LA CHAIRE DE SAINT PIERRE
Dans la basilique Saint-Pierre, au fond de l'abside, on conserve, enchâssé dans un reliquaire de bronze doré, le précieux siège qui servit à saint Pierre. Cette chaire (terme latin: cathedra) a donné son nom aux définitions "ex cathedra", proclamées "du haut de la chaire" par le Vicaire du Christ.
"Ce siège était décoré d'ornements en ivoire [...]. La chaire de saint Pierre était en bois de chêne, ainsi qu'il est aisé d'en juger aujourd'hui par les pièces principales de la charpente primitive, telles que les quatre gros pieds, qui demeurent conservés à leur place, et portent la trace des pieux larcins que les fidèles y ont faits à plusieurs époques, enlevant des éclats pour les conserver comme reliques. La chaire est munie sur les côtés de deux anneaux où l'on passait des bâtons pour la transporter; ce qui se rapporte parfaitement au témoignage de saint Ennodius, qui l'appelle sedes gestatoria [chaise à porteurs)" (Dom Prosper Guéranger: Sainte Cécile et la société romaine aux deux premiers siècles, Paris 1874, p. 69-70).
Si le pape a une foi toujours pure, on ne voit pas comment il pourrait enseigner une erreur dans la foi. À cet argument de raison, on peut joindre la voix du magistère.
Le concile oecuménique de Vatican I publia deux textes sur l'infaillibilité: Dei Filius et Pastor aeternus.
Les Pères du Vatican affirment catégoriquement l'infaillibilité QUOTIDIENNE de St. Pierre et de son Église. Par la bulle Aeterni Patri du 3 juillet 1868, Pie IX convoqua un concile oecuménique et exhorta le monde catholique à faire confiance à l'Église. "Pour qu'elle (l'Église) procédât toujours avec un ordre et une rectitude infaillibles le divin Sauveur lui promit qu’Il serait avec elle jusqu'à la consommation des siècles". L'enseignement de Pie IX fut repris et développé par les Pères du concile dans leur constitution dogmatique Dei Filius du 26 avril 1870. Le prologue est fort beau: "Jésus-Christ, sur le point de retourner à son Père céleste, promit d'être avec son Église militante sur la terre tous les jours [!], jusqu'à la consommation des siècles [cf. Matthieu XXVIII, 19 201". Un peu plus loin, les Pères conciliaires Se réjouirent que l'Église fût perpétuellement régie par le Saint-Esprit. "Aussi, dans aucun temps, elle ne saurait, cesser d'attester et de prêcher la vérité de Dieu, laquelle guérit tout; elle n'ignore pas qu'il lui la été dit: «Mon Esprit, qui est en toi, et mes paroles que j'ai déposées dans ta bouche, ne s'éloigneront jamais de ta bouche depuis ce jour jusqu'à l'éternité» (Isaïe LIX, 21) ».
"Doivent être crus, de foi divine et catholique, toutes les choses qui sont contenues dans la parole de Dieu, soit écrites soit transmises par tradition, et que l'Église, soit par un jugement solennel, soit par le magistère ordinaire et universel, propose comme étant divinement révélé" (Vatican I: constitution dogmatique Dei Filius, 26 avril 1870, ch. 3, intitulé « de fide ». Ainsi donc, l'enseignement infaillible de l'Église peut revêtir deux formes: une définition solennelle en grande pompe (bulle, concile) ou un document à l'aspect extérieur modeste (allocution, encyclique...).
En présentant le schéma de ce texte aux Pères du Vatican, Mgr Simor, rapporteur de la Députation de la Foi, leur dit: "Ce paragraphe est dirigé contre ceux qui prétendent qu'on est tenu de croire uniquement ce qui a été défini par un concile, et qu'on n'est pas obligé de croire également ce que l'Église enseignante dispersée prêche et enseigne d'un accord unanime comme divinement révélé" (in: Jean Michel Alfred Vacant: Étude sur les constitutions du concile du Vatican d’après les actes du concile, Paris et Lyon 1895, 1. II. p. 89).
D’après un autre rapporteur de la Députation de la Foi, Mgr Martin, ce paragraphe enseigne que le magistère ordinaire est tout aussi infaillible que le magistère extraordinaire. "Il faut croire toutes les choses que Dieu a révélées et nous propose de croire, par l'intermédiaire de l'Église, et ce QUEL QUE SOIT LE MODE D'EXPRESSION qu'elle choisisse (quomodocumque). Par cette doctrine est exclue l'erreur de ceux qui veulent qu’il faille seulement croire de foi divine les articles de foi formellement définis, et qui par conséquent, s'efforcent de réduire quasiment au minimum la somme des vérités à croire" (ibidem, p. 372).
« Jésus-Christ, sur le point de retourner à son Père Céleste, promit d’être avec son Eglise militante sur la terre TOUS LES JOURS, jusqu’à la consommation des siècles. Aussi n’a-t-il pas manqué EN AUCUN TEMPS (nullo unquam tempore) de soutenir son épouse bien aimée, DE L’ASSISTER DANS SON ENSEIGNEMENT, de bénir ses œuvres et de la secourir dans les périls » (Vatican I : Dei Filius, Prologue)
Cette infaillibilité quotidienne, attribuée à l'ensemble de l'Église dans Dei Filius découle de l'infaillibilité quotidienne du pape seul. Les évêques de l'univers entier ne se trompent point dans leur magistère ordinaire de tous les jours, parce qu'ils s'appuient sur la foi indéfectible du pontife romain. L'Église est infaillible, parce qu'elle repose sur le roc indestructible de la foi de Pierre. C'est ce qui ressort clairement de la constitution dogmatique Pastor aeternus, publiée le 18 juillet 1870 par Pie IX avec l'approbation des Pères du Vatican.
"Pour que l'épiscopat fût un et non divisé" peut-on en effet lire au prologue de Pastor aeternus, "pour que la multitude de tous les croyants fût conservée dans l'unité de foi. [.. le Christ plaça] le bienheureux Pierre au-dessus des autres apôtres [… afin que] sur la fermeté de sa loi s'élevât l'édifice sublime de l'Église qui doit être porté jusqu'au ciel".
Le chapitre 4 de Pastor aeternus est plus explicite: "[Les chrétiens des provinces] ont communiqué au Siège apostolique les dangers particuliers qui surgissaient en matière de foi, pour que les dommages causés à la foi fussent réparés là où elle ne saurait subir de défaillance (cf. St Bernard: Lettre 190). [… Tous les Pères de l'Église et tous les docteurs orthodoxes] savaient parfaitement que ce Siège de Pierre demeurait pur de toute erreur, aux termes de la promesse divine de notre Seigneur et Sauveur au chef de ses disciples. « J'ai prié pour toi, pour que ta foi ne défaille pas; et quand tu seras converti, affermis tes frères » (cf. la lettre du pape St. Agathon à l'empereur, approuvée par le VIe concile oecuménique)[1]. Cc charisme de vérité et de foi à jamais indéfectible a été accordé par Dieu à Pierre et à ses successeurs en cette chaire".
Ce qu'il y a de remarquable, c'est que ce chapitre 4 de Pastor aeternus, où il est question de la foi inébranlable du pape, culmine justement avec la définition de l'infaillibilité pontificale.
Cette définition commence avec les mots "C'est pourquoi…" Par l'expression "c'est pourquoi". les Pères établissent un lien avec ce qui précède, à savoir la foi inébranlable. L'infaillibilité de l'enseignement - notons bien le lien! – découle de la foi toujours pure. De sorte que, la foi étant toujours pure. l'enseignement sera forcément par voie de conséquence, toujours pur de toute erreur!
"Ce charisme de vérité et de foi à jamais indéfectible a été accordé par Dieu à Pierre et à ses successeurs en cette chaire (…) C'EST POURQUOI, nous attachant fidèlement à la tradition reçue dès l'origine de la foi chrétienne nous définissons comme un dogme révélé de Dieu:
Le pontife romain, lorsqu’il parle ex cathedra, c'est-à-dire lorsque, remplissant sa charge de pasteur et le docteur de tous les chrétiens, il définit, en vertu de sa suprême autorité apostolique, qu’une doctrine sur la foi ou les mœurs doit être tenue par toute l'Église, jouit, par l'assistance divine à lui promise en la personne de saint Pierre, de cette infaillibilité dont le divin Rédempteur à voulu que fût pourvue son Église. lorsqu'elle définit la doctrine sur la foi et les mœurs. Par conséquent, ces définitions du pontife romain sont irréformables par elles-mêmes et non en vertu du consentement de l'Église. Si quelqu'un, ce qu'à Dieu ne plaise, avait la présomption de contredire cette définition, qu'il soit anathème" (Pastor aeternus. Ch.. 4).
Faisons remarquer, tout de suite, que cette définition ne prescrit aucun mode d'enseignement spécifique. Vatican I dit: le pontife romain est infaillible "lorsqu’il définit", et non pas: "seulement lorsqu'il définit solennellement". Il n'est pas précisé non plus que le pontife, romain doive écrire obligatoirement: "Nous définissons". Il suffit qu'il déclare que tel ou tel point fait partie de la doctrine ou de la morale chrétienne
Regardons de plus près la définition: le pape enseignant seul "jouit [... ] de cette infaillibilité [de] l'Église". Or cette infaillibilité de l'Église, comme nous l'avons vu au prologue et au chapitre 3 de Dei Filius, englobe les deux modes d'enseignement (magistère extraordinaire et magistère ordinaire). Ainsi, le pape enseignant seul est infaillible quand il impose une doctrine aux fidèles, que ce soit par une définition solennelle (mode extraordinaire) ou par son enseignement de tous les jours (mode ordinaire).
Retenons bien ceci: Vatican I ne dit nullement que le pape serait « SEULEMENT » infaillible dans ses définitions solennelles. Pourquoi? Et, bien, tout simplement, parce que le pape est AUSSI infaillible dans son enseignement de tous les jours! Ceci ressort nettement d'une mise au point de Mgr d'Avanzo, le rapporteur de la Députation de la Foi de Vatican I:
"L'Église est Infaillible dans son magistère ordinaire, qui est exercé quotidiennement principalement par le pape, et par les évêques unis à lui, qui pour cette raison sont, comme lui, infaillibles de l'infaillibilité de l'Église, qui est assistée par le Saint-Esprit tous les jours. [...]
Question : A qui donc appartient-il chaque jour que Dieu fait :
1. de déclarer les vérités implicitement contenues dans la révélation
2. de définir les vérités explicites?
3. de venger les vérités attaquées?
Réponse : Au pape, soit en concile, soit hors du concile. Le pape est, en effet, le Pasteur des pasteurs et le Docteur des docteurs" (Mgr d'Avanzo), rapporteur de la Députation pour la foi du premier concile du Vatican : "Status questionis" ("état de la question de l'infaillibilité"), début juillet 1870 ; document historique no 565 de l'appendice B des actes du concile, in: Gerardus Schneemann (ed.): Acta et decreta sacrosancti oecumenici concilii Vaticani cum permultis aliis documentis ejusque historiam spectantibus, Freiburg 1892, col.1714)
Voici encore une autre intervention, émanant du même rapporteur de la Députation de la Foi. "Il y a, dans l'Église, un double mode d'infaillibilité: le premier s'exerce par le magistère ordinaire. (…) C'est pourquoi, de même que le Saint-Esprit, l'Esprit de Vérité demeure TOUS LES JOURS dans l'Église, l'Église aussi enseigne tous les jours les vérités de la foi, avec l'assistance du Saint-Esprit. Elle enseigne toutes les vérités soit déjà définies, soit explicitement contenues dans le dépôt de la révélation, mais non définies encore, soit enfin celles qui font l'objet d’une foi implicite. Ces vérités, l’Eglise les enseigne QUOTIDIENNEMENT, TANT PRINCIPALEMENT PAR LE PAPE, que par chacun des évêques en communion avec lui. Tous, et le pape et les évêques, dans cet enseignement ordinaire, sont infaillibles de l'infaillibilité même de l'Église. Ils diffèrent seulement en ceci: les évêques ne sont pas infaillibles par eux-mêmes, mais ont besoin de la communion avec le pape qui les confirme mais LE PAPE, LUI N'A BESOIN DE RIEN D'AUTRE QUE DE L'ASSISTANCE DU SAINT-ESPRIT, QUI LUI A ETE PROMISE. Ainsi il enseigne et n'est pas enseigné, il confirme et n'est pas, confirmé" (intervention officielle de Mgr d'Avanzo, rapporteur de la Députation de la Foi, devant les Pères du Vatican, in: Dom Paul Nau "Le magistère pontifical ordinaire, lieu théologique. Essai sur l'autorité des enseignements du souverain pontife", in: Revue thomiste, 1956, p. 389 - 412, tiré à part Neubourg 1962, p. 15).
Quelques années après le concile Pie IX critiqua les catholiques libéraux (lettre Per tristissima, 6 mars 1873). On y trouve une phrase clef : "Ils se croient plus sage que cette chaire à laquelle a été promis un secours divin, spécial et PERMANENT". Vu que la claire de Pierre jouit d’une assistance permanente du Saint-Esprit, l'infaillibilité "ordinaire" est attribuée non seulement à l'Église universelle, mais aussi au pape enseignant seul. Le magistère pontifical ordinaire est, lui aussi, infaillible.
La connaissance de tous ces passages constitue une aide précieuse pour bien comprendre le sens de la fameuse définition de l'infaillibilité pontificale faite à Vatican I. Car le danger est grand de mal interpréter Pastor, aeternus. Un spécialiste de la question, Dom Nau, mit en garde les théologiens qui dissertaient sur le crédit à accorder au magistère pontifical: "Le plus grave danger" est "d'ébranler la confiance et l'adhésion des fidèles. Il serait particulièrement dangereux d'opposer magistère solennel et ordinaire d'après les catégories trop simplistes de faillible et infaillible" (Nau: op. cit.). Le domaine de l'infaillibilité du pape recouvre en effet non seulement le magistère extraordinaire, mais aussi le magistère ordinaire. La grande majorité des catholiques, sans parler des théologiens, sait que, Vatican I a proclamé l'infaillibilité du pontife romain.
Mais ce que l'on oublie assez souvent, c'est que Vatican I définit une infaillibilité pour les deux modes d’enseignement: 1. l'enseignement pontifical extraordinaire (solennel); 2. l'enseignement ordinaire.
Le magistère pontifical ordinaire est, lui aussi, infaillible, qu'il s'agisse d'une allocution, d'une encyclique ou d'une bulle de canonisation. Pour que le texte soit infaillible, il suffit simplement que le pape veuille imposer une doctrine à tous les fidèles en engageant son autorité pontificale. Certaines formules employées dans des documents relevant du magistère ordinaire prouvent que le pape veut engager son infaillibilité. Citons quelques exemples:
L'interdiction de la contraception artificielle est "l'expression d'une loi naturelle et divine, contraire à l'ordre établi par Dieu" (Pie XII: Discours aux sages-femmes, 29 - 30 octobre 1951).
"En qualité de maître suprême de l'Église, nous avons, assis sur la chaire de saint Pierre (ex cathedra Divi Petri) prononcé solennellement: «En l'honneur de la 'Trinité sainte et indivisible, pour l'exaltation de la loi catholique et l'extension de la religion chrétienne, en vertu de l'autorité de NSJC, des bienheureux apôtres Pierre et Paul et par la nôtre (... ) nous définissons et déclarons que la bienheureuse Jeanne Antide Tiouret est sainte»" (Pie XI: lettre décrétale Sub salutiferae, 14 janvier 1934).
"Pénétré du devoir de notre charge apostolique, et plein de sollicitude pour notre sainte religion, pour la saine doctrine, pour le salut des âmes qui nous est confié d'en haut et pour le bien même de la société humaine, nous avons cru devoir élever de nouveau la voix" (Pie IX: encyclique Quanta cura, 8 décembre 1864).
"En tant que docteur de l'Église universelle", Pie XII enseigne les "mystères révélés par Dieu" valables pour "tout le peuple de Dieu" (encyclique Mystici corpori, 29 juin 1943). Les termes employés par Pie XII n’indiquent-ils pas clairement qu'il parle ex cathedra'? Et cet enseignement infaillible ne se trouve-t-il pas dans un écrit ordinaire ? Dès lors, comment peut-on réduire le domaine de l’infaillibilité pontificale aux seules définitions solennelles, en l’occurrence la définition de l’Immaculée Conception en 1854 et celle de l'Assomption en 1950 ? N’est-ce pas amputer la doctrine catholique ?
Vu que certains théologiens (pseudo-catholiques) niaient l'infaillibilité du magistère ordinaire pontifical, Pie XII réaffirma nettement l'infaillibilité permanente des pontifes: "On ne doit pas penser que ce qui est proposé dans les lettres encycliques n'exige pas de soi l'assentiment, sous le prétexte que les papes n'y exerceraient pas le pouvoir suprême de leur magistère. C'est bien, en effet, du magistère ordinaire que relève cet enseignement et pour ce magistère vaut aussi la parole [du Christ aux Apôtres]: «Qui vous écoute, m'écoute » (Luc X, 16), et le plus souvent ce qui est proposé et imposé dans les encycliques appartient depuis longtemps d'ailleurs à la doctrine catholique. Que si dans leurs actes, les souverains pontifes, portent à dessein un jugement sur une question jusqu'alors disputée, il apparaît donc à tous que, conformément à l'esprit et à la volonté de ces mêmes pontifes, cette question ne peut plus être tenue pour une question libre entre théologiens"(encyclique Humani generis, 12 août 1950).
Pie XII s'élève ici contre les personnes, qui, sous prétexte que le pape n’enseignerait pas solennellement, croient que les autres écrits peuvent contenir des opinions contestables. Or les encycliques et autres actes courants du "magistère ordinaire", dit Pie XII, c'est la voix du Christ. Et comme le Christ ne ment jamais, ces textes sont par la force des choses toujours infaillibles. L'infaillibilité est donc permanente, nullement limitée aux définitions solennelles ponctuelles.
Et le même pape disait en une autre occasion: "Dès que se fait entendre la voix du magistère de l’Eglise, tant ordinaire qu'extraordinaire, recueillez-la, cette voix, d’une oreille attentive et d'un esprit docile" (Pie XII aux membres de l’Angelicum, 14janvier 1958).
Le pape Léon XIII commande aux catholiques de croire tout ce qu’enseigne le pape (nouvelle preuve de l'infaillibilité permanente du souverain pontife) : "Il est nécessaire de s'en tenir avec une adhésion inébranlable à TOUT ce que les pontifes romains ont enseigné ou enseigneront, et, toutes les fois que les circonstances l'exigeront, d'en faire profession publique" (Léon XIII: encyclique Immortale dei, novembre 1885). Le pape ne fait aucun distinguo entre magistère extraordinaire ou ordinaire: "Toutes les fois donc que la parole de ce magistère déclare que telle ou telle vérité fait partie de l'ensemble de la doctrine divinement révélée, chacun doit croire avec certitude que cela est vrai; car si cela pouvait en quelque manière être faux, il s'ensuivrait, ce qui est évidemment absurde, que Dieu Lui-même serait l'auteur de l'erreur des hommes" (Léon XIII: encyclique, Satis cognitum, 29 juin 1896).
Toutes les encycliques qui condamnent les erreurs modernes de 1789 relèvent du magistère ordinaire. Or Léon XIII affirme qu'à ce sujet, "chacun doit s'en tenir au jugement du Siège apostolique et penser comme il pense lui-même. Si donc, dans ces conjonctures si difficiles [crise de l'Église et de la société], les catholiques nous écoutent comme il le faut, ils sauront exactement quels sont les devoirs de chacun tant en théorie qu'en pratique" (Immortale Dei, 1er novembre 1885). Donc le magistère pontifical ordinaire est infaillible. Le pape est infaillible quotidiennement.
L’expression « infaillibilité quotidienne du pape » surprend peut-être le lecteur, car il est rare de lire une pareille assertion dans les revues ou livres actuels. Toutefois, cette interprétation de Vatican I est bel et bien le reflet de ce que la papauté elle-même a enseigné au sujet de l'infaillibilité du magistère pontifical ordinaire. Nous avons déjà cité Humani generis; citons encore une autre interprétation authentique de la définition de Vatican I, qui devrait emporter l'adhésion du lecteur, vu qu'elle émane d'un pape:
"Le magistère de l’Eglise - lequel, suivant le plan divin, a été établi ici-bas pour que les vérités révélées subsistent PERPÉTUELLEMENT et qu'elles soient transmises facilement et sûrement à la connaissance des hommes - s'exerce CHAQUE JOUR par le pontife romain et par les évêques" (Pie XI: encyclique Mortalium animos, 6 janvier 1928).
CONCLUSION DU DEUXIEME CHAPITRE :
L’enseignement du pape sera toujours irréprochable. C’est simple à prouver, ne serait-ce qu’en comparant les prologues des deux textes de Vatican I :
1.1 L’Eglise enseigne la vérité tous les jours (prologue de Dei Filius).
1.2 Cette infaillibilité quotidienne de l’Eglise enseignante repose sur la foi indestructible du pape (prologue de Pastor aeternus)
1.3 Donc le pape prêche la vérité tous les jours ainsi que les évêques en communion avec lui.
Cette conclusion est corroborée par d’autres documents de Vatican I présentés au chapitre suivant.
RESUME : selon le concile de Vatican I un pape n’enseignera jamais une erreur dans la foi.
[1] Cette lettre est reproduite en annexe A de notre ouvrage