Quand Wojtyla arriva à Nancy, le maire, qui était franc-maçon, l’accueillit en lui décernant la qualité de franc-maçon (témoignage de l’abbé Mouraux, qui habitait à Nancy).
Le jeune Wojtyla fut influencé par la théosophie. À Wadowice, il rencontra Mieczyslav Kotlarczyk, metteur en scène et théoricien de théâtre, et fut initié à une dramaturgie ésotérique. Kotlarczyk était féru d’occultisme. « Sur le rapport entre les paroles et les choses, Kotlarczyk lut et médita des textes de la tradition théosophique (d’Helena Petrovna Blavatsky), de phonétique et de linguistique (Otto Jespersen), de la tradition hébraïque (Ismar Elbogen), fondant le tout en une synthèse tout à fait personnelle. Annie Besant et Rudolf Steiner furent les successeurs de Madame Blavatsky à la tête de la société de théosophie. Le christianisme de ce dernier était un christianisme «cosmique», adogmatique et, bien sûr, évolutionniste. Il comporte une initiation à une magie occultiste qui met ses adhérents en liaison avec des «forces», qui permettent l’exercice de la «pensée hors du corps». Les moyens de diffusion du théosophisme[1]26 steinérien étaient et restent encore le théâtre, la danse, etc. » (Le Roux: Pierre m’aimes-tu?, p. 63). Wojtyla préfaça un livre de Kotlarczyk et prêcha aussi ses funérailles.
Wojtyla lui-même décrivait ainsi l’atmosphère dans laquelle il avait travaillé comme acteur: « C’était une mission, une vocation; c’était le sacerdoce de l’art. Les acteurs, en tant que «prêtres de l’art», dotés d’une force illimitée pour renouveler le monde, pour refaire l’humanité entière, pour guérir la morale à travers la beauté prêchée, transmettaient les plus hautes valeurs métaphysiques. Telles étaient les idées chantées par l’ «archiprêtre» Kotlarczyk » (in: ibidem, p. 64). Le vocabulaire employé - « force illimitée, prêtres de l’art, renouveler le monde, guérir la morale » - n’est pas très catholique…
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§Au moment de Vatican II, Wojtyla se fit l’apôtre de l’idéologie des loges, ce qui lui valut d’être applaudi par la franc-maçonnerie. « Il faut accepter le danger de l’erreur. On n’embrasse pas la vérité sans avoir une certaine expérience de l’erreur. Il faut donc parler du droit de chercher et d’errer. Je réclame la liberté pour conquérir la vérité » (troisième session du conciliabule Vatican II, in: Bulletin du Grand Orient de France, no 48; novembre/décembre 1964).
Lorsqu’il était chargé de l’archevêché de Cracovie, Wojtyla séjourna deux fois à Taizé. Il invita le frère Roger à prêcher devant 200’000 travailleurs de la mine (Le Monde, 7 octobre 1986). À Kroscienko, au pied des Carpathes, il témoigna sa bienveillance pour le mouvement « Oasis », le « Taizé polonais » (Témoignage chrétien, 28 mai 1979). Devenu pseudo-pape, il se rendit à Taizé début octobre 1986: « On passe à Taizé comme on passe près d’une source ».
Lors de la retraite que Wojtyla prêcha devant Montini et ses collaborateurs en 1976, sous le titre de Le signe de contradiction, il définissait ainsi la « fonction royale » que Jésus revendiqua devant Pilate: « La fonction royale - munus regale - ce n’est pas d’abord le droit d’exercer l’autorité sur les autres, mais de révéler la royauté de l’homme. Cette royauté est inscrite dans la nature humaine, dans la structure de la personne » (Karol Wojtyla: Le signe de contradiction, Paris 1979, p. 176). En somme, tous les hommes sont rois - sauf Jésus!
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En 1969, Wojtyla publia, en polonais, un livre hérétique, qui fut ensuite traduit en français: Personne et acte.
Pour Wojtyla, « l’homme s’achève comme personne » et c’est « chaque acte qui représente un accomplissement de la personne ». La norme pour poser un acte est la « norme de sa subjectivité personnelle ». Donc peu importe l’acte, les notions de bien et de mal sont égales. Tout acte est bon, du moment qu’il est accompli.
Wojtyla va plus loin: la transcendance, la liberté et la vérité ne sont plus extérieures à l‘homme: ce sont désormais les actes de l’homme qui font qu’il y a transcendance et liberté et qui donnent la norme de la vérité. « La personne est transcendante par son action propre, parce qu’elle est libre ». Le choix de l’acte marque la liberté. Et la vérité consiste à se réaliser soi-même, donc à exister en posant des actes selon ses propres valeurs. « La puissance normative de la vérité trouve son explication dans le devoir », qui « consiste à se réaliser soi-même ».
Ainsi, pour Wojtyla, le but sur terre et le bonheur consistent dans la réalisation de soi-même: « S’accomplir, se réaliser soi-même et être heureux, c’est presque la même chose ».
Dieu est quasiment absent de cet ouvrage, ou seulement en marge. Le paradis n’intéresse point l’auteur. L’homme peut se passer de Dieu son créateur, puisqu’il se comprend comme un créateur, car « l’homme se crée par l’acte ».
Cette conception wojtylienne de l’homme s’inscrit parfaitement dans un courant philosophique moderne, qui a pour nom: « existentialisme ». L’existentialisme fut condamné nommément par Pie XII (encyclique Humani generis, 12 août 1950).
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En 1972, Wojtyla publia un vade-mecum de Vatican II à l’intention des fidèles polonais (traduit en français en 1981: Aux sources du renouveau). L’auteur y nie un article de la foi catholique.
Wojtyla est ainsi « pris sur le fait » (cf. la bulle de Paul IV) d’avoir dévié de la foi avant son élection.
Wojtyla a nié un article du credo avant son élection, celui de l’unité de l’Église. Voici d’abord la saine doctrine: « L’Église est constituée dans l’unité par sa nature même. Elle est UNE, quoique les hérésies essayent de la déchirer en plusieurs sectes » (Saint. Clément d’Alexandrie: Stromates VII, 17). L’unité existe dans l’Église catholique. Les hérétiques et schismatiques doivent rejoindre l’unité existante, en se convertissant au catholicisme.
D’après Wojtyla, par contre, l’unité de l’Église a été perdue. Catholiques, « frères séparés » (= hérétiques protestants) et « orthodoxes » (= schismatiques et hérétiques grecs) doivent reconstruire ensemble une unité qui n’existe plus. « L’Église [est actuellement] divisée par les hommes », mais « les hommes, avec le secours de la grâce et malgré les divisions actuelles et les anciennes, parviendront un jour à cette unité qui est celle de l’Église dans la pensée et dans la volonté du Christ: «Par une humble prière, nous devons donc demander pardon à Dieu et aux frères séparés, de même que nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés» (Vatican II: Unitatis redintegratio, § 7) » (Karol Wojtyla: Aux sources du renouveau, Paris 1981, p. 261). Les catholiques seraient donc également coupables de schisme, puisqu’ils devraient demander pardon à Dieu d’avoir péché contre l’unité.
Même son de cloche après son élection (invalide): « Nous nous acheminons vers l’unité qui caractérisait l’Église apostolique à ses débuts, et que nous recherchons » (encyclique Ut unum sint, 25 mai 1995). « La division des chrétiens est en contradiction avec la vérité qu’ils ont la mission de défendre » (ibidem). « Il n’est pas douteux que le Saint-Esprit agit dans cette œuvre » de « recomposition de l’unité des chrétiens » (ibidem).
Le 12 mars 2000, devant le monde entier, Wojtyla demanda pardon pour tous les péchés de l’Église catholique, dont celui d’être responsable de la perte de l’unité. Etchegaray, président du comité du pseudo-jubilé de l’an 2000, pria ainsi: « Prions pour que la reconnaissance des péchés qui ont rompu l’unité du corps du Christ et blessé la charité fraternelle aplanisse la route vers la réconciliation et la communion de tous les chrétiens ». Wojtyla enchaîna aussitôt: « Père miséricordieux, à la veille de sa passion, ton Fils a prié pour l’unité de ceux qui croient en lui, mais, à l’encontre de sa volonté, ils se sont opposés et divisés, ils se sont condamnés mutuellement et ont combattu les uns contre les autres. Nous invoquons avec force ton pardon et nous te demandons de nous donner un cœur repentant, afin que tous les chrétiens, réconciliés avec toi et entre eux, ne formant plus qu’un corps et qu’un esprit, puissent revivre la joyeuse expérience de la pleine communion » (in: La Croix, 13 mars 2000).
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Le jour de son ordination, Karol Wojtyla (tout comme Roncalli, Montini et Luciani) prononça ce serment antimoderniste (imposé par saint Pie X à tous les prêtres): « La foi n’est pas un sentiment religieux aveugle, surgissant des profondeurs ténébreuses de la subconscience moralement informée sous la pression du cœur et l’impulsion de la volonté ». Par son serment antimoderniste, Wojtyla s’engagea à ne pas substituer au dépôt de la foi « une création de la conscience humaine, laquelle s’est formée peu à peu par l’effort des hommes ».
Or ce serment fut un parjure, car, en vérité, Wojtyla avait une conception diamétralement opposée de la foi, qu’il confia à son ami Frossard: « Je n’ai jamais considéré ma foi comme «traditionnelle» [...] À considérer en toute objectivité ma propre foi, j’ai toujours constaté qu’elle n’avait rien à voir avec un quelconque conformisme, qu’elle était née dans les profondeurs de mon propre «moi», qu’elle était aussi le fruit des efforts de mon esprit cherchant une réponse aux mystères de l’homme et du monde » (in: André Frossard: N’ayez pas peur, Paris 1982, p. 40 - 41).
La foi est un don de Dieu, grâce auquel nous adhérons fermement aux vérités du catéchisme. Or Wojtyla, en bon franc-maçon, refuse ce qu’il appelle dédaigneusement des « vérités toutes faites ». Il dit à son ami Frossard: « La foi ne contraint pas l’intelligence, elle ne l’assujettit pas à un système de vérités toutes faites » (in: Frossard, p. 63). Ceci est à l’exact opposé du serment antimodemiste, d’après lequel la foi « est un véritable assentiment de l’intelligence à la vérité reçue du dehors par l’audition ».
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Dis-moi qui tu admires, et je te dirai qui tu es.
« Des théologiens aussi éminents que Henri de Lubac, Y. Daniélou, Y. Congar, H. Küng, R. Lombardi, Karl Ralmer et d’autres ont joué un rôle extraordinaire dans ces travaux préparatoires » du conciliabule Vatican II (Wojtyla: entretien en 1963 avec le Père Malinski: Mon ami Kami Wojtyla, Paris 1980, p. 189). Tous les théologiens les plus scandaleux sont non seulement comblés d’éloges par Wojtyla, mais parfois élevés au (pseudo )cardinalat par lui. Résumons brièvement les thèses de tous ces théologiens, que Wojtyla apprécie tant.
BALTHASAR prétend que l’enfer est vide.
Hans Urs von Balthasar, que Le Monde du 20 octobre 1981 qualifia de « maître à penser de Jean-Paul II », fut créé cardinal le 28 juin 1988.
CAMARA estime que le marxisme est légitime. L’Évangile est un ferment révolutionnaire. « Bien loin de bouder la socialisation, sachons y adhérer avec joie comme à une forme de vie sociale mieux adaptée à notre temps et plus conforme à l’Évangile ». Marx a raison de critiquer la religion comme étant « l’opium du peuple », car « l’Église présente à des parias un christianisme passif, aliéné et aliénant, vraiment un opium pour les masses » (1968).
Le 15 août 1981, Wojtyla félicita Dom Helder Camara: « Ton âme de pasteur contribue à notre sanctification. [...] Nous avons pour toi un amour spécial ».
CONGAR, plusieurs fois exilé par Pie XII en raison de son hérésie, jubile: « J’ai été comblé. Les grandes causes que j’avais essayé de servir ont abouti au concile: renouveau ecclésiologique... réformisme, œcuménisme, laïcat ». « La Réforme a sur nous une avance de quatre siècles à l’égard des requêtes de l’esprit moderne ».
« Théologien éminent » d’après Wojtyla (in: Malinski: Mon ami Karol Wojtyla, p. 189).
KÜNG nie tous les dogmes. Il est tristement célèbre pour ses attaques contre la divinité de Jésus et l’infaillibilité pontificale.
« Théologien éminent » d’après Wojtyla!
LUBAC fait une confusion entre naturel et surnaturel. Chaque homme est Dieu: « En révélant le Père et en étant révélé par lui, le Christ achève de révéler l’homme à lui-même » (1938).
Lubac fut créé cardinal par Wojtyla le 2 février 1983. « J’incline la tête devant le Père Henri de Lubac, théologien jésuite qui se tenait dans les premiers rangs, aux côtés du Père Congar, l’un et l’autre ayant eu, avant la période conciliaire, des difficultés avec Rome » (Wojtyla en France, Le Monde du 3 juin 1980).
MARITAIN préconise la séparation de l’Église et de l’État: « À la cité médiévale de type sacral et théocratique doit succéder aujourd’hui une nouvelle chrétienté, caractérisée par l’émancipation réciproque du temporel et du spirituel, et par le pluralisme religieux et culturel de la cité ». Maritain croit en une amnistie finale obtenue par Satan.
Maritain fut l’ami et le maître à penser de Montini et de W ojtyla. Maritain « soutint qu’une juste conception de la personne humaine était la base nécessaire pour tout édifice social et politique digne de l’homme » (Wojtyla pour le centenaire de la naissance de Maritain, 1983).
RAHNER croit que chaque homme est Dieu: « Dans mon essence, il y a Dieu ». Il nie le privilège de l’Immaculée Conception, car il nie le péché originel. Ce dogme « ne signifie en aucune manière que la naissance d’un être soit accompagné de quelque chose de contaminant, d’une tache et que pour l’éviter, Marie ait dû avoir un privilège » (1968). Négation de la transsubstantiation et de l’enfer.
« Karl Rahner s’est éteint à l’âge de 80 ans. Parmi les preuves d’estime, Rahner venait de recevoir des vœux personnels de Jean-Paul II » (Témoignage chrétien, 9 avril 1984).
KIERKEGAARD, HUSSERL ET SCHELER ont baptisé leur philosophie « existentialisme ». D’après ces philosophes, les Évangiles ne sont pas historiques, mais un témoignage de l’Église. Les dogmes deviennent relatifs et changeants. La Rédemption n’est plus que la victoire sur l’injustice, le racisme, le fascisme. Le Christ n’est qu’un homme exemplaire. Les sacrements ne sont que des symboles, etc.
Wojtyla (bien que sa thèse de doctorat sur La possibilité de fonder une éthique chrétienne sur la base philosophique de Max Scheler ait été critiquée par ses examinateurs) se réfère constamment aux philosophes Kierkegaard, Husserl et Scheler.
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Quand Wojtyla fut élu, un cardinal rendit visite à Jean Guitton, ami de Montini et... franc-maçon. Jean Guitton s’inquiétait: le successeur de Montini allait-il remettre en question les acquis maçonniques de son prédécesseur? Le cardinal le rassura: « Les gens sont tellement cons qu’ils croient qu’il suffit d’être Polonais pour avoir la foi! » (témoignage de Michèle Reboul, la secrétaire de Jean Guitton qui assista à l’entretien).[1] L’expression employée par Le Roux est inexacte, car Steiner quitta la théosophie et fonda sa propre secte, qu’il baptisa « anthroposophie ». Le centre des anthroposophes se trouve à Dornach (Suisse), où Steiner avait fait construire un bâtiment en bois appelé « Goetheanum », qui périt dans un incendie et qui fut remplacé par un édifice en pierre. L’« eurythmie » (danse théâtrale ésotérique) est une composante essentielle de l’anthroposophie.