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Table des matières Chapitre 7


7. UNE CENTAINE DE CONCILIABULES


    « On ne donne point le nom d’églises [en grec ecclesia = assemblée, concile] mais de conciliabules aux conventicules des hérétiques » (concile général africain, tenu à Carthage en 398, canon 71).

    Un concile avec le pape est à l’abri de l’erreur; un concile sans pape peut se tromper, et il est effectivement arrivé au cours de l‘histoire ecclésiastique que des évêques réunis en concile sans pape sortent des hérésies. Exemples de conciliabules:

    Au conciliabule de Rimini (359), des centaines d’évêques du monde entier se laissèrent duper par les ariens et si­gnèrent une formule susceptible d’une interprétation hérétique. « L’univers gémit et s’étonna d’être arien » (Saint Jérôme).

    Le conciliabule de Constantinople in Trullo (692), tenu par les chrétiens d’Orient, permit aux hommes mariés d’accéder à la prêtrise. Ayant appris cela, les chrétiens d’Occident, fidèles au céli­bat ecclésiastique, se moquèrent des Orientaux incapables de garder la continence.

    Le concile de Bâle (1431 - 1443) fut dissous par le pape, mais se révolta alors contre cette décision. À partir de ce mo­ment-là, ce n’était plus un concile, mais un conciliabule. Les prélats (à peine quelques dizaines d’évêques, mais des centaines de théolo­giens) se déclarèrent supérieurs au pape et le déposèrent, à la grande indignation des centaines d’évêques fidèles réunis en concile à Fer­rare, puis Florence avec Eugène IV (qui condamnèrent le concilia­bule en 1438). Les prélats réunis à Bâle élurent même un antipape, « Félix V ». Cette assemblée schismatique fut condamnée au Ve concile du Latran. Saint Antonin appela ce synode de Bâle « un conci­liabule dépourvu de force et la synagogue de Satan » (Hist. partie III, titre 22, ch. 10, no 4). Saint Jean de Capistran la nomma « une assem­blée profane et excommuniée, une caverne de serpents et un antre de démons » (De potest. papae et concil. , début de la deuxième partie, III, no 8). L’évêque de Meaux l’appela un « synode en délire » (in: Odoric Raynald: Annales ecclesiastici, 1750, anno 1441, no 9).

    L’assemblée du clergé gallican (1682) prétendit à tort que les princes ne seraient pas en dessous du pape, que le concile était supérieur au pape et que les déclarations du pape n’étaient in­faillibles qu’en vertu du consentement de l’Église universelle. Les décisions de cette assemblée furent cassées par le pape en 1690.

    Le synode de Pistoia (1786) tomba dans de nombreuses erreurs: démocratisation de l’Église, réforme de la liturgie (contre les reliques sur l’autel; pour le vernaculaire!), réforme de la disci­pline, infaillibilité attribuée au concile national sans le pape. Le pape Pie VI (constitution Auctorem fidei, 28 août 1794) condamna pas moins de 85 propositions tirées des actes du synode, mais il ne fut pas écouté du tout.

    Sous le Directoire, en effet, le conciliabule national français de 1797, présidé par l’abbé franc-maçon Grégoire, s’acharna contre les reliques, les cierges, le latin. On demanda des messes célébrées en langue vulgaire et on souhaita un œcuménisme « étendu jusqu’aux représentants de la judaïcité ».

    En compulsant la collection des conciles éditée par Paul Guérin (Les conciles généraux et particuliers, Bar-le-duc 1872), on trouve 1138 conciles catholiques, plus 96 conciliabules.

    Parmi les conciles catholiques, deux conciles œcumé­niques n’ont pas été approuvés intégralement par le pape régnant. Le 28e canon du concile de Chalcédoine (attribuant une importance exagérée à l’évêque de Constantinople) et un canon du concile de Constance (prétendant que le concile est supérieur au pape) n’ont pas été reconnus.

    CONCLUSION DU SEPTIÈME CHAPITRE: L’épiscopat réuni en concile national, voire les évêques et cardinaux du monde entier réunis en concile général, peuvent errer dans la foi. Seul garde-fou: le pape.

    On n’a jamais vu qu’un concile dit « œcuménique » (général), approuvé par un pape, soit hérétique. Si les évêques réunis en concile de 1963 à 1965 se sont trompés, cela n’indiquerait-il pas qu’il leur manquait le garde-fou?

    C’est ce qui sera examiné au prochain chapitre.

    Résumé: un concile est infaillible avec le pape, mais sujet à l’erreur sans le pape; il existe une centaine de conciliabules ayant erré.


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