Montini imposa aux fidèles d’accepter l’enseignement non seulement de Dignitatis humanae, mais de tous les textes conciliaires. Dans son allocution du 12 janvier 1966, il disait en effet: « Le concile a attribué à ses enseignements l’autorité du magistère suprême ordinaire, lequel est si manifestement authentique qu’il doit être accueilli par tous les fidèles selon les normes qu’a assignées le concile, compte tenu de la nature et du but de chaque document ».
Montini fit annexer à Lumen gentium une déclaration dont il avait déjà ordonné la lecture dans l’aula conciliaire par Felici, secrétaire du conciliabule. « On a demandé quelle qualification théologique doit être attribuée à la doctrine qui est exposée dans ce schéma. La commission doctrinale a répondu qu’on s’en rapporte aux règles générales connues de tous, et renvoie à sa déclaration du 6 mars [1964]: «Compte tenu de la coutume conciliaire et du but pastoral du présent concile, ce saint synode ne définit comme devant être tenus par l’Église que les seuls éléments relatifs à la foi et aux mœurs qu’il aura déclarés ouvertement tels» ».
Or le vocabulaire employé dans Dignitatis humanae indique bien que la liberté religieuse est un « élément relatif à la foi et aux mœurs » (§ 10: « Il est donc pleinement conforme au caractère propre de la foi qu’en matière religieuse soit exclue toute espèce de contrainte »).
Ce conciliabule tout entier a même « une valeur particulière d’obligation » (Wojtyla, 1er septembre 1980). Ce conciliabule est, pour les conciliaires, LE concile par excellence. Il a, à leurs yeux, une infaillibilité et une valeur d’obligation dépassant de très loin tous les autres conciles. Montini s’exclama indigné: « Comment aujourd’hui quelqu’un pourrait-il se comparer à saint Athanase [allusion à Mgr Lefebvre] tout en osant combattre un concile comme le deuxième concile du Vatican, qui ne fait pas moins autorité, qui est même sous certains aspects plus important encore que celui de Nicée? » (Montini: Lettre à Mgr Lefebvre, 29 juin 1975).
Wojtyla de son côté rangea cette réunion dans la catégorie des conciles œcuméniques, auxquels tout bon chrétien devait obéir. Selon lui, Vatican II avait défini des vérités de foi en connexion avec la Révélation divine: « Pour sa part, le Siège apostolique ne poursuivait qu’un seul but dans ces conversations avec vous [Mgr Lefebvre]: favoriser et sauvegarder cette unité dans l’obéissance à la Révélation divine, traduite et interprétée par le magistère de l’Église, notamment dans les vingt et un conciles œcuméniques, de Nicée à Vatican II » (lettre de Wojtyla à Mgr Lefebvre, 9 juin 1988). D’après Montini et Wojtyla, Vatican II est un concile œcuménique jouissant de la même autorité et de la même infaillibilité que les conciles œcuméniques de Nicée, de Chalcédoine, de Constantinople, du Latran, de Trente, de Vatican I.