Nous avons lancé un appel pour que les témoins des derniers jours de Mgr Lefebvre s’expriment. A l’occasion du rappel à Dieu de Mr Michel Porcellana, ancien chauffeur de Mgr Lefebvre, nous découvrons dans le numéro de Tychique n°268 (21 décembre) de Max Barret, un article qui apportent des faits et des témoignages importants sur cette question.
Sans aller plus loin pour l’instant, relevons déjà plusieurs points :
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Mgr Lefebvre était malade depuis 1977, il n’est pas pensable que son entourage ait pu l’ignorer, et son entourage étant composé d’agents infiltrés (abbé Williamson et abbé Schmidberger) il est évident que Rome, et donc Ratzinger, a eu connaissance de cette menace qui pesait sur les jours de Mgr Lefebvre dès le début de leurs discussions. Il en résulte que pour Rome, il s’est donc agit de jouer la montre avec Mgr Lefebvre en espérant soit le faire signer, soit qu’il décède avant d’avoir sacré.
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Pour Mgr Lefebvre, connaissant ce péril qui pesait sur ses jours, il est certain que le sentiment du temps qui passait et de sa fragilité a joué dans sa décision de sacrer avant qu’il ne soit trop tard. Si bien qu’après le retrait de sa signature en mai 1988, il n’a plus voulu attendre le 15 août, mais il a désiré sacrer dès juin.
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Il est évident que pour un homme qui se sait ainsi malade depuis des années et qui sait ses jour menacés, il n’est pas pensable qu’il n’ait pas rédigé un testament destiné à laisser des orientations à ses disciples. Or ce testament n’a jamais été produit par l’abbé Schmidberger. Il est donc très probable que Mgr Lefebvre l’ait confié à un notaire de confiance, mais qu’ensuite le réseau des infiltrés ait fait main basse dessus pour l’occulter, afin qu’il ne soit pas publié et que leur action ne soit ni dévoilée au grand jour, ni entravée.
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Ajoutons que Mgr Williamson a révélé en février 2006 à l’abbé Marchiset, au cours d’un repas à Paris (à l’ombre des tours de Notre-Dame) que Mgr Lefebvre était conscient du rôle destructeur joué par l’abbé Schmidberger à la tête de son oeuvre :
“Une anecdote significative révélée par Mgr Williamson lors du dîner. Lors de son ultime maladie, Monseigneur Lefebvre a reçu au début de son hospitalisation le Supérieur de l’époque, l’abbé Schmidberger, et l’aurait accusé de trahir son œuvre. Il est à remarquer que ce supérieur ne rendit sa seconde visite qu’au lendemain de la mort de Monseigneur (comme il l’a précisé dans son sermon des funérailles).” VM, 19 février 2006
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Cette maladie n’a pas empêché Mgr Lefebvre de mener une vie active sans laisser paraître sa maladie jusqu’aux dernières semaines. Sa disparition reste néanmoins précipitée, et entourée de ce que Max Barret appelle un “cordon sanitaire” qui empêchait toute personne de l’approcher. Cette curieuse situation, que M. Porcellana parvenait à contourner à la demande de Mgr Lefebvre qui était pleinement conscient de l’enfermement dans lequel il était entretenu, avait vraisemblablement pour but d’empêcher Mgr Lefebvre de confier quelque secret, ou des dispositions testamentaires à ses disciples les plus fidèles :
“il lui rendait visite à l’hôpital, presque chaque jour, malgré la surveillance draconienne qui avait été mise en place pour que personne ne l’approche. Il m’a expliqué le stratagème qu’il avait dû imaginer pour accomplir ce petit tour de force… Il m’écrivit à ce sujet : « Chaque fois, après quelques discussions, et confidences qu’il me confiait, il me demandait de revenir le lendemain. » (’une de ses dernières lettres).”
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L’abbé Schmidberger a joué un rôle de premier plan au cours des derniers jours de Mgr Lefebvre puisqu’il était supérieur général et qu’il avait la main sur tout. C’est donc lui qui avait décidé cette mise en quarantaine anormale.
Tychique n°268 (21 décembre) de Max Barret (extrait)
Michel Porcellana : R.I.P
“Peu d’entre vous, sans doute, le connaissaient. Il était très discret. Pourtant il fut l’un des chauffeurs de Monseigneur qui l’accompagna le plus souvent et le plus loin… Talentueux menuisier ébéniste, c’est lui qui a fait toutes les portes de l’Eglise d’Ecône…
C’était mon ami. Un ami qui resta totalement fidèle à l’enseignement de Mgr Lefebvre et qui soutint vaillamment le combat aussi longtemps que ses forces le lui permirent. Je lui ai rendu visite tout dernièrement chez lui, Martigny, entre deux séjours à l’hôpital. Déjà très affaibli, il avait souhaité me voir pour me remettre un document auquel il tenait beaucoup. Nos échanges étaient fréquents, tant par téléphone que par écrit. Il me fournit des informations qui me furent souvent très utiles. Il fut l’un des tout derniers à avoir vu Monseigneur avant son décès car il lui rendait visite à l’hôpital, presque chaque jour, malgré la surveillance draconienne qui avait été mise en place pour que personne ne l’approche. Il m’a expliqué le stratagème qu’il avait dû imaginer pour accomplir ce petit tour de force… Il m’écrivit à ce sujet : « Chaque fois, après quelques discussions, et confidences qu’il me confiait, il me demandait de revenir le lendemain. » (’une de ses dernières lettres).
Les textes de l’abbé Célier le hérissaient littéralement ! Je possède le double de la lettre qu’il lui écrivit le 27 juin 2006, à la suite de l’article que l’abbé avait rédigé sous son pseudonyme d’« abbé Michel Beaumont » (« Engagement chrétien en politique » - Fideliter n° 163). Elle n’était pas tendre ! La copie qu’il m’avait adressée portait, tout d’abord, la mention « confidentielle ». Puis, plus tard, la situation ayant malheureusement évolué, il raya d’un gros trait rouge cette mention et la remplaça par : « Maintenant, témoignage public » ! En voici quelques passages : « (…) Comme Descartes, vous semez le trouble dans les esprits. Pourquoi ? Alors que la grave question de la Royauté Sociale de Notre Seigneur a été celle qui fut l’objet, direct ou indirect, de la plupart des sermons ou interventions de Mgr Lefebvre, même et surtout à Rome ! Impossible pour vous de les ignorer ! Pourquoi la Fraternité ne réagit-elle pas devant de tels articles qui seraient interdits d’Imprimatur en des temps ordinaires ? (…) Par la présente, je veux témoigner publiquement que je ne trouve pas dans cet article, ni l’esprit de Monseigneur, ni sa doctrine, ni sa pensée la plus profonde, lui qui s’est toujours opposé à toute forme de libéralisme. (…) » Il adressa le double de cette lettre aux quatre évêques de la Fraternité (qu’il rencontrait souvent) et à M. l’abbé de Cacqueray. Moyennant quoi l’abbé Célier est toujours, et même plus que jamais, omniprésent dans la Fraternité !…
Les voyages qu’il fit avec Monseigneur furent nombreux. Nous en parlions souvent en échangeant nos souvenirs personnels. Dans les années 70, il le conduisit en France, en Allemagne, à Rome, aux Etats-Unis, en Amérique du Sud … En 1977, à Cologne, Monseigneur fut victime d’un grave malaise pendant qu’il célébrait la messe. Il fut conduit aux urgences, puis soigné sur place dans une villa mise à leur disposition. Il l’assista et lui prodigua les soins nécessaires pendant une dizaine de jours et le veilla même pendant toute la première nuit… Un an plus tard, en 1978, à l’occasion du baptême de sa fille Domitille, le 2 février à Ecône, Monseigneur lui lança : « Qu’attendez-vous pour rompre définitivement avec cette Eglise conciliaire ? » Il y eut encore beaucoup d’autres déplacements à Rome (par exemple pour une entrevue avec JP II), chez le cardinal Siri dont tous deux partagèrent l’hospitalité…
Mais il y eut, surtout, la complicité entre Michel Porcellana et un couple d’amis bretons, M. et Mme Wallaert (que nous reçûmes avec Monseigneur à la maison). Ils restèrent dépositaires – depuis novembre 1983 – du secret de la maladie de Monseigneur (qui l’emporta le 25 mars 1991). Michel Porcellana m’a révélé ce secret cette année seulement, dix-sept ans après sa mort. C’est sur les instances de Mme Wallaert, qui était parfaitement renseignée sur son malaise de Cologne, que Monseigneur consentit à se soumettre à un examen médical approfondi. Le diagnostic fut, hélas, révélateur du mal qui allait l’emporter. Mais il accepta de se soumettre à une thérapie naturelle préconisée par un médecin naturopathe à Paris, thérapie qui lui permit de retarder singulièrement l’échéance fatale. C’est Michel Porcellana qui l’accompagna à Avignon – où ce médecin était présent – en vue de déterminer le traitement à mettre en place, et ce fut dans la plus grande discrétion aussi, qu’une infirmière de Martigny, Mlle Anne-Marie Moret (qui vient de décéder) lui prodigua les soins prescrits.
Il reste que, si je perds un ami bien fidèle, il me paraît utile de préciser que tant Mme Wallaert (qui a perdu son époux, ancien chauffeur, comme nous) que Michel Porcellana (qui a eu la sagesse de conserver bien des confidences par écrit) et que moi-même, nous sommes détenteurs de certains faits, certaines confidences, que nous conservons précieusement. Michel, sentant peut-être que sa fin était proche, avait notamment commencé à rédiger une sorte de « rapport d’activité » et de « mise en garde » qu’il voulait que je publie. Il m’en envoya une partie. Il était très inquiet concernant le lent et perceptible infléchissement de la mission que Mgr Lefebvre avait assignée à son œuvre… Il en souffrait beaucoup je puis en témoigner ! Ce rapport d’activité en porte aussi le témoignage. Hélas, il avait inscrit sur la dernière page : « pages 5 et 6 en préparation : la Fraternité St Pie X en 2008 »… et je ne reçus pas ces pages. Peut-être existent-t’elles ?…
Ses funérailles ont été célébrées ce samedi 20 décembre à 10h00, à Ecône, par M. L’abbé de Jorna, qui prononça l’homélie en présence d’une assistance très nombreuse et très recueillie.” Max Barret, Tychique n°268 (21 décembre)
Nous invitons toute personne qui dispose d’information sur cette disparition inopinée de Mgr Lefebvre à nous les communiquer.
Virgo-Maria