles doctrines dogmatiques.[…] L’enseignement [de Vatican II] ne peut être dit infaillible et irréformable que là où se trouve un enseignement défini précédemment ». Autrement dit, sur les points controversés comme celui du droit à la liberté religieuse, l’autorité la plus forte du Magistère de l’Église n’est pas engagée. Les positions avancées peuvent donc être discutées et contestées dans le cadre même de la plus stricte fidélité au Magistère.
Le Concile Vatican peut donc être qualifié de "pastoral" : c’est-à-dire n’énonçant pas de nouveau dogme, de nouvelles doctrines à accueillir obligatoirement. Cette absence de "volonté de définir" dispense le catholique d’une adhésion obligatoire à tout ce qu’enseigne Vatican II. Une conclusion qui ne peut que ravir les intégristes lefebvristes. Ils n’ont pas besoin d’adhérer au Concile Vatican II ! Les pouparlers doctrinaux - actuellement en cours - deviennent presque optionnels.
La position de Mgr Gherardini justifie des corrections éventuelles des textes conciliaires. Par exemple sur des sujets comme la liberté religieuse, l’œcuménisme et le dialogue interreligieux.
Gherardini va plus loin que les conservateurs en général et sans doute que Joseph Ratzinger en particulier. Selon ces derniers il s’agit sans doute de réfuter certaines interprétations du Concile, jugées déviantes, mais sans réticence envers "le vrai Concile". Certes, le cardinal Ratzinger tenait à dire que le dernier Concile ne "devait pas être interprété comme un superdogme". Mais dans son fameux livre "entretien sur la foi" il critiquait les intégristes qui n’acceptaient pas le Concile. Sa position reste substantiellement celle de Jean Paul II selon laquelle il faut défendre le Concile mais rien que le Concile. Et non pas des lectures déviantes. Mais sans réticence sur un enseignement présenté - au moins implicitement - comme faisant autorité. La "nouveauté" (si l’on peut employer un tel mot) de la position de Mgr Gherardini est la mise en cause, partielle et prudente certes, mais néanmoins réelle et nette, du Concile lui-même et non pas seulement d’interprétations présentées comme fausses ! Ce qui rapproche clairement sa position de celle de Mgr Lefebvre. Ou du moins d’un Marcel Lefebvre avant son durcissement et sans sa rhétorique politique.
On mesure l’importance du côté tradi des positions de Gherardini. Une justification par la théologie romaine des choix de Mgr Lefebvre. En substance et sans la coloration extrémiste propre à une certaine tradition française. De quoi fonder une sacrée restauration...
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[2] http://www.institutdubonpasteur.org/home.php?area=messe&show=1
http://www.mascaret.presse.fr/4-juillet-2009--ordinations-a-sainte-anne-dauray
Cet abbé Raffray a été faussement ordonné le 4 juillet 2009 à Saint-Anne d’Auray par un faux Mgr Ennio Appignanesi, lui-même faussement consacré « évêque » le 6 janvier 1981 dans le rite invalide de consécration épiscopale de 1968 (Pontificalis Romani) par Karol Wojtyla : http://www.catholic-hierarchy.org/bishop/bappi.html
L’abbé Mathieu Raffray n’est donc pas un prêtre catholique validement ordonné, mais un simple laic en soutane distribuant des sacrements invalides et incapable de consacrer validement le corps et le sang de Notre Seigneur Jésus-Christ, car il n’en a pas les pouvoirs.
[4] http://www.summorum-pontificum.fr/informations/vers-un-rapprochement-des-franciscains-de-limmaculee-et-de-la-fraternite-saint-pie%C2%A0x