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Chapitre VI. Le point sur la Consécration de la Russie demandée par la sainte Vierge à Fatima


Le Frère François de Marie des Anges, dans son ouvrage « Fatima, joie intime, événement mondial » paru en 1993 a déjà fait, sur une soixantaine de pages, un point complet sur la question : « La consécration de la Russie n'est pas accomplie » (chap. XVI). Notre chapitre vise à condenser en beaucoup moins de pages –en apportant des éléments nouveaux– l'essentiel de ce qu'il faut savoir et retenir sur cette question tout aussi primordiale que la publication du 3 ème Secret. C'est sans doute pourquoi, avant lui, cette demande subira la même manipulation subversive.

* * *

Le numéro 22 du 30 mai 1998 du journal du Saint-Siège, “l'Osservatore Romano“, en langue portugaise, publiait en page 10 un grand article de Madame Emilia Paola Pacelli, orientaliste, rédactrice de la revue “Omnis Terra”  : « A la lumière de Fatima, en route vers le troisième millénaire : Pie XII est Père, Maître et Ami de notre temps ». Dans cet article, dont on peut légitimement penser qu'il reflète la position du Saint-Siège, il est affirmé que Pie XII fit « la consécration de l'Église et du genre humain au Cœur Immaculé de Marie en 1942 , et dix ans plus tard, la consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie ». De plus, il est dit que « le 25 mars 1984, le pape Jean-Paul II en personne, en union avec tous les évêques du monde, évoquant Pie XII, consacra une nouvelle fois le genre humain et la Russie au Cœur Immaculé de Marie, confirmant l'acte de consécration prononcé en 1982 ».

Dans le numéro de juillet 1999 de l'organe officiel du Sanctuaire de Fatima “Voz de Fatima“, en page 2, le Père F. Leite répète que cette Consécration est déjà faite :

« La Consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie, telle que Notre-Dame l'a demandée, c'est-à-dire faite par le Saint-Père en union avec tous les évêques du monde, finit par être réalisée le 25 mars 1984, devant la statue de Notre-Dame transportée pour l'occasion de la chapelle des apparitions de Fatima jusqu'à Rome. En union avec le Saint-Père, et sur sa demande expresse, les évêques du monde l'accompagnèrent dans cet acte si significatif.

« Sœur Lucie a dit, plusieurs fois, que cette consécration a correspondu entièrement aux désirs de Notre-Dame. Dans une lettre à Walter Noelker, elle affirme : « On m'a demandé si la consécration était faite conformément à la demande de Notre-Dame, j'ai répondu en disant que oui. »

Et le Père Leite termine son article en affirmant sans ciller : « Maintenant que la consécration est faite, la conversion de la Russie a commencé. »

Ces deux auteurs prétendent donc que la Consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie a déjà été effectuée en bonne et due forme, et Mme Pacelli va jusqu'à écrire qu'elle a été faite trois fois : en 1952, en 1982 et en 1984 .

En est-il donc réellement ainsi ? Pour le savoir, il nous faut examiner trois points :

1°/ La demande précise de Consécration de Notre-Dame à Sœur Lucie,

2°/ La correspondance ou non des trois consécrations de 1952, 1982 et 1984 à la demande du Ciel,

3°/ Enfin, il nous faut établir si l'une au moins des trois consécrations susmentionnées a accordé au monde les deux immenses grâces promises par Notre-Dame comme effets et signes de l'authentique Consécration :

– grâce de la conversion de la Russie à la vraie Foi,

– grâce d' « un certain temps de paix dans le monde ».

I. Quel genre de Consécration la Très sainte Vierge a-t-elle demandé à Sœur Lucie ?

C'est lors de sa troisième apparition à Fatima, le 13 juillet 1917, que Notre-Dame a parlé pour la première fois de « Consécration de la Russie », en indiquant que cet acte est le remède souverain, et le seul efficace, pour sauver la Chrétienté contre de très graves erreurs et de très grands maux :

«  Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur immaculé. Si l'on fait ce que je vais vous dire, beaucoup d'âmes seront sauvées et on aura la paix. La guerre va finir. Mais si l'on ne cesse d'offenser Dieu, sous le pontificat de Pie XI en commencera une autre pire encore. (…) Pour empêcher cette guerre, je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Cœur immaculé et la communion réparatrice des premiers samedis. Si on accepte mes demandes, la Russie se convertira et on aura la paix ; sinon elle répandra ses erreurs à travers le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l'Église. Les bons seront martyrisés, le Saint-Père aura beaucoup à souffrir, diverses nations seront détruites. À la fin, mon Cœur immaculé triomphera. Le Saint-Père me consacrera la Russie, qui se convertira, et il sera concédé au monde un certain temps de paix. »

Par ces paroles, Notre-Dame indique très nettement, et par deux fois, les deux merveilleuses grâces attachées à la Consécration de la Russie à son Cœur Immaculé :

– grâce de la conversion de la Russie,

– grâce d' « un certain temps de paix » dans le monde.

De plus, Notre-Dame dit qu'elle « viendra » demander la Consécration de la Russie. De fait, Notre-Dame revint visiter Lucie à Tuy (Espagne) le 13 juin 1929, pour lui faire cette demande :

«  Le moment est venu où Dieu demande au saint-Père de faire, en union avec tous les évêques du monde, la Consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé, promettant de la sauver par ce moyen. Elles sont si nombreuses les âmes que la justice de Dieu condamne pour des péchés commis contre moi que je viens demander réparation. Sacrifie-toi à cette intention et prie. »

A la suite de ce message, dans deux lettres qu'elle adressa en mai 1930 au Père Gonçalves, son confesseur, Lucie exprima les demandes du Ciel, en unissant étroitement la dévotion réparatrice au Cœur Immaculé de Marie et la Consécration de la Russie :

« Le Bon Dieu promet de mettre fin à la persécution en Russie, si le saint-Père daigne faire, et ordonne aux évêques du monde catholique de faire également un ACTE SOLENNEL ET PUBLIC DE RÉPARATION ET DE CONSÉCRATION DE LA RUSSIE aux très saints Cœurs de Jésus et Marie, et si Sa Sainteté promet, moyennant la fin de cette persécution, d'approuver et de recommander la pratique de la dévotion réparatrice » des premiers samedis du mois.

Ces paroles de Notre-Dame et ces lettres de Sœur Lucie, présentent donc la forme exacte de Consécration que le Ciel demande :

Consécration de la Russie explicitement mentionnée, et non pas consécration du monde avec vague et imprécise allusion à la Russie ,

Consécration faite par le Saint-Père en union avec tous les évêques du monde, ce qui signifie que chaque évêque doit organiser et présider dans son diocèse, en union avec le Pape, cet acte de réparation et de consécration, à moins que le Pape ne profite d'une réunion de l'épiscopat mondial à Rome pour l'effectuer. Sœur Lucie n'a jamais exclu que la Consécration puisse être faite dans le cadre d'un Concile œcuménique par exemple, tout en semblant préférer nettement la première solution ; l'important est l'union morale et spirituelle des évêques au Pape.

– Enfin, très grande solennité de cet acte, qui devra être fait dans le cadre d'un « acte solennel et public de réparation et de consécration au Cœur Immaculé de Marie », sans doute pour frapper les esprits et pour que le plus grand nombre possible de catholiques puisse y prendre part.

À sœur Lucie qui demandait à Notre-Seigneur pourquoi Il ne pouvait convertir la Russie sans que le Pape fasse cette consécration, Il lui répondit : « Parce que je veux que toute mon Église reconnaisse cette consécration comme un triomphe du Cœur Immaculé de Marie, pour ensuite étendre son culte et placer à côté de la dévotion à mon divin Cœur, la dévotion à ce Cœur Immaculé… Le Cœur Immaculé de Marie sauvera la Russie, elle lui est confiée. »

II. Les trois Consécrations effectuées en 1952, 1982 et 1984 répondent-elles à toutes les conditions demandées par le Ciel ?

? Consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie par Pie XII dans la lettre Apostolique « Sacro Vergente Anno », adressée aux peuples de la Russie en date du 7 juillet 1952 .

La consécration de la Russie est bien faite, au Cœur Immaculé de Marie, mais par le Pape seul, sans l'union de tous les évêques du monde, et sans la solennité requise. En effet, cette consécration n'a pas été effectuée dans le cadre de l' « acte solennel et public de réparation et de consécration » dont parle sœur Lucie, mais un peu à la sauvette, pourrait-on dire, à l'occasion de la publication d'une Lettre Apostolique qui resta inconnue de beaucoup, et qui fut bien vite oubliée par ceux qui en avaient pris connaissance.

A propos de cet acte, Sœur Lucie écrivit dans l'une de ses lettres de l'été 1952 : « Je vous remercie également de la coupure de journal qui rapporte la consécration de la Russie. Je suis peinée qu'elle n'ait pas encore été faite comme Notre-Dame l'avait demandée.  »

? Acte d'offrande et de consécration, fait par Jean-Paul II à Fatima le 13 mai 1982.

Jean-Paul II dit lui-même ce qu'il entendait faire par cet acte, dans l'homélie de la Messe qu'il célébra le matin du 13 mai 1982 à Fatima : « Accomplir une fois de plus ce que mes prédécesseurs ont déjà fait : confier LE MONDE au cœur de la Mère… »

En fait, cet acte d'offrande et de consécration ne correspondait pas du tout à la Consécration demandée par Notre-Dame, encore moins que celle de ses prédécesseurs, et pour plusieurs raisons :

– c'était une consécration du monde, et non de la Russie qui n'était pas même nommée une seule fois ! « Le mot Russie ne vient jamais. Un acte garde-t-il sa valeur quand on s'évertue à en dissimuler la véritable nature ? »

– Cet acte n'était pas fait explicitement au Cœur Immaculé de Marie, contrairement à ce qu'avait quand même fait Pie XII. « L'expression “Cœur Immaculé de Marie” est reprise comme citation de la consécration faite par Pie XII et elle fait son apparition dans deux autres

passages de la prière consécratoire. Mais elle est absente du passage décisif. D'où l'on est amené à conclure que Jean-Paul II n'a pas fait de consécration répondant aux vœux de la Vierge de Fatima, alors qu'il avait manifesté l'intention de renouveler la consécration du monde au Cœur Immaculé de Marie. Jean-Paul II n'a donc pas consacré le monde au Cœur Immaculé de Marie. Quelle différence avec Pie XII ! (…) Dans le texte de Jean-Paul II il n'y a aucune phrase comparable à celles de Pie XII . Il n'est pas possible de conclure qu'il y a eu un acte évident d'une consécration à Marie dans la prière consécratoire prononcée à Fatima. »

– Enfin, l'union de tous les évêques au Pape n'avait pas été requise.

Dès le lendemain, le 14 mai 1982, Mgr Hnilica et Don Luigi Bianchi sont allés voir sœur Lucie au Carmel de Fatima et lui ont demandé si la consécration faite la veille correspondait aux demandes de Notre-Dame. Lucie a fait des gestes de dénégation : « Non, pour deux raisons. Les évêques du monde entier n'ont pas fait, en même temps que le pape, une consécration publique et solennelle, chacun dans sa cathédrale. Par ailleurs, la Russie n'apparaissait pas nettement comme étant l'objet de la consécration. » « Or, Dieu voulait “la consécration de la Russie et uniquement de la Russie, sans aucune adjonction”  ; car “la Russie est un immense territoire bien circonscrit, et sa conversion se remarquera, apportant ainsi la preuve de ce qu'on peut obtenir par la consécration au Cœur Immaculé de Marie.”  Avec Mgr Hnilica, sœur Lucie parla d'ailleurs avec feu du retour des schismatiques dans l'Église catholique. »

Sœur Lucie déclara pareillement à sa nièce, Maria do Fetal, le 11 août 1982 : « Je suis vieille, j'ai 75 ans, je me prépare à voir Dieu face-à-face. J'ai donné tous mes textes à la sainte Église. Je mourrai tranquille. Mais si l'on veut mon avis, le voici : la consécration de la Russie, telle que Notre-Dame l'a demandée, n'est pas faite.  » « Et Lucie développa les raisons que nous avons déjà données. Elle ajouta même avec beaucoup de force la parole terrible que Notre-Seigneur lui disait déjà au mois d'août 1931, ce qui est bien vieux maintenant : “Ils le feront, mais ce sera tard.  »

Et Sœur Lucie répéta encore exactement la même chose quatre jours plus tard, le 15 août, à sa vieille amie, Madame Pestana. De même, sœur Lucie écrivit, dans le texte qu'elle rédigea à l'occasion du parloir qu'elle eut le 19 mars 1983 avec Mgr Portalupi, Nonce Apostolique au Portugal : « Dans l'acte d'offrande du 13 mai 1982, la Russie n'est pas apparue nettement comme étant l'objet de la consécration. Et chaque évêque n'a pas organisé dans son diocèse une cérémonie publique et solennelle de réparation et de consécration à la Russie. »

Il convient aussi de signaler la conclusion de ce texte que sœur Lucie a tenu à remettre au Nonce Apostolique, car ces phrases sont éclairantes sur la situation actuelle de la voyante : « La consécration de la Russie n'est pas faite comme Notre-Dame l'a demandé. Je ne pouvais pas le dire, car je n'avais pas la permission du Saint-Siège.  » Cette dernière phrase signifie que sœur Lucie, du fond de son Carmel, n'est pas libre de parler comme elle le voudrait, du fait de son vœu d'obéissance. C'est pourquoi, de par son statut de carmélite cloîtrée, il est absolument utopique d'attendre que sœur Lucie fasse un jour une grande déclaration publique affirmant que la Consécration de la Russie n'est toujours pas faite. Elle n'en a pas la possibilité, à moins de s'échapper de son carmel ! Rome décidant de ce que sœur Lucie peut ou ne peut pas dire … En attendant, elle considère simplement qu'elle accomplit entièrement son devoir quand elle profite de toutes les occasions qui s'offrent à elle pour rappeler aux autorités officielles de l'Église, de manière privée mais avec constance et fermeté, que la Consécration n'est pas faite, comme elle le fit d'ailleurs après l'acte du 13 mai 1982, puisqu'elle dit au Nonce Apostolique, en ce 19 mars 1983, que tout ce qu'elle avait affirmé dans cet entretien, elle l'avait déjà écrit à Jean-Paul II.

L'Abbé Pierre Caillon nous apprend également qu'avant même le 13 mai 1982, sœur Lucie savait déjà ce qui se passerait puisqu'elle avait dit à ses amis de Porto et à sa nièce de Fatima « qu'il ne fallait pas attendre la consécration de la Russie pour le 13 mai 1982 car l'épiscopat mondial n'était pas prêt. (…) Quand la consécration se fera pour de bon, ajoute Lucie, il y aura des évêques orthodoxes, des évêques anglicans, et aussi des musulmans, qui seront trop heureux de se joindre à cette consécration. » L'Abbé Caillon ajoute : « Lucie savait d'avance à quoi s'en tenir. D'où le savait-elle ? J'avoue que je l'ignore. »

? Renouvellement, le 25 mars 1984, sur le parvis de la Basilique Saint-Pierre de Rome, de l'acte d'offrande et de consécration de 1982.

Jean-Paul II avait annoncé, le 8 décembre 1983, dans une lettre adressée à tous les évêques, le renouvellement de cet acte, en concluant : « Je vous saurai gré de bien vouloir, ce jour-là (25 mars 1984), renouveler cet acte en même temps que moi, de la manière que chacun de vous jugera la plus adaptée. »

De très légères modifications avaient été apportées à l'acte du 13 mai 1982 ; cependant, il manquait toujours l'essentiel à cet acte de consécration :

1°/ Il s'agissait en fait d'une simple “ consécration” du monde , comme le montre clairement la lecture du texte intégral (d'ailleurs très confus par endroits !) dont voici les passages décisifs :

«  ô Mère des hommes et des peuples, (…) avec ton amour de mère et de servante du Seigneur, embrasse notre monde humain que nous t'offrons et te consacrons, plein d'inquiétude pour le sort terrestre et éternel des hommes et des peuples. Nous t'offrons et te consacrons d'une manière spéciale les hommes et les nations qui ont particulièrement besoin de cette offrande et de cette consécration. »

(…) « Nous voulons nous unir à notre Rédempteur en cette consécration pour le monde et pour les hommes … »

(…) « Combien profondément nous sentons le besoin de consécration pour l'humanité et pour le monde , pour notre monde contemporain, dans l'unité du Christ lui-même ! »

(…) « En te confiant, ô Mère, le monde, tous les hommes et tous les peuples, nous te confions aussi la consécration même du monde et nous la mettons dans ton cœur maternel. » (phrase bien confuse : Jean-Paul II confie à la Vierge, en la mettant dans son cœur maternel, la Consécration qu'Elle demande au Pape de réaliser !? Une sorte de retour à l'envoyeur !)

2°/ Comme le 13 mai 1982, La Russie n'était pas mentionnée une seule fois dans l'ensemble du texte ! Sœur Lucie avait pourtant précisé qu'il devait y avoir une « mention explicite de la Russie » .

3°/ Enfin, cet acte d'offrande et de consécration (notamment la formule consécratoire proprement dite) n'était pas fait explicitement au Cœur Immaculé de Marie, même pas à Marie ou à la Sainte-Vierge, Mère de Dieu, ou encore à l'Immaculée-Conception, mais à la « Mère des hommes et des peuples » (titres bien vagues !) . Un “appel” est adressé au cœur de la “Mère des hommes et des peuples”, il est vrai, mais il n'est nullement question d'une consécration à son Cœur. Impossible donc qu'après cette consécration, on puisse y voir dans ces conditions un « triomphe du Cœur Immaculé de Marie  » et bien-sûr d'étendre cette dévotion (dont Jean-Paul II ne parle même pas) alors que c'était là une condition majeure clairement indiquée par sœur Lucie dans sa lettre du 18 mai 1936 au Père Gonçalves (citée plus haut). Même le Père Simonin, qui pourtant ne se permettrait pas la moindre critique à l'égard de son pape Jean-Paul II, s'en disait lui-même étonné, en 1985 : « Outre la consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie, sœur Lucie demandait de la part de la Vierge l'approbation par le Saint-Père de la dévotion des premiers samedis du mois. Ce qui n'a pas encore été réalisé, il faut bien le dire, par aucun Pape jusqu'ici, on ne sait pourquoi. » Alors que le don divin de la paix est aussi lié à l'approbation de cette dévotion réparatrice.

D'ailleurs, peu de temps après cette consécration, Jean-Paul II expliqua lui-même à Mgr Cordes, vice-Président du Conseil pontifical pour les laïcs, pour quelle raison il avait renoncé à nommer expressément la Russie : il craignait « que ses paroles soient interprétées comme une provocation par les dirigeants soviétiques ! »

Sœur Lucie ne s'y était pas trompé : trois jours avant la consécration, le jeudi 22 mars 1984, à Mme Pestana qui lui demandait : « Alors, Lucie, dimanche, c'est la consécration ? », elle fit signe que non et ajouta : « Cette consécration ne peut avoir un caractère décisif. » Et quand elle a écouté le Père Kondor lire l'acte du 25 mars 1984, lors d'une cérémonie au Carmel de Coïmbra, au printemps 1984, tout à coup son visage a changé d'expression ; l'enregistrement en vidéo, diffusé par la Vice-postulation, en témoigne : sa révolte intérieure était visiblement très grande !

De surcroît, le Frère François de Marie des Anges fait aussi remarquer que, théologiquement, cet acte d'offrande et de consécration est très contestable : « Il serait possible de formuler une solide critique théologique de ce texte et de montrer qu'une telle prière ne peut être acceptée par l'Église. »

Le Professeur Wigand Siebel qui a analysé avec précision cette fameuse consécration, en arrive même à cette conclusion : « De toute façon, le nouvel acte ne contient pas de consécration à Marie, puisque là encore la “consécration pour le monde” est déposée dans le “cœur maternel de Marie”. En fait, nous passons du monde, au “cœur de la famille” et finalement à “l'acte d'offrande et de confiance au cœur de la Mère de Dieu” ! En conséquence, il faut s'interroger si la nouvelle formulation de l'acte de consécration n'exprime pas sciemment une attitude de mépris, d'hostilité même contre la Mère de Dieu ? Un nouveau signe est apparu à Fatima, celui du discernement des esprits. »

« Il faut s'appeler Jean-Paul II pour s'amuser à ce point avec les Demandes mariales ! Cet acte du 25 mars 1984 prouve déjà une chose : c'est que la "consécration" précédente avait été mal faite puisqu'il a fallu la recommencer. Quant au fond de la question, c'est-à-dire la Consécration de la Russie (au Cœur Immaculé de Marie) en union avec tous les Evêques, à part un semblant de réalisation et beaucoup de poudre aux yeux jetée urbi et orbi, on resta à la case départ. »

« Le jeudi 18 septembre 1986, très précisément, l'abbé Laurentin déjeuna avec une nièce de sœur Lucie, Maria do Fetal. Pendant ce repas, elle ne cessa de lui répéter : “La consécration de la Russie au Cœur Immaculé n'a pas été encore accomplie. Je peux vous l'affirmer puisque sœur Lucie le dit à tout le monde”. Et Maria do Fetal expliquait : “Pour répondre à la demande de Notre-Dame, il ne faudra pas camoufler sous un fatras de précautions diplomatiques qu'il s'agit de la Consécration de la Russie et seulement de la Russie. Quand on baptise un enfant, on l'appelle par son nom. Il faudra qu'un jour la Russie apparaisse nettement comme étant l'unique objet de la Consécration » . On ne peut être plus clair, une fois encore !

Ainsi, l'examen minutieux des trois actes de consécration de 1952, 1982 et 1984 et les déclarations ou réactions successives de sœur Lucie à propos de ces trois actes permettent de conclure ceci : la Consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie, telle que le Ciel l'a demandée, n'a jamais été faite !

III. Une autre constatation bien réelle vient confirmer cette conclusion.

1°/ Grâce d' « un certain temps de paix dans le monde ».

Le secrétaire général de l'O.N.U., Mr Javier Perez de Cuellar, déclara, au cours d'une conférence d'avril 1988 à l'Institut des hautes études internationales de Genève, que les conflits armés qui ont éclaté depuis 1945 avaient fait, jusqu'à la fin de 1986, 17 millions de morts, dont 80% étaient des victimes civiles ! Soit, en quatre décennies d'une période dite « de coexistence pacifique », autant de morts que le nombre de victimes de la première Guerre mondiale ! A cette différence près : 80% des morts de 1914-1918 étaient des militaires (13,8 millions sur 17 millions) alors qu'entre 1945 et 1986, 80% des morts sont des civils : donc femmes, enfants et vieillards en grande majorité.

Mr Perez de Cuellar a ajouté qu'à la fin de 1986 avaient lieu 36 conflits armés, dans lesquels étaient engagés 5,5 millions de soldats originaires de 41 États, soit d'un État sur quatre :

– 4 de ces 36 conflits avaient commencé entre 1945 et 1949,

– 7 dans les années 1960,

– 17 dans les années 1970.

Depuis cette déclaration, la situation ne s'est pas du tout améliorée. Le journal portugais « 24 Heures » du 18 avril 1999 publia une carte des guerres civiles qui se sont déroulées dans le monde durant la décennie 1990, avec bilan suivant les victimes :

– Soudan : 1 900 000 morts

– Angola : 1 000 000 morts

– Rwanda : 1 000 000 morts

– Tibet : 1 000 000 morts

– Somalie : 300 000 morts

– Timor oriental : 300 000 morts

– Bosnie : 200 000 morts

– Algérie : 80 000 morts

– Sri Lanka : 56 000 morts

– Tchétchénie : 40 000 morts

– Turquie : 37 000 morts

– Congo : 10 000 morts

– Irlande du Nord : 3 200 morts

– Sierra Leone : 3 000 morts

Total des morts : 5 929 200 morts

Or, toutes les guerres civiles de la décennie ne sont pas répertoriées dans ce bilan (il manque notamment le bilan des guérillas communistes des pays d'Amérique Centrale et du Sud-Salvator, Guatémala, Pérou, Colombie où l'on compte en moyenne 40 morts violentes par jour – et de la guérilla communiste et musulmane des Philippines) ; et ce tableau ne comporte pas non plus le bilan des victimes des guerres entre États souverains : notamment, le conflit Ethiopie/Erythrée ; le conflit Inde/Pakistan à propos du Cachemire : 30 000 morts depuis 1990, etc… sans parler de la guerre Irak/Koweït et des récents événements au Kosovo.

Comment parler ensuite de « paix » dans le monde, de 1945 à nos jours, et de période dite de « coexistence pacifique » (bel euphémisme médiatique…), à la lecture de tous les terribles chiffres ci-dessus, hélas bien réels !

2°/ Grâce de la conversion de la Russie à la vraie Foi, à la Foi catholique.

Contrairement à ce qu'écrit le Père Leite, cette conversion ne se produit pas du tout : la loi sur la « liberté religieuse », adoptée en 1997, œuvre des néo-communistes et du Patriarcat orthodoxe de Moscou, est une loi de véritable persécution contre l'Église catholique. En effet, cette loi fait une subtile distinction entre :

« Les organisations religieuses » qui ont le statut de personne morale et bénéficient donc d'une totale existence légale en Russie. Quatre religions sont reconnues ainsi : l'Église orthodoxe russe, le judaïsme, l'Islam et le bouddhisme.

« Les groupes religieux » qui ne bénéficient pas du statut précédent et dont la situation demeure très précaire dans le pays. L'Église catholique est ainsi considérée : elle est mise au même rang que les sectes ! De ce fait, elle se voit privée pendant 15 ans :

– du droit d'enseigner la religion dans les écoles publiques,

– du droit de fonder ses propres écoles religieuses,

– du droit d'assurer l'aumônerie dans les prisons, hôpitaux et maisons de retraite,

– du droit d'importer et de diffuser de la littérature religieuse,

– du droit d'être propriétaire d'imprimeries et de media !

En un mot, cette loi est une loi d'interdiction de tout apostolat catholique en Russie !

Et pendant ce temps, au Vatican, certains personnages, en utilisant leur influence, imposent à l'Église la soumission à l'œcuménisme syncrétiste, pour l'occasion avec les orthodoxes, malgré les résultats, ainsi que l'abdication que signifie « l'Ostpolitik » avec les autorités néo-communistes de l'Est, comme l'a malheureusement montré le voyage de Jean-Paul II en Roumanie, en mai 1999. Tout cela au nom du « dialogue » devenu « sacré », mais certainement pas au nom du règne social de Notre-Seigneur Jésus-Christ  ! C'est une dramatique politique de chimères et d'autodémolition de l'Église, une action purement humaine et sans aucune vision surnaturelle des choses, mais c'est pour continuer coûte que coûte cette politique que des hommes d'Église refuse obstinément depuis tant d'années d'appliquer au monde le remède souverain, pourtant si simple à effectuer, que Notre-Dame, toujours si miséricordieuse envers ses enfants, vint du Ciel donner à trois petits pastoureaux de Chrétienté : la Consécration solennelle de la Russie à son Cœur Immaculé par le Pape en union avec tous les évêques du monde.

(Abbé Fabrice Delestre, avec la collaboration de l'abbé Rafael Navas O.)

Complément d'information suite à la nouvelle “consécration” faite à Rome le 8 octobre 2000.

Certains avaient espéré que Jean-Paul II profiterait de la présence conjointe à Rome, les 7 et 8 octobre 2000, de la statue officielle de Notre-Dame de Fatima et d'un grand nombre d'évêques catholiques du monde entier venus participer au « Jubilé des évêques », pour faire la vraie Consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie, comme Notre-Dame était venue le demander à Lucie lors de l'apparition de Tuy, le 13 juin 1929. Or, il n'en a rien été. Le texte de “consécration” lu par Jean-Paul II et tous les évêques présents, ne fit aucune mention de la Russie, ni explicitement, ni par allusion. Il ne fit que mettre le futur de l'Église et du monde sous la protection de Marie :

« 3. Aujourd'hui, nous voulons te confier l'avenir qui nous attend, te demandant de nous accompagner sur le chemin. (…)

« 4. (…) Nous sommes ici, devant toi, pour confier à tes soins maternels nous-mêmes, l'Église, le monde entier. »

Pourtant, toutes les conditions requises par Notre-Dame auraient été facilement réalisables en ce dimanche 8 octobre 2000 :

1. L'union spirituelle et morale de tous les évêques catholiques avec le pape dans l'acte même de consécration : cette condition pouvait être aisément réalisée, grâce à deux moyens complémentaires :

La présence au Vatican de plus d'un tiers de l'épiscopat mondial (environ 1500 évêques présents sur 4440) ; Jean-Paul II a d'ailleurs observé, dans son discours du samedi 7 octobre (premier samedi du mois et fête de Notre-Dame du Très Saint Rosaire…) : « Le spectacle d'un grand nombre d'évêques, réunis ici en provenance de toutes les parties du monde, ne s'était pas vérifié depuis les temps du Concile Vatican II ».

L'union spirituelle et morale de beaucoup d'évêques absents. Le Cardinal Gantin souligna ce fait, dans son allocution au Saint-Père du dimanche 8 octobre : « Nos frères dans l'épiscopat qui se sont trouvés dans l'impossibilité de venir à Rome, nous ont assuré de leur présence spirituelle, s'unissant à nous dans ce particulier moment de grâce ». A ce sujet, Jean-Paul II lui-même déclara, à la fin de son homélie du 8 octobre : « Nous vivrons (l'acte de consécration que nous allons réaliser à la fin de la messe) dans un esprit collégial, sentant près de nous les nombreux évêques qui, de leurs sièges respectifs, s'unissent à notre célébration, en réalisant ce même acte en compagnie de leurs fidèles ».

2. Une consécration faite dans le cadre d'un « acte solennel et public de réparation et consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie ».

Notre-Dame voulait un acte qui marquerait les esprits par sa solennité et qui serait connu très facilement par tous les catholiques du fait de son aspect public. Or, il est évident que la cérémonie du 8 octobre dernier, sur la Place Saint-Pierre, répondait à cette condition : il aurait suffi d'ajouter un « acte de réparation » au programme, et un texte de consécration de la seule Russie !

3. Consécration au Cœur Immaculé de Marie.

La présence de la statue officielle de Notre-Dame de Fatima au Vatican et les paroles de Jean-Paul II lors de son allocution du samedi 7 octobre, après la récitation du chapelet sur la Place Saint-Pierre (« …demain, à la fin de la concélébration eucharistique, nous réaliserons collégialement, notre “Acte de consécration” au Cœur Immaculé de Marie ») laissaient supposer que cette condition serait remplie le lendemain. Or, le texte de la consécration effectivement faite le 8 octobre ne mentionne pas une seule fois le Cœur Immaculé de Marie !

Il convient dès lors de se poser la question : pour quelles raisons Jean-Paul II a-t-il laissé échapper une telle occasion de répondre enfin à la demande de Notre-Dame de Fatima ? Trois raisons complémentaires semblent devoir être avancées :

La peur de la réaction des autorités civiles russes qui, selon Jean-Paul II lui-même, verraient dans la consécration de la Russie une « provocation » et une ingérence intolérable du Vatican dans leurs affaires intérieures (propos de Jean-Paul II à Mgr Cordes quelques jours après la “consécration” du 25 mars 1984) ;

La volonté de continuer l'œcuménisme conciliaire avec les orthodoxes : Jean-Paul II sait très bien que la consécration en bonne et due forme de la Russie serait un motif immédiat de rupture totale du « dialogue œcuménique », de la part de l'Église orthodoxe qui considère la Russie comme son domaine réservé ;

enfin, motif beaucoup plus prosaïque, Jean-Paul II rêve depuis des années de faire un voyage en Russie et à Moscou et il sait que la consécration de la Russie rendrait à jamais impossible ce rêve personnel quelque peu ambitieux. Ainsi, il préfère un énorme coup médiatique au bien commun de l'Église et au salut éternel de millions d'âmes : telle semble bien être, malheureusement, l'explication profonde du refus obstiné de Jean-Paul II de consacrer la Russie au Cœur Immaculé de Marie !

Nous pouvons multiplier les preuves de ce voyage au Kremlin et de sa préparation. Elles se bousculent même :

Tout d'abord cette information parue dans le Figaro du 9 octobre 2000 en page 28 : « Marek Halter s'est rendu au Vatican pour déjeuner avec Jean-Paul II. Au cours de leur conversation, en polonais, il lui a transmis un message verbal que lui avait confié Vladimir Poutine. “Il souhaite vivement recevoir le pape à Moscou dans les plus brefs délais et m'a demandé de le lui confirmer”, raconte Halter. La réponse de Jean-Paul II a été immédiate et l'écrivain a promis de la transmettre très vite. “Se rendre là-bas fait désormais partie de ses objectifs prioritaires. Celui qui fut jadis un petit curé de Cracovie ne peut rêver plus beau symbole que d'être officiellement accueilli au Kremlin. Il souhaite que Poutine parvienne à obtenir l'accord des dirigeants de l'Église orthodoxe. »

Puis la visite de Jean-Paul II annoncée en Ukraine les 21 et 24 juin prochain. Ne serait-ce pas un tremplin pour Moscou ?

et de là peuvent s'expliquer tous les efforts tentés par le Saint-Siège pour régler le conflit entre catholiques “uniates” et “orthodoxes” qui empoisonne depuis la chute du Mur de Berlin les relations œcuméniques. D'où la lettre de Jean-Paul II aux évêques de l'Église grecque catholique d'Ukraine, le 1 er décembre 2000 où il demande d'éviter “les conflits stériles avec les orthodoxes” à propos, notamment de la propriété des lieux de culte attribuée de force par Staline à l'Église orthodoxe. Malgré les “persécutions” du passé, il demande aux gréco-catholiques d'Ukraine de privilégier « cet esprit de fraternité qui doit caractériser tout croyant en Christ » et de travailler « au service des frères et sœurs orthodoxes », en cherchant « de nouveaux chemins de témoignages communs ».

d'où la rencontre récente du cardinal Etchegaray et du Patriarche Alexis II de Moscou, à Moscou. On sait que le Patriarche Alexis II est le plus ardent opposant de la venue de Jean-Paul II au Kremlin. Il faut le convaincre. C'est l'œuvre du cardinal, l'homme des missions impossibles qui a déclaré, à son retour de Moscou, le mardi 12 décembre 2000 que cette rencontre fut “très cordiale”. Comme par hasard, voici que ces deux hommes se connaissent depuis presque trente ans : « Nous avons beaucoup travaillé ensemble au niveau européen, confiait le cardinal lors de sa conférence de presse au Vatican… Le Patriarche a été autrefois mon hôte à Marseille et m'a reçu de façon privée personnelle à chaque fois que je suis venu à Moscou. Etant donné l'ancienneté et la fidélité de nos rapports très cordiaux, on peut dire que notre conversation a pu aborder de nombreuses questions ». Gageons que le prochain voyage de Jean-Paul II était au cœur de ces conversations.

Aussi ne faut-il pas s'étonner de la présence d'un représentant d'Alexis II lors de la clôture de la Semaine de prières pour l'Unité des chrétiens, le mercredi 24 janvier 2001, à 11 heures, en la Basilique Saint-Paul-Hors-les-Murs pour la cérémonie « de la célébration de la Parole présidée par le pape Jean-Paul II ». On sait en effet que Jean-Paul II fut entouré à cette occasion de 24 délégations “d'églises” dont une délégation du patriarcat de Moscou représentant Alexis II, patriarche de Moscou et de toutes les Russies en la personne de S.E. Innokenti, évêque de Korsum.

L'on pourrait également noter que l'élévation au Patriarcat de l'Église ukrainienne que sera pourtant visitée par Jean-Paul II ne semble pas à l'ordre du jour car la chose pourrait assombrir les bonnes relations que le Saint-Siège cherche à entretenir avec Moscou.

Tout cela pour dire que la Consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie que demande Notre-Dame à Fatima non seulement n'a pas été faite mais ne sera vraisemblablement jamais faite par ce prétendu “pontife”. Ce sont là deux politiques qui s'opposent… Celle de Dieu… Celle des hommes.


Quand et comment se fera donc la vraie Consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie ?

Plusieurs éléments nous permettent de répondre à cette question. Tout d'abord le message lui-même du 13 juillet 1917. Puisque Pie XI pour commencer, puis Pie XII et ses successeurs n'ont pas daigné faire la Consécration qui aurait empêché la guerre 39-45 et ses suites , nous sommes toujours dans la période des châtiments : « Sinon, la Russie répandra ses erreurs à travers le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l'Église. Les bons seront martyrisés, le Saint-Père aura beaucoup à souffrir, diverses nations seront détruites. À la fin, mon Cœur immaculé triomphera. Le Saint-Père me consacrera la Russie, qui se convertira… » La Consécration se fera donc bien mais seulement « À LA FIN » de la grande crise, après que « diverses Nations seront détruites »… Il ne faut donc pas se bercer d'illusion : si « plusieurs Nations disparaîtront de la surface de la terre » , nous n'avons pas encore tout vu et ne sommes donc pas encore « À LA FIN ». « Mon Cœur Immaculé triomphera » certes, mais de terribles événements précèderont ce triomphe, notamment ce qui est décrit dans le vrai 3 ème Secret toujours occulté. Y sommes-nous préparés ?

D'autres précisions importantes nous sont données par sœur Lucie. Dans un entretien accordé à l'écrivain catholique Walsh, déjà après la fin des conflits (le 15 juillet 1946), Sœur Lucie a déclaré : « Si cela se fait (la consécration de la Russie), Elle (la Très Sainte Vierge) convertira la Russie, et il y aura la paix. Sinon, les erreurs de la Russie se propageront dans tous les pays du monde. » – « A votre avis, demanda Walsh, cela signifie-t-il que tous les pays, sans exception, seront conquis par le communisme ? » – « OUI », a répondu la voyante.

Même écho dans un interview plus récent. En septembre 1985, la revue “Sol de Fatima” publie l'entretien suivant avec soeur Lucie : « Question : A quel moment du mystère de Fatima nous trouvons-nous ? Sœur Lucie : Je pense que nous vivons dans les temps où la Russie répand ses erreurs dans le monde. Q. Faut-il entendre par là que la Russie s'emparera du monde entier ? Sœur Lucie : Oui ... Q. Jean-Paul II avait invité tous les évêques à s'associer à la consécration de la Russie qu'il allait faire à Fatima le 13 mai 1982 et qu'il renouvela à la fin de l'année sainte, le 25 mars 1984 à Rome, devant la statue authentique de Notre-Dame de Fatima. N'a-t-il pas fait ce qui avait été demandé à Tuy ? Sœur Lucie : Il n'y a pas eu participation de tous les Evêques et la Russie ne fut pas mentionnée. Q. De sorte que l'on n'a pas fait la Consécration comme le demandait la Sainte Vierge ? Sœur Lucie : Non, beaucoup d'Evêques n'ont pas donné d'importance à cet acte. » (ce qui confirme là encore ce que nous écrivions en début de chapitre).

Bien que cela ne soit pas notre sujet d'étudier ici les apparitions de Garabandal , il faut quand même noter une grande concordance au sujet de cette “invasion communiste” dont il est aussi fait mention à Garabandal, avec les propos de sœur Lucie de 1946.

Le 19 octobre 1982, une interview fut réalisée avec Marie-Loli, l'une des voyantes de Garabandal. Voici ses déclarations :

«  Q. Vous souvenez-vous de ce que la Mère bénie a dit sur la tribulation causée par le communisme, et qui précédera l'Avertissement ? – R. Il semblera comme si les communistes avaient pris le pouvoir dans le monde entier et que ce serait très dur de pratiquer la religion, d'ouvrir les portes des églises et aux prêtres de dire la Messe. – Q. Est-ce cela que vous avez signifié quand vous avez dit que ce serait comme si l'Église avait disparu ? – R. Oui – Q. Ce serait à cause de la persécution, et non parce que les gens auraient cessé de pratiquer la religion ? – R. Oui, mais je suppose que beaucoup de gens cesseraient de le faire. Quiconque continue à pratiquer devra se cacher. – Q. Sera-ce seulement en Europe ou aussi en Amérique ? Qu'en pensez-vous ? – R. Je ne sais pas. En ce temps, pour moi, l'Europe, c'était le monde entier. Je pensais ainsi. La Mère bénie n'a pas spécifié où ce serait. Il me semblait alors que c'était partout. – Q . 67% environ des terres sont sous domination communiste. Croyez-vous que cela suffit pour accomplir la prophétie de la Vierge ? –R. Je ne sais vraiment pas. J'avais l'impression que ce serait plus que ça. – Q. De sorte que la situation du monde n'est pas assez mauvaise pour que l'Avertissement ait lieu ? – R. L'Avertissement n'est pas sur le point d'arriver, de sorte qu'il est probable que la situation va empirer. – Q. Vous avez dit qu'il serait très difficile aux prêtres de dire la messe. Était-ce quelque chose que la Vierge vous a dit ou quelque chose que vous avez pensé à cause des tribulations du communisme ? – R. Autant que je me souvienne, c'est quelque chose qu'elle a dit. – Q. Et la Vierge a dit qu'il semblerait que ce serait comme si l'Église avait disparu ? – R. Oui. – Q. La Sainte Vierge a-t-elle jamais dit quelque chose sur le Saint-Père devant quitter Rome au temps de l'Avertissement ? – R. Non. Mais il m'a semblé que c'était comme si –toutefois je confondais peut-être alors ce que je voyais (en vision de l'avenir) et ce que la Sainte Vierge me disait (il y a si longtemps)– mais ce qui me semblait à moi, c'est que le Pape lui-même ne pouvait être à Rome à découvert, vous comprenez. On le persécutait, lui aussi, et il devait se cacher comme tout le monde. »

Jacinta, autre voyante de Garabandal, fit des déclarations similaires en août 1979 : «  Q. Vous souvenez-vous de quelque chose sur la grande tribulation, le communisme ? – R. Oui, c'était une invasion, ou du moins quelque chose qui ressemblait à une invasion  ; quelque chose qui était un grand mal et où le communisme jouait un grand rôle, mais je ne me souviens pas quels pays ou régions seraient frappés. La Sainte Vierge nous engageait avec insistance à prier (pour qu'elle soit évitée). Ces événements difficiles auront lieu avant l'Avertissement, qui viendra quand la situation sera au pire. » Puis le 16 avril 1983 : «  Q. Dans un interview de 1979 (ci-dessus), vous avez dit que la tribulation communiste était “comme une invasion“. Avez-vous vu des scènes de cette invasion ? – R. Je confonds quelquefois invasion et persécution. Q. Vous avez dit aussi que quand les choses seraient vraiment au pire, viendrait alors l'Avertissement. Comment le savez-vous ? La Vierge l'a-t-elle dit ou l'avez-vous vu dans une vision ? – R. La Vierge a dit que l'Avertissement viendrait quand les choses seraient au pire. Non seulement à cause de la persécution, mais parce que beaucoup de gens auront cessé de pratiquer la religion. »

Certains pourraient sourire désormais de ces annonces d'invasion communiste qui paraissent dépassées puisque le communisme soviétique est en complète déconfiture. Ce serait pourtant méconnaître l'histoire et les dangers qui nous menacent. Il faut partir tout d'abord d'un constat : les prophéties très précises du 2 ème Secret se sont réalisées exactement. Quel fut en effet le plus important résultat de la seconde Guerre Mondiale ? Écoutons le Frère Michel de la sainte Trinité :

« Par une suite de mensonges éhontés et par d'abominables massacres cyniquement planifiés (…) Staline est parvenu à faire aboutir cette [seconde] guerre [mondiale] au seul profit de l'URSS et de son bolchevisme. Et de multiples manières.

a) À l'intérieur, l'emprise du Parti s'est trouvée notablement affermie. Soljenitsyne en fera le triste constat : “Dans cette malheureuse guerre, notre victoire ne fit que renforcer le joug qui pesait sur nous.“

b) À l'extérieur, la guerre fut pour Staline l'occasion de réaliser une formidable expansion communiste tant en Europe que bientôt en Extrême-Orient.

c) Dans les autres nations se prétendant encore libres, à l'issue de ces cinq années de guerre, les forces de la subversion marxiste se sont accrues dangereusement.

d) Enfin, dans l'Église catholique elle-même, cette guerre a eu les plus funestes effets : elle a conféré aux “rouges-chrétiens” un regain de puissance et d'influence que Pie XII ne parviendra plus à leur ôter, ce qui leur permettra de préparer souterrainement, mais activement, la grande révolution des années 1960 et de lancer alors la papauté dans les voies de “l'Ostpolitik” désirée par Moscou. »

C'est d'ailleurs dès les années 30 que Moscou commença à donner l'ordre à tous les Partis communistes du monde d'infiltrer les séminaires catholiques, à la suite de l'idée satanique que Lénine lança : « Il faut détruire l'Église de l'intérieur. Il faut pénétrer dans les séminaires catholiques ». En France, cette infiltration commença en 1936, selon le témoignage d'Henri Barbé, ancien dirigeant de l'appareil communiste international . Cette politique d'infiltration fut menée à grande échelle : « En 1949, Pie XII avait avoué qu'à sa connaissance, il y avait alors environ 2000 prêtres infiltrés par les communistes dans l'Église. Et dix ans plus tard, la police des renseignements généraux de Paris estimait à 300 au moins le nombre de prêtres infiltrés dans l'Église de France et appartenant au P.C. »

Tous ces périls d'après guerre seraient donc aujourd'hui évanouis comme par enchantement grâce à la fausse Consécration du 25 mars 1984 ? Quelle illusion ! « C'est faire une injure à la Sainte Vierge et à Dieu que de faire croire que l'écroulement du parti communiste soviétique au profit d'un maçonnisme social-démocrate planétaire est conforme à leur volonté. La paix du monde, fruit de la (vraie) conversion de la Russie et de notre propre conversion ne se fera qu'après l'écroulement de l'apostasie actuelle de l'Église. »

Car cette infiltration dans les séminaires catholiques, commencée dans les années 30, avait bien évidemment pour objectif de remonter plus haut dans la hiérarchie, c'est-à-dire à Rome même, aux postes de commande de l'Église catholique, environ 30 à 50 ans plus tard… Et une fois l'objectif atteint, la grande manœuvre de séduction, la fameuse “détente” des relations pouvait commencer, pour anesthésier les foules et passer à la phase finale. Or qu'avons-nous vu dans les années 60 à Rome sinon la révolution conciliaire et dans les années 80, avec Jean-Paul II, la fameuse “Perestroïka”, l'œcuménisme à tout va, la progression spectaculaire du mondialisme maçonnique, et la rencontre historique le 1 er décembre 1989, à Rome même, de Gorbatchev et Jean-Paul II, ainsi relatée : « L'audience dépasse le temps prévu et dure plus d'une heure. (…) pendant cette rencontre, on a parlé de liberté religieuse et [Jean-Paul II] a également profité de ce temps de dialogue pour mieux connaître son interlocuteur et mesurer la force de ses convictions. Lorsque finalement la porte de la bibliothèque s'ouvre, Raïssa et le reste du groupe entre pour les discours et l'échange des présents. Gorbatchev introduit son épouse auprès du Saint-Père par ces mots : “Raïssa Maximovna, j'ai l'honneur de te présenter à la plus grande autorité morale de cette Terre.” Il ajoute ensuite avec un sourire : “Et il est slave, comme nous !” 

Celui qui fut le chef du Kremlin ajouta encore : « Tout ce qui est arrivé en Europe occidentale au cours de ces dernières années n'aurait pas été possible sans la présence de ce pape, sans le rôle –également politique– qu'il a su jouer sur la scène mondiale.  » Chacun jugera de ce qu'il faut penser d'une telle déclaration, venant d'un Gorbatchev qui ne s'est pas du tout converti au catholicisme, bien au contraire, et qui poursuit ses objectifs mondialistes.

A l'origine, rappelons-nous, la vraie conversion de la Russie qui doit faire suite à la vraie Consécration devait apparaître clairement comme un « triomphe du Cœur Immaculé de Marie, pour ensuite étendre son culte » selon la lettre de sœur Lucie au Père Gonçalves déjà citée. Nous sommes bien obligés de constater que nous en sommes très loin ! Il n'est en effet même plus question du Cœur Immaculé de Marie dans ces événements –si ce n'est qu'anecdotiquement– …mais bien plutôt du triomphe de Jean-Paul II, loué même par l'ancien chef du Kremlin Michaël Gorbatchev !

Plus tard, Jean-Paul II essayera de temporiser ces louanges : « Je pense que, si tant est qu'il y a eu un rôle déterminant, c'est celui du christianisme lui-même, de son contenu, de son message religieux et moral, de sa défense intrinsèque de la personne humaine et de ses droits. Et je n'ai rien fait de plus que rappeler, répéter et insister sur le fait que c'est ce principe qu'il faut observer. » Et à propos du “doigt de Dieu” dans la débâcle du communisme, Jean-Paul II dit à Vittorio Messori qu'il « faut se garder des simplifications excessives », parce que « le communisme est tombé à la suite de ses propres erreurs et abus. » Le rôle du Cœur Immaculé de Marie est donc inexistant dans ces événements. De telles déclarations nous prouvent, là encore, que les changements survenus à l'Est depuis 1989 n'ont rien à voir avec le « triomphe du Cœur Immaculé de Marie » .

Ainsi le “communisme soviétique” n'était qu'un point de départ d'un système antichrist qui visait la domination mondiale (pouvoirs civils et religieux ). « La Perestroïka a été l'une des plus belles arnaques de cette fin de siècle : elle a permis de liquider en douceur l'Union Soviétique, mais je vous rassure tout de suite, ça n'a pas été du tout spontané, c'était planifié depuis bien longtemps. (…) Au séminaire du Bilderberg Group à Innsbruck en 1988, a été planifié avec la présence de Gorbatchev le démantèlement du COMECON et du système économique soviétique, à savoir, comme on dit en marketing, on va “relooker” le produit parce que l'URSS commençait vraiment à ne plus devenir présentable ; avec le Goulag, il y avait quand même eu Soljénitsyne, Boukovski, les dissidents, le produit ne plaisait vraiment plus, alors on a mis un nouveau produit tout neuf, tout beau et on a enlevé temporairement le régime communiste en Russie. Mais je vous rassure tout de suite, les dirigeants actuels de la Russie sont exactement les mêmes que ceux de l'URSS, ce sont exactement les mêmes personnages, Boris Eltsine en est l'exemple le plus typique. La stratégie de Gorbatchev en fait, a été totalement appliquée : il s'agissait pour les communistes de se retirer du pouvoir, comme de toutes façons l'économie était sinistrée, cela ne posait aucun problème, de laisser l'opposition se débrouiller avec des pays ruinés et une fois que l'opposition se soit cassée le nez parce que les pays étaient devenus ingérables, on revient au pouvoir avec une façade présentable : on n'est plus communiste, maintenant on est social-démocrate, c'est nettement mieux et en plus on bénéficie des capitaux américains, on reprend le pouvoir tranquillement revêtus de blanc et redevenus fréquentables. Voilà ce qui explique la chute du bloc de l'Est : on a fait un petit toilettage et il n'y a pas eu de chute du bloc de l'Est vraiment. (…) Ce qu'on nous présente comme une rivalité entre communisme et capitalisme n'est absolument pas une rivalité, ce sont deux systèmes qui se complètent parfaitement. (…) Le capitalisme apatride n'est absolument pas l'ennemi du communisme, mais pour des raisons que je qualifierai d'ethnico-confessionnelles, est au contraire le meilleur allié de celui-ci. Cette ténébreuse alliance entre le communisme et le capitalisme apatride vient de ce qu'ils ne sont en fait que les deux bras au service d'un cerveau génial qui instaure le protocole qui régente nos vies depuis au moins deux siècles.»

Cette longue citation permet maintenant de mieux comprendre ce que décrivent ces annonces d'invasion mondiale du “communisme”. Que ce soit sœur Lucie ou les voyantes de Garabandal –et c'est particulièrement clair dans ce dernier cas–, elles ont mis sur le mot “communisme” une persécution antichrétienne qu'elles avaient du mal à dénommer autrement à l'époque puisque le mondialisme antéchristique n'existait pas encore comme nous le connaissons aujourd'hui… C'est pourquoi, on remarque ces expressions révélatrices : « il semblera comme si… », « toutefois je confondais peut-être… », « Il me semblait que c'était partout », « quelque chose qui ressemblait à une invasion ; quelque chose qui était un grand mal », «  Je confonds invasion et persécution »…

Quand sœur Lucie a répondu, en 1946, que « OUI » tous les pays, sans exception, seront conquis par le communisme, elle voulait sans nul doute parler de l'idéologie antéchristique personnifiée à l'époque par l'URSS , «  un avant coureur de l'Antéchrist, avec ses troupes de plusieurs nations » comme la dénomme la sainte Vierge à La Salette. Cette idéologie antéchristique a aujourd'hui changé de nom, d'apparence, et elle s'avère beaucoup plus belle et séduisante, mais comme le dit la fable “c'est pour mieux te manger mon enfant”  : c'est le mondialisme. Le communisme soviétique du début était appelé à se transformer en socialisme universel, et ce socialisme qui doit envahir toute la planète n'est autre que le mondialisme antéchristique, nouveau communisme , c'est-à-dire : disparition de l'indépendance des Nations au profit d'un Gouvernement Mondial antichrist qui prépare le lit à l'Antéchrist. Nous en sommes arrivés là parce que pas un seul Pape n'a voulu faire la vraie consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie ! Et la mise en scène de Jean-Paul II aboutit à une encore plus grande confusion : une « conversion » en trompe l'œil de la Russie !

« Donc, ce n'est pas parce que le communisme et l'URSS ont disparu qu'ipso facto, le mondialisme occulte qui le soutenait depuis 1917, a disparu, lui aussi. Bien au contraire ! Depuis la chute du communisme, le nouvel ordre maçonnique du monde a progressé formidablement ! Est-ce là le résultat d'une bonne ou d'une mauvaise Consécration ? Est-ce là le triomphe du Cœur Immaculé de Marie ? Est-ce là ce que le Ciel nous promettait si nous accomplissions ses demandes ? La réponse n'est pas douteuse. Si le péril a changé de forme (abolition du Communisme soviétique), il demeure, pire, il n'est que plus pernicieux à mesure qu'on se rapproche de l'aboutissement du mystère d'iniquité, qui est le règne de l'Antéchrist... Et certes, tout le monde peut constater que les deux “consécrations” plus qu'incertaines de Jean-Paul II nous ont plongés dans un contexte économico-politique des plus incertains.  »

Mais nous ne sommes pas encore arrivés à la phase finale. Pour pouvoir instaurer la dictature mondiale de l'Antéchrist, il sera nécessaire de passer par un effondrement mondial du système économique actuel (socialo-capitaliste). Ce sera probablement la fameuse  « blessure mortelle » annoncée dans l'Apocalypse pour la Bête de la mer, mais dont elle se relèvera glorieusement, faisant l'admiration de tous les habitants de la terre… A partir de ce moment, nous serons dans la phase finale où l'Antéchrist règnera et où il nous faudra tous les secours du Ciel pour pouvoir tenir.

D'ailleurs, quand sœur Lucie répond que « OUI. Tous les pays, sans exception, seront conquis », on ne peut que penser au système politique qui prépare la voie à l'Antéchrist. Dans les saintes Écritures en effet, il n'y a qu'un seul événement aussi universel et mondial qui fasse référence à cette domination et à cette persécution : « Il lui fut donné [à la Bête de l'Apocalypse] autorité sur toute tribu, tout peuple, toute langue et toute Nation. Et tous les habitants de la terre l'adoreront, ceux dont le nom n'a pas été écrit dans le livre de vie de l'Agneau immolé, dès la fondation du monde. (…) Elle fit qu'à tous, petits et grands, riches et pauvres, libres et esclaves, on mit une marque sur la main droite ou sur le front, et que nul ne pût acheter ou vendre, s'il n'avait pas la marque du nom de la Bête ou le nombre de son nom. »

Et quand, à Garabandal, il est annoncé « qu'on ne pourra plus dire la Messe librement (dans le monde entier) », « comme si l'Église avait disparu », il est impossible, là aussi, de ne pas penser à l'Antéchrist, puisque c'est précisément ce qu'annonce la sainte Écriture : « Et la Bête s'élèvera jusqu'à la puissance du Ciel et elle fit tomber des étoiles [c'est-à-dire les guides spirituels, les pasteurs] ; et elle les foula au pied. Elle s'éleva jusqu'au prince de la force [c'est-à-dire le Chef suprême qui décide et commande : le Pape] et enleva par lui le sacrifice perpétuel, et le lieu de son Sanctuaire fut renversé. Et une armée se livra par infidélité s'opposant au Sacrifice Perpétuel, et jeta à terre la vérité ; et elle réussit dans son entreprise (…) Comprends, fils d'homme, que la vision est pour le temps de la fin. »

Comme l'écrit également l'Abbé Arminjon : « Au moment où la tempête sera plus violente, où l'Église sera sans pilote, où le sacrifice non sanglant aura cessé en tout lieu, où tout semblera humainement désespéré, on verra, dit saint Jean, surgir deux témoins [Hénoch et Élie]. » Les célèbres témoins devant faire face à l'Antéchrist.

Nous ne pouvons pas nous étendre davantage sur le sujet dans le cadre de cette étude, mais nous renvoyons nos lecteurs à plusieurs ouvrages qui traitent de cette domination mondiale antéchristique en cours de réalisation.

Enfin, pour revenir à la Consécration de la Russie, quand on relit les deux visions de Jacinthe sur le Saint-Père, déjà relatée au précédent chapitre (V), et éclairée encore par la révélation capitale de Rianjo : « Fais savoir à mes Ministres, étant donné qu'ils suivent l'exemple du Roi de France en retardant l'exécution de ma demande, qu'ils le suivront dans le malheur . Jamais il ne sera trop tard pour recourir à Jésus et à Marie » , en août 1931, il est aisé de deviner que le Pape ne se soumettra enfin à la demande de Notre-Dame de Fatima que lorsque la situation sera vraiment terrible. « Comme le Roi de France, ils s'en repentiront, et ils le feront, mais ce sera bien tard. La Russie aura déjà répandu ses erreurs dans le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l'Église. Le Saint-Père aura beaucoup à souffrir. » C'est d'ailleurs « grâce à cette révélation de Rianjo que l'on comprend mieux les deux visions de Jacinthe : le Ciel, prévoyant que les demandes de Notre-Dame ne seraient pas écoutées, a certainement voulu montrer à Jacinthe dans quelle situation extrêmement tragique serait finalement faite la consécration de la Russie, par un Pape complètement seul et abandonné de tous, assiégé dans son palais et au milieu d'une guerre terrible, fléau de la colère de Dieu pour châtier l'infidélité des hommes et avant tout de ses ministres sacrés : ainsi fut montré à Jacinthe un pape arrivé au bout du “malheur“, et se résolvant très tardivement, mais non trop tardivement, à faire la consécration de la Russie. La bienheureuse Jacinthe étant, des trois pastoureaux, celle qui faisait le plus de sacrifices pour le Saint-Père, le Ciel, en la gratifiant de ces visions, voulait sans aucun doute la faire redoubler de générosité dans ses prières et sacrifices pour lui. »

Enfin dernière précision de sœur Lucie, également très importante : « Quand la consécration se fera pour de bon, ajoute Lucie, il y aura des évêques orthodoxes, des évêques anglicans, et aussi des musulmans, qui seront trop heureux de se joindre à cette consécration. » Cette surprenante affirmation de sœur Lucie concorde avec d'autres annonces faites à Garabandal et également lors de plusieurs exorcismes en Suisse, le 15 janvier 1985 par exemple, où il est annoncé qu'après le grand Avertissement annoncé à Garabandal, beaucoup de membres d'Églises schismatiques et de sectes se convertiraient à la vraie religion catholique. Ne confondons surtout pas véritable conversion avec l'œcuménisme actuel où chacun reste dans ses hérésies  : c'est une contrefaçon antéchristique de la grande prophétie biblique qui se réalisera bientôt « Il n'y aura plus qu'un seul troupeau et qu'un seul Pasteur. » (Jean X, 16).

C'est dire si de grands bouleversements dans l'Église doivent encore arriver avant que la consécration se fasse « pour de bon »… Il faut donc se garder de s'illusionner sur la situation actuelle en pensant que le monde étant globalement en paix, la demande de la Consécration de la Russie a dû être réalisée par Jean-Paul II comme Notre-Dame l'avait demandée. Cette paix trompeuse est en réalité une « espèce de fausse paix » comme l'annonçait la sainte Vierge à La Salette le 19 septembre 1846 :

« Avant que ceci arrive [la dernière guerre déclenchée par le gouvernement mondial antéchristique], il y aura une espèce de fausse paix dans le monde ; on ne pensera qu'à se divertir ; les méchants se livreront à toutes sortes de péchés… » N'est-ce pas l'exacte description de ce que nous vivons ?

Et le paragraphe précédent de cet important message, la sainte Vierge annonçait déjà, en 1846, la description de l'URSS, puis son développement logique, le mondialisme : «  Un avant-coureur de l'Antéchrist , avec ses troupes de plusieurs nations, combattra contre le vrai Christ, le seul Sauveur du monde ; il répandra beaucoup de sang et voudra anéantir le culte de Dieu pour se faire regarder comme un Dieu. (…) Il y aura des guerres jusqu'à la dernière guerre, qui sera alors faite par les dix rois de l'Antéchrist, lesquels rois auront tous un même dessein et seront les seuls qui gouverneront le monde. » Une remarquable prophétie qui s'éclaire d'un jour nouveau !

Enfin, si la Consécration de la Russie était vraiment réalisée depuis 1984, nous aurions donc le triomphe du Cœur Immaculé de Marie. Bien malin celui qui pourrait le situer actuellement ce triomphe du Cœur Immaculé ! Depuis 1984, le mal se développe toujours plus dans le monde, la déchristianisation s'accélère à tous les niveaux (avortements légalisés, euthanasie, eugénisme, naissances hors mariage en hausse, reconnaissance par l'État des unions homosexuelles…), les sectes et fausses religions se multiplient, etc… Les péchés n'ont jamais été aussi grands qu'à notre époque. Comment peut-on se tranquilliser à bon compte alors que c'est précisément le péché qui est la cause première de tous nos maux ? Comment s'imaginer que tout péril grave est maintenant écarté ? « Si l'on ne cesse d'offenser Dieu… » dit la sainte Vierge en 1917 pour précisément annoncer tous nos malheurs. Depuis 1917, il faudrait un livre entier pour retracer la progression constante et dramatique du mal dans nos sociétés, et qui, humainement, ne peut plus être enrayée. Pie XII lui-même en sera conscient quand il s'écriera dans l'un de ses derniers messages Pascals : « Venez Seigneur Jésus, l'humanité n'a pas la force d'écarter l'obstacle qu'elle-même a créé, en cherchant à empêcher Votre Retour… Venez Seigneur Jésus ! Il y a tant de signes que Votre Retour n'est pas loin !  » 

Rappelons-nous donc les paroles de saint Paul qui, évoquant le retour du Christ, écrit ceci : « Vous savez très bien vous-mêmes que le jour du Seigneur viendra comme un voleur pendant la nuit. Quand les hommes diront : “Paix et sécurité !” c'est alors qu'une ruine soudaine fondra sur eux comme la douleur sur la femme qui doit enfanter, et ils n'y échapperont point. »


Citons les belles formulations de Pie XII dans sa consécration du 31 octobre 1942, dénuées de tout esprit moderniste et œcuménique : « Aux peuples séparés par l'erreur et la discorde, spécialement à ceux qui vous ont voué une particulière dévotion, tellement qu'il n'était chez eux aucun foyer où ne brillât votre vénérable icône, maintenant parfois cachée et réservée pour des jours meilleurs, donnez la paix et reconduisez-les à l'unique troupeau du Christ sous l'unique et vrai pasteur »

Professeur Wigand Siebel, « Philosophie et Théologie de Karol Wojtyla » SAKA 1988, p. 175-176.

« La consécration de la Russie aux très saints cœurs de Jésus et de Marie » par l'Abbé Pierre Caillon. Téqui, 1983, p. 44.

« Fatima, joie intime, événement mondial » par le Frère François, p. 359.

« La Consécration de la Russie aux très saints Cœurs de Jésus et de Marie » par l'Abbé Pierre Caillon, Téqui 1983, p. 45.

Cf. « Fatima, joie intime, événement mondial » chap. XVI, p. 360. Les propos de Sœur Lucie à Maria do Fetal et à Madame Pestana ont été recueillis directement auprès de ces deux âmes par M. l'Abbé Pierre Caillon. Cf. sa brochure : « La consécration de la Russie aux très saints Cœurs de Jésus et de Marie » (Téqui, 1983).

La situation, depuis 1983, s'est bien aggravée puisque désormais, on ne peut même plus parler de censure pour ce qu'aurait à dire la vraie sœur Lucie : le Vatican préfère faire parler à sa place une fausse « sœur Lucie » qui fait désormais des déclarations ahurissantes, en contradiction totale avec les anciennes affirmations de l'authentique sœur Lucie, pour dire que tout ce que fait le Vatican actuel est parfait et répond aux demandes de la Sainte-Vierge ! On peut se poser la question : « Qu'est devenue la vraie sœur Lucie ? » Cf. chapitre suivant : « Vraie ou fausse Lucie ? ».

Il faut bien avouer que des hommes d'Église sans scrupules ont profité de ce sens aigu de l'obéissance religieuse de Sœur Lucie, ainsi que de sa situation de carmélite cloîtrée, pour diffuser de fausses lettres d'elle, sachant très bien qu'ils ne risquaient aucun démenti public. Cf. la deuxième note de ce chapitre.

« La consécration de la Russie aux très saints Cœurs de Jésus et de Marie » par l'Abbé Pierre Caillon. Téqui, 1983, p. 42-46. Cette surprenante affirmation de sœur Lucie concorde avec d'autres annonces faites à Garabandal et également lors de plusieurs exorcismes en Suisse, le 15 janvier 1985 par exemple (après l'Avertissement annoncé à Garabandal, beaucoup de membres d'Églises schismatiques et de sectes se convertiraient à la vraie religion catholique). Véritable conversion, retour à la Foi Catholique, à ne pas confondre avec sa contrefaçon : l'œcuménisme actuel, syncrétisme maçonnique, où chacun reste dans ses hérésies !

Texte complet de cet acte d'offrande et de consécration du 25 mars 1984 : cf. « Fatima, joie intime, événement mondial » chap. XVI, p. 362-363. Voir aussi le livret officiel du Vatican : « Le Message de Fatima » (Libr. Ed. Vaticana).

Détail historique complémentaire : le soir du 25 mars 1984, lors de “l'Adieu à Notre-Dame”, Jean-Paul II précisa qu'il avait voulu consacrer « tous les peuples, particulièrement ceux qui ont tant besoin de cette consécration, ces peuples pour lesquels Tu (la Vierge Marie) attends toi-même notre acte de consécration, l'acte qui Te les confie. » (O.R., éd. fr., 27 mars 1984, p. 3). « En s'exprimant ainsi, Jean-Paul II reconnaissait que laVierge Marie attendait encore la consécration demandée. Oui, tel est le sens obvie des paroles de Jean-Paul II : il affirmait par là que son acte d'offrande n'avait pas répondu à la demande du Ciel. » (Frère François de Marie des Anges, « Fatima, joie intime… » p. 363)

Cité dans « La Contre-Réforme catholique » n°261, février 1990, p. 6.

Ibidem, p. 363-364.

Les paroles de Sœur Lucie à Madame Pestana ont été transmises par cette dame en personne à M. l'Abbé Pierre Caillon, dès le 23 mars 1984, au cours d'une conversation téléphonique. Cf. « Fatima, joie intime, événement mondial », p. 372-373. La réaction de Sœur Lucie dans le jardin du Carmel de Coimbra est relatée en p. 383.

« Fatima, joie intime, événement mondial » éd. CRC 1993, p. 363.

Voir son analyse détaillée dans « Philosophie et Théologie de Karol Wojtyla » SAKA 1988, p. 170-184.

Louis de Boanergès « Actualité de la fin des temps » 1992, tome 1, 13 ème signe.

« La Contre-Réforme Catholique » n°261, p. 8.

Le thème de cette conférence de M. Perez de Cuellar était : « Vivre avec des conflits ? Le rôle des Nations-Unies ». Tous les chiffres cités par M. Perez de Cuellar ont été publiés par le quotidien français « Le Courrier de l'Ouest » du mardi 26 avril 1988, dans les pages des nouvelles internationales, rubrique : « En bref ».

Sur cette loi, voir :

– La revue de Marc Dem : « Iota Unum », n°305 du 2 septembre 1995 ; article de Bénédicte Dem intitulé : « Œcuménisme à la Russe ».

– La revue française « Monde et Vie », n°620 du 21 août 1997, en page 6 et 7 : article très intéressant de Pierre de Villemarest intitulé : « Les manœuvres d'Alexis II : le Patriarche orthodoxe de Moscou veut marginaliser l'Église catholique en Russie ». Cet article nous apprend que cette loi voulue par le Patriarche de Moscou fut votée par 440 députés sur 450, et que, quand le Président Boris Eltsine s'en est pris à cette loi, sous la pression du Sénat Américain qui, pour défendre les Églises protestantes, menaçait de couper toute aide financière à la Russie, il fut soutenu par huit députés russes seulement ! Ces chiffres montrent à l'évidence que la Russie n'est pas du tout en train de se convertir à la Foi catholique, mais au contraire fait bloc derrière sa hiérarchie orthodoxe !

– Les pages “d'informations“ de la revue « Marchons Droit ! » : n°80 (octobre-décembre 1997) p. 39-40 ; n°81 (janvier-mars 1998) p. 45-46 ; et surtout les pages d'informations fournies en supplément du n°82, numéro spécial sur l'éducation chrétienne.

Les mots « loi d'interdiction de tout apostolat catholique en Russie » ne sont pas exagérés et reflètent l'exacte et triste réalité de ce qui se passe actuellement en Russie ; ainsi la revue portugaise “Christus“ de mai 1999, en page 64, nous apprend que, le 1 er avril 1999, le Ministère de la Justice de la Fédération de Russie a rejeté l'inscription de la branche russe de la Province jésuite d'Europe orientale, en vertu de la loi de 1997 « sur la liberté de conscience et les associations religieuses » : « Les raisons invoquées sont trois. En premier lieu, la branche russe de la Province jésuite d'Europe orientale a été fondée par une organisation étrangère, et la loi interdit aux organisations étrangères de fonder des entités ou associations religieuses en Russie. En second lieu, les autorités russes allèguent que, dans ses statuts, la Compagnie de Jésus se définit comme une organisation religieuse centrale, définition impropre pour la Russie, où la loi reconnaît seulement comme centrales des organisations qui ont au moins trois entités ou associations affiliées. Enfin, la dénomination “Compagnie de Jésus” ne spécifie pas le caractère de l'institution, du point de vue juridique et organisationnel, ni le groupe religieux auquel elle appartient, violent ainsi le code civil et le décret sur les cultes. »

Et la même revue “Chritus” de juin 1999, en page 19, écrit ces lignes, sous le titre “Religieux non reconnus” : « Le refus du Ministère de la Justice russe d'enregistrer la Compagnie de Jésus a provoqué une profonde préoccupation dans les communautés religieuses du monde entier. Il est possible que les autorités russes empêchent l'enregistrement de tous les Ordres et Congrégations de religieux catholiques. Selon le service d'information des communautés religieuses “VID”, les Franciscains et les Salésiens de Russie se sont vus dans l'obligation de trouver un artifice pour pouvoir travailler. Ainsi, ils ont opté pour ne pas s'inscrire comme Ordres indépendants, et ont emprunté d'autres moyens pour surmonter les milliers d'obstacles qu'impose la loi, comme par exemple, celui de démontrer la présence dans le pays il y a au moins cinquante ans, ou celui de l'existence de trois communautés différentes, avec au moins dix membres russes dans chacune d'elle. (…) »

Le récent voyage de Jean-Paul II en Roumanie, au début de mai 1999, présenté comme “une grande première qui marquera l'histoire” par les grands media, parce que c'est la première fois qu'un “pape” se rendait dans un pays à forte majorité orthodoxe, est en fait absolument catastrophique, si nous le jugeons d'un point de vue vraiment catholique, pour deux raisons principales :

1°/ Jean-Paul II, en venant lui-même à la rencontre du Patriarche orthodoxe roumain Teoctist, a réhabilité un personnage plus que douteux, assez largement discrédité dans son pays et fortement contesté au sein même de sa propre Église. En effet, le Patriarche Teoctist fut un actif collaborateur du dictateur communiste Nicolae Ceaucescu, et il ne manquait jamais une occasion d'envoyer au tyran des messages à sa louange et à sa gloire personnelles ; ainsi, dans un message du 23 août 1989, adressé à Ceaucescu à l'occasion du 45 ème anniversaire de l'établissement du régime communiste, le Patriarche exprimait « l'attachement et la gratitude de l'Église roumaine pour l'œuvre historique grandiose du Président » (cf. article du journal français “Le Monde“ du 19 janvier 1990). Lors de la révolution roumaine de décembre 1989, qui provoqua la chute de Ceaucescu, le discrédit de ce Patriarche était tel qu'il fut obligé de démissionner au début de janvier 1990, avant d'être “réintégré dans ses fonctions” le 4 avril suivant, sous la pression du ministre néocommuniste des cultes, Nicolae Stoicescu ! (Cf. “Le Monde”, art. cité et autre article du 7 avril 1990).

2°/ Jean-Paul II, en venant en Roumanie principalement pour effectuer des rencontres œcuméniques avec la hiérarchie orthodoxe roumaine, a méprisé la fidélité, jusqu'au martyre, de l'Église gréco-catholique (Église catholique de rite oriental), encore appelée Église “uniate“ , sur laquelle Rome a toujours, jusqu'au concile Vatican II, fondé ses espoirs de retour à l'unité catholique des orthodoxes en Roumanie et dans les autres pays orthodoxes. Ainsi, en utilisant l'argument de la venue de Jean-Paul II à Bucarest, le Vatican a renoncé à l'exigence, qu'il maintenait encore au début de 1999, de restitution de ses biens à l'Église gréco-catholique roumaine ; ces biens avaient été brutalement confisqués par l'État communiste le 1 er décembre 1948, et la quasi-totalité avait été livrée par l'État à ses alliés de l'Église orthodoxe. De plus, le Vatican a cédé aux injonctions de la hiérarchie orthodoxe qui exigeait que Jean-Paul II ne se rende pas dans l'ouest du pays, en Transylvanie où est concentrée la grande majorité des catholiques, tant de rite latin que de rite oriental, du pays.

Il est vrai que, depuis Vatican II, l'uniatisme est considérée comme une « méthode d'union du passé », comme le titrait sans vergogne la Documentation Catholique n°2077 du 1 er août 1993, en page 711, en présentant la « Déclaration de la commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l'Église catholique et l'Église orthodoxe » ; plus connue sous le nom d' « Accords de Balamand ».

Que reste-t-il donc de l'ancienne aspiration apostolique du pape Urbain VIII (1623-1644), reprise à son compte par le pape Benoît XV dans une lettre du 24 février 1921, adressée à l'archevêque de Lviv des Ukrainiens, Mgr André Szeptycki : « …Nous avons la ferme confiance que, par l'intermédiaire des Ruthènes (les gréco-catholiques Ukrainiens), toujours attachés à la Chaire Romaine, mais aujourd'hui plus encore fortifiés dans la Foi par les récentes calamités, pourra se traduire rapidement en acte le vœu plein de piété de Notre illustre prédécesseur, Urbain VIII, vœu exprimé par ces paroles mémorables : “Per vos, mei Rutheni, orientem convertendum spero“ (Par votre entremise, mes chers Ruthènes, j'ai l'espoir que l'Orient se convertira)  » ? (Acta Apostolicae Sedis ; 1921 p. 218-220. Texte officiel italien).

Pour approfondir la question des uniates, il faut lire les deux excellents livres du Père Babiak (parution récente) : « Le métropolite André Cheptytskyi et les synodes de 1940 à 1944 » (790 p., 150 F) et « Les nouveaux martyrs ukrainiens du XX e siècle » (635 p., 130F).

Ce « complément » est extrait du « Bulletin saint Jean Eudes » n°62, février 2001.

Les terribles souffrances occasionnées au monde par la seconde guerre mondiale ne doivent pourtant être considérées que comme préliminaires des châtiments annoncés par Notre-Dame, qui ne sont pas encore accomplis en totalité. La seconde guerre mondiale n'a été que le début ou le préambule du grand châtiment. D'ailleurs, l'expansion du communisme et sa diffusion idéologique sur tout le globe ont commencé de façon plus caractérisée après la fin de la guerre. Aussi doit-on penser que les châtiments annoncés par la Mère de Dieu sont encore actuellement en cours. Et le pire est bien la perte de la Foi dans le monde et la séduction spirituelle de l'Antéchrist qui se prépare (objet du 3 ème Secret, qui d'ailleurs nous ramène au 1 er Secret : danger, dans ces temps de “désorientation diabolique” de perdre notre âme dans l'enfer éternel …).

C'est la phrase employée par sœur Lucie dans l'entretien du 26 décembre 1957 avec le Père Fuentes, qui nous laisse entendre qu'il ne s'agit pas seulement d'une disparition « administrative » (par le mondialisme) mais bien réelle. D'autre part, même si plusieurs nations ont été durement punies pendant et après la guerre 39-45, on ne peut pas dire qu'elles aient été anéanties. Le terme portugais utilisé par sœur Lucie dans le manuscrit du 2 ème Secret (cf. fac-similé au chap. I) est « aniquiladas », c'est-à-dire, selon le dictionnaire : anéantir, annihiler, détruire.

William Thomas Walsh (écrivain catholique américain), « Our Lady of Fatima » éd. en anglais, p. 226. Cf. également « Fatima, Message de Tragédie ou d'espérance ? » par Antonio A. Borelli (T.F.P. 1987), p. 55.

Publication de la section espagnole de l'armée bleue.

Nous préparons actuellement un autre ouvrage sur ce sujet : « Garabandal, les grands événements à venir », qui rassemblera toutes les informations qui ont été données (actuellement disparates) relatives au trois grands événements annoncés : l'Avertissement, le Grand Miracle, le Châtiment.

Ces interviews ont été publiés dernièrement dans « Les grands heures de Garabandal » par l'Abbé A. Combe, p. 12, 13 et 14. N° spécial Décembre 1990.

« Toute la vérité sur Fatima, le troisième Secret », p. 86.

Cf. revue « Itinéraires » de Jean Madiran, n°227 de novembre 1978, p. 151.

Cf. bulletin « Introïbo », n°4, 1974, p. 7. Pour mieux comprendre cette infiltration, il faut lire : « E.S. 1025 ou les mémoires d'un anti-apôtre » par Marie Carré. C'est l e récit dur et poignant –sous forme romancée– de “l'incarnation” d'un démon dans un orphelin polonais, qui va devenir le 1025 ème agent communiste à rentrer dans l'Église en se faisant prêtre, puis évêque. Et cette intelligence supérieure, mais terriblement fixée dans le mal et dans un orgueil fou, ne va cesser de travailler à réaliser son but : détruire l'Église Catholique. C'est l'illustration parfaite de la technique de l'infiltration prévue par les plans maçonniques du début du XX ème siècle. Cette histoire n'est pas sans faire penser à un certain personnage... polonais. On peut aussi mieux comprendre pourquoi la sainte Vierge à La Salette avertissait déjà en 1846 : « Que ceux qui sont à la tête des communautés religieuses se tiennent en garde pour les personnes qu'elles doivent recevoir, parce que le démon usera de toute sa malice pour introduire dans les ordres religieux des personnes adonnées au péché… »

« Monde et Vie » du 3 octobre 1991. « La Russie a-t-elle été consacrée par Jean-Paul II ? ».

« Le Secret de Jean-Paul II » par Aura Miguel, p. 134-135. Mame-Plon, 2000.

Ibidem. Déclaration publiée dans « La Stampa », 3 mars 1992.

Lettre de sœur Lucie au Père Gonçalves, 18 mai 1936. « Fatima, Documentos », p. 414. Cf. « Toute la vérité sur Fatima, le Secret et l'Église » du Frère Michel de la sainte Trinité, p. 313.

Entretien de Jas Gawronski avec Jean-Paul II, publié dans le journal La Stampa le 2 novembre 1993.

In Jean-Paul II, « Entrez dans l'Espérance… » p. 202 et 203.

Extrait de la très intéressante conférence de Henri de Fersan « La collusion entre marxistes et mondialistes », reproduite dans « Lecture et Tradition » n°273 de novembre 1999. Chiré-en-Montreuil. Lire aussi dans « Monde et Vie » n°681 du 29 mars 2001, le très intéressant article : « Russie, une démocratie KGBisée ? ».

Il faut noter que la sainte Vierge n'a jamais parlé du communisme dans les apparitions de Fatima, mais seulement de la Russie, dont les erreurs se répandront dans le monde entier, provoquant des guerres et des persécutions.

Ainsi, par exemple, au 1 er janvier prochain (2002), la monnaie française, le Franc, ainsi d'ailleurs que toutes les monnaies européennes, vont disparaître définitivement, pour être remplacées par l'Euro, qui lui-même sera tôt ou tard fondu avec le dollar (la parité entre le dollar et l'euro tourne en effet autour de 1, autrement dit les monnaies ont la même valeur –un euro = un dollar–, et cela a certainement été calculé en vue d'une future monnaie mondiale). L'indépendance des Nations n'est donc plus qu'apparente. Déjà, seules 20% de nos lois sont votées en France, les autres étant décidées à Bruxelles…

Louis de Boanergès « Actualité de la fin des temps » 1992, tome 1, 13 ème signe.

Apocalypse de saint Jean, chap. XIII, 7 et 16-17.

Daniel VIII, 10 à 12, 17.

« Fin du monde présent et mystères de la vie future » p. 67 de l'édition de 1882. Deuxième partie intitulée : De la persécution de l'Antéchrist et de la conversion des juifs. Livre réédité par Éditions D.F.T. (relié, 2000, 165 F / 25,15 €).

Lire en particulier : « Fatima et la grande conspiration », « Bientôt un gouvernement mondial », « Maitreya, le nouveau Messie ? », « Le Contrôle total 666 », « Dévoilement du complot relatif au plan de marquage de l'humanité », « Le Gouvernement mondial de l'Antéchrist » « 666 l'Antéchrist » et « L'Antéchrist et le temps de la Fin ». Ces livres sont indiqués en bibliographie et sont disponibles aux éditions D.F.T.

Sainte Hildegarde de Bingen, dès le XII e siècle, fait une prophétie semblable pour les Derniers Temps : « Une fois que le sceptre impérial aura été brisé, sans espoir de restauration, la dignité épiscopale subira un sort semblable » ! ( « Livre des œuvres divines (visions) » Albin Michel 1989, p. 205).

Alonso, « Fatima Ante la Esfinge », p. 97. Cf. également « Toute la vérité sur Fatima, le Secret et l'Église » (tome 2), par le Frère Michel, pp. 344-350.

« Lucie raconte Fatima », p. 192. Résiac, 1999.

Abbé Fabrice Delestre, « Bulletin saint Jean Eudes » juin-juillet 2000.

« La consécration de la Russie aux très saints Cœurs de Jésus et de Marie » par l'Abbé Pierre Caillon. Téqui, 1983, p. 46.

« Ce “Mouvement œcuménique” commencé en dehors de l'Église romaine, contre elle, au congrès de Stockholm en 1925, fut condamné par Pie XI et Pie XII. Selon cet œcuménisme protestant, soudain déclaré venir de l'Esprit-Saint depuis le concile Vatican II, les “Églises et communions chrétiennes séparées” sont considérées comme autant de membres disjoints d'un unique Corps mystique brisé, à recomposer par un effort de (…) réconciliation de tous avec tous, à égalité, sans vainqueur ni vaincu. Ce n'est pas là ce que veut la Sainte Vierge ! » (Frère Bruno, C.R.C. août 2001, p. 11).

A ne pas confondre avec LE Faux-Prophète précurseur de l'Antéchrist, la Bête de la terre (Apoc. xiii , 11 – xvi , 13 – xix , 20 – xx , 10), qui, lui, agira ainsi que nous l'avons vu en fin de chap. V, beaucoup plus par la ruse, la tromperie et la séduction que par la violence. Il se présentera extérieurement dans un premier temps comme un agneau, au sein même de l'Église, et non comme un guerrier violent, mais sa voix et son action seront en fait celle du Dragon. Ce sera le loup déguisé en agneau. Il y a en effet dans cette description de Notre-Dame à La Salette relative à « UN avant-coureur » un côté brutal avec une guerre religieuse violente, qui ne rend pas compte de l'action essentielle du véritable Faux-Prophète qui sera marqué par l'hypocrisie, la séduction, la tromperie, même si la violence physique finira par être utilisée pour les réfractaires qui seront insensibles à sa séduction trompeuse et mensongère, et qui donc refuseront d'adorer l'Antéchrist comme le Messie.

Même écho à Fatima puisque la sainte Vierge annoncait que la Russie répandrait ses erreurs dans le monde “provoquant des guerres”

« L'Apparition de la Très sainte Vierge sur la Montagne de La Salette, le 19 septembre 1846 », publié par la Bergère de La Salette avec imprimatur de Mgr l'évêque de Lecce, 1879.

On peut se reporter au livre (paru en 1997) : « Histoire de la volonté de perversion de l'intelligence et des mœurs » par François-Marie Algoud. Disponible aux éditions D.F.T. (175 F / 26,68 € + port).

I Thess. V, 3. N'oublions jamais qu' « il n'y a pas de paix pour le pécheur » (Isaïe 48, 22 et 57, 21) et que « c'est Dieu qui donne la Paix » (Jérémie 14, 13 et 6, 13-15).

Cf. ANNEXE à ce présent chapitre. Annexe qui permet de clarifier les deux demandes faites par le Ciel : celle de la consécration du monde au Cœur Immaculé de Marie, et celle bien différente de la consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie.

Cette lettre à M. Walter Noelker n'est pas une lettre authentique de Sœur Lucie, mais un faux ! Le Frère François de Marie des Anges nous apprend que, en 1989 et 1990, cinq lettres, prétendument de Sœur Lucie, ont été diffusées par les autorités religieuses de Fatima, dans le cadre d'une véritable campagne d'intoxication et de désinformation (dont l'origine semble être certains personnages très haut placés du Vatican) destinée à faire croire à l'opinion publique que la consécration du 25 mars 1984 répondait en tous points à la consécration demandée par Notre-Dame. Or, certaines de ces lettres contiennent de grossières erreurs sur les événements de Fatima, et la seule critique interne de ces cinq documents suffit à montrer qu'il s'agit de lettres apocryphes : elles ne contiennent pas le moindre élan de dévotion pour le Cœur Immaculé de Marie ; elles développent des thèmes rhétoriques étrangers à Sœur Lucie ; tout le message de Fatima est travesti ; enfin, elles sont rédigées dans un esprit absolument contraire au cœur et à l'âme si simples et si dévôts de Sœur Lucie. (Sur la raison pour laquelle sœur Lucie n'a jamais démenti publiquement ces lettres, cf. la note 158).

Le fait suivant vient aussi prouver qu'à partir de 1989, il y a eu désinformation et manœuvre à propos de la consécration de 1984 : dans les premières éditions officielles des « Mémoires » de Sœur Lucie, la note 11 du 3 ème Mémoire affirmait ceci : « Les conditions pour la consécration de la Russie et, en conséquence, pour sa conversion, telles que Notre-Dame les a demandées, ont-elles été satisfaites ? Lucie a manifesté l'opinion contraire. Ainsi, nous continuons à souffrir les conséquences du communisme athée qui, dans la main de Dieu, est un châtiment pour punir le monde de ses péchés. »

Or, cette note se trouve encore écrite dans la deuxième édition des « Mémoires » en langue italienne, publiée en mai 1988, soit plus de quatre ans après la consécration de 1984 ! Puis, brusquement, on fait tout changer : à partir de 1990, cette note disparaît pour être remplacée par la note suivante, que l'on peut lire pour la première fois dans la sixième édition des « Mémoires » en langue portugaise, publiée en mars 1990 :

« Sœur Lucie affirme que la consécration faite par Jean-Paul II en union avec les évêques, le 25 mars 1984, correspondait à la demande de Notre-Dame et a été reçue par le Ciel. Elle précise qu'une union numérique de tous les évêques n'était pas exigée, une union morale étant suffisante. Les surprenants changements qui ont commencé à se constater dans les pays de l'Est en 1989, seront déjà les premières réponses du Ciel quant à la promesse de 1917 : “Le Saint-Père me consacrera la Russie qui se convertira et il sera concédé au monde un certain temps de paix.“ »

Que s'est-il donc passé entre mai 1988 et mars 1990 ? Mr l'Abbé Caillon nous donne la réponse : 1988, « une consigne arriva de Rome, obligeant tout un chacun à dire et à penser : “La consécration est faite. Le Pape ayant fait tout ce qu'il pouvait, le Ciel a daigné agréer son geste”. »

Un historien de l'Université de Coïmbra, dans une lettre du 16 janvier 1991, questionna le Père Kondor pour savoir à qui Sœur Lucie avait déclaré oralement que la consécration de la Russie avait été faite ; et il reçut cette réponse datée du 26 janvier 1991 :

« Le bruit court (sic) que la personne qui a affirmé pour la première fois et publiquement qu'elle avait entendu Sœur Lucie dire que la consécration a été acceptée est une de ses cousines, Maria do Fetal. Elle est institutrice et demeure à la Casa Velha, à Fatima ; comme parente de Sœur Lucie, elle a la permission de lui rendre visite. »

Or, cette Maria do Fetal affirma jusqu'en juin 1989 que Sœur Lucie disait que la consécration n'était pas faite, avant de présenter soudain, en janvier 1990, un nouveau discours tout à fait au goût des autorités religieuses de Fatima, lesquelles s'étaient faites, depuis 1988, les porte-étendards de la manœuvre visant à neutraliser, dans la mesure du possible, la réalisation du triomphe de l'Église par le Cœur Immaculé de Marie !

Il faut encore remarquer que le Père Kondor présentait le “témoignage” de cette personne comme étant à l'origine d'un « bruit » en l'affirmation d'un « fait incontestable », reproduit comme tel par tous les mass-media curieusement intéressés à diffuser certaines dérives de l'Église conciliaire.

(Cf. « Fatima, joie intime, événement mondial » du Frère François de Marie des Anges, chapitre XVI, p. 374 à 378).

Madame Pacelli ne semble pas s'apercevoir qu'en affirmant que la consécration de la Russie a déjà été faite trois fois, elle se ridiculise aux yeux des lecteurs avertis en reconnaissant sans le vouloir que la Consécration en bonne et due forme n'a jamais été faite : en effet, Notre-Dame a demandé LA Consécration de la Russie, mais une fois pour toutes, consécration à laquelle elle a attaché deux immenses grâces bien précises. Notre-Dame n'a jamais parlé de la nécessité de plusieurs consécrations successives de la Russie… Ceci nous fait penser aux évêques schismatiques qui, jamais sûrs d'être validement sacrés, réitèrent sans cesse leur “sacre initial“ ! L'article de Madame Pacelli entre en fait dans le cadre de la campagne d'intoxication commencée en 1988 (cf. note précédente), et, comme il est publié dans l'édition portugaise de “L'Osservatore Romano“, il confirme que l'origine de cette campagne provient de Rome même.

Référence de ces deux textes dans « Fatima, joie intime, événement mondial » du Frère François de Marie des Anges, chap. IX, p. 199.

Sœur Lucie a toujours affirmé que Notre-Dame de Fatima n'avait jamais demandé une consécration du monde, mais seulement la « Consécration de la Russie ». Le Père Humberto Maria Pasquale, s.d.b., qui a écrit plusieurs livres sur Alexandrina de Balasar (voir en Annexe de ce chapitre), a voulu avoir la confirmation écrite de ce point important, de la main même de sœur Lucie. Il lui écrivit donc une lettre en formulant la question suivante : « Notre-Dame vous a-t-elle jamais parlé de consécration du monde à son Cœur Immaculé ? » Sœur Lucie répondit à cette question, dans une lettre en date du 13 avril 1980 (fac-similé reproduit en fin de chapitre) : « Révérend Père Humberto, en répondant à votre question, je clarifie les choses : Notre-Dame, à Fatima, dans sa demande, s'est seulement référée à la Consécration de la Russie. Dans la lettre que j'ai écrite au Saint-Père Pie XII –par indication de mon confesseur– j'ai demandé la consécration du monde avec mention explicite de la Russie. » A la lecture de ces lignes, il apparaît donc très clairement que la demande de consécration du monde, même avec mention explicite de la Russie, n'appartient pas au message de Fatima. Si Sœur Lucie a présenté une telle demande au Pape Pie XII dans une lettre du 2 décembre 1940, ce n'était pas en temps que messagère de Notre-Dame de Fatima, mais sur la suggestion de l'évêque de Gurza, son confesseur, qui savait que des demandes ainsi formulées avaient déjà été présentées à Rome, et avaient plus de chances d'être exaucées que la demande de consécration de la seule Russie. (Cf. « Fatima, joie intime, événement mondial » du Frère François, chap. XI, p. 230 à 240, et annexe du chap. XVI, p. 392)

Certains prêtres formulent quelquefois l'objection suivante, contre l'union de tous les évêques au Pape dans l'acte de consécration de la Russie : « On peut comprendre que le Bon Dieu demande au Pape de consacrer la Russie au Cœur Immaculé de Marie, puisque le Pape a juridiction sur toute la terre. Mais les évêques diocésains n'ont pas juridiction sur la Russie, et n'ont donc pas autorité pour consacrer ce pays. » C'est oublier l'une des dimensions essentielles du Message de Fatima : celle de la Réparation. Notre-Dame est venue demander « un acte solennel et public de Réparation et de Consécration de la Russie ». S'il est vrai que les évêques n'ont pas juridiction sur la Russie, ils ont bel et bien en revanche le pouvoir de faire réparation au Cœur Immaculé de Marie pour leurs propres péchés et ceux de tous leurs diocésains, en organisant des cérémonies propitiatoires dans leurs diocèses respectifs. Cette réparation concerne bien-sûr toutes les sortes de péchés, mais si l'on considère l'ensemble des paroles de Notre-Dame à Fatima, elle semble s'appliquer plus particulièrement à deux genres de péchés :

– les « cinq espèces d'offenses et de blasphèmes proférés contre le Cœur Immaculé de Marie » tels que Notre-Seigneur les a énumérés à Sœur Lucie le 29 mai 1930, à Tuy ; il s'agit surtout des blasphèmes dirigés contre l'Immaculée Conception, la Virginité et la Maternité divine de Notre-Dame, blasphèmes qui ont pour effet de corrompre les bonnes mœurs des peuples chrétiens.

– Les péchés d'Apostasie, et en particulier ceux des âmes qui abandonnent la vraie Foi pour embrasser plus ou moins ouvertement les doctrines erronées du communisme athée et matérialiste ou de ses succédanés (le « libéralisme » si vanté de nos jours n'est qu'une forme édulcorée du communisme, comme le grand Pape Léon XIII l'a parfaitement montré dans sa magnifique Encyclique « Libertas Praestantissimum », du 20 juin 1888).

Ces deux genres de péchés, contre les bonnes mœurs chrétiennes et contre la vraie Foi, sont sans aucun doute les péchés à la fois les plus graves et les plus répandus de notre époque. C'est pourquoi le Bon Dieu veut, avant la Consécration proprement dite de la Russie, une Purification des âmes par le moyen de la dévotion réparatrice au Cœur Immaculé de Marie. C'est certainement pour permettre la purification la plus ample et la plus générale possible, sur tout l'orbe de la terre, que l'union de tous les évêques au Pape est demandée.

Et c'est sans doute pour permettre que cette purification des âmes soit efficace et à l'origine d'une vraie rénovation spirituelle, profonde et durable, du monde, que Notre-Dame demande la consécration spécifique de la Russie, c'est-à-dire du pays qui, de 1917 à nos jours, fut le principal foyer d'agitation, de subversion, de révolutions et de guerres du monde entier. Notre-Dame attache deux grâces à cette consécration :

– Grâce de la conversion de la Russie : il faut voir une double conversion dans cette promesse :

1. Conversion religieuse, du schisme orthodoxe à la vraie Foi catholique,

2. Conséquence logique de la première conversion, conversion politique et sociale, avec passage d'un régime matérialiste, athée et égalitaire, à un régime politique et social conforme à la doctrine de l'Église.

– Le grand foyer de subversion et d'agitation du monde ayant disparu grâce à la conversion de la Russie, “il sera donné au monde un certain temps de paix”. Quelles magnifiques Sagesse et ordonnance de tout ce plan divin, qui laisse cependant tout dépendre de la décision d'un seul homme : le Saint-Père ! Cela doit nous encourager à prier toujours davantage pour obtenir du Pape cette Consécration.

Lettre de sœur Lucie au Père Gonçalves, 18 mai 1936. « Fatima Documentos », Porto 1976, p. 414. Cf. « Toute la vérité sur Fatima, le Secret et l'Église » du Frère Michel de la sainte Trinité, p. 313.

Texte complet de cette consécration de 1952 : cf. « Fatima, joie intime, événement mondial » chap. XII, p. 260.

« Fatima, joie intime, événement mondial » chap. XIII, p. 280.

D.C. 1982, p. 540-542. « Fatima, joie intime, événement mondial » chap. XVI, p. 358.

Abbé Pierre Caillon, « La Consécration de la Russie… » Téqui 1983, p. 39.


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