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D. Le grand schisme d'Occident


    Les cardinaux français refusèrent de reconnaître le pape légitime Urbain VI, qu’ils venaient pourtant d’élire. Ils élurent, contre le pape à Rome, un antipape qui fixa sa résidence en Avignon. Ce « grand schisme d’Occident » dura trente neuf ans (1378-1417).

    Le grand schisme d’Occident, où deux, voire trois prétendants se disputaient la tiare pontificale, ébranla le prestige de la papauté et renforça les courants anti-infaillibilistes dans toute l’Europe. Comme c’était le concile œcuménique de Constance qui avait déposé plusieurs prétendants à la tiare, et comme ce même concile déclarait être l’autorité suprême de l’Église (décret non confirmé par Martin VI), des théologiens prétendirent que le concile était supérieur au pape et que les décrets du souverain pontife devaient être confirmés par le consentement de l’Église universelle pour entrer en vigueur. Cette théorie hérétique s’appelle « conciliarisme » .

    En vérité, le conciliarisme est basé sur un faux en écriture. En décembre 1865, un prélat découvrit dans les archives de la bibliothèque vaticane les manuscrits originaux de toutes les sessions du concile de Constance. Il remarqua que des faussaires avaient recopié infidèlement les actes originaux: ils avaient remplacé un mot par un autre, en substituant la lettre « d » à la lettre « n ». En changeant à peine une lettre de l’alphabet, ils transformèrent le mot « finem » en  « fidem », ce qui donne un sens tout à fait différent. Car le concile de Constance se réunit pour mettre « fin » au schisme, et non pour juger la « foi » du pape (donc soutenir que le concile serait supérieur au pape).

     « Ce synode, légitimement assemblé au nom du Saint-Esprit, formant un concile général représentant l’Église catholique militante, tient immédiatement de Jésus-Christ son pouvoir, auquel toute personne de tout état, de toute dignité, même papale, est tenue d’obéir, en ce qui regarde l’extinction et l’extirpation dudit schisme (obedire tenetur in his quae pertinent ad finem et extirpationem dicti schismatis) » (concile de Constance, 4e session, 30 mars 1414). FAUSSE version: « est tenue d’obéir en ce qui regarde la foi et l’extirpation dudit schisme ».
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