En concordance avec cette première phrase importante déjà révélée par Sœur Lucie en 1941, l'évêque précédent de Leira-Fatima, Mgr Cosme do Amaral, sortant enfin de sa réserve, avait fait une déclaration publique d'une importance capitale. Elle élimine définitivement la plupart des fausses hypothèses concernant le contenu du troisième Secret. Voici en effet ce que l'on pouvait lire dans le « Mensagem de Fatima » :
« “Le Secret de Fatima ne parle ni de bombes atomiques, ni de têtes nucléaires, ni de missiles Pershing ou SS-20” a déclaré don Alberto Cosme do Amaral, évêque du diocèse de Leira-Fatima, pendant une séance de questions et de réponses qui a eu lieu dans l'aula magna de l'Université technique de Vienne le 10 septembre dernier [1984].
« “Son contenu, insista-t-il, ne concerne que notre Foi. Identifier le Secret avec des annonces catastrophiques ou avec un holocauste nucléaire, c'est déformer le sens du message.“
« “La perte de la Foi d'un continent est pire que l'anéantissement d'une nation ; et il est vrai que la foi diminue continuellement en Europe.”
« Le prélat a fait ces déclarations, accompagné de son secrétaire et interprète, le P. Luis Kondor, s.v.d. – Aux dires de ce dernier, le pape a de sérieuses raisons pour ne pas publier le Secret. »
« Pour prononcer des paroles aussi fermes sur le 3 ème Secret, on peut être sûr que Mgr do Amaral a reçu toutes les garanties que les conclusions de son étude étaient en tous points conformes à la vérité. En 1981, il avait déjà consulté sœur Lucie pour lui soumettre les textes des faux secrets diffusés par la presse… Il est moralement certain qu'en 1984 il ne se serait pas engagé publiquement à indiquer enfin le contenu essentiel du 3 ème Secret sans avoir obtenu l'assentiment de la voyante. »
« L'ultime Secret de Notre-Dame n'annonce ni la fin du monde, ni la guerre atomique : il concerne notre foi, la foi catholique ; et plus précisément la perte de cette foi, “a perda da fé“, nous précise l'évêque de Fatima. C'est désormais pour nous non seulement une hypothèse solidement fondée, et d'ailleurs la seule pleinement vraisemblable, c'est une vérité sur laquelle nous pouvons nous appuyer avec certitude, parce qu'elle est rigoureusement démontrable. Comment cela ? Par la simple analyse de ce qui nous a été révélé du Secret. »
Après avoir affirmé qu'il a lu le 3 ème Secret, le Cardinal Ratzinger de son côté, en août 1984, répond au journaliste Vittorio Messori qui lui demande pourquoi ce Secret n'est toujours pas révélé : « Parce que, selon le jugement des papes, il n'ajoute rien d'autre à tout ce qu'un chrétien doit savoir de la révélation : un appel radical à la conversion, la gravité absolue de l'histoire, les périls qui pèsent sur la foi et la vie du chrétien, et donc du monde. Et puis l'importance des "derniers temps" […]. Mais les choses contenues dans ce 3 ème Secret correspondent à ce qu'annonce l'Écriture… » .
« La gravité absolue de l'histoire », « les périls qui pèsent sur la Foi », « l'importance des Derniers Temps » : des paroles particulièrement claires surtout quand il termine en ajoutant que cela correspond « à ce qu'annonce l'Écriture »… Quelles sont en effet les prophéties de l'Écriture qui ne se sont pas encore réalisées, sinon celles qui concernent “les derniers temps” ?
Une semblable crise de la Foi relative à la fin des temps, à l'échelle de plusieurs nations ou de continents entiers, et annoncée dans l'Écriture sainte ne peut désigner qu'une seule chose : l'Apostasie (II Thess. II, 3), prélude à la venue de l'Antéchrist, et bien sûr tous les événements qui lui sont liés. Le mot lui-même se trouve peut-être dans le texte du Secret. Cette perte de la foi à grande échelle nous relie en effet de toute évidence à la fin des temps et au proche retour du Christ : « Quand Je reviendrai, trouverai-je encore la Foi sur la terre ? » Angoissante question du Christ tellement d'actualité en cette fin de XX ème siècle ! Car de fait c'est bien ce que nous vivons à l'échelle mondiale depuis 1960… Perte généralisée de la vraie Foi, déchristianisation du monde et Apostasie des Nations qui précèdent la venue de l'Antéchrist.
« Nous savons de source sûre que quelqu'un, à force d'interroger sœur Lucie sur le contenu de l'ultime Secret, en obtint finalement cette réponse laconique : “C'est dans l'Évangile et dans l'Apocalypse, lisez-les !” Loin d'être évasive, par la seule mention de l'Apocalypse, la réponse de la voyante nous apporte une précieuse indication : le Secret de Fatima rejoint les grandes prophéties du Nouveau-Testament annonçant l'avenir de l'Église jusqu'à la fin des temps. D'autre part, sœur Lucie n'a-t-elle pas déclaré au Père Fuentes que la Vierge Marie lui avait fait voir clairement que nous étions dans “les derniers temps du monde” ? »
Le Père Sébastien Martins dos Reis (mort en 1984) , écrivit ceci : « Tout ce qui s'est dit de plus, et brille par son invraisemblance, sur les lieux, contenu, révélation, texte et détenteurs du Secret –tout sauf quand à se référer à une crise dans le “dogme de la Foi” dans certains nations et moins au Portugal– n'a pas dépassé et ne dépasse pas l'alarme et la fantaisie de mauvais goût (…) pour attirer l'attention ou se donner de l'importance sur le dos du sacré. »
En 1970, le Père Messias Dias Coehlo écrivait ceci : « De la bouche de quelques experts de Fatima, nous avons pu entendre cette opinion : Très probablement la troisième partie du Secret ne parle pas seulement de la crise de la Foi, mais encore des pays dans lesquels elle se fera davantage sentir. »
Dans la préface de l'édition brésilienne des écrits de sœur Lucie, le R.P. Antonio Martins, s.j., affirme de façon catégorique que la troisième partie du Secret, « dont le texte n'a pas encore été divulgué, traite seulement de ce qu'on appelle la “crise de l'Église” »
Même l'Abbé René Laurentin considère également que le 3 ème Secret concerne la crise de l'Église et non le monde : « La Vierge a voulu attirer notre attention sur les tentations terribles et les écarts de l'Église post-conciliaire. […] C'est la Foi qui traverse une crise, comme on a déjà pu le constater dans de nombreux pays chrétiens qui ont tourné le dos au dogme… »
Plus près de nous, tout dernièrement, le Père Luis Kondor, s.v.d., Postulateur des Causes de François et Jacinthe Marto, les deux pastoureaux « béatifiés » le 13 mai 2000, déclara encore : « Qui a étudié à fond cette matière dit que la troisième partie du secret est sur la disparition de la foi en Europe et le rapprochement des différentes religions. »
L'opinion du Père Alonso (nommé en 1966 expert officiel de Fatima ), formulée à maintes reprises, et de façon de plus en plus ferme, jusqu'à sa mort en 1981, doit ici retenir toute notre attention. Dès 1969, il pensait que le 3 ème Secret de Fatima annonçait la crise de la Foi dans l'Église :
« Tous les auteurs se sont rendus compte que Lucie dans le Quatrième Mémoire a introduit le célèbre paragraphe : “Au Portugal se conservera toujours le dogme de la Foi, etc.” Ils en ont déduit avec toute certitude que la “troisième chose” commençait là : ces paroles commencent la révélation de la 3 ème partie du Secret. Cette phrase insinue en toute clarté un état critique de la foi dont souffriront d'autres nations, c'est-à-dire une crise de la foi ; tandis que le Portugal sauvera sa foi. Voilà pourquoi Lucie avec ses énormes difficultés pour écrire ce “reste” se plaignait en disant qu'il n'était pas nécessaire parce qu'elle l'avait déjà dit avec clarté ailleurs. »
Mais en 1976, il ajoute à son exposé un élément de la plus haute importance : « Dans la période, donc, qui précède le grand triomphe du Cœur de Marie se produisent des choses terribles qui sont l'objet de la troisième partie du Secret. Lesquelles ? Si au Portugal, on conservera toujours les dogmes de la Foi… il arrive en toute clarté qu'en d'autres pays ces dogmes vont ou bien s'obscurcir ou même se perdre. En quelle forme concrète cela va-t-il se produire ? Le texte inédit, parle-t-il de circonstances concrètes ? Il est fort possible qu'il ne parle pas uniquement d'une vraie crise de la foi dans l'Église, pendant cette période intermédiaire, mais que comme par exemple le fait le secret de La Salette, il y ait des allusions plus concrètes aux luttes intestines des catholiques, ou aux déficiences de prêtres et religieux, peut-être même y a-t-il référence aux déficiences de la haute hiérarchie de l'Église. »
« Une conclusion paraît certaine : le contenu de la partie inédite ne se réfère pas à de nouveaux cataclysme politico-belliqueux, mais à des événements de caractère religieux intra-ecclésiaux, encore bien plus graves en eux-mêmes. »
L'expert officiel de Fatima nous laisse d'ailleurs entendre qu'il en sait sur ce sujet beaucoup plus long qu'il ne peut en dire, en poursuivant ainsi : « … Rien de tout cela, du reste, n'est étranger à d'autres communications qu'a eues sœur Lucie sur ces points. »
Il écrit enfin dans un article rédigé peu avant sa mort en 1981, déjà cité en introduction, qu' « une révélation du secret aurait conforté un traditionalisme qui se serait cru assisté par les prophéties de Fatima et le progressisme aurait hurlé contre ces apparitions qui, d'une manière si scandaleuse, sembleraient freiner la marche en avant de l'Église conciliaire. »
Ces mots si graves, le Père Alonso ne les a sûrement pas écrits noir sur blanc sans en avoir mûrement pesé toute la portée. Or, de toute cette grave crise de la foi ( élément certain du vrai Secret ) , et qui est en soi, de fait, bien plus grave que des châtiments matériels, on n'en retrouve plus aucune trace dans le texte de la vision publiée le 26 juin 2000 par le Vatican, ni même dans les commentaires, d'ailleurs très tendancieux, des cardinaux Sodano et Ratzinger !
« Les meilleurs experts de la question ou les hommes qui, du fait de leur charge, ont été amenés à l'étudier sérieusement, arrivent donc tous à la même conclusion : la troisième partie du secret de Fatima parle d'une perte de la vraie foi à une très grande échelle. Or, on nous a présenté une vision de laquelle on fait une interprétation qui évite toute mention d'une crise interne à l'Église, dans le dogme de la foi. Il y a là une grave contradiction, qu'il faudra bien finir par nous expliquer, car de deux choses l'une :
– ou tous les spécialistes se sont trompés, [Sœur Lucie également !] et il faudra nous en donner les motifs ;
– ou le Vatican nous trompe et, dans un aveuglement intellectuel et spirituel terrible, nous cache l'essentiel du secret ; dans ce cas, bien plus vraisemblable, tout finira par se découvrir dans le futur, mais quel énorme châtiment faudra-t-il pour amener les autorités romaines à résipiscence ? »
Déclaration reproduite dans le « Mensagem de Fatima », n° 161 de février 1985, p. 1, sous le titre : « Le Secret de Fatima n'annonce pas la fin du monde ». Pour plus d'informations sur cette déclaration, lire aussi la note 1 de la p. 401 de « Fatima, joie intime, événement mondial » du Frère François de Marie des Anges.
« Fatima, joie intime, événement mondial », p. 401.
Frère Michel de la sainte Trinité, « Toute la vérité sur Fatima, le 3 ème Secret » p. 457.
Cf. « Jésus » , nov. 1984, p. 79. L'article était intitulé : « Voici pourquoi la Foi est en crise ».
« Toute la vérité sur Fatima, le troisième Secret » du Frère Michel de la sainte Trinité, 1985, p. 515. Plus loin, page 533, l'auteur ajoute : « Sœur Lucie elle-même recommande beaucoup de lire, d'étudier, de méditer l'Apocalypse. (…) Nous savons même qu'elle a indiqué un jour les chapitres VIII à XIII », mais hélas l'auteur ne précise pas ses sources. Nous nous abstenons donc d'en faire état comme argument puisqu'il est impossible de prouver que ces paroles ont bien été dites (à qui, à quelle date, dans quelles circonstances). Ces chapitres décrivent effectivement la grande apostasie annoncée pour les “derniers temps“ (chap. VII), l' “agneau à la voix de Dragon”, “Faux prophète” trahissant l'Église au profit de “la Bête” (l'Antéchrist), selon la prophétie de l'Apocalypse (chap. VIII à XIII). Cela concorde donc de toutes manières avec les affirmations du Cardinal Ratzinger quand il déclare que le thème du 3 ème Secret est bien « l'importance des derniers temps » qui concorde « avec ce qu'annonce l'Écriture ». C'est déjà suffisamment clair.
Il publia en 1973 les Mémoires et Lettres de Sœur Lucie dans une édition très soignée qui donne le fac-similé des manuscrits de sœur Lucie avec, en regard sur trois colonnes, le même texte en caractères d'imprimerie et les traductions correspondantes en français et en anglais.
« Sintese critica de Fatima », Porto 1968, note 44 p. 68-69.
Cité par l'Abbé José Geraldes Freire, « O Segredo de Fatima », 1978, p. 160-161.
Op. cité, p. XVIII. Cf. également « Fatima. Message de tragédie ou d'espérance ? » p. 50, note 11. T.F.P. 1987.
In Giuseppe de Carli, Breviário del Nuovo Millenio, p. 64. Cf. également « Le Secret de Jean-Paul II » par Aura Miguel, p. 173.
Hebdomadaire « Euronoticias » du 24 mars 2000, p. 9.
« La vérité sur le Secret de Fatima », p. 55. Téqui, 1979.
« La Vérité sur le Secret de Fatima », R.P. Alonso, p. 65 dans l'édition française (Téqui, 1979).
Ibidem, p. 65. L'expert officiel nommé par Mgr Venancio, aurait-il adopté une telle position sur un sujet aussi brûlant sans s'assurer de l'accord tacite de la voyante ?
Abbé Fabrice Delestre, « Bulletin saint Jean Eudes », juin/juillet 2000.